Ça barde à l’UPR. François Asselineau est mis sur la sellette par le Bureau national du parti, après des accusations de harcèlement
Rien ne va plus à l'UPR, le parti politique qui réclame le Frexit depuis 2007.
Le 18 avril 2020, François Asselineau, fondateur et président de l'UPR, a reçu une lettre d'une violence inouïe signée par 28 cadres du parti.
Ceux-ci lui reprochent d'avoir embauché un certain Romain Justo dans le cadre d'un emploi fictif et affirment avoir en leur possession des documents indiquant des comportements déplacés de François Asselineau vis-à-vis de ce collaborateur. Dans la lettre, la référence au moeurs de personnalités comme Dominique Strauss-Kahn ou Benjamin Griveaux, dont les frasques sexuelles ont fait la une des journaux, ne laisse guère de doute quant à la nature de ce qui est reproché à François Asselineau.
Mais les signataires n'en restent pas là. Ils soupçonnent également qu'un second collaborateur aurait subi le même type de comportement, « insistant » et conduisant à de « graves souffrances psychologiques ». Ils accusent de plus François Asselineau d'avoir un management qui « écrase les personnes et brime les initiatives », provoquant le départ de militants talentueux. Et ils affirment que le compteur d'adhérents visible sur le site internet de l'UPR afficherait des données fausses et qu'il s'agirait d'une manipulation volontaire afin de tromper l'opinion publique. Bref, c'est un véritable massacre à la tronçonneuse.
Cette lettre est d'autant plus cataclysmique pour l'UPR qu'elle a été signée par Vincent Brousseau et Charles-Henri Gallois, deux cadres historiques de l'UPR. Charles-Henri Gallois, jeune homme sympathique et économiste talentueux, est l'une des rares figures de l'UPR à être passée à la télé hormis le président François Asselineau. Et Vincent Brousseau a travaillé 15 ans à la Banque Centrale Européenne, ce qui fait de lui un super spécialiste de l'Euro, des mécanimes monétaires, et du système bancaire européen. Une vraie perle.
Dix-huit membres du Bureau national de l'UPR ont signé la lettre sur vingt-huit au total, avec à leurs côtés d'autres cadres du parti (dont treize délégués régionaux sur quinze selon Le Figaro).
Ce régiment de belles têtes réclame que François Asselineau s'explique le plus rapidement possible sur les faits incriminés, qui devraient selon eux le « conduire inéluctablement à la démission ». Vous noterez la présence assez curieuse du mot « inéluctablement » sans que soit rajouté en fin de phrase « inéluctablement » ... « si les faits se révélaient avérés ».
En gros, François Asselineau a déjà été jugé coupable !
Cela est plus ou moins confirmé par une phrase qui vient juste après dans la lettre :
« Nous imaginons cependant que l'honneur et le sens des responsabilités vous amèneront à prendre cette décision que nous croyons indispensable à la préservation des intérêts du parti. »
En gros, les signataires verraient d'un bon oeil que le président se fasse hara-kiri, submergé par la honte de ses turpitudes présumées. Ou plus exactement, les signataires estiment que François Asselineau devrait se rendre compte que, vu les accusations qui pèsent contre lui, il met en danger le mouvement et devrait donc se poignarder le coeur tout seul, tel un martyr se sacrifiant pour la cause. Il faut sauver la France les amis !
Mais attention, l'affaire est loin d'être finie, et le départ de François Asselineau certainement pas pour demain.
François Asselineau a tout de même fondé l'UPR, il en est l'âme vivante, et son principal défaut est en même temps sa principale qualité : têtu comme une bourrique, il est clair qu'il est un des très rares hommes politiques français ayant la carrure pour affronter l'Union européenne et ses principaux bénéficaires, les banques et les multinationales, dont l'influence est colossale, notamment grâce au rachat de la quasi totalité des médias français.
La réponse de François Asselineau à toute la bande de cadres mutins ne s'est pas faite attendre.
Ecrite dans le style impeccable dont il est capable lorsqu'il ne se lance pas dans des clameurs poujadistes, les informations que cette réponse apporte montrent que les accusations jetées contre lui ne pourraient être qu'une pâtée pour chat malodorante, sortie tout droit du cerveau mythomane du sieur Romain Justo.
Premier élément, capital, les accusations de harcèlement que lancent Romain Justo interviennent alors que son contrat, qui se finissait en mars 2020, n'a pas été renouvelé. Une odeur de frustration et de revanche égotique flotte dans l'air.
On apprend également dans cette réponse du président de l'UPR, que Romain Justo se comparait lui-même devant François Asselineau ou « devant des tiers » à Christophe Rocancourt, un escroc célèbre. Par ailleurs, Romain Justo prétendait, « devant des tiers », voir le président de la République Emmanuel Macron en personne chaque semaine. Mythomane à mort quoi.
François Asselineau détaille les prestations que Romain Justo a accompli pour l'UPR, estimant que son CDD de six mois qui prenait fin en mars 2020 n'a rien d'un « emploi fictif ». Outre qu'il était le chauffeur de François Asselineau pendant ses déplacements pour l'UPR, Romain Justo participait à la préparation des réunions publiques, tenait les boutiques UPR, et établissait des contacts avec des personnalités du monde politique et médiatique : « sa façon de présenter les choses de manière convaincante, nous ont permis de nouer ou de renouer des contacts dans ce milieu » dixit François Asselineau. Ce dernier avait d'ailleur engagé Romain Justo pour son talent à « entrer en contact et se faire connaître dans des milieux très divers ».
Comme le note Valeurs actuelles, le nom de Romain Justo « revient inlassablement » dans la lettre envoyée par les cadres de l'UPR à François Asselineau. Une manière de dire que Romain Justo pourrait être à l'origine de toute l'affaire ?
Dans sa lettre de réponse, François Asselineau s'attriste de ne pas avoir été contacté par les signataires de la lettre : « Ces accusations, essentiellement fondées sur la parole d'un seul homme, déformée et amplifiée par les exagérations inhérentes aux propos rapportés, ont été formulées avant même que l'on ne m'ait sollicité pour que j'y réponde ! Et cela alors même que tous les signataires, ou presque, disposent de mon numéro de téléphone personnel et savent qu'il peuvent m'appeler ».
Si l'on cumule la facilité relationnelle de Romain Justo et son talent d'escroc, il paraît plausible que ce dernier a pu mener une cabale dans le dos du président de l'UPR.
Quoiqu'il en soit, François Asselineau nie tout en bloc, ne reconnaissant qu'une seule erreur : celle d'avoir manqué de discernement lorsqu'il a engagé Romain Justo.
François Asselineau déclare : « La personnalité de Romain Justo a révélé au fil des semaines un comportement tendant au déséquilibre, dont j'ignorais tout antérieurement à son embauche. J'ai appris, à ma plus grande stupéfaction, que celui-ci a passé ses derniers mois au service de l'UPR à colporter, essentiellement en interne, les accusations les plus incongrues et mensongères à mon égard, auxquelles j'apporte ici le démenti le plus catégorique. »
« (...) Romain Justo a cru pouvoir persuader un certain nombre de personnes de la véracité de ses dires. A cet effet, il a instrumentalisé un petit nombre de correspondances privées sorties de tout contexte, ce qui en dénature le sens et en occulte les échanges, et qui, en tout état de cause, ne sont propres à établir aucune infraction pénale. Plus grave encore, il a fait état de scènes complètement affabulées, comme celles qu'a rapportées - bien sûr sans les avoir vues ! - Mr Olivier Garnichon dans son incroyable lettre de démission, où tout n'est qu'un tissu de mensonges et de calomnies sur la seule foi des dires de Romain Justo. »
(...)
« Par ailleurs, et pour parfaire votre information, j'affirme ici hautement que c'est Romain Justo lui-même qui a été l'auteur de comportements totalement inappropriés, tant à mon endroit qu'à celui de plusieurs de mes collaborateurs et de tiers. »
« Au moins quatre personnes, que la plupart d'entre vous connaissent, seraient disposés à venir témoigner devant vous de la personnalité réelle et du comportement à leur égard de Romain Justo qui n'accuse autrui que de ses propres agissements, selon un processus d'inversion accusatoire. »
(...)
« Dans ces conditions, qui ont rendu la poursuite de la relation de travail radicalement impossible, j'ai décidé avec le secrétaire général de ne pas renouveler le contrat CDD de Romain Justo. (...) Je précise qu'il souhaitait pourtant vivement être renouvelé dans ses fonctions, qu'il l'a demandé plusieurs fois, ce qui devrait vous faire réfléchir quant au sérieux de ses accusations. »
On notera dans la réponse de François Asselineau que l'affaire Romain Justo ne se joue pas dans une intimité où les deux hommes se seraient retrouvés seul à seul. Il est clair que François Asselineau va avoir de quoi répondre aux accusations de harcèlement en fournissant aussi bien des témoignages que des échanges écrits qui vont venir recadrer les extraits choisis par Romain Justo.
Bref, il va y avoir de grosses mises au point après la période de confinement dû au coronavirus qui se termine le 11 mai 2020. François Asselineau a proposé au Bureau national de se réunir dès que possible après cette date.
Affaire à suivre.
En attendant, on notera simplement que le journal Le Figaro, qui a médiatisé l'affaire, n'a pour le moment pas rapporté le contenu de la réponse de François Asselineau. Nous verrons si le journal délateur de ce qui ne sont pour l'instant que des ragots aura l'impartialité de s'y astreindre.
Annexes
Liste des membres du Bureau national de l'UPR signataires de la lettre
Eric BOIZET
Vincent BROUSSEAU
Jean DE ROHAN-CHABOT
Martine DECIUS
Sébastien DUBOIS
Olivier DURNEZ
Charles-Henri GALLOIS
Béatrice HÉNOUX
Anne LIMOGE
Nicolas MARTIN
Benoit MATHARAN
Isabelle NINVIRTH
Alain PARISOT
David PAUCHET
Thierry PONS
Cyrille REUTER
Sophie SENAC
Mimoun ZIANI