jeudi 20 septembre 2018 - par VICTOR Ayoli

Alors ça vient ce trumpisme (pardon, protectionnisme) européen ?

Hier, je suis allé avec ma compagne dans une des zones commerciales de ma ville. Rien d’original, c’est partout les mêmes merdes architecturales genre boite à chaussure et d’énormes panneaux de pub criards. Pour y arriver, j’ai longé des friches industrielles. Il y a quelques années on y fabriquait des produits en polystyrène expansé, à côté c’était une fonderie… Maintenant ruines, toits affalés, murs tagués… L’image de la désindustrialisation.

Dans la zone commerciale, nous sommes entrés dans un gigantesque entrepôt de vente où s’offraient à la convoitise de gens pauvres des monceaux de produits fabriqués en Chine, au Bangladesh, en Inde. Probablement par des semi-esclaves ou des enfants, au mieux par des travailleurs exploités. Il y a quelques années, à la place de ces bâtiments se trouvait le centre de recherche très moderne, très performant, d’une entreprise lideur en France dans le domaine des bétons précontraints. Parti ailleurs… L’image de la délocalisation.

J’ai vainement cherché dans ces illustrations l’image de la « mondialisation heureuse » prônée il y a quelques années par le pittoresque Alain Minc. Cette image, ce sont des entrepôts logistiques, des hypermarchés, des franchisés vendant partout les mêmes merdes mais plus aucune industrie, plus aucune PME, encore quelques artisans essayant de s’en sortir. Un pays en voie de tiers-mondisation…

Eh ouais ! Coco, faut être moderne ! C’est ça la libre circulation mondiale des produits, c’est ça la libre circulation mondiale des capitaux ! Moderne le fait de permettre à quelques multinationales mafieuses à vocation uniquement financière de mener leur prédation partout dans le monde en piquant la plus-value financière et en laissant la casse sociale aux autochtones ? Va fanculo…

Sauf à appliquer en France les mêmes salaires qu’en Chine ou – pire – au Bangladesh - et la même (non) protection sociale, il est impossible pour les industries françaises et européennes d’être concurrentielles. Sauf à être débile, on ne peut pas mettre en concurrence des pays où les coûts de main-d’œuvre varient de un à quatre-vingt ! Eh bien oui, on est débile. En tout cas les têtes d’œuf qui nous gouvernent tant au niveau national qu’au niveau de l’Europe. Une konnerie (angélisme on dit pour être à la mode, Coco !) qui fait se bidonner de rire les dirigeants chinois qui, eux, ne sont pas si kons : leur marché est solidement verrouillé et ils n’acceptent que les produits qu’ils ne peuvent pas encore construire eux-mêmes, comme les avions par exemple. Et dans ce cas, ils exigent qu’on leur transfère toutes les technologies… afin qu’ils puissent quelques années plus tard concurrencer dans le monde les débiles naïfs qui leur ont donné le bâton pour se faire battre. Exemple Siemens et ses TGV !!! Exemple les Airbus !!! Exemple l’essentiel des ordinateurs et autres smartphones grand public.

Mouais… Alors on fait quoi ? Ben, on pourrait peut-être s’inspirer de cet affreux goujat de Trump qui se révèle à l’usage moins kon qu’il voudrait le faire croire : taxer aux portes de l’Union européennes les importations en provenance de la Chine et autres pays à très bas coût salariaux, protections sociales inexistantes et jemenfoutisme écologique. Mais c’est du protectionnisme ça Coco ! Ben oui, et c’est pas un gros mot. Il n’y a que ça pour mettre un peu d’équité dans les échanges commerciaux. Si les pays qui subiront ce protectionnisme veulent atteindre notre marché, soit ils paieront des droits de douane spéciaux remettant de l’équité, soit ils installeront des usines pour produire en France, donc ils créeront de l’emploi et tout le monde sera content. C’est le pari de Trump.

La Chine – puisque c’est essentiellement ce pays qui est en cause – devrait alors se tourner un peu plus vers son énorme marché intérieur, augmentant d’autant les conditions de vie de ses populations. De plus, la planète y gagnerait une moindre pollution par les transports…

Ce protectionnisme « intelligent », pour être honnête, devrait aussi s’appliquer, en sens contraire, à l’Afrique dont l’économie locale est laminée, ruinée par des accords de « libre-échange, » donc de suppression de droits de douane qui permettent aux produits européens subventionnés d’inonder les marchés.

Alors qu’est-ce qu’on attend ?

Des dirigeants honnêtes, lucides et courageux.

Ça existe ça Coco ?

 

Illustration X - Droits réservés

 



11 réactions


  • troletbuse troletbuse 20 septembre 2018 14:08

    Enfin, quelqu’un qui ne crache pas sur Trump


  • Buzzcocks 20 septembre 2018 15:00

    Si il y a une embellie sur l’économie américaine sous Trump, c’est grâce à son super CICE en abaissant les taxes sur les entreprises de 35% à 21%, mais très certainement pas grâce à son protectionnisme bien au contraire.

    Cet imbécile a mis des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium... ce qui fait que les industries américaines (aviation : Boeing, et automobile : Chrysler, Ford, GM) voient leur cout de production augmentée. Ainsi une voiture américaine est vendue 500 dollars plus chère.
    Le consommateur est perdant sur toute la ligne.


  • foufouille foufouille 20 septembre 2018 15:43
    c’est un peu tard pour revenir en arrière car le revendeur et importateur se fait une marge de plus de 100% au minimum.
    pas plus tard qu’il y a 2 jours j’ai acheté un chargeur avec prise XLR sur amazon même pas déballé de l’emballage d’origine. hier je le trouve sur le net en chine deux fois moins et pas au prix de gros.
    le vendeur l’a donc commandé d’avance puis l’a juste mis dans un nouveau carton : 5min de boulot = 10€ ..........


  • Loatse Loatse 20 septembre 2018 15:59

    Bonjour Victor,


    Effectivement, si l’on taxait les exportations en tenant compte de la différence du coût de la main d’oeuvre - qui favorise la concurrence déloyale -, on n’en serait pas là.. Mais il reste d’autres possibilités qui font, elles, appel au changement des mentalités sans en revenir au repli sur soi et à l’auto suffisance.. (sauf à se passer de café et de batteries de téléphone)

    Ma vision des choses pour justement, in fine, aboutir sinon à une mondialisation heureuse, mais à un monde plus juste, hors concurrence sauvage et déloyale : 

    Premièrement : Ne seraient importées que ce que nous ne pouvons produire ainsi que les produits d’artisanat et les matières premières que nous ne possédons pas, également ce qui peut nous faire défaut temporairement au niveau de l’agro alimentaire (en cas d’intempéries mettant à mal nos récoltes), idem les spécialités régionales (pour nous : fromages, vins, confiseries..)

    Deuxièmement : Ces exportations seraient conditionnées par l’obligation aux entreprises étrangères de verser un salaire décent à ceux qui ont produit ces objets, ce cacao, ces pierres précieuses..

    Le maintien de notre train de vie, de notre qualité de vie ne doit pas se faire au dépend d’autrui, par son exploitation !

    Troisièmement : Qu’il soit chinois, africain ou français, tout salarié doit percevoir un intéressement aux bénéfices de l’entreprise qui l’emploie..

    Ceux qui prônent cette forme de mondialisation actuelle qui reste basée sur l’exploitation de l’homme par l’homme* sont des hypocrites.. Eux même usent de protectionnisme en favorisant leurs proches, leurs amis, leurs relations tout en pestant après ceux qui veulent dans une même logique, favoriser, protéger leur pays...

    La logique veut aussi que cela soit le surplus qui soit donné... Si tu diriges un pays et que dans ce pays, une quantité non négligable de gens ne mangent pas à leur faim, n’ont pas de quoi se loger, que le chomage est croissant, tu ne vas pas en plus ponctionner les citoyens pour aider d’autres pays dans la même situation... ca ne rime à rien, c’est ressenti comme une injustice, qui plus est !

    en plus ce sont toujours les mêmes qui se retrouvent à poil et qui finissent par taper sur ceux qui sont aussi à poil qu’eux qui viennent d’ailleurs...



    (*pétard ! je me relis, je m’apercois que je suis en train de virer coco ! smiley




  • lala rhetorique lala rhetorique 20 septembre 2018 17:21

    On peut se demander pourquoi une fois élus, nos présidents successifs font la guerre à leur propre peuple et sous quel prétexte on peut appeler « modernisme » un énorme retour en arrière ! il est vrai qu’il faut tenir compte du fait qu’individuellement les pays formant l’europe n’existent plus, donc nos dirigeants ne sont plus du tout responsable des français, ils supervisent la france et veillent à ce que les lois de Bruxelles soient rapidement mises en place et appliquées. Quant aux usines et autres, bientôt tout sera propriété des financiers ! dont ne cherchez pas la qualité, il ne sera question que de rentabilité....


    • JulietFox 21 septembre 2018 09:57
      « @lala rhetorique

       »dont ne cherchez pas la qualité, il ne sera question que de rentabilité« 
      Il faut investir dans les vieux.
      Ca ça rapporte.
      Le groupe Kirian de maisons de retraite-fond de pension Canadien- a dégagé 12% pour ses actionnaires.
      Tant pis pour les »résidents" à la limite de la maltraitance !
      Envoyé Spécial sur la 2 hier soir
      Pour le fric, tout fait ventre !

  • Trelawney 21 septembre 2018 08:24

    L’auteur est allé dans une grande surface pas trés loin de là où il habite. Pour y arriver il a traverser une friche industrielle. Il ne s’est pourtant pas posé la question de savoir ce qu’il pouvait s’acheter dans cette grande surface. Car a-t-il les moyens de s’acheter autre chose que ce qui vient de Chine ou d’Inde ? personnellement j’en doute !


    Bloquer les importations, c’est tout simplement vous empêcher de consommer.

    Il y a 60 ans, la voiture la moins cher (la 4L) valait pas moins de 15 Smic. Aujourd’hui la voiture la moins cher (la Daxia Sandero tout droit venu de Roumanie) n’en vaut plus que 6 Smic. Et tout le monde est d’accord pour dire que la voiture coûte tellement cher qu’on n’a plus les moyens d’en avoir une. Cette réalité nous démontre bien que le problème est ailleurs.

  • velosolex velosolex 21 septembre 2018 09:14

    La globalisation n’est pas une débilité, ce qui est dingue c’est la dérégulation qui va avec, sans contrôle, sans pensée, avec juste comme pensée la loi de la jungle et des bénéfices à courte vue...C’est ça qui vous donne les entrepôts hideux qui se sont substitués aux chouettes magasins d’hier, pas les échanges entre les hommes. 

    Faire l’apologie de Trump à ce niveau, c’est un peu comme faire celui d’Hitler en Europe car il avait résolu le chômage en Allemagne. C’est ce qu’on fait d’ailleurs beaucoup à l’époque. Trump est un dingue qui se fout de notre vie, de l’intérêt collectif, de la vie même sur terre à brève échéance. Qu’il fasse un bras de fer avec les chinois et en déduire qu’il nous rend service, est un peu court de réflexion pavlovienne. Il veut simplement les niquer, planter le drapeau us sur votre zone commerciale au lieu du rouge, en nous crachant dessus. 
    Il pense en vrai que les arbres par exemple sont à abattre, car sans arbres, il n’y aurait pas d’incendie. Et il passe à l’acte. Dans ce sens on peut dire qu’il fait ce qu’il dit ; Le reste à l’avenant. Demain il est capable de faire sauter la ville du sud où vous lui adressez votre déclaration d’amour, ou votre brève de comptoir plutôt, s’il juge que ses intérêts psychotiques sont là......Ce matin j’ai écouté Richard Powers, un américain lui, que j’aime beaucoup, car il parle des arbres, donc des hommes. En postcast, rien que du bonheur sur france culutre : 
    Richard Powers : des hommes et des arbres

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