lundi 2 mars 2020 - par Emile Mourey

Cafouillage au ministère de la Culture. La dernière bataille des Gaulois, Uxellodunum, c’est Luzech

Uxellodunum est la dernière bataille que les Gaulois ont livrée contre César. C’est la lutte du dernier carré de ceux qui, comme l’oiseau en cage, préfèrent se laisser mourir de faim plutôt que de perdre la liberté. César a bien compris l’importance de cet ultime combat qui aurait pu rallumer en Gaule tous les espoirs d’indépendance ou, au contraire, les éteindre définitivement. Il a voulu être sur place pour recevoir la reddition. Après sa victoire, il a fait rassembler les combattants vaincus et, dans sa grande mansuétude, dit-il, il a donné l’ordre qu’on leur coupe seulement les mains.

Plusieurs localités se disputent l’honneur d’avoir été l’antique Uxellodunum. Cet article est un extrait d’un ouvrage que j’ai offert gracieusement aux services concernés du ministère de la Culture, il y a déjà un certain nombre d’années. Il me semblait alors que ma nouvelle traduction du texte de César devait lever tous les doutes quant à l’identification d’Uxellodunum à Luzech. Mais le ministère de la Culture a des mystères dont les voies et les voix sont impénétrables.

Le 26 avril 2001 à Toulouse, faisant suite aux découvertes issues des fouilles de Jean-Pierre Girault à la fontaine de Loulié (Puy d'Issolud), le ministère de la Culture a annoncé avec la caution des principaux spécialistes scientifiques de la période, dont le professeur Christian Goudineau, que le site du Puy d'Issolud (Vayrac et Saint-Denis-lès-Martel) était celui d'Uxellodunum (Wikipédia).

C'EST FAUX ! UXELLODUNUM, C'EST LUZECH.

Entre la preuve par la pioche, comme les tenants de la nouvelle archéologie dite scientifique le prônent d’une façon souvent un peu trop simpliste et la preuve par les textes, lecteurs d’Agoravox, à vous de juger ! Car s’il est vrai que les vestiges archéologiques abondent sur le Puy d’Issolud, en revanche, il est impossible d’expliquer la bataille sur ce site. Voici la traduction que j’ai faite du texte de César en l’appliquant sur le site de Luzech.

Ayant réparti ses cohortes en trois éléments, Caninius établit ses camps sur le point le plus élevé (au sommet de l’Impernal). A partir de là, progressivement et dans la mesure où ses effectifs le lui permettaient, il commença à entourer l’oppidum (l’oppidum-enclos c’est-à-dire le cingle) d’une ligne retranchée et fortifiée (DBG VIII,33).

Aussitôt arrivé, César constata que l’oppidum (l’oppidum-enclos) se trouvait en état de siège du fait des ouvrages réalisés. Ayant appris par des déserteurs que les habitants disposaient d’une grande quantité de blé, il entreprit de les priver d’eau. Le cours d’eau était encaissé dans le fond de la vallée. Cette vallée entourait presque tout le mont sur lequel était juché Uxellodunum. La descente était raide et difficile pour les habitants. Il fallait donc empêcher ceux-ci de descendre à la rivière ; en outre, on avait toutes les chances de les blesser ou de les tuer à leur retour, quand ils auraient remonté la pente abrupte. S’étant rendu compte de cet inconvénient, César fit mettre en place des archers et des lanceurs de fronde, ainsi que des machines à jets multiples, face aux pentes les plus faciles et à des endroits choisis de façon à interdire aux habitants l’eau de la rivière.

Alors, tous les Gaulois convergèrent en masse vers le seul point d’eau de la ville, au pied même de la muraille de l’oppidum (de l’oppidum-refuge). A cet endroit, une source importante sortait du sol du côté que la rivière dans sa boucle laissait libre sur une distance d’environ trois cents pieds (88,800 mètres). On se demandait comment on pourrait interdire ce plan d’eau aux habitants. C’est César (et personne d’autre ) qui en trouva le moyen. Aux environs de la source, face au mont, il fit avancer des baraques de protection et élever un terrassement au prix d’efforts considérables et sous le feu constant de l’ennemi. Les défenseurs de l’oppidum descendaient en courant de leur position, laquelle dominait celle des Romains ; ils engageaient le combat de loin sans risque pour eux et ils blessaient en grand nombre les légionnaires qui avec une opiniâtreté sans égale montaient en première ligne (avec leurs baraques).

Imperturbables, les soldats avançaient les baraques malgré les difficultés du terrain qu’il leur fallait vaincre avec leurs muscles et leurs outils. Pendant ce temps, d’autres creusaient des galeries souterraines en direction des veines et du cœur du trou d’eau. Ce genre de travail pouvait se faire sans risque et sans éveiller les soupçons des Gaulois (ce travail se faisait derrière le talus des déblais). Les Romains réalisèrent un terrassement de 60 pieds de hauteur (17,75 mètres, en comptant le soubassement rocheux) sur lequel ils élevèrent une tour (probablement en bois) de dix étages (18 mètres peut-être). Cette tour, certes, n’atteignait pas la hauteur des murailles (aucun ouvrage n’aurait pu y arriver), mais elle dominait le plan d’eau.

Les Romains avaient installé dans la tour des machines de guerre qui lançaient des traits en direction de l’endroit où on accédait au plan d’eau : les habitants de l’oppidum ne pouvaient ainsi plus venir chercher de l’eau sans danger pour eux. Les bêtes de somme, le bétail et un grand nombre de Gaulois moururent de soif. Poussés au désespoir par le malheur, les habitants de l’oppidum remplirent des tonneaux de suif, de poix et de bardeaux ; ils les firent dévaler sur les ouvrages après y avoir mis le feu et, en même temps, ils attaquèrent vigoureusement les Romains pour, en les obligeant à se défendre, les détourner des incendies. Soudain, une grande flamme s’éleva des ouvrages fortifiés car les objets enflammés que les défenseurs précipitaient sur les pentes de leur position, étaient arrêtés par les baraques et les palissades qui s’embrasaient aussitôt à leur contact. Quoique bousculés dans ce combat périlleux sur une position défavorable, les légionnaires faisaient face à tous ces dangers avec un courage admirable. La bataille se livrait sur un point bien en vue, à la vue de l’armée et, des deux côtés, de grands cris montaient vers le ciel. Ceux qui étaient en tête de liste pour le mérite voulaient que leur valeur militaire soit encore davantage connue Voyant que les siens se faisaient blesser en grand nombre (côté Nord), César ordonna à ses cohortes d’escalader le mont, de tous les côtés de l’oppidum (côté Sud), et de pousser une clameur comme si l’on avait pris pied sur les murailles. Ainsi fit-on. Les habitants de l’oppidum, effrayés, parce qu’ils étaient dans l’incertitude sur ce qui se passait (au Sud) rappelèrent leurs combattants (qui attaquaient les Romains au Nord) et les ramenèrent aux murailles (de l’oppidum de la Pistoule et de la ville). Le combat prit fin. Les légionnaires se portèrent rapidement sur les ouvrages en feu ; ils éteignirent les incendies ou bien ils détachèrent de l’ensemble les parties en flammes.

Les habitants de l’oppidum persistaient dans leur résistance et leur volonté ne faiblissait pas en dépit des morts que la soif provoquait. Enfin, les Romains arrivèrent aux veines de la source par les galeries qu’ils avaient creusées ; ils les coupèrent et les détournèrent. Alors, le trou d’eau intarissable se tarit si brusquement que les habitants d’Uxellodunum y virent le signe qui annonçait leur perte, non pas du fait de l’homme, mais par la volonté des dieux. Et c’est ainsi qu’accablés par la fatalité, ils se rendirent.

Préférant le Puy d’Issolud, Napoléon III n’a pas retenu le site de Luzech car, en situant l’oppidum dont parle César sur l’Impernal, il ne pouvait faire correspondre au texte les résultats des fouilles archéologiques qu’il y avait pourtant fait faire. Par ailleurs, comme on lui traduisait le mot latin fons par source et qu’il n’y en avait pas ou plus, il n’a pas pensé qu’elle aurait pu être tarie ou que cela pouvait être une sorte de résurgence dans la partie basse de l’étranglement (mon plan d’eau est une hypothèse, le mot latin fons pouvant avoir plusieurs significations). Quant à ma traduction, elle s’accorde très bien avec les résultats de ces fouilles. En outre, m’étant rendu sur place dans les années 80, j’ai pu voir dans les ronces les fondations en ruines de la tour gauloise centrale qui se dressait alors au sommet de La Pistoule.

Pour consulter la thèse officielle de Puy-d’Issolud, faire : https://www.uxellodunum.com. Pour consulter la thèse de Capdenac, faire : https://www.uxellodunum.fr/

Ce ministère de la Culture n'arrête pas de bafouiller : Uxellodunum à Puy d'Issolud, Bibracte sur le faux site du mont Beuvray, Gergovie sur le faux site de Merdogne, bataille contre les Hélvètes à Montmort, bataille contre les Nerviens sur la Sambre ou la Selle etc... etc... même pas capable de comprendre que la capitale de fait était Cabillo, ou plutôt Cabillodunum sur la colline de Taisey... Nuerax, à l'extrémité du couloir Rhône/Saône.

E. Mourey. Les croquis et photos sont de l’auteur.



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