lundi 27 mars 2017 - par Abdelkarim Chankou

Après le muslim ban, le numeric ban !

Cette sélectivité incomprise est-elle liée à des soupçons américains que ces aéroports sont des passoires où les gens importants ne sont jamais fouillés ? Peut-être que oui. D’autant que ce sont souvent des hommes d’affaires qui voyagent en cabine classe affaire avec de tels appareils électroniques.

Décidément les Etats-Unis nous étonneront toujours par certaines de leurs décisions sécuritaires surtout quand celles-ci sont sélectives et ciblent de surcroît des pays alliés. Le pays de l’Oncle Sam a annoncé mardi 21 mars dernier l'interdiction d'emporter en cabine une tablette, un appareil photo ou un ordinateur portable (sauf les appareils médicaux) pour tous les passagers embarquant sur des vols de neuf compagnies aériennes en provenance de huit pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Les autorités américaines invoquent un risque que ces gadgets - par ailleurs fort utiles- peuvent d’être utilisés pour cacher des explosifs en vue d'attentats terroristes ; ils voyageront don en soute dès le samedi 26 mars. Elles n’ont pas tout à fait tort les yankees. L’histoire récente nous a montré que les organisations terroristes s’ingénient à exploiter toutes les moyens possibles pour faire passer leurs engins meurtriers au nez et à la barbe des douaniers, par exemple des explosifs soigneusement camouflés dans les semelles d’une paire de chaussure. Donc ce qui peut se caser dans un soulier peur l’être dans une tablette ou une caméra. D’autant que certains types d’explosifs très puissants ne pressent pas trop de place. Comme le semtex dont seulement 250 grammes suffisent pour faire un bon trou dans le fuselage d'un avion commercial de grande taille. Une telle charge pourrait bien tenir confortablement dans l’emplacement de la batterie d’un PC portable par exemple. Voici pour le côté scène. Derrière les coulisses se pose et s’impose une lourde question : si l’on admet que le risque que l’un de ces appareils fourré aux explosifs peut échapper à la fouille manuelle ou électronique (scanner) dans n’importe quel aéroport dans le monde alors pourquoi ce sont uniquement les compagnies et aéroports de 8 pays alliés ou amis qui sont visés ? Soit une cinquantaine de vols quotidiens de neuf compagnies aériennes : Royal Jordanian, EgyptAir, Turkish Airlines, Saudi Airlines, Kuwait Airways, Royal Air Maroc, Qatar Airways, Emirates et Etihad Airways. Transporteurs au départ de 10 aéroports internationaux : Amman, Le Caire, Istanbul, Jeddah, Ryad, Koweït, Doha, Dubaï, Abou Dhabi et Casablanca. La réponse à cette sélectivité incomprise est-elle liée à des soupçons américains que ces aéroports sont des passoires où les gens importants ne sont jamais fouillés ? Peut-être que oui. D’autant que ce sont souvent des hommes d’affaires qui voyagent en cabine classe affaire avec de tels appareils électroniques, étant donné qu’il est difficile pour les voyageurs en classe économique de manipuler un PC tellement c’est serré comme dans une boîte de sardine. Dans la classe économique on arrive à peine à avaler un verre d’eau sans le verser sur le voisin. Est-ce à dire que les businessmen en partance pour ces pays sont ciblés ? Possible. Certaines investigations lancées au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 ont révélé les relations que peuvent avoir de richissimes hommes d’affaires saoudiens avec les auteurs de ces attaques, par exemple le multimilliardaire saoudo-éthiopien le sheikh Mohamed Hussein Al Amoudi que le FBI a soupçonné de financer des organisations terroristes avant que le l’enquête ne soit stoppée et enterrée pour des raisons évidentes… Mais c’est quand même très curieux que la plus grande puissance économique du monde embête les compagnies aériennes qui achètent ses avions et les investisseurs étrangers en les privant de leurs outils de communication. La Turquie a d'ailleurs rapidement et vivement réagi, demandant que Turkish Airlines soit épargnée par ces dispositions. « Ce qui nous préoccupe, c'est que cette mesure pourrait faire baisser le confort des voyageurs, ainsi que leur nombre », a déclaré le ministre turc des Transports, Ahmet Arslan, selon qui de nombreux passagers se rendant d'Istanbul vers les États-Unis à bord d'avions Turkish Airlines sont des hommes d'affaires. La compagnie turque est l'une des rares compagnies internationales à proposer le wi-fi à bord gratuit. Merci en tout cas pour cette compagnie qui a choisi l‘acteur américain Morgan Freeman pour mettre en avant le confort de ses avions. Autre question sans réponse : la soute est-elle plus sûre que les casiers à bagages en cabine ? Autrement dit une tablette piégée fait-elle moins dégâts en soute qu’en cabine ? Au lendemain de l'explosion qui a provoqué la destruction du Boeing 747 de la TWA , causant la mort de 230 personnes, le 17 juillet 1996 au large de New York et qui serait due à une bombe logée dans la soute avant de l'appareil, des scientifiques ont lancé des tests d’un sac pour contenir une explosion dans les soutes des avions. « Constitué de quatre couches de revêtement ultra-résistant, dont du kevlar déjà utilisé pour fabriquer les gilets pare-balles, ce sac supporte de fortes températures et contiendrait le souffle de l'explosion pour éviter les dégâts sur l'appareil. » Mais les avis sont partagés là-dessus et tous les avions à destination des Etats-Unis ne sont pas équipés de cette technologie. Alors quelle est la vraie raison de cette curieuse décision américaine qui épargne l’Algérie où le terrorisme est un sport national ? Si raison il y a…

http://chankou.over-blog.com/2017/03/apres-le-muslim-ban-le-numeric-ban.html



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