Au secours, l’ORTF est de retour !
Manu le Fourbe prépare sa reélection. Pour ça, il a pris la bonne décision. Tout seul sans rien demander à personne. Comme d'habitude. Son projet n'est pas encore définitif mais en voici les grandes lignes : La nouvelle ORTF s'appellera France Médias. Elle sera opérationnelle à partir du premier janvier 2021 et regroupera Radio France, France télévisions, l'INA, RFI et France 24.
La holding France Médias aura pleins pouvoirs pour décider des orientations stratégiques des chaînes. Entendre : le choix des programmes, celui des invités à des débats, et la supervision de l'idéologie diffusée à l'antenne. Pleins pouvoirs aussi pour attribuer les budgets aux diverses composantes. Comprendre : les invertébrés seront récompensés, les échines moins souples bâillonnées par manque de moyens.
Comme on ne saurait s'entourer de trop de précautions, le CSA pourtant bien docile ne nommera plus les directeurs. Ce sera à nouveau le privilège du gouvernement. À travers des conseils d'administration chapeautés comme il se doit.
La suite logique sera de ressusciter un ministère de la censure et de la propagande, pudiquement qualifié ministère de l'information. Dans le passé, on y a toujours nommé des hommes énergiques et sans états d'âme. Je verrais bien Castaner le castagneur ministre d'État chargé de remettre de l'ordre dans les pensées.
Pour préserver l'illusion de démocratie, le gouvernement sera minoritaire avec 40% des voix, les 60% restant étant dévolus à des parlementaires. Forcément issus des rangs de la majorité dont on connaît l'indépendance farouche et l'esprit frondeur. La machine de guerre doit servir jusqu'en mai 2022. Après on verra...
Comme il faut aussi faire plaisir aux amis banksters qui contrôlent les instituts de sondage et les autres médias, trois coupures de pub seront autorisées au milieu des films et téléfilms de plus de 90 minutes. De quoi satisfaire les grands buveurs de bière et ceux que leur prostate titille.
Les princes qui nous gouvernent l'ont annoncé sans détour : Toutes ces structures devront travailler ensemble, et mutualiser leurs moyens en personnels et en matériels pour coordonner au maximum leurs objectifs. Et vive la pensée unique rediffusée en boucle ! Une économie de 192 millions d'euros est annoncée par le garagiste Franck Riester, actuel ministre de l'inculture. Une promesse en l'air qui ne mange pas de pain. Selon lui : « Nous avons besoin d'un ausiovisuel fort qui réponde aux demandes de nos compatriotes. » Mais personne ne lui a jamais rien demandé !
France Télévisions regroupe déjà France 2, France 3, France 4 et France 5, des chaînes dont on connaît l'indépendance vis à vis du pouvoir et l'impertinence envers les maîtres du monde. Toutefois, on y observe parfois des rébellions ponctuelles. Des gens qui parlent trop vite sans doute ou n'ont pas assez étudié leur synopsis d'antenne. Certains animateurs, moins par conviction que pour satisfaire un ego hypertrophié, tiennent des propos acides à leurs interlocuteurs de la nomenklatura. On mate ces impudents en les écartant ou en les promouvant, en fonction des appuis dont ils disposent. Ce sera plus commode de tous les encadrer à partir d'une tour de contrôle unique, et d'utiliser systématiquement un léger différé pour tout ce qui pourrait donner lieu à polémique. Plus question qu'un irrespectueux pamphlétaire fasse un croc-en-jambe aux marcheurs. Ils ont déjà assez de mal à tenir sur leurs pattes !
L'INA c'est autre chose. Ce musée de l'audiovisuel a toujours préservé une certaine indépendance, moins par volonté de rébellion que parce que c'est devenu un vrai souk ingérable. 5 millions d'heures de radio et de télé depuis 70 ans à numériser, ils sont pas sortis de l'auberge... Mais ce musée est aussi un point de chute doré pour des énarques incompétents bien en cour, et des recalés du suffrage universel. Agnès Saal y a laissé une trace inoubliable de son passage : 40.000 euros de notes de taxi en moins d'un an. Son impéritie sera punie par 4500 € d'amende, 3 mois de prison avec sursis et une réintégration dans l'administration à un grade plus élevé après 6 mois de congé sans solde et 18 mois sans affectation, payée à ne rien faire...
Pour le personnel moins haut en gamme, on peut tout de même reprocher à l'INA de coopter ses cadres, ses enseignants et ses étudiants et de former les futurs metteurs en scène en les déformant dans le bon sens. Celui de la doxa. Pas assez stricte puisque certains ont pu y échapper. Désormais, terminé cette petite liberté. L'institut sera sous tutelle renforcée comme les autres structures.
On ne présente plus RFI. Son statut depuis 2008 prend acte d'une réalité plus ancienne : c'est une filiale de « France Médias Monde » dont l'objet est de superviser les activités des radios et télés appartenant à l'État et diffusant hors frontières.
Si le statut se réfère à la loi de 1986 sur la liberté de communication, il reconnaît crûment que l'audiovisuel extérieur est devenu un enjeu stratégique. La société anonyme voulue par Sarkozy, avec des vassaux à sa tête, est placée sous la tutelle du ministère des affaires étrangères, puis sous le contrôle du ministère de la culture. Quant à la directrice générale actuelle, si elle a été nommée par le CSA, ce fut dans le cadre d'une candidature unique. Le statut à venir aura au moins l'avantage de mettre fin à une hypocrisie.
Les « journalistes » de cette institution sont perçus par des groupes terroristes du tiers monde comme des agents de propagande, voire de renseignements au profit de l'État français, et régulièrement enlevés et assassinés. On en parle peu et quand l'info sort, on oublie de signaler leurs allégeances.
Sinon ceux qui, comme moi, vivent aux antipodes connaissent bien France 24 la télé internationale, décalque des élucubrations du boboïsme parisien. Ces perroquets réalisent-ils seulement qu'ils se comportent à l'égard des autres peuples du monde comme des colonialistes seuls détenteurs de l'intelligence et du savoir ?
Ces journalistes sont soit des militants écolo-gauchos, soit des propagandistes du mondialisme et de la repentance, soit une hybridation des deux. Même quand ils parlent de sujets autres que franco-français, ils ne peuvent s'empêcher de donner leur avis. Péremptoire et indiscutable. Se servant la soupe les uns les autres, et laissant entendre que quiconque n'est pas d'accord avec eux est un imbécile ou un salaud ou les deux à la fois.
Vive Sainte Greta et Maduro, vive les gentils ayatollahs, mort à Trump, à Poutine et à Boris Johnson ! Comme leur opinion n'a aucune influence sur la marche du monde, ils se défoulent à moindre prix. Ils ont quelques excuses. Ce ne sont pas les « meilleurs de la profession » qui ont échoué là. Donner de la voix doit être leur session de rattrapage.
Je leur reconnais néanmoins un réel talent dans le choix des mots : un délit grave qui a pour auteur un de ceux qu'ils apprécient est une erreur ou un oubli. Le même commis par un adversaire idéologique est une faute inacceptable. Un crime accompli par un de ceux qu'ils protègent est un malheureux accident. Si les preuves sont trop accablantes, en avant pour les circonstances atténuantes et surtout pas d'amalgame. Le même crime perpétré par un ennemi politique est un acte impardonnable. Pour peu, ils demanderaient le retour de la peine de mort pour ceux qui ne pensent pas comme eux.
Ces gens-là affichent une haine à l'égard d'Internet qu'ils ont grand peine à contenir. Pour eux c'est une concurrence insupportable qui sape leurs leçons de bienpensance. Dans le souci d'informer le public trompé par le web (sic) ils ne cessent de dénoncer comme propagande éhontée, interprétations abusives et fakes tout ce qui ne corrobore pas leurs délires.
C'est assez amusant de constater que leur arrogance les conduit à afficher des points de vue opposés aux leurs, lesquels d'habitude n'ont pas voix au chapitre à l'antenne. Ou est-ce leur mépris des téléphages tenus pour des gobeurs de mouches qui les pousse à agir ainsi ? En tout cas grâce à ces imprécateurs bien formatés, je découvre des sites web et des chroniqueurs que je ne connaissais pas, et dont souvent j'apprécie la pertinence du fond et l'impertinence dans la forme.
On peut aussi noter avec surprise que « La voix de la France dans le monde » compte très peu de présentateurs français et émet régulièrement en arabe. Comment les Émirats ont-ils réussi à obtenir ce privilège ? Al Jazeera et Al Arabiya ne leur suffisent donc pas ?
Sinon pourquoi est-ce qu'il m'arrive de regarder ces spectacles affligeants ? Parce que Sun Tzu a dit : « Pour bien combattre ton ennemi, tu dois le connaître parfaitement ! »
Sans doute les serviteurs zélés de la pensée unique n'ont-ils pas entendu parler de ces travaux universitaires concrétisés par des expérimentations in vivo selon lesquelles un groupe soumis à une pression psychologique constante adopte à 90% les points de vue des maîtres penseurs... Mais change rapidement d'avis dès lors que sont émises des idées contradictoires corroborées par des faits. Qui se souvient que les hiérarques de l'URSS, juste avant Gorbatchev, se sont soustraits au matraquage des médias officiels répétitifs et ennuyeux, pour devenir des auditeurs attentifs de « The voice of America » qui leur expliquait pourquoi leur pays sombrait dans le marasme et pourquoi le communisme n'avait aucun avenir.