logan 16 juin 2011 21:53

Vous n’avez rien compris à la crise que traversent les grecs ...

Le système de financement public en Grèce est le même qu’en France. Ce financement se fait évidemment en majorité grâce aux recettes perçues par l’état. Et quand le budget de l’état est en déficit ( ce qui est devenu systématique depuis un certain nombre d’années : en france, depuis le milieu des années 1970 ), ce dernier a alors recours à l’emprunt, plus précisément à l’emission d’obligations sur les marchés obligataires ( marchés des taux d’intérêt dont les principaux produits financiers sont les obligations d’état ) .

Ces obligations ont généralement un capital, un taux d’intérêt, et un date à laquelle elles arrivent à échéance, mais elle a différence d’un emprunt classique, le capital doit être remboursé, non pas mensuelement, mais uniquement à la date d’échéance.
Ainsi, quand un état emprunte de cette manière, imaginons que l’emprunt soit sur 5 ans, cela signifie que pendant 5 ans l’état va devoir uniquement payer chaque année des taux d’intérêts, et seulement au bout de 5 ans rembourser le capital.

Seulement, les états étant continuellement en déficit, pour pouvoir rembourser le capital, ils réémettent de nouvelles obligations, bref pour rembourser leurs emprunts, ils réempruntent ...
Ainsi la seule chose que les états payent réellement, ce sont les intérêts ...

En France, c’est l’AFT ( agence france trésor ) qui s’occupe de faire tout ça. Son rôle est de lisser le capital qu’il faut rembourser chaque année, bref de faire en sorte que toutes les obligations n’arrivent pas à échéance en même temps, et donc pour éviter d’avoir à réemprunter des sommes collossales en 1 seul coup. Mais aussi d’essayer de réemprunter à des taux d’intérêts moindres pour réduire le nombre d’intérêts à payer chaque année.

Le problème de la Grèce n’est pas de trouver quelqu’un pour acheter ses obligations. A un taux de 20% il est évident que les créanciers se bousculent et ils savent que grâce aux gouvernement européens il n’y a pas de risque pour eux de perdre leur argent vu qu’ils leur garantissent que la Grèce ne fera jamais défaut.
Le problème de la Grèce est très clairement que renouveler des emprunts contractés jadis à 4 ou 5 % par des emprunts de 20% pose un sérieux soucis de soutenabilité pour ses finances courantes.

C’est simple à comprendre, la Grèce possède une dette publique de 300 milliards d’euros, ses recettes sont de 65 milliards d’euros.
A un taux de 5%, qui est déjà un taux très élevé, il faut donc que la Grèce paie 300 * 5% = 15 milliards d’euros d’intérêts, c’est ce qu’on appelle le service de la dette.
Et payer 15 milliards d’intérêts quand on a 65 milliards d’euros de recettes c’est déjà très tendu !
Mais si les taux sont à 20% au moment de renouveler les emprunts qui arrivent à échéance, cela signifie à termes, qu’il faudra que chaque année la Grèce paie 300 * 20% = 60 milliards d’euros d’intérêts, avec 65 milliards de recettes ...
Il est évident que c’est insoutenable ...

Alors il y a 2 solutions raisonnables, vouloir réduire les dépenses est à l’évidence tout sauf raisonnable, car quoi qu’il arrive le montant des intérêts qu’ils doivent payer est trop élevé pour leurs recettes. ( C’est une raison de l’absurdité des plans de rigueur )

Soit ils essaient d’augmenter les recettes, bref en augmentant les impôts. Quand on nous a fait la propagande dans les médias que les grecs ne paient pas assez d’impôts qu’il y a trop de travail au noir, de fraude fiscal etc ... on s’imagine que c’est une des solutions qui est retenue.
Mais bizarrement ( ironie ) non ... Nulle trace dans les plans de rigueur ou dans les mesures proposées par le FMI d’augmentations d’impôt ou de mesures pour lutter contre la fraude fiscale ou le travail au noir ....

2ème solutions ils essaient de réduire les taux d’intérêts.
C’est une des solutions choisit dans le plan de « sauvetage » de la Grèce, il s’agit bel et bien de permettre aux grecs d’emprunter 110 milliards d’euros ( soit 1/3 de leur dette ) à 5% pour faire face à l’arrivée à échéance de leurs précédents emprunts.
Mais comme on a vu plus haut 5% ça reste trop élevé pour dénouer la situation, car 15 milliards de service de la dette pour 65 milliards de recettes c’est déjà trop.
Ce n’était donc pas vraiment une solution, c’est pourtant celle qu’ils ont choisit !

Donc quelles sont les vraies solutions finalement ? Sortir de l’euro revenir au drachme et dévaluer histoire que leur dette fonde comme neige au soleil et en même temps de risquer de créer une crise d’hyper inflation avec des produits grecs qui ne vaudront plus rien comme si le pays avait été dévasté par une guerre ? Parce de combien faudra-t-il dévaluer pour éponger suffisament de dette ?
Je ne crois pas que ce soit une bonne solution.

Restructurer la dette, faire défaut ? Et ainsi envoyer chier tous les créanciers qui ont voulu se sucrer sur le dos du peuple grec ? Ca c’est sans doute la meilleure solution à condition d’être un vrai patriote qui défend son peuple et donc de ne pas être un corrompu au service des banques ...

Mais pourquoi les gouvernements refusent catégoriquement cette solution ?
Parce qu’évidemment, les créanciers de la grèce ce sont principalement les banques françaises, allemandes et suisses.
Et pourvu qu’il se trouve qu’une de ces banques subisse suffisament de pertes et ait suffisament de ramifications dans le système bancaire pour provoquer un nouveau risque de crise systémique et d’effondrement du système, on retournerait ainsi à la case départ, revenus en 2008, comme si ce qu’il s’est passé depuis 3 ans n’avait rien solutionné, et il apparaitrait très clairement qu’en réalité la crise de 2008 n’a jamais été réglée, qu’ils n’ont tout ce temps que cherché à l’éponger en la socialisant ( c’est à dire en essayant de faire payer l’addition aux gens comme vous et moi ) et en la transformant pour cela délibérément en crise de la dette publique.
Bref la vérité éclaterait au grand jour, leur incompétence aussi, et ça évidemment c’est innacceptable pour nos chers dirigeants et surtout pour leurs amis les banquiers qui ne veulent pas perdre leur argent ...

Alors il reste la solution classique qui pourrait satisfaire tout le monde si certains ne bloquaient pas par pure idéologie d’autoriser tout simplement la Grèce à emprunter aux taux directeur de 1% à la banque centrale européenne.
C’est pourtant ce que font sans sourciller les Etats-unis et le royaume-uni, qui eux ont depuis longtemps compris l’intérêt de la création monétaire. Mais ça c’est innacceptable pour l’Allemagne et toute l’orthodoxie néo libérale, ce serait pour eux un grave revers idéologique ... Ayant totalement battit le système européen sur l’interdiction du recours à la création monétaire pour les états ( les banques privées ne se gènent pas ), et tenant absolument, pour des raisons politiques, à ce que les états restent soumis à la pression des marchés financiers, pression sans laquelle, nos chers gouvernements, uniquement soumis alors à la pression populaire, risqueraient oh grand malheur à se mettre à décider des politiques de progrès social !! Le comble de l’horreur pour ces néo-libéraux ...


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