samedi 25 janvier 2020 - par Zaouder Touré

Au delà du franc CFA ou de l’Eco, les principaux problèmes économiques d’Afrique de l’Ouest sont ailleurs

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Le franc CFA, une monnaie qui sent le poids du colonialisme passé 

Le panafricainiste franco-beninois Kémi Séba et fondateur du mouvement Urgences Panafricanistes est un exemple de la lutte de la jeunesse ouest-africaine contre le caractère néocolonialiste du franc CFA. Après plusieurs années d'intenses efforts de la jeunesse, finalement, Emmanuel Macron et les dirigeants ouest-africains vont enterrer le franc CFA et le remplacer par une nouvelle monnaie appelée Eco. Cette nouvelle monnaie qui rendra (espérons-le) les Ouest-africains maîtres de leur monnaie de A à Z.

L'Afrique subsaharienne n'aura pas ses trente glorieuses au XXIsiècle.

Au début de la révolution française de 1789, le capitalisme était embryonnaire partout sur la planète. La demande s'accroissait, sur une longue période à travers les cycle de dépressions et d'expansions, toujours plus vite que l'offre de sorte que de 1789 vers 1975, l'Occident en général et la France en particulier, ont connu une expansion rapide permettant le développement rapide du capitalisme-salariat qui atteint son apogée lors des trente glorieuses.

La jeunesse du capitalisme est un capitalisme embryonnaire formé par une majorité de paysannerie et de petits bourgeois dans les villes. Mais au fur et à mesure du développement de la productivité du travail, à travers les inventions techniques et les améliorations dans l'organisation du travail, le capitalisme embryonnaire se dédouble. Une grande partie est obligé de vendre sa force de travail à une minorité de gros capitalistes de plus en plus restreinte : c'est le capitalisme-salariat. 

Ainsi donc en 1789, 80% de la population active vivait du capitalisme embryonnaire, vers la fin du Second Empire plus de 50% de la population active vivait du capitalisme-salariat. La proportion du capitalisme embryonnaire paysan continuera à baisser lentement et pendant les trente glorieuses le mouvement fut très rapide. De sorte qu'à la fin de cette croissance exceptionnelle du PIB, 80% de la population active vivait du capitalisme-salariat. L'actuel salariat généralisé en Occident a mis donc près de deux siècles à se former. 

En Afrique de l'Ouest, la population active est encore à dominante paysanne et de petits bourgeois dans les villes. Le salariat est très minoritaire et formé en grande partie des fonctionnaires de l'Etat. 

La dynamique de l'économie mondiale montre que le salariat en Afrique subsaharienne ne sera jamais majoritaire. Au début des années 1980, l'entrée en concurrence de nouveaux pays industriels en Asie met fin au trente glorieuses en Occident. Le taux de chômage commença à grimper de façon régulière. La désindustrialisation s'approfondit. C'est d'ailleurs au cours de cette période de déclin du capitalisme-salariat que les chômeurs et précaires ont commencé à se structurer durablement pour défendre leurs droits économiques.

Avec la crise de 2008-2009, le déclin économique en Occident et au Japon s'est approfondi encore. Mais sans les gigantesques marchés des États-Unis, de l'Europe, du Japon, l'économie chinoise aussi entrera fatalement en déclin. C'est ainsi que la baisse de la demande de 2012 à 2014 en Occident et au Japon provoqua à partir de 2015 une grande crise économique en Chine et cette crise se poursuit encore et dont l'effet spectaculaire est la chute, en deux années consécutives, du marché automobile chinois.

Mais sans la Chine et l'Occident, l'Afrique subsaharienne n'aura pas un marché extérieur suffisant pour une émergence rapide de son capitalisme-salariat. Au lieu d'une majorité de salariés, il se formera une majorité de chômeurs au fur et à mesure du déclin économique en Occident et en Chine. De sorte que vers 2050, les chômeurs tendront à être dominants dans la population active partout dans le monde en même temps.

Une seule alternative, préparer le communisme à venir 

Nous sommes en lutte de superclasses. Et la dernière lutte des superclasses de l'Histoire est celle entre le capitalisme-salariat et les chômeurs et précaires. Qu'est ce que cela signifie ? Qu'aujourd'hui l'humanité a absolument touts les moyens techniques de rendre le chômage et la précarité, et la pauvreté qui en découle, impossibles. Mais que du fait de l'opposition objective entre le capitalisme-salariat et le chômage, le taux de chômage augmentera mécaniquement dans la population active jusqu'à devenir majoritaire et provoquer une Révolution totale des rapports sociaux du capitalisme-salariat. 

Cette Révolution communiste ne se fera pas d'elle-même sans une organisation consciente communiste des chômeurs et précaires partout sur la planète.



5 réactions


  • Pimpin 25 janvier 2020 11:23

    Le problème de l’Afrique c’est surtout la corruption des dirigeants qui se moquent totalement de leurs peuples et ne savent que jouer les dictateurs. 


    • microf 25 janvier 2020 11:51

      @Pimpin

      D´accord avec vous sur les dirigeants africains corrompus qui se moquent de leurs peuples et jouent aux dictateurs, c´est vrai.

      La question que j´aimerai vous poser serait celle-ci ; voilá depuis des mois que la dégradation de la situation économique en France pousse la population á manifester pour l´amélioration de ses conditions de vie, le problème en France c´est quoi ?


    • Pimpin 25 janvier 2020 19:54

      @microf
      Le problème en France ce sont les électeurs ! Ils persistent à voter toujours pour la même politique depuis près de 40 ans malgré les résultats catastrophiques ! Le problème c’est que les électeurs continuent de croire ce que racontent ceux qui mènent cette politique, en particulier quand ils disent qu’avec d’autres ça sera pire ! 
      Certains protestent, manifestent, mais votent toujours pour les mêmes ! 


  • Un des P'tite Goutte Un des P’tite Goutte 25 janvier 2020 17:53

    N’étant, comme beaucoup d’entre nous, que très peu informé sur l’Afrique, injustice manifeste, et n’ayant pas les moyens en temps, en compétence, etc. pour aller chercher l’info.- la vraie - , je pars évidemment de la connaissance que les tyrans sévissent beaucoup dans des régimes faibles économiquement, socialement, militairement, politiquement... tandis que de nombreuses richesses attisent convoitises des blocs ou pays « puissants » - selon les mêmes critères, inhumains en quelque sorte - .

    Qu’en déduire sinon l’hypothèse extrêmement probable, que de nos jours les dirigeants africains sont fantoches pour une grande part, évidemment placés là, à coup de pots-de-vin, corruptions, assassinats, manipulations, etc. par des oligarques, politiciens européens, chinois, américains, russes ?

    Très probablement encore pour la plus grande souffrance du peuple d’en-bas, pour le plus grand bonheur de la racaille des 1% les + riches et quelques.


    • Un des P'tite Goutte Un des P’tite Goutte 25 janvier 2020 18:14

      @Un des P’tite Goutte

      ...Cependant, j’ai oublié, pensant à Gandhi qui souhaitait pour l’Inde, non pas de s’aligner sur le modèle occidental, mais de réinventer un avenir propre à son pays, ne reniant pas son passé ni ses traditions mais s’en inspirant... (il tissait son coton avec son rouet pour subvenir à ses besoins et symbolisait ainsi un maintien d’un « ordre des choses indiennes » qui impliquait un modernisme extrêmement réfléchi, harmonieux) ...qu’il existe des esprits brillants et surtout bienveillants qui prône cette approche en Afrique *.
      Petite remarque car votre article part d’analyses typiquement occidentales, qu’il s’agisse de politique ou de philosophie.

      Cordialement.

      * Nehru, sauf erreur, n’était pas de son avis, bien que compagnon de lutte. Il a fait s’orienter l’histoire du côté le plus prévisible et le moins audacieux.


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