samedi 25 janvier 2020 - par Le Cri des Peuples

Avion ukrainien abattu : l’Iran victime d’une attaque électronique ?

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Par Philip Giraldi

Source : https://www.unz.com/pgiraldi/who-targeted-ukraine-airlines-flight-752-iran-shot-it-down-but-there-may-be-more-to-the-story/

Traduction : lecridespeuples.fr

Philip M. Giraldi est un ancien spécialiste de la lutte contre le terrorisme et officier du renseignement militaire de la CIA qui a servi dix-neuf ans à l’étranger en Turquie, en Italie, en Allemagne et en Espagne. Il a été chef de la base de la CIA pour les Jeux olympiques de Barcelone en 1992 et a été l’un des premiers Américains à entrer en Afghanistan en décembre 2001. Philip est directeur exécutif du Council for the National Interest, un groupe de défense basé à Washington qui cherche à encourager et à promouvoir une politique étrangère américaine au Moyen-Orient conforme aux valeurs et aux intérêts américains.

L’allégation selon laquelle le Général de division Qassem Soleimani était un « terroriste » en mission pour mener une attaque « imminente » qui tuerait des centaines d’Américains s’est avérée être un mensonge, alors pourquoi devrait-on croire quoi que ce soit d’autre concernant les récents développements en Iran et Irak ? Certes, le vol 752 d’Ukraine International Airlines au départ de l’aéroport international Imam Khomeini de Téhéran le matin du 8 janvier, avec 176 passagers et membres d’équipage à bord, a été abattu par les défenses aériennes iraniennes, ce que le gouvernement de la République Islamique a admis, mais il pourrait bien y avoir beaucoup plus d’éléments derrière l’histoire, y compris de la cyberguerre menée par les gouvernements américain et peut-être israélien.

Certes, les défenses aériennes iraniennes étaient en état d’alerte élevée, craignant une attaque américaine à la suite de l’assassinat de Soleimani par le gouvernement américain le 3 janvier, suivie d’une frappe de missiles iranienne dirigée contre deux bases américaines en Irak. Malgré la tension et l’escalade, le gouvernement iranien n’a pas fermé l’espace aérien du pays. Des vols civils de passagers partaient et arrivaient toujours à Téhéran, ce qui est presque certainement une erreur de jugement de la part des autorités aéroportuaires. Inexplicablement, des avions civils ont continué à décoller et à atterrir même après que le vol 752 ait été abattu.

Cinquante-sept des passagers du vol étaient des Canadiens d’ascendance iranienne, ce qui a amené le Premier ministre Justin Trudeau à pointer du doigt le gouvernement iranien pour sa négligence, et également à accuser Washington, observant avec colère que l’administration Trump avait délibérément et témérairement cherché à « escalader les tensions » avec l’Iran par une attaque près de l’aéroport de Bagdad, sans tenir compte de l’impact sur les voyageurs et les autres civils dans la région.

Ce qui semble avoir été un cas de mauvais jugements et d’erreurs humaines comprend cependant certains éléments qui n’ont pas encore été expliqués. L’opérateur iranien de missiles aurait subi un « brouillage » considérable et le transpondeur de l’avion s’est éteint et a cessé de transmettre plusieurs minutes avant le lancement des missiles. Il y avait également des problèmes avec le réseau de communication du commandement de la défense aérienne, qui étaient peut-être liés.

Le brouillage électronique provenant d’une source inconnue signifiait que le système de défense aérienne était placé en fonctionnement manuel, s’appuyant sur l’intervention humaine pour le lancement. Le rôle humain signifiait qu’un opérateur devait porter un jugement rapide dans une situation de pression énorme où il n’avait que quelques instants pour réagir. L’arrêt du transpondeur, qui aurait automatiquement signalé à l’opérateur et au système anti-aérien Tor que l’avion était civil, a indiqué automatiquement qu’il était hostile. L’opérateur, ayant été plusieurs fois averti de la possibilité de missiles de croisière américains entrants, a alors tiré.

 

 

Les deux missiles qui ont abattu l’avion provenaient d’un système de fabrication russe désigné SA-15 par l’OTAN et appelé Tor par les Russes. Ses huit missiles sont normalement montés sur un véhicule à chenilles. Le système comprend à la fois un radar pour détecter et suivre des cibles ainsi qu’un système de lancement indépendant, qui comprend une fonctionnalité de système d’identification ami ou ennemi (IFF) capable de lire les indicatifs d’appel et les signaux de transpondeur pour prévenir les accidents. Compte tenu de ce qui s’est passé ce matin-là à Téhéran, il est plausible de supposer que quelque chose ou quelqu’un a délibérément perturbé à la fois les défenses aériennes iraniennes et le transpondeur à bord de l’avion, peut-être dans le cadre d’une tentative de créer un accident d’aviation qui serait attribué au gouvernement iranien.

Le système de défense SA-15 Tor utilisé par l’Iran présente une vulnérabilité majeure. Il peut être piraté ou « dupé », permettant à un intrus d’usurper l’identité d’un utilisateur légitime et d’en prendre le contrôle. La Marine et l’Air Force des États-Unis auraient développé des technologies « qui peuvent tromper les systèmes radar ennemis avec des cibles fausses et se déplaçant de manière trompeuse ». Tromper le système signifie également tromper l’opérateur. The Guardian a également rapporté de manière indépendante comment l’armée américaine développe depuis longtemps des systèmes qui peuvent à distance modifier l’électronique et le ciblage des missiles dont dispose l’Iran.

La même technologie peut, bien entendu, être utilisée pour modifier ou même masquer le transpondeur d’un avion de ligne civil de manière à envoyer de fausses informations sur son identité et son emplacement. Les États-Unis ont la capacité de guerre électronique et cybernétique pour brouiller et modifier les signaux relatifs aux transpondeurs des avions de ligne et aux défenses aériennes iraniennes. Israël a probablement la même capacité. Joe Quinn de Sott.net relève également une histoire intéressante quant aux photos et séquences vidéo qui sont apparues dans le New York Times et ailleurs montrant le lancement des missiles iraniens, l’impact avec l’avion et les restes après le crash, y compris les restes des missiles. Elles sont apparues le 9 janvier sur un compte Instagram intitulé « Rich Kids of Tehran ». Quinn s’interroge sur la probabilité que par pur hasard, ces ‘Enfants Riches de Téhéran’ se soient trouvés dans « un lotissement pauvre à la périphérie de la ville [près de l’aéroport] à 6 heures du matin, le 8 janvier, avec des caméras pointées précisément du bon côté et au bon moment pour capturer un missile frappant un avion de ligne ukrainien… ? »

 

 

En croisant les Rich Kids et la possibilité d’une guerre électronique, on conclut que tout cela suggère un événement prémédité et soigneusement planifié dont l’assassinat de Soleimani n’était peut-être qu’une partie. Il y a eu des émeutes en Iran après que l’avion ait été abattu, accusant le gouvernement d’incompétence. Certaines personnes dans la rue réclament clairement l’objectif longtemps recherché par les États-Unis et Israël, à savoir le « changement de régime ». Quoi qu’il en soit, au minimum, l’Iran, qui était largement considéré comme la victime du meurtre de Soleimani, est représenté dans la plupart des médias internationaux comme à peine plus qu’un autre acteur sans scrupules ayant du sang sur les mains [sans parler du fait que les médias ne parlent plus tellement de la cinglante riposte de l’Iran, humiliation sans précédent depuis Pearl Harbor, et peuvent se concentrer sur cette tragédie]. Il reste encore beaucoup de choses à expliquer sur la chute du vol 752 d’Ukrainian International Airlines.

 

https://vimeo.com/385714693

 

Voir notre dossier sur Soleimani.

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14 réactions


  • V_Parlier V_Parlier 25 janvier 2020 17:08

    Il est vrai qu’après avoir lu le terme « brouillage » même dans la presse mainstream au sujet de cette affaire, je m’étais déjà posé des questions.


    • Marc Filterman Marc Filterman 25 janvier 2020 23:53

      @V_Parlier
      Je ne sais pas si la version de SA-15 qui est déjà assez ancienne était doté de la reconnaissance IFF, contrairement au SA-22 versions S1 et S2 qui lui en est équipé. Si le code IFF émis par l’avion disparait, cela pose un problème, on peut croire à l’arrivée d’un missile ou d’un drone US armé


  • Franchounet 25 janvier 2020 18:49

    Bref,« l’accident de l’avion », c’est pas de ma faute, c’est de la faute des autres.

    Quelle que soit l’hypothèse (brouillage ou non), c’est bien une faute de l’Iran.

    Il fallait au minimum interdire l’espace aérien aux civils.

    et j’adore la provocation : « peut-être dans le cadre d’une tentative de créer un accident d’aviation qui serait attribué au gouvernement iranien ».

    Comme complotiste, difficile de trouver mieux, quoique, quand on voit la note attribuée à l’article.

    « humiliation sans précédent depuis Pearl Harbor » ????? Ah bon !!


    • sls0 sls0 25 janvier 2020 19:52

      @Franchounet
      L’Iran a reconnu sa faute. Le plus haut responsable de la DCA a dit que ce n’était pas la faute du sergent qui après avoir essayer 10 secondes de joindre sa hiérarchie à la radio a appuyé sur le bouton. Il était en niveau 3 et on l’avait prévenu d’un possible drone, dans le vecteur d’où devait surgir le drone il y a eu un signal ayant la même vitesse.
      Le haut responsable incrimine la hiérarchie et surtout la décision de ne pas interdire le vol civile.
      L’Iran assume.
      Comme je l’explique dans mon commentaire ci-dessous dans ces conditions il est facile de pousser à la faute. L’avion russe abattu par les syriens c’est presque la même chose. La Russie n’a pas engueulé les syriens par contre elle a limité la liberté des vols israéliens.
      Il y a différents type de radar.
      Il y a le radar de détection, les radars iraniens sont performant, ils arrivent à faire le trie jusqu’à 400km.
      C’est ces radars qui préviennent les batteries du danger. Le système iranien est multicouche intégré, toutes altitudes et tous ont le même niveau de connaissance vu que c’est intégré.
      Le radar de batterie lui c’est de viser, il n’est pas bon en détection mais si on lui donne le vecteur, il trouve la cible. C’est un point, une direction et une altitude, plus que suffisant pour envoyer et guider ses missiles.
      Les batteries du système intégré savent tout des cibles. Une batterie rapportée n’a ce que donne son radar, un point.
      Pourquoi les batteries supplémentaires n’ont pas été intégrées. Il faut installer du filaire, de la fibre optique, de la radio focalisée. Ca prend du temps et des ressources.


  • sls0 sls0 25 janvier 2020 19:16

    Le transpondeur est interrogé à 1030MHz et il répond à 1090MHz. Pas très difficile à brouiller un transpondeur. Il suffit d’émettre un signal plus puissant.

    Le système iranien de DCA est redondant au niveau communication. Les système était au courant pour ce vol.

    La batterie qui a tiré était en renfort au système protégeant Téhéran, au niveau communication il n’y avait que la radio.

    Pour une bavure il ne fallait qu’un drone qui pose problème, brouiller les fréquences transpondeur et de communication radio.

    Si on sait qu’il y a du renfort de DCA qui risque de ne pas être dans un système intégré, ça vaut le coup de tenter.

    D’un point de vue responsabilité il y a le brouilleur mais aussi le politique iranien qui n’a pas voulu perdre la face en interdisant le vol civile. S’il pensait se baser sur le système intégré qui pouvait à la limite gérer, la ou les pièces rapportées ne le permettaient pas.

    Toujours chercher la faille, brouiller 2-3 fréquences ça ne mange pas de pain et parfois ça peut réussir ce qui a été le cas.

    Hors sujet, un léger tremblement de terre a perturbé ma frappe, il y a peut être des fautes.


  • titi titi 25 janvier 2020 20:08

    @A l’auteur 

    Un terroriste payé par le USA ?

    Un brouillage ?

    Un complot judéo-maçonique de capital levantin ?

    Bah non. Un grosse connerie d’un régime paranoïaque aux abois.


  • zak5 zak5 26 janvier 2020 08:10

    Ceux qui n’ont pas le cerveau brouillé, voire broyé, se taisent quand il font des conneries, et laissent passer l’orage. Mais quand on est une espace de robot qui est fabriqué pour balancer de la propagande tout azimut, sans intelligence, sans sentiments etc. tout ce qui devrait représenter l’être humain responsable, capable de se remettre en cause et se mettre en sourdine le temps de réfléchir...et bien l’on obtient cette avalanche (encouragé par les islamogauchistes, il est vrai)

    , assommantes, et franchement ridicule


  • zygzornifle zygzornifle 26 janvier 2020 08:42

    Un coup de Huawei et sa 5g a moins que l’on retrouve de l’ADN de Poutine dans les décombres ....


  • Eric F Eric F 27 janvier 2020 09:47

    Il se peut qu’il y ait eu brouillage, mais le système de défense anti-aérienne était armé et commandé en manuel du fait du haut degré d’alerte, et manifestement le tireur n’était pas informé des horaires et itinéraires des vols civils, dont le trafic est inexplicablement resté ouvert -y compris après le drame-. Même sans transpondeur, la trace radar d’un avion de ligne ne devrait pas être confondable avec un missile de croisière.

    A propos de brouillage, les USA s’attendaient bien évidemment à une riposte suite à la mort de Soleimani, or ils n’ont pas su brouiller les missiles envoyés vers leurs bases en Irak.


  • lloreen 27 janvier 2020 12:02

  • Pascal L 27 janvier 2020 23:31

    Beaucoup d’erreurs dans cet articles. Il est évident que le transpondeur n’a pas été brouillé car le réseau de capteurs au sol de FlighRadar24 a enregistré le signal jusqu’à moins de 20 secondes du deuxième impact missile. Le signal a probablement cessé au premier impact. Il n’y a que 3 km entre le dernier signal valide du transpondeur et l’impact du deuxième missile qui a été capté par des caméras géolocalisées soit 20 secondes de vol maximum. Tout ceci fait qu’il n’y a pas assez de temps pour tirer deux missiles après l’arrêt du transpondeur. Par ailleurs, aucun brouilleur n’est assez puissant pour opérer depuis l’Iraq.

    L’avion venait tout droit d’un des deux l’aéroports de Téhéran et était en pleine montée. Personne ne peut penser qu’un missile américain va partir d’un aéroport de Téhéran alors qu’il y avait déjà eu beaucoup de vols qui ont suivi cette trajectoire dans la journée. Tous les systèmes de lancement de missiles antiaérien disposent d’un récepteur de signal transpondeur. Les plus anciens ne disposent que d’un numéro, mais qui identifie tout de même un vol civil (mode S) alors que les plus récents vont jusqu’à connaître l’âge du capitaine.

    Les seules conclusions possibles sont :

    1. le système de réception du signal transpondeur était en panne et il est alors complètement criminel d’avoir installé ce système dans l’axe des pistes. L’opérateur avait encore la possibilité de consulter FlightRadar24 sur son smartphone et il aurait été renseigné. Dans ce cas les officiers qui commandent le système doivent être sanctionnés.
    2. l’opérateur a voulu faire un acte de vengeance personnel pour l’assassinat de Soleimani. Avec son récepteur ou un smartphone, il a pu vérifier que sa cible ne provient pas d’une compagnie d’un pays musulman et il a appuyé sur le bouton en criant Allah Akbar...

    Ce sont ces preuves qui ont forcé les autorités à avouer leur responsabilités.


    • William William 29 janvier 2020 12:02

      @Pascal L
      l’hypothèse 1 est alors la plus probable (c’est du reste proche de l’hypothèse d’un brouillage du système de défense), car un opérateur de tir même voulant se venger n’aurait pas pris une initiative qui allait inévitablement se retourner contre son pays. En poussant le raisonnement, une telle hypothèse induirait qu’il s’agirait d’une « taupe » voulant nuire à l’Iran, mais il aurait alors été exhibé devant les caméras comme agent infiltré.


    • Pascal L 29 janvier 2020 12:39

      @William
      Vous supposez que les gardiens de la révolution prennent des décisions murement réfléchies. Je n’ai pas d’éléments qui me permettent d’aller dans ce sens aussi je ne fais aucune hypothèse que je pourrais regretter. Pour avoir croisé des militaires du Moyen Orient en formation en France, je sais que ce que nous appelons « logique » n’existe que très peu dans la région et tout est possible. Le principe de Murphy s’applique pleinement : « si vous avez prévu le pire, ce qui va se passer sera pire encore » et nous en avons ici l’illustration. Attendons les conclusions de l’enquête en espérant qu’elles deviennent publiques un jour.


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