mardi 8 janvier 2013 - par Ariane Walter

Cahuzac et la solitude de Mélenchon

Cahuzac est ce chef de clinique qui a payé en liquide pendant seize mois une jeune philippine sans papiers. Il lui donnait 250 euros pour 40 heures par mois. Elle n’a pas porté plainte, l’affaire est allée devant la justice sur dénonciation. (Décidément c’est un homme qui se fait dénoncer…)

On comprend qu’elle n’ait pas porté plainte car , grâce à l’aide de M. Cahuzac, elle a fini par obtenir ses papiers. Il a payé les frais d’avocat. Combien de temps met-on en règle générale pour obtenir ses papiers ? Actuellement, elle est employée à temps plein par la clinique.

Pour ma part, quand je le vois entrer sur le plateau de « Mots Croisés », c’est à cela que je pense. Comment, quand on est bourré de fric, peut-on engager quelqu’un au noir ? Prétextant ne pas connaître sa situation irrégulière. Mais alors pourquoi ne pas la déclarer ?

Je ne veux pas parler de son affaire de compte en Suisse. La justice n’a pas tranché. Mais pour l’affaire de cette bonne philippine, elle a tranché. Il a été reconnu coupable. Mais sans peine et sans inscription au casier judiciaire. C’est minable. ( Hélas, cela ne va pas le faire partir en Mordavie !)

 

C’est cet homme qui, pendant une heure, sur le plateau de Mots Croisés, va prendre de haut tout le monde , Calvi pour commencer, Mélenchon ensuite, avec ses airs de petit marquis. Le nombre de bourdes qu’il va aligner est impressionnant mais il le fait avec cet air mondain qui fait sentir aux autres qu’ils appartiennent à une classe inférieure. Il est posé. Méthodique. Technocrate. Ironique . Blessant. Il penche la tête à gauche comme Claire Chazal.

Ce soir là le marquis Cahuzac reçoit ce bougre de Mélenchon représentant des paysans du coin qui se plaignent.

Pourtant il a des casseroles aux fesses mais il nie tout d’un buste raide, d’une voix énergique mais ,j’en témoigne, je suis derrière lui, je le vois, en agitant ses jambes nerveusement.

Mélenchon a le tort, en début de partie, de jouer les aimables. Ca lui servira de leçon. Il a le tort de désavouer celui qui tweete pour lui, et parle de « vraie gauche ». Ce n’est pas bien. Voulant éviter d’opposer gauche/gauche, il accorde cette appartenance à Cahuzac pour l’appeler ensuite social-démocrate. Ce que l’autre lui renverra sans ménagement, disant à juste titre, que si M. Mélenchon le traite d’homme de gauche et ensuite de social-libéral c’est qu’il reconnaît que les sociaux-libéraux sont de gauche. Hé oui. A force de vouloir danser le menuet sur l’air de l’Internationale, voilà ce qui arrive.

Pour ma part, si j’avais été Mélenchon, quand Calvi lui a demandé s’il était « la vraie gauche » j’aurais répondu que moi, du moins, je ne payais pas de femme de ménage au noir. Et qu’occuper un des plus hauts postes de l’Etat Français et se laisser aller à de telles médiocrités, ne donnait pas de ce nom « socialiste », censé être de gauche, une très belle image.

Ca n’aurait pas été très chic ?

Je ne sais pas s’il faut être chic avec ces gens-là et les appeler « Jerôme ». Ou dire qu’on a passé un bon moment avec François.

Ce sont des ennemis de la Nation.

Ou on pense que ce sont des ennemis de la Nation et on est de gauche.

Ou on pense que ce sont des amis est on est de droite.

On va cesser de couper les cheveux en quatre.

 

Ce qui est admirable chez Cahuzac c’est sa façon d’avoir toujours raison. Quand il aborde des sujets qui nous passent au-dessus des oreilles, il est difficile de juger mais quand il s’agit de cette fameuse tranche d’impôt de 75%, retoquée par le conseil constitutionnel, là, on sent quand même l’arnaque.

Calvi lui reproche de ne pas avoir été capable de rédiger ce texte correctement. Cahuzac répond en disant que le conseil constitutionnel a un rôle à jouer et qu’il faut le respecter… bla-bla… C’est comme si on reprochait à quelqu’un d’avoir brûlé un feu rouge et qu’il dise qu’il fallait respecter les feux rouges et qu’ils avaient leur rôle à jouer etc…Et ta façon de conduire comme un manche ? On n’en saura jamais rien.

Ce qui est exaspérant aussi chez lui, c’est de répéter en boucle la doxa libérale ce qui, pour quelqu’un de « gauche » est assez consternant. On voit du moins où est sa gauche. A droite.

Ainsi « nous avons 1800 milliards de dette ; (répété plusieurs fois) ; Il faut les rembourser. Il faut être fiable. Sinon on ne nous prêtera plus d’argent. On ne va pas laisser ça à nos enfants. Nous avons 1800 milliards de dette etc… »

Quand Mélenchon lui demande un audit de cette dette, c’est « non » car « si on ne rembourse pas, on ne prêtera plus » etc etc… Ce qui se passe en Islande et en Amérique du Sud, Cahuzac n’a pas l’air au courant. Il ne voyage qu’à Bruxelles.

Autre élément de la divine doxa : La BCE n’en fera jamais qu’à sa tête. Ce n’est pas la peine d’essayer de la changer. On en vient à se demander pourquoi nous avons un gouvernement en France et qui nous coûte très cher puisqu’il ne décide de rien. La banque prête quand elle veut et à qui elle en a envie .

Mélenchon, face à lui, parle du chômage, des exigences folles des actionnaires, de la fausse partié entre le dollar et l’euro, mais tout ceci n’est que roupie de sansonnet pour Technozac. (Pas si technique que ça quand même car à un moment, il parle de francs au lieu d’euros ! Ahahahahah !!! Très classe pour un ministre du budget !!Parlait-il en francs suisses ? Une preuve de plus pour Mediapart !)

Un grand moment est lorsque Calvi lui fait quand même remarquer que cette grande réforme des impôts dont parlait Hollande, on l’attend toujours. Quand viendra-t-elle ? « Elle est là ! », répond Cahuzac.

La prétention beurre ici le ridicule. Bon appétit messieurs les libéraux ! 

Le bouquet étant réservé pour la fin.

Mélenchon, dans un souffle de colère, parle de la lutte des classes et Cahuzac répond qu’il n’y a pas de lutte des classes !!!!!!!

Dans les rues… Des pauvres…En cherchant bien…Non ?

‘Ajoutons quand même que Cahuzac va se payer un petit coup d’éclat « in coda venenum » , une de ces petites phrases que l’on mijote à l’avance. Il jette à Mélenchon : « Vous êtes un homme seul ».

Comme à la fin, il se dirige de mon côté et qu’il explique, hors émission, que Mélenchon est seul parce que le PC le laissera tomber lors des municipales pour rester avec le PS, lorsque je lui fais remarquer que la situation dans les villes et au niveau national est totalement différente, a-t-il vu le clip du PC, et qu’il est trop libéral pour que cela soit supportable pour le PC, il me répond que je suis simple, et je lui dis qu’il est simpliste. Voyons pourquoi. 

 

Certains disent que M Cahuzac a gagné, ce soir, sa place de premier ministre. Dans un Etat langue de bois, bien à droite , n’en doutons pas.

Mais il faudrait compter combien, ce soir, M. Cahuzac a fait perdre de municipalités aux socialistes.

Je veux en tout cas le remercier car cette pauvre ficelle fragile qui faisait encore que le FDG tendait à s’accorder avec le PS a été grâce à lui explosée.

On sait maintenant, on l’a vu à l’œuvre, ce qu’est un socialiste.

Et ceux qui plaidaient pour l’union de la gauche et de la « gauche » peuvent sortir leur mouchoir, c’est fini.

 

Merci M. Cahuzac, car il est bon, merveilleusement bon, certains soirs, que les illusions se dissipent.

http://pluzz.francetv.fr/videos/mots_croises_,75254541.html

 

 http://www.penseelibre.fr/cahuzac-reconnu-coupable-davoir-employe-sans-la-declarer-une-femme-sans-papier

 




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