Au bistro de la Toile : Alerte au tomatovirus ! Alerte au coronavirus !
- Oh ! Loule ! Donne-moi tout de suite deux jaunes. Et bien tassés, c’est pour un malade.
- Casa ? Ricard ? 51 ?
- M’en fout, c’est en urgence… Sur prescription médicale.
Je risque d’avoir, et la peste des tomates, et la peste chinoise Covid-19 !!
- ? ? ? ? ? ? ?
- Ouais. Hier, j’ai bouffé du saucisson de l’Ardèche de chez le gros Thomas, des caillettes aux herbes, puis des cailles farcies aux pruneaux et olives vertes, mijotées en cocotte au vin blanc… Bon, ça, ça va, mais j'ai aussi mangé une salade de tomates ! La peste des tomates me guette Loulle… Et en plus, j'ai mangé des nems de ma copine Mong qui les fait et les vend au marché. Si avec ça je ne veux pas attraper la mort et en plus tous vous infecter, faut que je me désinfecte les tuyaux de dedans mes viandes avec du pastaga !
- Tè ! Victor ! Soigne-toi avant de tous nous envisper dans ce bistro ! Mais, cette peste, c’est du sérieux ou c’est une cagade de plus pour nous enfumer ?
- Puteng ! Si c’est du sérieux, tu dis ! Ça risque de nettoyer la Terre du tiers de ses habitants !
- …teng ! C’est pas bon pour la clientèle ça… La faillite nous guette !
- Oh ! Mastroquet. Quand t’auras fini de pleurer, tu mettras ta tournée j’espère ? Pour en revenir à la peste chinoise c’est un truc terrible. Tu tousses, tu tousses, t’as la fièvre que tu pourrais cuire un œuf dur en te le carrant dans l’oignon, tu craches des glaviots verdâtres, gros comme des huîtres de Bouzigues, tu trembles comme si t’avais la parkinson, que chaque fois que tu vas pisser tu te fais une bonne manière, et puis t’as le cou qui gonfle, qui gonfle, les yeux qui te sortent de la tête comme une bogue, et puis t’as toutes les viandes qui s’avarient qu’on dirait les barbaques recyclées des hypermarchés, et tu meurs…
- …teng ! Victor ! Tu déparles ou quoi ? Vé ! j’en suis tout estransiné. J’en ai les trois sueurs…
- Oh ! Fatche ! Loule, c’est comme ça que ça commence… Tiens-toi loin, maître empoisonneur ! Et crache pas dans les verres ! La grippe chinoise, c’est du pareil au même, mais en pire, que la grippe espagnole. Celle-là, elle a fait en un mois plus de morts que la guerre de quatorze en quatre ans : vingt millions de victimes, au moins ! Alors celle qui arrive, avec la promiscuité des grandes villes, les mecs qui se rassemblent dans les stades, dans les hypermarchés, dans les cinoches, dans les gares, ça va être un carnage. D’autant plus que les moyens de propagation de ce putain de virus sont multipliés par cent par rapport à la grippe espagnole. Avec les avions, les bateaux qui transportent leurs merdes partout dans le monde, y aura pas un coin qui sera à l’abri. Peut-être au milieu de l’Antarctique. Là, on aura les glaçons gratos – pas comme chez toi – mais ça manquera de pastis…
- Quand même, Victor, si y en un sur trois qui crève, il en reste deux qui vivent. Pourvu que ce soit toi et moi, ça suffit. Et puis, ça résoudra bien des problèmes : moins de chômage, plus de problèmes de retraites, moins de pollution… C’est peut-être une défense de la terre contre ce drôle de mammifère sans poils qui chie des lardons comme un CRS des coups de triques et qui salaupège tout ce qu’il touche…
- Loule ! Tu parles d’or.
- Tè ! Je paie ma tournée. Oh ! Monsieur Riflard, venez trinquer avec nous. C’est pour se soigner. De nous trois, y en un qu’en réchappera pas. Ce sera peut-être vous !
- Sans vouloir vous offenser, monsieur Riflard, ce ne serait que justice : un banquier, si ça meurt, on peut dire que ça libère le territoire !
- A la nôtre !
Illustration : merci à Chimulus