« Bête comme ses pieds » …. « bête comme un ministre » …
« Bête comme ses pieds » …. « bête comme un ministre » …
De manière assez inattendue, on vient de découvrir que des jeunes (mal polis) ne disaient plus : « bête comme ses pieds », mais utilisaient la formule : « bête comme un ministre » ( avec parfois tel ou tel nom).
Ce qui a nourri la réflexion suivante.
Il est amusant d’entendre depuis des années, des ministres, qui ont fait, qui l’ENA, qui Polytechnique, traiter de la baisse du niveau des élèves. Un peu comme si traiter de la nullité des autres, relevait son propre niveau. Ou permettait … de le faire oublier. Le fait que la baisse du niveau des élèves soit relevée de manière itérative (ces derniers jours une fois de plus ), indique que l’intelligence qui est attribuée aux ministres du fait de leur statut, ne leur a même pas donné l’idée d’enquêter auprès des professeurs des écoles, des lycées et des universités. Auprès de ceux des professeurs qui, contrairement à leurs collègues qui se lamentent pareillement des mêmes choses, réussissent à avoir de bons résultats et à « fabriquer » des élèves d’excellent « niveau ». Pour savoir comment ils s’y prennent.
Mais, si l’on prend la question, toujours sous un jour quelque peu iconoclaste, on pourrait dire « qu’il faut » que les ministres soient de médiocre niveau intellectuel. Car leur rôle n’est ni de savoir, ni de réfléchir, ni de raisonner. Ils doivent obéir au président de la République, et en vanter les mérites (surtout si ce dernier aime çà ), puisqu’ils lui doivent ce poste toujours très prisé dans nos civilisations. Sans compter que cette attitude n’est, toujours dans la même logique, intellectuellement … pas fatigante. Le président de la République ayant lui même fait le choix de profiter d’un poste sortant de l’ordinaire, en acceptant de se mettre au service d’une idéologie sociétale. Elle même assez sommaire : permettre aux détenteurs du pouvoir économique et financier de faire ce qu’ils veulent et les y aider. Avec les vieilles recettes éculées qui plus est.
Le premier venu étant capable de savoir ce qu’il doit faire, sans aucun brin … d’intelligence. Pourvu qu’il sache simplement lire et écrire : Puisque ce qu’il doit faire est en effet écrit dans des traités et dans des décisions et directives d’organismes ayant leur siège, les uns à Bruxelles, les autres à Washington.
Que le niveau de la population baisse, ce qui s’observe à tous les âges et en tous lieux ( à la sortie de l’école, à la sortie de l’ENA ou d’autres institutions de ce genre,…) est ( sous un certain rapport évidemment) une « excellente » chose. Voire une chose indispensable.
Quand l’idéologie imposée par une poignée de gens composant l’élite économico-politique, conduit la population à ne plus pouvoir utiliser le bulletin de vote sur les questions essentielles ( v. le transfert de souveraineté organisé par le titre XV de la constitution)… Quand les services publics sont en train d’être donnés aux entrepreneurs privés ( y compris la santé)… Quand le droit du travail subit cure sur cure d’amaigrissement… Il ne faut pas que les citoyens trouvent cela inadmissible. Il faut que les citoyens - devenus paramètres à gérer -… subissent. Et on ne peut y parvenir qu’avec des êtres, mi citoyens – mi choses, privés de connaissances et de capacité de réfléchir sur leur sort. (Jadis en Ardèche, des instituteurs de la République donnaient le soir des cours aux jeunes filles des filatures, dont l’éducation était limitée dans les écoles religieuses du coin. Pour qu’elles jouissent de connaissances autres que celles tirées d’un dogme, et réfléchissent sur leur sort. Et passent du statut d’objet de production à celui de citoyen).
Bref, ces jeunes sont peut-être un peu rapides quand ils brocardent les gens du gouvernement. On ne peut pas être ce qu’on n’est pas. On ne peut pas faire ce qu’on ne sait pas faire et ce qu’on ne doit de toutes façons pas faire.
Si l’on dépasse la simple observation ( comme ci-dessus ) et que l’on cherche les moyens d’épargner à la société, qu’elle ne continue à se transformer selon cette logique, il est probable qu’il faille attendre une sorte de choc. D’une grande ampleur. Car si, dans les êtres humains, on trouve diverses possibilités de les manipuler ( grossièrement exploitées en ce moment) , il y a également chez eux le sentiment de la dignité. Qui peut sommeiller plus ou moins longtemps. Mais qui, ainsi que l’histoire l’enseigne, se réveille toujours à un moment ou à un autre.
Marcel-M. MONIN
m. de conf. hon. des universités