Agriculture, le suicide économique
Agriculture, le suicide économique.
Pour combien de temps encore la France restera une puissance agricole, une puissance où ses agriculteurs sont littéralement assassinés ?
L’été 2020 a été marqué par le sujet des néonicotinoides, qui sont utiles pour les betteraves pour les protéger de la jaunisse donnée par des pucerons qui empêchent la betterave de grandir.
Aujourd’hui, la filière de la betterave est entre la vie et la mort. Les autorités se sont donnés trois ans pour trouver des alternatives aux néonicotinoides, mais ce délai n’est pas suffisant, en témoigne le contrat de solutions de 2017 de la FNSEA qui n’a pas pu trouver d’alternatives pour la betterave, entre autres.
Aussi, le glyphosate, décrié par nombre de personnes qui semblent être expertes en production de phytosanitaires, sera interdit d’ici quelques années ? Y a-t-il des alternatives ? Non.
Même cas de figure pour le mancozèbe, qui sera interdit au niveau européen le...31 janvier 2021, dans quelques semaines ! Ce fongicide est utilisé dans les cultures de tomates, de pommes de terre, de poires, de pommes, de cerises, d’abricots, dans la viticulture. Là aussi, aucune alternative.
Il est nécessaire de dépassionner le sujet des produits phytosanitaires (« pesticides » est un mot qui ne veut rien dire en soi) et de garder la tête froide.
Lorsqu’une personne déclare qu’elle souffre de tumeurs, et que cette personne habite près d’une zone agricole, il ne faut pas s’emballer pour pointer du doigt les traitements phytosanitaires qui auraient déclenché ces tumeurs.
Car nous, consommateurs, citoyens, avons chez nous, dans nos placards, des produits ménagers et cosmétiques qui contiennent des molécules de phytosanitaires.
Ce qui empoisonne le débat sur les phytosanitaires, c’est la désinformation, entretenue par des associations dont l’objectif est de bannir les phytosanitaires de l’agriculture française, de vanter le seul modèle écologique qui serait la permaculture, ce qui est ridicule.
Il faut savoir que les phytosanitaires sont utilisés en cas de nécessité, ce sont comme des médicaments, pour soigner les cultures.
Si les phytosanitaires sont interdits, les rendements baisseront, ainsi, toute la population ne pourra pas subvenir à ses besoins nutritifs.
De plus, si il n’y a plus de phytosanitaires, il y aura davantage de travail manuel (on peut imaginer des stages d’initiation pour les politiques et associations écologistes), par conséquent une augmentation du coût de production, pour finir par une augmentation du prix du produit agricole.
Il est peu probable que chacun mette plus d’argent dans la nourriture. Mais encore faut-il avoir les moyens et faire en sorte que la part de la nourriture dans un budget revienne au premier rang, pour détrôner la place des extras (le dernier téléphone portable). Pour cela, il faut un changement profond des mentalités pour mettre fin à la société de surconsommation...chantier titanesque.
Le débat est toujours sain, surtout dans une démocratie. Mais il ne faut pas tomber dans les excès.
Les phytosanitaires sont utiles, la solution pour contenter les deux parties est de trouver des alternatives économiquement viables.
Quel ouvrier accepterait de travailler sans son outil de travail ? Aucun !
Et si c’était le seul problème... une absence de rémunération tandis que les charges augmentent, toujours plus de normes et contraignantes, une non considération et des trahisons politiques…. le moral est en berne ! ….
N’oublions pas que ce qui ne sera plus cultivé chez nous, le sera ailleurs et viendra chez nous, avec des produits phytosanitaires qui ne sont plus autorisés chez nous mais qui le seront ailleurs.
Il est donc nécessaire que l’Europe soit souveraine dans son alimentation pour ne plus être dépendante d’importations, qui bien souvent ne respectent pas nos normes.
L’Europe doit retrouver son propre marché commun. Depuis 1973, son marché commun s’est transformé en un vaste espace de libre-échange avec l’entrée de la Grande-Bretagne dans l’Europe. Maintenant que celle-ci est partie, retrouvons nos principes.
L’Europe doit renouer avec une PAC basée sur la préférence communautaire. Notre agriculture doit d'abord nous nourrir et ne doit plus être dépendante, et tuée, des marchés mondiaux. Et cela, seule la France peut insuffler cette voie.
Valentin Lagorio, secrétaire général adjoint à l'UPF.