lundi 6 novembre 2017 - par VICTOR Ayoli

Au bistro de la toile : les papiers des paradis

- Depuis ce matin, on nage dans les papiers des paradis. C’est quoi ces trucs Victor ?

- Eh ! Oh ! C’est pas pour nous ça Loulle ! C’est pour les multinationales, les pleins de thunes et les gens de pouvoirs. C’est pour Apple, Nike, les milliardaires et les politicards magouilleurs autour de Trump, de Trudeau et d’autres et même la reine des Rosbifs. T’es pas dans le coup Loulle.

- Et comment ils s’y prennent ces gens pour ne pas cracher au bassinet de l’impôt ? Si tu es mastroquet comme moi, ou boucher charcutier, fleuriste, épicier ou artisan maçon ; si tu es patron d’une petite boîte que tu as monté seul et dans laquelle tu as investi toutes tes éconocroques, tes forces et tes rêves, amuse-toi à ne pas payer tes impôts ou magouiller sur la TVA : tu verras vite arriver des convocations voire la visite aussi explicite que menaçante des fonctionnaires du fisc préposés à la chose !

- Ouais Loule mais tous ceux dont tu me parles n’ont pas les moyens, ni même l’idée, de se payer les services d’officines ténébreuses peuplées d’avocats d’affaires, connaissant toutes les failles des divers systèmes fiscaux dans le monde et aptes à te monter des schémas « d’optimisation fiscale » comme ils disent, ce qui est un vocabulaire politiquement correct pour nommer une forme d’escroquerie qui a cette propriété extraordinaire d’être légale ! Le principe de base du système n’est pas très compliqué : il s’agit de transférer les bénéfices réalisés dans un pays dans un autre pays dans lequel l’impôt sur les bénéfices est plus faible. Ainsi Apple transfère l’essentiel des bénefs réalisés en France, et ailleurs en Europe, en Irlande où l’impôt sur les bénéfices n’a rien à voir à ce qu’il est en France. Ainsi cette entreprise et ses personnels utilisent les services, les routes, les hôpitaux et toutes les infrastructures français mais ne contribuent pas à leur perpétuation ni à leur entretien. Ceci en toute légalité selon le principe de « pleine concurrence ».

- Autrement dit, ces grossiums nous enfilent, et en plus nous font payer la vaseline.

- T’as tout compris Loulle. Mais ceci parce que les lois et règlements internationaux le leur permettent. Parce que les lois sont faites par et pour les friqués. Pour les pélucres comme ceux dont tu me parles, Loulle, ne pas payer d’impôts, c’est de la triche, mais pour les grosses multinationales, ne pas payer ses impôts, ça s’appelle de « l’optimisation fiscale. » En France, les grands groupes ne paient que 8 % d’impôts sur les bénéfices. Eh ! Vous avez l’air plutôt bonne poire vous, patrons de TPE (très petites entreprises) et de PME (petites et moyennes entreprises) qui payaient 30 % ! 8 % que l’on refile à ces rubish frenchies - qu’ils se disent les Yanksters qui dirigent les Google, Amazon, Microsoft, etc. - c’est encore trop. Entourés de bataillons d’avocats d’affaires mettant leur compétence à trouver comment détourner les lois, ces multinationales mettent au point des montages avec des filiales bidon pour, en s’appuyant sur les « prix de transferts », faire passer l’essentiel de leurs profits réalisés en France dans des paradis fiscaux après transit dans des pays voyous européens, genre Luxembourg ou Pays-Bas. Cerise sur le pudding, ils déclarent des pertes en France afin non seulement de ne payer aucun impôt mais en plus de recevoir du fric des pouvoirs publics !

- Mais c’est dégueulasse Victor.

- Bien sûr que c’est dégueulasse Loulle. Mais c’est le système qui veut ça. Et puis nous, en Europe, on cautionne et on perpétue ce système en ne mettant pas en place une véritable harmonisation fiscale. Et en supportant les agissements quasi mafieux de pays pirates de l’Europe que sont le Luxembourg, l’Irlande, voire les Pays-Bas et la Belgique. Ces pays, et particulièrement le Luxembourg, attirent chez eux les sièges fiscaux des grandes entreprises en négociant avec elles des taux d’impôt dérisoire. Au détriment de tous les autres pays européens. Pas vrai Juncker ?

-..teng ! J’en ai les aliboffis qui gonflent Victor. Tè ! Buvons un coup pour oublier. C’est ma tournée.

- Ta tournée ? Mais est-ce que ne serait pas une forme d’abus sociaux Loulle, de payer à boire à tes clients ?

 

Illustration : merci au regretté Chimulus



4 réactions


  • rogal 6 novembre 2017 15:49

    Après les panapiers, les parapiers.

    Laissons parler les petits papiers.



  • Le421... Refuznik !! Le421 6 novembre 2017 18:22

    Ce qui est dégueulasse, c’est pas que ça se fasse...
    C’est que ça continuera sans problème.

    Moi, je fais une application personnelle.
    Tout ce que je peux « optimiser », je l’optimise.

    Régime escargot avec le frein à main serré.


  • Captain Marlo Fifi Brind_acier 7 novembre 2017 06:44


    De quoi se plaignent nos européistes mondialistes internationalistes ?? Les paradis fiscaux, ce sont les charmes discrets de la mondialisation... Il faut que l’argent circule librement, tout comme les marchandises, les services et les hommes. Ce sont les 4 libertés inscrites noir sur blanc, dans les Traités européens. Cf le TFUE.


    Pour en arriver là, il a fallu supprimer le contrôle des mouvements de capitaux qui existait avant le Traité de Maastricht. Ce n’était pas interdit, mais régulé. Depuis, les Gouvernements européens ne peuvent plus ni les contrôler, ni les réguler.

    Nos euro- nouilles comme Mélenchon, montent au créneau, s’indignent et demandent au Gouvernement d’agir, alors que les Traités européens ont organisé volontairement la dérégulation financière. C’est l’article 63 du TFUE qui a supprimé le contrôle des mouvements de capitaux !

    Les pays qui sont des paradis fiscaux, tirent de gros bénéfices de cet hébergement. Ils ne voteront jamais pour qu’ils disparaissent ! Le blocage est total, puisqu’il faut l’unanimité pour changer les Traités. Bruxelles peut faire des listes de pays, menacer, faire la morale ; les médias et les Politiques français faire des cacas nerveux, comme dans cet article, mais rien ne changera.

    Les paradis fiscaux, c’est la preuve que l’Europe n’est ni solidaire, ni réformable, car les intérêts des uns, ne sont pas les intérêts des autres !! Il faudra bien un jour que les européistes comprennent que tous les pays européens n’ont pas les mêmes intérêts, qu’ils ont des intérêts différents, et même divergents ! L’Irlande, le Luxembourg, les Pays Bas, la GB tirent des bénéfices de l’hébergement des grosses entreprises.

    Pourquoi voulez-vous qu’ils s’en privent ??
    Les Traités européens leur ont déroulé le tapis rouge !


    La seule solution à ce problème, qui prive la France de ressources pour financer les services publics, c’est le Frexit. Et remettre en place le contrôle des mouvements de capitaux, comme le propose l’ UPR.

  • Captain Marlo Fifi Brind_acier 7 novembre 2017 07:28


    Article 63 du TFUE : « Toutes les restrictions aux mouvements de capitaux, entre Etats membres et entre les pays membres et les pays tiers, sont interdites ».
    Les pays tiers, c’est le reste du monde. Les capitaux doivent circuler librement sans que les Gouvernements ne viennent y mettre leur nez.


    L’article 63 du TFUE a supprimé le contrôle des mouvements de capitaux, pour le plus grand bonheur des paradis fiscaux, car il permet à l’argent de sortir sans régulation ni contrôle, mais il fonctionne aussi dans l’autre sens ! Les Gouvernements ne peuvent plus empêcher les capitaux étrangers de venir acheter le patrimoine industriel ou immobilier français ...

    Le Qatar en a bien profité, d’autant qu’il ne paye pas d’impôts par la grâce de Sarkozy ...

    Les Chinois ont acheté 150 vignobles français et des terres agricoles en Bretagne....

    Les USA et l’ Allemagne s’offrent les fleurons de l’industrie française etc ...

    Florange : c’est grâce à l’article 63 que Mittal a pu acheter et démembrer Arcelor, sans que le gouvernement français ne puisse dire, ou faire quoi que ce soit.
    Ce que toute la classe politique se garde bien d’expliquer.


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