easy easy 20 juin 2011 13:33

Ouille !

Cet article cherche à expliquer le racisme au travers de la seule couleur de peau.

Gné ??

Figurez-vous que si d’aventure les Nordméditerranéens avaient découvert, au très sud de cette mer, des populations plus avancées, ils n’auraient pas du tout conclu au même racisme.

C’est la corrélation entre la morphologie des gens et leur niveau de civilisation qui a formé le racisme blanchiste.

Comme on sait depuis toujours qu’en Inde y a des merveilles disons architecturales, on n’a pas du tout conclu au même racisme alors que les Indiens sont quasiment aussi noirs que des Africains.

La difficulté des racistes de 1850 est dans le défaut de corrélation entre les noirceurs équivalentes des Congolais et des Indiens alors que leurs civilisations sont très différentes.

Dans le racisme, l’Inde a donc été un trou noir et il en a été très peu question dans las traités racistes. S’il n’y avait pas l’Inde, le racisme serait parfait. Il fallait donc dénier l’Inde.

Idéalement, dans l’apologétique raciste, il aurait même fallu faire de la Chine et du Japon un trou noir.

Le second point, qui est entièrement contenu dans ce premier principe, c’est celui de la définition d’une civilisation. Le troisième point, encore contenu dans le premier principe, c’est la corrélation à établir entre défaut de civilisation (que le blanchiste a donc à définir) et le niveau d’intelligence (que le même blanchiste a à définir)

Comme Shylok dans le Marchand de Venise, le raciste-moderniste se retrouve pris dans les filets de sa propre logique. Quand tout va bien, il définit l’intelligence en disant que c’est ce qui permet de fabriquer des Tour Eiffel, des vaccins et des chaises électriques pour les assassins. Mais se retrouve coincé quand on lui dit, « Euh, et pour Tchernobyl, la mise à sac du Congo, Bhopal, la crise des subprimes, Woerth, l’Amocco Cadiz, on électrocute qui ? Tous ceux qui ont joué ce jeu, tous ceux qui ont pris l’avion ou une mobylette ? »


Le niveau de civilisation a souvent sinon toujours été, dans le secteur Chine-Europe-Egypte-Inde, apprécié selon des critères de puissance militaire organisée (Darius, Gengis Khan, Alexandre, Jules César...). Disons selon des critères impérialistes.

La stricte considération militaire ne suffit cependant pas. On a également considéré le bâti, sa complexité ou difficulté de réalisation, ses performances technologiques (d’où l’inclinaison des plus racistes face aux pyramides par exemple).

On a donc considéré les niveaux de calcul et, finalement, les niveaux d’écriture, les complexités et subtilités de la communication verbale. Dans cet examen, la complexité des métaphysiques ou la subtilité des communications par tam-tam ou par nuages de fumées a été éludée sinon péjorée en « superstitions »

Au fond, à partir du moment ou des gens ne construisaient pas des tour Eiffel, on concluait que leur système de communication et de philosophie était archaïque, animal.



Dans tout ce secteur Eurasien (et autrefois dans le secteur Sud Américain) on s’enorgueillissait de ses tours Eiffel. Dans tout ce secteur, il y avait du racisme. Et de tout ce secteur ; c’est l’Europe qui a été l’endroit le plus moderniste, donc le plus raciste (c’est automatiquement lié, quoi qu’on en dise). Et ce racisme visait donc les peuples les moins architectes, ceux chez qui l’architecture ne reflétait pas la puissance de l’organisation, l’industrialisation.

L’industrialisation remonte à des 5000 ans comme un rien dans le secteur impérialiste et architectiste.

L’industrialisation c’est déjà les mines de cuivre, d’étain des Etrusques, Carthaginois ou Japonais. C’est la fabrication en série des amphores et des navires. C’est la production de sel loin des mers que pratiquaient les ancêtres de nos ancêtres Gaulois. C’est, plus simplement mais tout de même, les assèchements de marais, les routes un tant soit peu pavées ou creusées ou sculptées. L’industrialisation c’est la tendance toujours à uniformiser les systèmes de mesure, donc les verbes, donc les écritures. C’est la frappe de monnaie. 

L’industrialisation du XIXème siècle n’a été qu’une accélération violente de plus à un phénomène très ancien. 

Et le modernisme-racisme induit automatiquement « Demain sera meilleur » 

Aussi bien en Chine qu’en France, on ne pouvait nager dans la logique de l’industrialisation, de la standardisation et de la rationalisation, sans aller dans l’analyse
L’analyse c’est la soupe dans laquelle nous sommes nés. Décortiquer, découper, scanner, rayonxisser, décomposer, fissionner, fusionner, recomposer, additionner, multiplier, ajouter, agrandir, voilà ce qu’on a ici appelé le prométhéisme. 
On a donc tout disséqué.

Or un non civilisé en ce sens, n’analyse pas. Il ne dissèque pas les corps qui en meurent . Il fait ce qu’ici on nommerait de la synthèse, rien que de la synthèse. Le sauvage est constamment dans une vision globale. Le poisson étant vivant avec sa queue, on ne conçoit pas de ne considérer que sa queue. Quand nous roulons vers la plage de nos vacances, nous pensons à la route, aux accidents, au réservoir d’essence, au péage. Le sauvage, quand il avance sur une piste, il n’est même pas exactement dans une pensée exprimable, il est dans une sensation d’ensemble plus que dans une décomposition. 
Pour lui, il y a des liens de vie entre les choses et ne conçoit pas de les dénier.

Bien des questions que le civilisé Romain ou Arabe pose au sauvage semblent impossibles à ce dernier mais en une seule génération passée chez le civilisé, il peut déjà penser comme lui. Si c’est en tant qu’esclave, ou éboueur, il ne poussera pas trop l’assimilation mais si c’est en tant qu’égal, il poussera à fond et deviendra l’équivalent ou le singe parfait.
Né dans la marmite de la civilisation, le fils de sauvage deviendra civilisé-raciste-méprisant-exploiteur-performeur à l’identique de tout civilisé.

Heureusement qu’il y a eu, dans la civilisation, des concepts de modération que sont par exemple l’humanisme ou la sagesse.



 
Lorsque des Océaniens avaient vu des navires pour la première fois, ils ne parvenaient pas à inclure ces étranges objets dans l’ensemble du contexte qu’ils considéraient habituellement et ils rentraient au village sans parler de cette chose. Ce n’est que progressivement, chacun essayant de mettre des mots (qui décomposent forcément les choses) dessus, que l’ensemble du village est parvenu à parler vaguement de l’étrange apparition. Et encore, en faisant des analogies ou liens avec leur ordinaire.


Mutatis mutandis, si l’un de nous voit aujourd’hui un truc étrange dans le ciel ou sur quelque loch, il va bredouiller ses pensées à ses copains, sur le Net. Puis il agglutinera des propositions de mots et de sens des uns et des autres (CIA, Ben Laden, monstre, OVNI, Cabanel etc..) pour parvenir à dire quelque chose de pas forcément juste ou vrai mais de communicatif, donc de rassurant (L’angoisse s’atténue dans la collectivisation si la collectivité reste sereine et confiante).

Ensuite, toujours dans ce secteur des civilisés, il y avait à dire si bien ou si mal. Il a toujours été hors de question de dire que l’architecturisme ou que l’impérialisme était mal (il était donc difficile de critiquer cette tendance chez les concurrents puisqu’on la cultivait soi-même et on n’a jamais su critiquer le modernisme des Romains ou des Nazis)


Ainsi, dans tout ce secteur, la civilisation était bien et bonne. Le sauvage étant donc mal et mauvais. Même pour Rousseau, qui n’a pas du tout envisagé le renoncement à la civilisation.

Ce n’est que là, tout récemment, face à nos impasses écologiques, économiques et sociétales, face à nos meurtres, cruautés et catastrophes industrielles, que nous commençons à douter un peu de cet ordre Bien/Mal, Bon/Mauvais. Nous ne sommes plus aussi certains d’avoir eu raison d’aimer autant l’industrialisation et la standardisation de tout.


Trop d’éléments d’ordre purement écologique nous culpabilisent et nous voilà déchirés, schizophrènes (au sens vulgaire) parce malgré nos feux en tous genres, nous restons très banalement mortels et même plus mortels que les lichens, virus, rats et autres cafards.


Dans tout ça, avant même que surgissent nos murs et peaks écologiques, notre secteur civilisé a ressenti bien des crises. Il suffit à tout individu civilisé de se voir en train de mourir trop tôt pour ressentir quelque injustice, pour remette en cause le bien fondé du contexte dans lequel il baigne. C’est donc régulièrement et surtout depuis que nous nous sommes sentis penseurs de l’Humanité entière, que certains d’entre nous se posent des questions. Et que font-ils alors pour essayer de trouver et de montrer où se planque la vraie vérité ? Et bien ils foncent droit chez les sauvages, s’il en reste.

Chaque fois que l’homme civilisé a paniqué devant l’insolubilité de certaines grandes questions il est allé fouiller dans les affaires des sauvages. Pour justifier l’inceste par exemple, nos penseurs sont allés fouiller chez les plus sauvages des Hommes et nous ont ramené toutes sortes de certificats prouvant que l’inceste est absolument universel et que basta, n’en discutons plus.

Alors que pour le cannibalisme, c’est tout le contraire. On sait très bien que les sauvages font ça (on passera sur le fait qu’ici on l’a également pratiqué) mais là on en est certain, manger son prochain cépabien.

Il n’est pas question d’imiter le sauvage en son cannibalisme mais il est tout à fait logique de l’imiter sur l’inceste, s’il le pratique.

Un coup le sauvage est le repoussoir, un coup il est le modèle. Selon nos besoins.
Et là, catastrophes écologiques récurrentes obligent, le sauvage va devenir plus que jamais le bon élève de l’Humanité. Il ne nous reste plus qu’à trouver la rhétorique permettant de le reconnaître sans ressortir pour autant avec le bonnet d’âne.
L’idéal étant qu’il n’y ait plus un seul sauvage en vie avant de faire ce constat d’Erreur Fondamentale. Tous coupables, tous responsables c’est quand même mieux que Nous seuls coupables et responsables de la catastrophe. 

A ce sujet, et là je déborde nettement, pardon, les catas qui nous font réagir, celles qui entrent dans nos comptabilités, sont celles qui nous touchent concrètement.

6000 morts de misère néocolonialiste chaque jour, dans quelque région du monde sans plage à sable blanc, on s’en tape. Ca n’est pas près de nous arriver puisque nous sommes les auteurs de ces abus. Nous n’allons tout de même pas nous affamer nous-mêmes.
6000 morts par tsunami aux antipodes, ça nous touche un peu car sait-on jamais, ça pourrait nous arriver et puis on aime bien lézarder sur ces plages de sable fin.
Mais 10 morts dans une centrale nucléaire ou d’avoir bouffé des steaks congelés, ça nous fait fliper grave parce que ça pourrait fort bien nous arriver.

Cela dit, la panique personnelle c’est une chose, la panique collective une autre. Et comme la collectivité est généralement plus immortelle que l’individu, elle reste généralement plus calme, ce qui rassure les individus qui la composent.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe