mercredi 13 novembre - par guylain chevrier

ASE : Par-delà les récriminations, faire retour à la protection de l’enfance et à l’éducatif

Il n’y a pas de famille sans histoire, mais il y a des histoires plus complexes que d’autres qui nécessitent l’intervention éducative. La protection de l’enfance se situe dans l’esprit d’une République protectrice, soucieuse du bon développement de l’enfant. Non seulement pour lui, sa famille, mais aussi pour la société, car de mauvaises conditions d’éducation peuvent aboutir à la difficulté à ce qu'il s'y intégre, voire à ce qu’il se retourne contre elle. Mais aussi, à laquelle il pourrait manquer en lui faisant défaut, car derrière chaque enfant il y a un citoyen en herbe. Le système d’alerte en protection de l’enfance est l’objet de beaucoup d’attention, et a abouti à être sans doute l’un des meilleurs outils pour porter à la connaissance des services compétents, des situations de difficulté éducative motivant une intervention. Il repose sur la fluidité des informations transmises par ceux qui sont témoins de celles-ci. Sans leur action de signaler, rien ne peut fonctionner, hormis les cas où les parents ou les enfants eux-mêmes en appellent à une aide.

Le signalement d’enfants en risque ou en danger, un système d’alerte pour protéger, malmené

La méconnaissance, ne serait-ce que partielle de la protection de l'enfance et des procédures de prise en charge de l’Aide sociale à l’Enfance (ASE), peut, non seulement, nuire au signalement d'enfants en risque ou en danger par les non-professionnels, le simple citoyen, mais aussi par des professionnels du secteur de la petite enfance, du social ou du médico-social, qui n’interviennent pas directement dans ce domaine. Un article sur le sujet publié dans la revue Métiers de la petite enfance, témoigne des difficultés rencontrées par ces professionnels face au signalement d'un enfant en risque ou en danger (1) : « Par conséquent, certaines fausses idées sont souvent véhiculées issues de l'histoire de l'ASE et de certains scandales médiatiques où elle est perçue comme « retirant les enfants », « brisant les familles » ou aggravant la situation. En résistant au repérage et aux signalements, le professionnel pense qu'il se prémunit contre les risques souvent véhiculés par les médias, d'une protection de l'enfance défaillante notamment en termes de maltraitance institutionnelle. »

On a même pu entendre, dans certains médias, qu'il vaut mieux laisser des enfants maltraités dans leur famille plutôt que de les confier à l'ASE. Les faits sont venus récemment rappeler la réalité, un enfant de 4 ans a été découvert au domicile de sa mère "présentant des traces de brûlures sur le corps et des ongles arrachés", ainsi que « des trous dans le cuir chevelu". Une ordonnance de placement provisoire a été émise, confiant l'enfant à l'aide sociale à l'enfance (ASE), avec une enquête ouverte par le parquet pour "actes de torture et de barbarie", "violences habituelles sur mineur de 15 ans par ascendant" et "soustraction de parent à ses obligations légales compromettant la santé, la sécurité, la moralité ou l'éducation de l'enfant" (2). Le 119, Allô enfance en danger, doit pouvoir jouer son rôle en toute sérénité.

Si tout système pour s’améliorer se doit à la critique, aucun n‘étant parfait, pour autant, la brebis galeuse maltraitante ne doit pas justifier de voir partout la peste, comme cela est parfois fait, au nom de bons sentiments dont on sait l'enfer pavé. A-t-on conscience que traiter ce sujet à l’emporte-pièce risque d’aggraver la situation de milliers d'enfants, en nourrissant la résistance à signaler ce qu’ils subissent ? Il faut replacer ce sujet, devenu sociétal et brûlant, dans un contexte médiatique dont les réseaux sociaux sont un modèle, fonctionnant sur le mode du clash, du scandale, loin d'une approche impartiale. Un sujet sensible parce qu’il s’immisce dans l’intimité de la famille, qui peut faire peur, et donc recette.

La parole d'anciens enfants placés est sacralisée dans ce contexte, monopolisant l'attention avec ceux qui passent leur temps à parler d'un "système à bout de souffle", qui placerait à tire-larigot, fabriquerait des sans diplôme et des sans domicile fixe, pendant que les travailleurs sociaux, ceux du terrain, restent inaudibles, et que la confusion domine. Comment peut-on rendre l'ASE en totalité responsable de difficultés rencontrées par ceux sortis du dispositif ? Ne résultent-elles pas, à tout le moins pour une part, des situations de marginalité, de carence sinon de maltraitance qui sont à l'origine de leur placement, et les ont abîmés et parfois pour la vie, détruits ? 

La protection de l’enfance, par-delà les idées reçues, chiffres et réalités

Rappelons à toutes les familles que la loi protège la vie privée (art. 9 du code civil). Et que, la protection de l’enfance est une politique catégorielle, qu’elle concerne 2,17 % des moins de 18 ans et 1,41 % des 18-21 ans, avec 344.662 mineurs et majeurs qui sont pris en charge au 31 décembre 2022 (source : Observatoire National de la Protection de l’Enfance), sur plus de 14 millions de mineurs en France (Chiffres INSEE, hors Mayotte). 1963 établissements relèvent de l’Aide sociale à l’enfance (agrément ASE), et 129.109 professionnels travaillent dans ce champ. On est passé de 275.194 mineurs pris en charge en 2011 à 310.577 en 2022 (+13 %). Les prises en charge jeunes majeurs ont augmenté de 62 % entre 2011 et 2022 (Source ONPE). Côté dépenses, le budget des départements alloué à l’Aide sociale à l’enfance atteint 9,3 milliards d’euros en 2023 (4 milliards en 2001), il a doublé en 20 ans. Une politique sociale construite de longue date, bien encadrée par la loi (3) avec de multiples dispositifs, des moyens de contrôle, qu’il s’agisse des services concernés, des institutions d’accompagnement et d’accueil, des usagers qui ont aussi des droits étendus. C’est un service public qui concerne des situations bien repérées, allant des difficultés rencontrées par les parents dans l’exercice de leurs responsabilités éducatives, à des défaillances sérieuses, jusqu’à des maltraitances graves pour lesquelles il faut agir sans délai.

Environ 40% des situations signalées après évaluation sont classées sans suite. Les mesures à domicile, telles les Actions éducatives à domicile (AED), sont aussi nombreuses que les mesures de placement, et ces mesures sont, pour un tiers, administratives et donc, avec l’adhésion sinon à la demande des parents, voire du mineur. Et que, pour les placements, un quart sont administratifs. Les parents étant systématiquement associés dans ces procédures administratives ou judiciaires, s’ils n’ont pas commis l‘irréparable sur leur (s) enfant (s) (infraction pénale). L’intérêt supérieur de l’enfant (4) étant la première condition à toute intervention. Il y aussi les contrats jeune majeur pour les 18-21 ans qui ne bénéficient pas de ressources ou d'un soutien familial suffisants, et continuent ainsi d'être pris en charge par l'ASE. Bien des idées reçues servent à entretenir une approche contentieuse sur ce sujet, comme celle selon laquelle la protection de l’enfance ne concernerait que les pauvres, et donc une politique de classe. Ce qui est tout simplement faux et grotesque, car toutes les familles par-delà les classes sociales sont concernées.

Un travail de prévention est tenté si les conditions en existent, mais lorsque la situation présente un risque trop important ou un danger, il n’y a alors pas d’autre choix que le placement pour protéger : Violences physiques, telles que fractures, ecchymoses, hématomes, griffures, morsures, brûlures, arrachage de cheveux - violences psychologiques : brimades, privations, enfermement, harcèlement moral, rejet (humiliations, insultes, dévalorisations…) - Négligences lourdes : privation des éléments indispensables au bon développement et au bien-être de l'enfant (nourriture, soins, hygiène, sommeil, affection) … - abus sexuels révélés et/ou constatés et/ou rapportés. - possible syndrome lié à de la maltraitance : syndrome du bébé secoué, syndrome de Münchhausen…

De l’évaluation de situations sinscrivant dans la complexité à une juste posture professionnelle 

Ce que l’on cherche à évaluer : les conditions d’éducation, les éléments de risque ou de danger, la capacité d’une famille ou d’un enfant à se saisir d’une aide, les ressources d’une famille, la chronologie d’une histoire… Pas question de recherche de preuves pour faire le procès d’une famille, disqualifier qui que ce soit, mais de transformer des difficultés en demande d’aide, par un travail de prise de conscience, afin d’y apporter des réponses appropriées. Cela, en conservant une hauteur, une distance, qui consiste à accepter de ne pas tout savoir ou comprendre, en étant prudent dans nos jugements, pour réunir les moyens d’une intervention qui s’appuie autant que possible sur les compétences parentales et celles du mineur, celles de son environnement. C’est laisser l’ouverture à un espace d’appropriation où peut se tricoter la relation éducative et se créer un climat de confiance.

Un très bel exemple d’une situation de protection de l’enfance a été publié dans le journal Le Monde intitulé « Protection de l’enfance : « C’est grâce au foyer que ma vie va bien » (5). Il montre comment une information préoccupante faite par l’établissement scolaire concernant une adolescente en difficulté éducative, reçue dans un premier temps avec colère par sa mère, s’est ensuite avérée être une chance, et après un placement, comment cette jeune fille en pleine réussite scolaire et sa mère en tirent les conséquences, en saluant le travail réalisé. Mais ce n’est pas la tête dans le guidon qu’on peut le voir, car le travail éducatif agit par effets différés, en tenant compte de la complexité, sur le moyen-long terme, loin des visions simplistes.

En protection de l’enfance, on rencontre certaines situations marquées par le phénomène de reproduction d’un schéma familial, qui perdure et peut se transmettre par différents biais, en fragilisant l’enfant. Se mettre en danger est parfois une façon d’exister pour ceux qui n’ont pas reçu, dans leur prime enfance, l’amour ni la tendresse qui fait une estime de soi qui protège l’existence contre bien des maux et des risques. Il faut parfois des fugues à répétition, et les mésaventures malheureusement qui y sont liées, avec des éducateurs toujours présents qui reprennent les choses après, qui ne lâchent rien, comme pour dire « tu vaux le coup », pour qu’un jour, telle ou tel jeune arrête, entende dans sa tête l’écho du travail éducatif que les événements font remonter, pour se prendre enfin à bras-le-corps, et entreprendre un vrai parcours de vie. Un conflit de loyauté avec les parents est parfois aussi présent dans les situations de placement, qui font que l’enfant va embrasser ce schéma et le défendre malgré lui, par amour pour eux, en se rendant même responsable de ce qu’il a subi.

On sait combien parfois même, réglant des comptes avec leur propre histoire familiale en souffrance, certains peuvent en projeter la responsabilité sur l’institution qui les a protégés, un mécanisme bien connu par les professionnels de l’ASE, mais souvent incompris.

Les difficultés ne manquent pas, dans un contexte de manque ou de mauvaise utilisation des moyens, de détresse de certains professionnels face à l’augmentation du nombre de situations à gérer, du climat public qui entoure cela, avec une crise de la vocation qui vient. Côté structures d’accueil, c’est la saturation, non-seulement en raison de l’augmentation des mineurs placés, mais aussi des mineurs étrangers non-accompagnés (MNA), qui sont passés de 5000 en 2014 à près de 20.000 aujourd’hui (Source : vie-publique.fr). L’interdiction de l’accueil en hôtel après la loi dite Taquet, du 7 février 2022, n’a rien réglé au problème de jeunes qui sont parfois tellement déstructurés, qu’ils ne peuvent plus être placés en accueil collectif où ils posent des problèmes insolubles, lorsque leur comportement met en danger les autres. Le secteur pédopsychiatrique n’ayant pas les places d’accueil nécessaire, l’ASE est parfois démunie pour accompagner certaines problématiques psy, pour lesquelles la seule solution est le cadre médical et non les institutions ordinaires mises en difficulté, vis-à-vis de quoi la critique est facile. 

Un beau métier et une haute responsabilité, sans miracle ni gourous

Le métier d’éducateur spécialisé est formidable, il y a derrière un idéal social, humaniste, une richesse, à travers l’action de contribuer à donner un avenir à des enfants qui sinon seraient dans l'abîme, et à leurs parents souvent la chance de reprendre le fil des choses autrement, en étant soutenus. Et si les parents sont abandonniques, trop défaillants, de faire que l’enfant puisse avoir un avenir à travers son propre projet de vie, une voie qu’il doit entreprendre pour lui-même qui n’est jamais aisée et sûre, car il n’y a pas de recette miracle. L’échec existe, ne pas le reconnaître c’est croire au pouvoir des gourous. Il n’y a que des situations particulières auxquelles on doit tenter de trouver, une réponse toute aussi particulière. Celle qui puisse donner ou redonner du sens aux choses après certaines épreuves, à travers la possibilité d’un projet personnel, de vie, une perspective, avec l’espoir au bout du bonheur.

1-Pauline HAUVUY, psychologue clinicienne, spécialisée dans le développement de l’enfant et de l’adolescent, Les difficultés des professionnels face au signalement d’un enfant en danger, revue Métiers de la petite enfance, n°254 février 2018.

2- "Brûlures sur le corps, ongles arrachés, trous dans le cuir chevelu" : Un enfant de 4 ans victime de sévices, sa mère suspectée

https://www.lindependant.fr/2024/11/07/brulures-sur-le-corps-ongles-arraches-trous-dans-le-cuir-chevelu-un-enfant-de-4-ans-victime-de-sevices-sa-mere-suspectee-12309262.php

3- La protection de l’enfance est encadrée par la loi n° 2007-293 du 5 mars 2007 « Réformant la protection de l’enfance » qui distingue l’information préoccupante (IP) du signalement concernant les enfants en danger ou en risque de l’être, et a créé la Cellule départemental de recueil, de traitement et d’évaluation de ces informations. Elle a été renforcée par la Loi n° 2016-297 du 14 mars 2016 relative à la protection de l’enfant, qui a remis l’intérêt de l’enfant au centre du dispositif, et la Loi n° 2022-140 du 7 février 2022 relative à la protection des enfants, qui a renforcé le contrôle de leur accompagnement pour prévenir le risque de maltraitance institutionnelle.

4- Convention internationale des droits de l’enfant du 20 novembre 1989 de l’ONU, ratifiée par la France en 1990.

5-Protection de l’enfance : « C’est grâce au foyer que ma vie va bien » https://www.lemonde.fr/societe/article/2017/02/28/c-est-grace-au-foyer-que-ma-vie-va-bien_5086872_3224.html

 

Guylain Chevrier. Docteur en histoire, formateur et chargé d’enseignement à l’Université, ancien travailleur social.



22 réactions


  • Com une outre 13 novembre 11:06

    Votre vision des services de protection de l’enfance est bien idyllique. La réalité est plutôt de graves dysfonctionnements, des gamins à l’abandon ou presque, des délais invraisemblables de traitement des dossiers, des obstacles permanents à la bonne volonté par des procédures administratives débiles, ..., et côté justice, la lenteur habituelle, aucun effort n’est fait par les juges alors que des enfants sont en danger. Tout ce système est à réformer en profondeur, pas forcément à révolutionner, mais il faut trouver la volonté de faire bien mieux que ce qui existe aujourd’hui.


    • guylain chevrier guylain chevrier 13 novembre 12:11

      @Com une outre Aucune vision idyllique, le simple constat que bien des aspects de ce qu’est en réalité l’ASE sont oubliés pour lui faire un procès qui ressemble à la politique de la terre brulée, en généralisant des cas d’espèce. Je connais bien l’institution au sein de laquelle j’ai travaillé de nombreuses années. On en arrive à ce que l’un des principaux problèmes aujourd’hui soit la crise de vocation qu’a créé cette charge permanente contre l’ASE, qui fait qu’il y a un manque cruel de personnel et dans les instituts de formation, on déserte la formation d’éducateur spécialisé. S’il y a des mesures non exécutées, cela n’est pas difficile à régler, il suffit de mettre les moyens humains et matériels, mais cela ne les intéresse pas. J’explique clairement où nous en sommes en matière de conditions d’accueil. Par exemple, pourquoi cacher que l’état de saturation actuel est dû pour une large part au raz de marée des mineurs étrangers (MNA), principale source d’augmentation du nombre de pris en charge, 5000 en 2014 à près de 20.000 aujourd’hui, dont plus de 90 % de garçons, ce qui signe une immigration économique déguisée. Quand pourra-t-on parler de cela et freiner ce mouvement qui explose, bien éloigné en réalité des missions qui sont le coeur de l’ASE, dont le soutien à la parentalité par exemple, la prévention, et la maltraitance sur enfant ? On n’est pas sérieux, et parallèlement, on a des responsables politiques pour lesquels cette question à être hystérisée est devenue une patate chaude, un train fou qu’on envoie droit dans le mur, et qui tétanise l’action publique qui ne donne aucune solution tangible pour sortir de ce mauvais pas. C’est au sein de l’institution et non dans des médias qui en ce moment brûlent tout en place publique, qu’il faut réfléchir et travailler pour que le système surtout ne s’arrête pas, où d’autre enfants de 4 ans avec des brulures, des ongles arrachés, des trous dans la tête, comme on l’a vu dans une actualité récente, se multiplieront, parce que l’on n’aura pas pu intervenir en amont, parce que l’on aura pratiquer la politique de « qui veut tuer son chien dit qu’il a la rage », et que l’ASE ne sera plus là !


    • guylain chevrier guylain chevrier 13 novembre 12:59

      @Com une outre

      On s’appuie, essentiellement sur la parole critique, sacralisée, à sens unique d’anciens de l’ASE, comme si le fait d’en avoir été, mettait dans une situation de tout savoir et comprendre, alors que fréquemment ceux qu’on entend donnent l’impression qu’ils confondent la souffrance résultant de l’histoire familiale qui les a amenés vers l’ASE, avec l’institution qui les a protégés, qui sert de bouc émissaire. Il y en a bien d’autres qui pourraient dire autre chose, mais on le les entend pas sous cette déferlante négative. Et derrière cela, où sont les outils d’une analyse objective rigoureuse menée hors de cette pression, de l’émotion ? Où est entendue la voix des travailleurs sociaux dont l’expertise est méprisée ? Sans doute parce que ces derniers sont, eux, dans la rationalité dont on semble avoir perdu le fil. C’est l’époque ou lorsque l’on se présente en victime, tout vous est dû, avec des médias à l’affut de la moindre émotion qu’ils font fructifier en l’usant jusqu’à la corde, sur le mode du scandale pour faire le buzz, attirer la lumière. Il se trouve que s’il y a un problème, c’est celui propre à une gestion managériale, comptable, qui tend à traiter les usagers comme des clients et les travailleurs sociaux mis en situation de faire de l’abatage, avec un nombre de situations ingérables, d’autant plus en période de crise de recrutement. Ne peut-on pas se rendre compte que c’est finalement l’Etat dont on fait le procès, et particulièrement de l’Etat providence, à l’image d’un Bruno Le Maire qui dit qu’il faut en finir avec lui, pour en arriver demain à des missions réduites à peu de chagrin, qu’on repassera au secteur privé docile à rentrer dans les clous des restrictions budgétaires ? C’est ça que l’on veut ? Et tirer un trait sur toute une histoire du travail social inscrite dans l’esprit du service public, ce qui est des plus précieux pour les enfants en risque ou en danger et leurs familles ?


    • Yann Esteveny 13 novembre 14:15

      Message à avatar Com une outre,

      Les affaire de pédocriminalité impliquant les ASE, les fonctionnaires de l’institution judiciaires et les politiques ne seront pas diffusés par les médias aux ordres.

      Voici une leçon de journaliste en humour :
      https://www.youtube.com/watch?v=KGvlCr_xBpw

      Voici une leçon de journaliste par un « gamin » il y a quelques jours :

      https://www.youtube.com/watch?v=hdL2PvPL9u0

      Respectueusement


    • Com une outre 13 novembre 22:06

      @guylain chevrier
      Vous avez choisi de faire l’éloge d’une institution perfectible et de son personnel et vous ne voulez pas en déroger, je peux comprendre. Mais n’essayez pas de me faire croire que « c’est pas moi, c’est l’autre », on a pas les moyens, on ne nous aime pas, et autre baratin digne de Calimero. On ne parle pas de chaussettes dont un certain quota peuvent être rejetées mais d’êtres humains, et plus particulièrement d’enfants. Il serait appréciable de chercher le zéro défaut.


    • Com une outre 13 novembre 22:09

      @Com une outre
      peut être rejeté plutôt


    • guylain chevrier guylain chevrier 14 novembre 14:22

      @Yann Esteveny
      Oh là là ! Attention complot ! Si ce n’était pas l’ASE qui était visée, ce serait autre chose. Lorsque l’obsession conspirationniste est partout... Soyez un peu sérieux, au lieu de tomber dans cette outrance. C’est un sujet qui mérite un peu de hauteur.


  • Fergus Fergus 13 novembre 15:44

    Bonjour, guylain chevrier

    Merci pour cet excellent article de surcroît très complet  qui dresse un panorama lucide sur les structures existantes (collectives ou familiales) et les personnes qui les animent.

    Qu’il y ait, ici et là, des dysfonctionnements, voire des situations d’abus dramatiques, nul ne le nie. Mais cela ne doit pas remettre en cause le travail, souvent exemplaire de dévouement, qui est accompli par les travailleurs sociaux et par les assistants familiaux.


    • Fergus Fergus 13 novembre 15:53

      En hommage aux professionnels de l’ASE, extrait, en forme de rappel de la réalité du vécu des enfants pris en charge par ces personnes, d’un texte que j’ai publié en 2013 :

      "La plupart des enfants placés par l’ASE chez des assistants familiaux ou accueillis dans des centres éducatifs sont le plus souvent meurtris par un climat familial violent ou alcoolique, par le délaissement et la privation de soins, par les coups répétés, et trop souvent par les agressions sexuelles incestueuses, jusque sur des garçons et des filles en bas-âge. Des enfants parfois mutiques, stressés ou apeurés, et parfois suicidaires."

      La réalité est celle-là. C’est pourquoi les professionnels de l’ASE devraient être beaucoup plus soutenus, et non vilipendés sur la base d’abus marginaux que l’on se complaît parfois à médiatiser en leur donnant une place disproportionnée relativement à toutes les structures qui fonctionnent au mieux des intérêts des enfants placés.


    • charlyposte charlyposte 15 novembre 10:36

      @Fergus
      C’est quoi ton message ?


    • Fergus Fergus 15 novembre 10:51

      Bonjour, charlyposte

      Simplement que  dans ce domaine comme dans d’autres  l’on monte en épingle des abus (bien réels, hélas !, et bien évidemment choquants) constatés ici ou là alors que dans la grande majorité des cas d’accueil cela se passe bien, dans le respect des enfants et de leur intérêt.

      Et cela dans un contexte souvent difficile, eu égard aux problèmes que la plupart de ces enfants et adolescents ont rencontrés auparavant et qui sont à la source de difficultés psychologiques plus ou moins graves.

      Je connais un peu le sujet, non pour avoir joué un rôle dans cet accueil moi-même, mais parce que l’une de mes soeurs et mon-frère ont été « famille d’accueil » durant un quart de siècle (ils ont même fait à ce titre la Une de Penn Ar Bed, le journal du Conseil général du Finistère).


  • courel 13 novembre 15:45

    ...

    Moi, comme ministre de l’enfance, je verrai bien Cohn-Bendit ou Jack Lang...

    ...


  • Michel DROUET Michel DROUET 13 novembre 17:05

    Dans son rapport demandé par le Président de la République concernant la simplification de l’organisation territoriale, M. Eric Woerth, député, envisage, « la situation particulière de l’ASE conduisant à examiner un scénario de recentralisation de cette politique » (avec aussi la gestion des mineurs non accompagnés)

    Quel est votre avis sur cette éventualité ?

    Cordialement


    • guylain chevrier guylain chevrier 14 novembre 14:44

      @Michel DROUET

      Franchement, c’est justement contre la centralisation qui rigidifiait l’intervention dans ce domaine, avec un pouvoir administratif exorbitant, que la décentralisation a été pensée : avec le transfert en 1986 des services ASE de l’Etat aux départements, avec la PMI et l’action sociale. Il fallait rapprocher les décisions à l’échelle des territoires, des citoyens, des familles, et donc les services, sans rogner sur l’Etat unitaire : un territoire, un peuple, une même loi. D’autant que, on ne saurait remettre en cause ainsi la décentralisation qui est un des grands principes constitutionnel de l’organisation de l’Etat moderne. Cela étant, il n’est pas normal qu’il y ait autant de disparités entre les réponses apportées par les départements, même si cette politique sociale est très encadrée. Il devrait il y avoir un arbitrage, avec peut-être un organisme mis en place entre départements, pour veiller à une meilleure réponse, encore une fois même si le principe de libre administration des CT fait que, chacune décide pour elle-même la gestion des missions qui lui sont confiées par l’Etat. Autre problème, une recentralisation sur la base de ce dit aujourd’hui le Conseil National de la Protection de l’enfance (créé en 2016) pose question, avec des acteurs parfois tellement critiques, un peu dans leur tour d’ivoire, que l’on peut se demander si c’est bien améliorer la situation qui est recherché ou une bataille de pouvoir, voire de faire le buzz. Certains même surfent sur la vague en en remettant une couche pour se propulser en politique. Ce sytème ou on voit tout par le haut et donc avec de belles élipses, ne me semble pas actuellement être le recours. Surtout, alors que l’expertise des travailleurs sociaux en est largement absent.

    • Michel DROUET Michel DROUET 15 novembre 10:30

      @guylain chevrier
      Bonjour
      Vous avez raison de rappeler les objectifs initiaux de la décentralisation, mais franchement, s’il y a une compétence où ses effets ont été limités, c’est bien celle du social. Le rapprochement des décisions à l’échelle des territoires dans ce domaine est difficilement palpable (contrairement à d’autres compétences). Ce n’est pas parce qu’on la confie à un élu local en remplacement du Préfet que les choses changent du fait même de la spécificité du travail social et de la déontologie du travailleur social, qui limitent de fait les interactions entre le terrain et la hiérarchie. En ce sens, l’organisation d’un Etat moderne que vous soulignez dans le fait décentralisateur a été de fait quasi inexistant dans se transfert. Avec le recul, Il s’est plutôt agit d’un transfert de charges de l’Etat vers les collectivités, comme en 2004 l’a été le transfert des personnels des collèges et lycées. De plus, la majorité des décisions dans le domaine du social (comme le montant du RSA, par exemple) sont toujours prises par un Etat omnipotent et ne laissent aucune marge de décision aux conseillers départementaux (et c’est heureux !) et la crise actuelle des financements montre bien l’emprise de l’Etat sur les collectivités territoriales.
      Donc, si la décentralisation a pu entraîner des améliorations sur le terrain en termes de moyens pour la compétence sociale, cela reste très limité et le Département, géré par ses conseillers départementaux est devenu quasiment une sous préfecture aux ordres de l’Etat et ne présente plus aucun intérêt en tant que collectivité territoriale.
      Le retour de la compétence sociale à l’Etat, qui, en plus de fixer les règles est également à l’origine, de par ses décisions politiques de la situation sociale du pays, devrait à mon sens être envisagée, selon le principe du « qui décide paye ».
      Aucun chamboulement à attendre de la prise en charge des personnes en difficultés, puisque le transfert des moyens en 1986, s’est fait sans heurts et que le mouvement inverse peut être envisagé sans appréhension.
      Finalement ce débat sur la décentralisation et la répartition des compétences n’est pas un enjeu majeur, sauf pour les élus locaux, (très nombreux en France) qui auraient sans doute à y perdre... Ce qui me gêne, c’est qu’il laisse le citoyen dans l’ignorance des enjeux en le manipulant avec du déclaratif exclusivement politique.


    • guylain chevrier guylain chevrier 15 novembre 18:33

      @Michel DROUET
      Je crois que vous sous-estimé le rôle sue les départements ont joué depuis 1986 en termes de remontées d’expériences dans l’élaboration d’un cadre de loi qui s’est considérablement enrichi., et a été assez efficient, surtout la loi du 5 mars 2007 réformant la Protection de l’enfance, qui est sans doute la plus concrète, pratique, et la moins idéologique. Les difficultés viennent surtout d’une logique gestionnaire managériale passée du privé au public, avec le nouveau management public, qui a dégouliné vers les collectivités territoriales pour faire évoluer les services publics comme l’ASE vers une politique de résultat. Cela a été d’autant plus aisé sous une critique permanente et valorisée par les pouvoirs publics, d’un monde associatif qui prend fait et cause pour tout ce qui se présente comme victime (reflet d’une société civile aux critiques acerbes), tantôt reprochant de placer à tout va ou de ne pas assez placer, pour servir d’idiot utile à cette évolution. L’Etat recul de plus en plus sur ses missions essentielles, dont un service public qui par essence ne peut être rentable, car son but c’est l’intérêt général. C’est le résultat que l’on vit avec ce pilonnage incessant contre l’ASE, mais c’est surtout un service public qui est attaqué, ce que l’on oublie souvent, avec des prises en charge journée pour les placements de 150 € par jour et plus, totalement à la charge du service, que ce soit en accord avec les parents ou par décision d’un juge des enfants. C’est un service fondamental, de protection de l’enfance qui porte bien son nom, mais qui glisse comme le reste vers une logique du marché qui fait du social de plus en plus un produit. Donc, la recentralisation est un leurre parce que ce n’est pas le problème. 


    • Jean 15 novembre 18:36

      @guylain chevrier
      « Je crois que vous sous-estimé le rôle sue les départements » et je suis professeur....


    • Michel DROUET Michel DROUET 15 novembre 19:59

      @guylain chevrier
      La question ne se limite pas qu’à l’ASE (que M. Woerth dans son rapport sur le mille feuille territorial envisagerait de re-centraliser) mais à l’ensemble des compétences sociales mais aussi à d’autres (collèges, incendie et secours) l’ensemble représentant plus de 70 % du budget d’un département et ne sont au final que de la gestion pour le compte de l’Etat avec de moins en moins de moyens financiers.
      Il faut vraiment lire le rapport de M. Woerth qui propose par ailleurs que le budget social, éventuellement délesté de la compétence ASE soit cogéré au sein d’un Établissement public local cogéré par l’Etat et le Département, la finalité étant pour moi de contraindre les dépenses sociales.
      Alors s’il s’agit au final de tordre le bras aux élus départementaux et de conforter leurs mandats devenu inutiles, autant exiger le retour des compétences départementales concernées à l’Etat.


    • Michel DROUET Michel DROUET 16 novembre 08:41

      @guylain chevrier
      Précision : j’ai fait une grande partie de ma carrière dans un département et j’étais aux premières loges lors de la décentralisation. J’ai donc une très bonne expérience de terrain qui me permet d’évaluer, sans concession, les dispositifs mis en place en 1986 pour le social, comme le mode de fonctionnement d’une assemblée d’élus et je peux vous dire que la logique gestionnaire et managériale n’a pas envahi les travées de ces nobles assemblées, mais que la logique politique, quant à elle, s’est bien affirmée et renforcée.


  • Eric F Eric F 13 novembre 17:10

    L’article présente bien la question sous ses différents aspects. On tend trop à se focaliser sur des insuffisances et des dérives pour discréditer de manière globale une institution. Il en va ainsi de l’aide à l’enfance en détresse.

    Mais la remarque que je formule ci-dessus vaut aussi pour ’’la famille’’. Elle n’est mentionnés dans les média qu’en terme de violence conjugale, inceste, mauvais traitements, défaut d’éducation. Mais rien ne vient renforcer et valoriser ’’ce que devrait être une famille’’, protectrice, éducatrice, solidaire. On parle même de réduire les avantages accordés à ceux qui assurent effectivement le relai des générations.

    Aussi bien en terme d’éducation que de sécurité publique, l’engagement de l’environnement familial est primordial, et doit être responsabilisé et mis en valeur. Indépendamment des cas particuliers dans un sens ou un autre, statistiquement l’érosion générale de l’autorité parentale et de la stabilité de la famille va de pair avec à la dégradation du niveau scolaire, du niveau sanitaire (obésité, etc), et l’augmentation de la violence des mineurs. Certains milieux plus préservés sur ce point, indépendant de considérations de fortune, résistent mieux à la dégradation générale (j’ai écrit résistent ’’mieux’’, car le mimétisme au sein de la ’’culture jeune’’ peut aller à l’encontre).


    • guylain chevrier guylain chevrier 15 novembre 18:45

      @Eric F
      Vous avez tout à fait raison. D’ailleurs le travail en protection de l’enfance est autant en prévention dans le soutien aux familles qu’à but de protection d’enfants en risque ou en danger en raison de défaillances, négligences, maltraitances parentales. Ce dont on ne parle jamais, ce qui changerait pourtant nettement la perception de la chose. C’est tellement plus lucratif en termes de buzz de ne parler que de drames et de plus, auxquels on ne répondrait que mal. Il y a aussi un manque de courage politique à défendre les services publics face au attaques qu’ils subissent, d’autant plus que ceux qui nous gouvernent connaissent leurs responsabilités dans cette situation. On peut regretter que les politiques à la tête des départements se fassent si discrets dans ce domaine, mais c’est qu’ils sont pris dans une crise plus globale de la représentation politique, et suivent ainsi le mouvement.


  • L’UNICEF APPELLE A UN MEILLEUR ACCÊS À LA
    PORNOGRAPHIE POUR LES ENFANTS, SELON L’ARTICLE CI-DESSOUS...

    Dans le rapport « Restrictions d’âge numérique et droits mondiaux des enfants sur Internet », l’UNICEF affirme que les contrôles d’accès à la pornographie restreignent les droits des enfants. Ils affirment que les contenus pornographiques ne nuiraient pas aux enfants, mais les rendraient heureux.

    Érotiser les enfants très tôt, c’est les pervertir. L’ONU et l’OMS, ainsi que la Fédération internationale pour le planning familial, financée par Bill Gates et le Forum économique mondial (Vanguard-BlackRock), sont à l’origine de l’ingénierie sociale visant à nous déshumaniser.

    Lisez la suite de ce qu’ils disent via ce lien 👇

    https://cienciaysaludnatural.com/unicef-pidio-mas-acceso-a-pornografia-para-los-ninos/

    Vous pouvez écrire sur toutes les bonnes volontés , c’est les autres qui décident ! 
    Les autres ils ont le pouvoir, l’argent et vous seulement vos doigts ....


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