vendredi 25 janvier 2019 - par Martin de Wallon

Antisémitisme : Alain Soral, l’idéologue d’extrême droite condamné à un an de prison ferme pour injure raciale

Ce jeudi 17 Janvier, le tribunal correctionnel de Bobigny a prononcé la sentence contre Alain Soral sur les faits qui lui sont reprochés. L’écrivain polémiste d’extrême droite s’est rendu coupable d’injure raciale, de provocation, d’incitation à la haine et a été condamné à un an de prison ferme. Cette peine est conforme aux réquisitions formulées par le parquet le 19 novembre dernier.

La provocation de plus

Ce n’est pas la première fois que l’essayiste est confronté à la justice pour ses sorties provocantes et ses analyses acerbes. Déjà dans le début des années 2000, Alain Soral dénonce dans ses livres toute sorte de communautarisme. Il s’en prend ouvertement aux mouvements féministes, homosexuels ainsi qu’aux associations représentant la communauté juive.

Le 11 juin 2008, Alain Soral est condamné à payer une amende de 3 000 € pour incitation à la haine raciale. Il avait affirmé à l’émission Complément d’enquête sur France 2, le 20 septembre 2004 : « la formation qualifiante pour exister dans les médias aujourd’hui, c’est d’être sioniste : si t’es antisioniste, si t’es judéo-critique ou quoi que ce soit tu dégages. »

 Après deux autres procès en 2013, Alain Soral réapparait devant les tribunaux en janvier 2014. Il est poursuivi par l ’Union des étudiants juifs de France ( UEJF) pour une quenelle réalisée devant le mémorial de la Shoah, à Berlin. Alain Soral avait d’ailleurs diffusé cette quenelle dans une vidéo dans le mois de décembre 2013. Condamné par le tribunal correctionnel de Paris à verser 5 000 euros d'amende et 15 000 euros de dommages et intérêts aux sept associations parties civiles, Alain Soral n’avait pas échappé à une autre condamnation en septembre 2014 pour avoir qualifié le vice-président du Front national Louis Aliot de « con du mois », de « suceur de sionistes », de « saloperie » et de « crétin », dans une vidéo publiée le 24 décembre 2011 sur son site.

Alain Soral est à nouveau condamné le 22 décembre 2017 à Paris pour deux dessins antisémites. Sur l’un d’eux, l’on pouvait voir quatre candidats à la présidentielle de 2017 en forme de pions, sur un échiquier. Ces candidats étaient dominés par Bernard-Henri Lévy, Julien Dray et Jacques Attali, sur fond d’étoile de David. Il avait intitulé le dessin : « Présidentielles, qui mène le jeu… »

Le site Times of Israel relève la décision des juges au procès : Le dessin suggérait que les candidats « sont en réalité contrôlés et manipulés par des personnalités que l’auteur relie très clairement à la religion juive », ce qui constitue un « appel implicite à la haine, la violence et la discrimination contre tous les juifs ».

Toujours sur son site Égalité et Réconciliation, il évoquera le procès avec des propos qui le caractérisent : « entre le peuple juif et le reste de l’humanité, le combat ne peut être que génocidaire et total ».

Poursuivant sa critique, il avait aussi mentionné la Procureure, représentante du parquet qui avait requis cinq mois de prison ferme à son encontre : « Je n’ai jamais entendu autant de mensonges et de malhonnêteté sortir de la bouche d’une femme, et pourtant des salopes, j’en ai connues. »

Dans Le parisien la magistrate concernée s’offusque mais relativise : On est régulièrement la cible de propos sur la toile, mais là je suis tombée de ma chaise…Ça m’a émue sur le coup […] mais je n’en fais pas une affaire personnelle. »

La peur a changé de camp

Aussitôt la dernière condamnation d’Alain Soral prononcée, Richard Malka, l’avocat de la magistrate injuriée a déclaré à l’AFP être satisfaite du verdict. Mentionnant que c’était la toute première fois que l’homme de 60 ans était condamné à une lourde peine, elle a déclaré : « Alain Soral est rentré dans un rapport de force avec la justice mais la justice ne s’est pas laissée impressionner ».

Ilana Soskin, avocate de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) a affirmé à son tour à l’AFP : « Avec cette condamnation la peur a changé de camp. Nous continuerons à poursuivre M. Soral dès qu’il tiendra des propos anti-juifs ».

L’association des Etudiants Juifs de France, elle, s’était réjouit sur Twitter : « Nous obtenons la condamnation d’Alain Soral à un an de prison ferme pour des propos antisémites et injurieux tenus sur son site internet Égalité et Réconciliation. La justice met un nouveau coup d’arrêt à ce petit propagandiste de la haine ». 

L’idéologue d’extrême droite était absent ce jeudi lorsque sa condamnation avait été rendue à la 14e chambre correctionnelle du tribunal de Bobigny. Il s’était exprimé sur son site : « Les juifs sont manipulateurs, dominateurs et haineux ».



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