Annie 11 août 2011 19:50

@Frida,
Une des raisons pour laquelle cet article m’a touché est justement cette notion d’empathie. Je n’établis pas une hiérarchie des souffrances mais si j’ai bien compris le sentiment d’aliénation des noirs ou des femmes, ce n’est pas grâce à des études ou des articles écrits sur ce sujet, mais à des romans qui ont justement su éveiller ce sentiment d’empathie, à un tel point qu’il n’est jamais possible de revenir en arrière, puisque cela devient une expérience vécue par procuration.
Si vous reprenez la scène d’un enfant du pays de Richard Wright lorsque Bigger Thomas est convié à s’asseoir entre la soeur et le frère dans la voiture, et qu’il décrit son malaise, pas seulement physique, parce qu’il se retrouve soudain plongé dans un univers qui ne lui est pas familier, vous pouvez voir les deux forces qui s’opposent : d’un côté le frère et la soeur qui sont sympathiques à la cause des noirs et qui pensent lui faire une faveur en lui demandant de s’asseoir entre eux, et Bigger Thomas, qui vient de perdre soudainement ses repères et qui n’éprouve aucune reconnaissance à leur égard, bien au contraire, puisqu’ils le prive des raisons même de sa colère. Le parallèle entre les noirs et les femmes est très pertinent. et je le répète, je n’établis aucune hiérarchie entre deux aliénations, mais comme le frère et la soeur, les hommes attendent de la reconnaissance des femmes lorsqu’elles sont autorisées à accéder aux mêmes positions tandis que les femmes ne voient dans ces concessions justement qu’une concession qui ne reconnaît pas explicitement leur propre réalité.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe