lundi 10 février - par Michel J. Cuny

Ce cher capital qui fait tout et le reste...

Chez Thomas Piketty, il n’y a pas d’exploitation du travail par le capital. Il n’y a qu’un "partage capital-travail". Il n’y a pas de travail de production, mais il y a un travail de gestion (du patrimoine). Il n’y a pas de productivité du travail, mais il y a une productivité du capital.

En ce qui concerne le "partage capital-travail", la page 317 nous fournit deux graphiques (6.3 et 6.4) qui couvrent la période 1770-2010 pour le Royaume-Uni et 1820-2010 pour la France. Ce partage est exprimé en pourcentages : quand le travail en est à 70 %, le capital est "logiquement" à 30 %... d’un gâteau constitué on ne sait trop comment. Il n’intéresse Thomas Piketty que pour son homogénéité, indiscutable semble-t-il… Il paraît donc issu d’une unanimité que rien ne peut venir interroger.

Au dos de cette page-là, deux autres graphiques nous font connaître, également en ce qui concerne le Royaume-Uni et la France, l’évolution, sur la même période, du taux de rendement moyen du capital et de ce qu’il faut lui enlever pour atteindre son taux de rendement "pur", c’est-à-dire déduction faite du "travail de gestion", d’un travail de gestion qui, en France, aurait représenté 1 % sur les 6 % du rendement moyen (rendement pur : 5 %) en 1920 ; 3 % sur 9,9 % en 1920 (rendement pur : 6,9 %) ; 4,2 % sur 11 % en 1950 (rendement pur : 6,8 %) ; et 1 % sur 4,7 % en 2010 (rendement pur : 3,7 %).

On le voit : le travail de gestion est particulièrement éprouvant…

Mais il y a plus grave encore, nous prévient Thomas Pi-ketty :
« Tout d’abord, les niveaux indiqués sur les graphiques 6.3-6.4 correspondent à des rendements avant toute forme d’imposition. » (Idem, pages 328-329.)

Or ici, c’est manifestement un coup de massue qui attend les malheureux travailleurs de la gestion du patrimoine :
« Tous impôts confondus, le taux moyen d’imposition pesant sur les revenus du capital est actuellement de l’ordre de 30 % dans la plupart des pays riches. » (Idem, page 329.)

Dans ce contexte très déprimant, une question se pose. Et Thomas Piketty n’hésite pas à la poser de façon très abrupte :
« À quoi sert le capital ? » (Idem, page 335.)

À offrir un certain rendement… Mais, alors…
« […] comment est déterminé le taux de rendement du capital en vigueur dans une société donnée ? Quelles sont les principales forces économiques et sociales en jeu, comment peut-on rendre compte des évolutions historiques observées, et surtout que peut-on dire au sujet de l’évolution prévisible du taux de rendement du capital au XXIe siècle ? » (Idem, pages 335-336.)

"Forces économiques et forces sociales"… Allons bon ! Il ne va tout de même pas nous parler de lutte des classes, de grèves, de lock-out, etc… Voyons cela… Thomas Piketty recourt à ce que prescrit la théorie contemporaine dans deux de ses orientations principales :
« D’après les modèles économiques les plus simples, et sous l’hypothèse d’une concurrence "pure et parfaite" sur le marché du capital comme sur le marché du travail, le taux de rendement du capital devrait être exactement égal à la "productivité marginale" du capital (c’est-à-dire la contribution d’une unité de capital supplémentaire au processus de production considéré).  » (Idem, page 336.)

Dans cette version-là, le travail de production passe une nouvelle fois sous la table. Il n’a sans doute aucun rapport avec le taux de rendement du capital, celui-ci ne pouvant être que le fruit immanent de la productivité du capital, qui fait cela toute seule.

Voyons l’autre option "scientifique" :


« Dans des modèles plus complexes et plus réalistes, le taux de rendement du capital dépend également du pouvoir de négociation et des rapports de force entre les uns et les autres, et peut suivant les situations et les secteurs être plus élevé ou plus faible que la productivité marginale du capital (d’autant plus que cette dernière n’est pas toujours mesurable avec précision). » (Idem, page 336.)

Ne nous enflammons pas tout de suite. Il est certes question d’un "pouvoir de négociation et des rapports de force entre les uns et les autres"… Selon cette formulation plus que prudente, il est assez difficile de dire qui est qui. Mais, comme nous le voyons, le seul enjeu véritable ne concerne ni le travail de production, ni la productivité du travail : il n’y a, encore et toujours, que la productivité marginale du seigneur capital.

D’ailleurs, le paragraphe immédiatement subséquent balaie d’un revers de main toute ambiguïté :
« Dans tous les cas, le taux de rendement du capital est notamment déterminé par les deux forces suivantes : d’une part par la technologie (à quoi sert le capital ?), et d’autre part par l’abondance du stock de capital (trop de capital tue le capital). » (Idem, page 336.)

La question sociale, à peine évoquée, a immédiatement disparu.

Ouf, Thomas Piketty aura tout juste failli nous faire peur !

Si le travail de production n’existe pas chez Thomas Piketty, et si le travail de gestion s’y trouve très bien rémunéré, nous avons vu aussi que le capital lui-même y est présenté comme capable d’une production, dont l’efficacité marginale devrait déterminer le taux de rémunération (soit le taux de rendement) qui devrait lui revenir, ou tout au moins y contribuer…

À chacun selon ses mérites…

S’il faut enjamber le rôle du travail de production pour rejoindre la production due au seul capital… détenteur des moyens de production…, il est assez tentant de faire, du contenu technologique de ces moyens de production, un attribut du capital lui-même, un attribut qui "produit" tout seul… de la richesse économique. Ainsi, le capital devient-il un "facteur", un "faiseur", un "travailleur" rien que par la mise en œuvre de "sa" technique. C’est ce que confirme Thomas Piketty :
« La technologie joue naturellement un rôle central. Si le capital ne sert à rien comme facteur de production, alors par définition sa productivité marginale est nulle. » (Idem, page 337.)

Autrement dit : si la fiction d’un capital rendu "productif" par son accaparement de la technologie ne parvient pas à s’installer, le taux de rendement du capital disparaît. Voilà où en est, actuellement, l’idéologie dominante : elle n’ose plus défendre la propriété privée des moyens de production en tant que telle ; elle se rabat sur la seule "technicité"… C’est déjà un signe.

Mais Thomas Piketty ne s’arrête pas en si bon chemin. Voici qu’il nous offre un large panorama du rôle "social" que remplit le capital (qu’il confond une fois de plus, et de façon plus criante que jamais, avec le patrimoine de "tout le monde") :
« Dans toutes les civilisations, le capital remplit deux grandes fonctions économiques : d’une part pour se loger (c’est-à-dire pour produire des "services de logement", dont la valeur est mesurée par la valeur locative des habitations : c’est la valeur du bien-être apporté par le fait de dormir et vivre sous un toit plutôt que dehors), et d’autre part comme facteur de production pour produire d’autres biens et services (dont le processus de production peut nécessiter des terres agricoles, outils, bâtiments, bureaux, machines, équipements, brevets, etc.). » (Idem, page 337.)

Et certainement aucun travail humain…

Or, propriétaire ou locataire de son "habitation", tout individu a effectivement besoin de son patrimoine ou de celui de son "logeur"… De même que toute personne qui doit gagner son pain quotidien par son travail a besoin des outils gracieusement offerts par les détenteurs de patrimoines directement producteurs d’un… taux de rendement en bonne et due forme.

Mais c’est sans doute par le biais de sa "productivité marginale" que le capital devient producteur de "valeur" économique, tandis que, chez Adam Smith, David Ricardo et Karl Marx, seul le travail de production l’était.

Redonnons la parole à Thomas Piketty :
« Concrètement, la productivité marginale du capital est définie par la valeur de la production additionnelle apportée par une unité de capital supplémentaire. » (Idem, pages 337-338.)

Chaque "unité" supplémentaire est donc comme la fourmi de la fable : très travailleuse…

Et Thomas Piketty passe immédiatement aux travaux pratiques :
« Supposons par exemple que dans une société agricole le fait de disposer de l’équivalent de 100 euros de terres supplémentaires (compte tenu des prix en vigueur pour la terre et les outils), permette d’augmenter la production de nourriture de l’équivalent de 5 euros par an (toutes autres choses égales par ailleurs, en particulier en maintenant constante la quantité de travail utilisée). On dit alors que la productivité marginale du capital est de 5 euros pour 100 euros investis, autrement dit de 5 % par an. » (Idem, page 338.)

Comme on le constate ; ça marche tout seul. Le capital fait tout le boulot lui-même… grâce à sa productivité marginale… Ce qui, bien sûr, n’est vrai que dans une société bien organisée…, où les vrais travailleurs-travailleuses ne sont que les détenteurs-détentrices de capitaux à taux de rendement suffisants…

Mais si, de plus, le "pouvoir de négociation et les rapports de force" sont ce qu’ils doivent être au détriment des individus qui auraient réussi à n’avoir pas le "patrimoine-à-taux-de-rendement", alors la loi de l’offre et de la demande pourra triompher à plein :
« Dans des conditions de concurrence pure et parfaite, il s’agit du taux de rendement annuel que le détenteur du capital - propriétaire foncier ou propriétaire des outils - devrait obtenir de la part du travailleur agricole. » (Idem, page 338.)

Comme on le voit, c’est le travailleur (agricole, dans ce cas) qui doit quelque chose…

Or, par-delà la loi de l’offre et de la demande, il y a l’étape ultime du "monopole" ! Et le capital explose même le rapport entre taux de rendement et productivité marginale en toute bonne foi :
« Évidemment, il peut exister des situations où le propriétaire est dans une situation de monopole pour louer sa terre et ses outils au travailleur, ou bien pour lui acheter son travail (on parle alors de "monopsone"), auquel cas le propriétaire peut imposer un taux de rendement supérieur à cette productivité marginale. » (Idem, page 338.)

C’est-à-dire qu’il peut réclamer encore un peu plus au travailleur…

On pressent tout de même qu’ici il risque d’y avoir quelques coups de fusils dans les campagnes…

Michel J. Cuny



26 réactions


  • Julian Dalrimple-sikes Julian Dalrimple-sikes 10 février 09:49

    Si j’ôte de ma vue tout ce qui a nécessité un collectif humain pour exister, je ne parle pas de la planète, des plantes, des animaux, de la galaxie, de l’univers , du Grand tout et de tout ce qui est invisible à l’œil dans l’infiniment petit, bien sur, et bien tout disparaît......

    tout le reste est d’organiser le vol de tout ça par une ultra minorité et par divers moyens..avec la complicité des volés eux mêmes..

    La Boétie :

    "Ce maître n’a pourtant que deux yeux, deux mains, un corps, et rien de plus que n’a le dernier des habitants du nombre infini de nos villes. Ce qu’il a de plus, ce sont les moyens que vous lui fournissez pour vous détruire. D’où tire-t-il tous ces yeux qui vous épient, si ce n’est de vous ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, s’il ne vous les emprunte ? Les pieds dont il foule vos cités ne sont-ils pas les vôtres ? A-t-il pouvoir sur vous, qui ne soit de vous-mêmes ? Comment oserait-il vous assaillir, s’il n’était d’intelligence avec vous ? Quel mal pourrait-il vous faire, si vous n’étiez les receleurs du larron qui vous pille, les complices du meurtrier qui vous tue et les traîtres de vous-mêmes ?

    « 

    l’autre option qui n’en est pas une mais est le seul chemin prévu pour nous est de coopérer sur tout, volontairement et de partager volontairement

    ceci nécessite d’avoir récupéré les 95 % de psyché que nous avons nous mêmes détruite.

    je dis 95% mais ça pourrait frôler l’infini en fait..

    ah ?

    Comment ? la pensée analytique qui se prends pour un »je«  mental a pris le contrôle total de notre psyché-cerveau, en le sachant ou pas importe pas pour le résultat qui s’étale en rouge sang devant nos yeux qui ne voient pas grand chose..car »je« regarde »je« et rien d’autre , le reste est là pour servir »je« ..tout devient chose, objets à utiliser ou pas pour la gloire de »je" 

    le tout saupoudré d’un hubris absolument démesuré, signature de la démence ..qui ne voit pas que Némésis est déjà là..

    nos autres capacités toutes innées sont le lien avec justement ce qui est au delà du temps..entre autre.

    L’argent n’existe pas, celui qui est est le voleur du collectif, qui vole d’abord, sait que c’est mauvais et ensuite se trouve des excuses bisons pour continuer à voler, tuer, détruire enfin etc

    C’est pas beau à vivre et à voir que la fin d’une espèce vouée pourtant à tout autre chose que cette merdasse..


    • La Bête du Gévaudan 10 février 22:37

      @Julian Dalrimple-sikes

      La Boétie n’a apparemment rien compris : la coopération libre et volontaire, c’est précisément le libre-marché et le mécanisme des prix. 

      Je vous conseille de lire Frédéric Bastiat pour comparer... vous vous ferez ensuite votre propre idée.


  • Jason Jason 10 février 10:32

    Bonjour,


    J’admire votre ténacité à vouloir critiquer, à réfuter les théories macro-économiques de cet auteur. J’ai lu ou plutôt survolé le Capital au XXIème siècle et j’ai pensé : et après ?


    Cet auteur ne s’intéresse pas du tout à la sociologie et surtout pas au commerce, vieille pratique remontant à au moins 6000 ans, qui constitue le socle de nos économies et des richesses accaparées par une classe que les économistes appellent pudiquement les acteurs économiques.


    Tant qu’on ne s’intéressera pas à cette pratique ancienne on tournera en rond, comme le fait cet auteur.


    @ Julian Dalrimple-sikes


    « L’argent n’existe pas ». Parlez-en à votre épicier ou à votre banquier, ils seront d’un autre avis !


    • La Bête du Gévaudan 10 février 22:44

      @Jason

      Parlez-en à votre épicier ou à votre banquier, ils seront d’un autre avis !

      ... parlez-en même à votre ouvrier syndiqué, et vous verrez la réponse...

      L’argent est simplement l’intermédiaire qui permet aux échanges de se multiplier et de se complexifier.

      On a essayé de mettre fin à « cette pratique qui remonte à 6000 ans »... ça s’appelle l’URSS... et ça a complètement foiré...

      peut-être que « cette pratique qui remonte à 6000 ans » est un peu moins nuisible et simplette que ne le pensent nos supers analystes socialistes...

      Imaginez simplement que le libre-marché, l’argent, le commerce, l’épargne et le capital soient des outils sociaux humains qui nous aient précisément permis d’échapper à la condition primitive. Car depuis 6000 ans, l’humanité s’est en effet mise à décoller comme jamais auparavant dans son histoire. Ceci expliquant peut-être cela...


  • Eric F Eric F 10 février 10:40

    La confusion du capital investi dans les moyens de production en y incluant le patrimoine privé parait effectivement surprenante. Peut-être est-ce lié à la question de l’investissement locatif versus l’achat du logement, certains voudraient à ce titre faire payer un loyer fictif aux propriétaires de leur logement (c’est du reste déjà le cas avec la taxe foncière).

    Il est naturel qu’un investisseur se pose la question en terme de rendement, mais effectivement c’est autre chose que la productivité, laquelle se rapporte au travail. Ceci étant, l’automatisation galopante conduit à une imbrication, comme l’exemple de la caissière remplacée par une caisse automatique, mais cela implique une réorganisation impliquant le travail humain (surveillance, assistance).


    • Jason Jason 10 février 11:05

      @Eric F

      L’investissement locatif bénéficie de deux avantages. Un revenu brut du capital (auquel il faut retirer la fiscalité et l’entretien) et la plus value de ce même capital en raison de l’augmentation des prix des biens. Notons en passant que le poste loyer est celui qui obère le plus le budget des ménages. Mais, tout le monde s’en fout !


      Cette forme de gestion du capital diffère radicalement de la gestion de la production de biens de consommation. Ce sont deux formes de spéculation et de parasitisme socio-économique, avec les avantages que l’on sait et les drames que l’on voit. On en discute depuis des siècles.


    • Eric F Eric F 10 février 17:58

      @Jason
      Quoiqu’investir dans un logement locatif permet d’offrir un service correspondant à un besoin, alors que placer en bourse où 95% des échanges concernent des actions préexistantes sans apport à l’entreprise n’apporte aucun service à personne.
      En plus, les placements boursiers bénéficient de la flat tax, pas les revenus locatifs. S’il y a crise de la construction dans le locatif, c’est lié aux charges et impôts.
      Le logement social en France représente 20% des la totalité des logements, le problème est la demande dépasse de beaucoup l’offre, et les critères ne sont pas favorables aux travailleurs. Les APL concernent 17% des ménages en moyenne, mais surtout dans les quartiers prioritaires. Là aussi, être un peu au dessus des seuils est pénalisant pour les travailleurs.


    • Jason Jason 10 février 19:05

      @Eric F

      « des actions préexistantes sans apport à l’entreprise « . C’est sur la valorisation boursière que l’entreprise se finance auprès des »zinzins » les investisseurs institutionnels, et des banques.


    • La Bête du Gévaudan 10 février 22:52

      @Eric F

      certains voudraient à ce titre faire payer un loyer fictif aux propriétaires de leur logement (c’est du reste déjà le cas avec la taxe foncière).

      Les délires sont sans fin (payer un loyer sur sa propre propriété est un concept qui a dû émerger de cerveaux malades... on va bientôt payer un taximètre sur sa propre voiture, et le prix au kilo sur son propre potager ?)... Quant à la taxe foncière, comme son nom l’indique, c’est une taxe... on peut être pour où contre, mais ça n’a rien à voir avec un loyer.

      Le loyer est le paiement du service rendu... ni plus ni moins... comme le salaire ou le prix d’une marchandise... on n’achète pas ce qu’on possède déjà.


    • Eric F Eric F 11 février 18:39

      @La Bête du Gévaudan
      D’accord qu’une taxe n’est pas un loyer, mais cela répond à l’argument selon lequel les propriétaires de leur propre logement seraient ’’favorisés’’.


  • SilentArrow 10 février 15:10

    @Michel J. Cuny

    Ne se dirige-t-on pas vers un mode de production 100% automatisée où le travail humain, l’exploitation et la lutte des classes n’entrent plus dans les équations ?

    Autrement dit, les idées de ce Thomas Piketty ne s’appliquent-elles pas aux formes de productions à venir ?


    • Michel J. Cuny Michel J. Cuny 10 février 16:33

      @SilentArrow
      Quoi qu’il arrive, une part déterminante de la production restera le fait des humains en général. Si l’exploitation du travail persiste  comme aujourd’hui  cette production  garante de la valeur économique  sera le fait de classes entières de la population...

      Ceci dit, en allant convaincre Dieu (!), et le temps et l’espace (!), on devrait pouvoir arriver à ce cimetière sur lequel vous anticipez si facilement... et qui pend au nez de chacun de nous, quoi que nous y fassions...


    • SilentArrow 10 février 17:40

      @Michel J. Cuny
       

      Quoi qu’il arrive, une part déterminante de la production restera le fait des humains en général.

      Qu’est-ce qui peut bien vous fait croire cela ? Vous ne seriez pas en train de sous-estimer l’ingéniosité des détenteurs du capital ?

    • Michel J. Cuny Michel J. Cuny 10 février 18:24

      @SilentArrow
      Dès qu’il est question de capital  et c’est bien le terme que vous utilisez -, il y a donc de la valeur économique... et celle-ci ne peut toujours que mesurer un certain temps de travail... Relisez Adam Smith et David Ricardo...


    • La Bête du Gévaudan 10 février 22:58

      @SilentArrow

      Ne se dirige-t-on pas vers un mode de production 100% automatisée où le travail humain, l’exploitation et la lutte des classes n’entrent plus dans les équations ?

      L’idée de « la fin du travail » était déjà en vogue au XIXème siècle... Si l’humanité en venait à n’avoir plus besoin d’aucun service, s’il suffisait d’un simple « fiat » pour tout obtenir, alors ce serait une sorte de millénium et le travail disparaîtrait peut-être... mais on peut rester sceptique sur des prévisions aussi farfelues... l’homme continuera de travailler, d’échanger, de se rendre service, et d’avancer.

    • La Bête du Gévaudan 10 février 23:04

      @Michel J. Cuny

      la « valeur travail » est un concept erroné... et MM Smith et Ricardo se sont trompés à ce sujet... et M. Marx, qui a basé ses théories sur cette même idée qu’il leur a emprunté, également...

      Le concept de valeur-travail a émergé au XVIIIème siècle chez les physiocrates... mais dès cette époque, il a été battu en brèche... au XIXème siècle, l’école de Paris, notamment Bastiat, a démonté cette notion...

      A la fin du XIXème siècle, Walras (si je me souviens bien) a émis le concept de la valeur marginale que semble défendre Picketty... mais l’école autrichienne est revenue à la notion de « valeur subjective » défendue par Bastiat, et avant lui par les Anciens.


    • SilentArrow 11 février 01:57

      @Michel J. Cuny

      La valeur d’un produit, c’est finalement ce que l’acheteur est prêt à débourser pour l’obtenir. Que ce produit soit le résultat d’un travail humain ou d’un travail de robot n’y change rien.


    • Michel J. Cuny Michel J. Cuny 11 février 08:58

      @La Bête du Gévaudan
      Je vous bien vous aider à remettre un peu d’ordre dans tout cela en vous indiquant ce que j’en ai dit autrefois...
      https://unefrancearefaire.com/2018/01/03/de-la-valeur-dechange-au-prix-ou-encore-de-la-verite-au-mensonge/


  • suispersonne 10 février 17:10

    Les entreprises cotées en Bourse vaudraient dorénavant plus de 65 mille milliards de dollars.

    Cette valeur a été multipliée par 45 en cinquante ans.

    Le pib mondial, pendant cette période, a été multiplié par 3,5 ...

    Les échanges quotidiens sur les marchés financiers valent 115 fois la valeur du commerce quotidien mondial de biens et de services.

    Les fortunes s’accumulent dorénavant indépendamment de toute production de biens et services, qui n’est que support à spéculation.

    On peut s’étonner que des zékonomistes se croient capables de déballer leur fausse science pour éviter les besoins de vertu, bienveillance, et protection du bien commun : ils ne font que se prendre, à tort, pour des savants.

    Les « zinvestisseurs » ne font plus qu’acheter des rentes, et font pression pour maximiser les dividendes tout de suite, y compris en dilapidant les patrimoines comme l’ont fait tous les milliardères.

    On a connu des investisseurs préoccupés d’autres choses, même si ce ne fut, parfois, que paternalisme.


    • Eric F Eric F 10 février 18:00

      @suispersonne
      Merci pour ces chiffres, cela montre que la réalité est surréaliste !


    • La Bête du Gévaudan 10 février 23:18

      @suispersonne

      il faut savoir si les chiffres que vous donnez sont exprimés en dollars courants ou constants... les politiques socialo-keynésiennes d’injection monétaire au fil du XXème siècle distordent les chiffres et contribuent à la confusion...

      Mais quant à prétendre que la « hausse du commerce mondial de biens et services depuis 50 ans » ne correspond à rien, c’est totalement faux... peut-être que le bobo marxiste parisien ne voit pas une grande différence, mais il devrait quand même essayer de comparer avec sa vie ou celle de ses parents il y a 50 ans...

      mais surtout, la population mondiale est passée de 3 à 8 milliards d’habitants, et sa prospérité est passée de l’arriération à la modernité la plus avancée. Les grands ensembles humains connus (Inde, Chine, Islam) stagnaient encore dans un stade pré-moderne. Sans parler de certaines peuplades à peine sorties de l’âge de fer.

      C’est sans doute de ce côté qu’il faut chercher l’explication des chiffres que vous ne comprenez pas.


  • La Bête du Gévaudan 10 février 23:52

    je n’ai pas très bien compris ce que M. Picketty essaye de démontrer... enfin, nous serons au moins d’accord vous et moi pour le trouver filandreux. Pour le reste, comme dit plus haut, la valeur-travail est un concept erroné de Smith et Ricardo emprunté par Marx pour fonder en bonne partie sa théorie... Ce concept a été, avant, pendant et après, battu en brèche. 

    Quant à l’intérêt du capital, il n’est que le loyer de l’argent. Quand vous allez au camping l’été, vous restituez au propriétaire l’emplacement plus une somme librement convenue entre vous (loi de l’offre et de la demande). Cette somme comprend l’amortissement et les frais de fonctionnement, plus le service qu’il vous a rendu (et qui constitue l’intérêt dans tous les sens du mot). C’est le principe même du capitalisme. Si ce service vous est rendu sous la forme d’une somme d’argent, le principe reste le même. L’intérêt rémunère le service rendu. 

    D’ailleurs que fait un ouvrier quand il suit une formation : il accumule un capital qu’il valorisera sur le marché du travail. Si on rétribuait pareillement le travail qualifié et le travail non qualifié, personne n’aurait intérêt à se former. Idem pour le capital. Personne n’a intérêt à former du capital si les services qu’il rend ne sont pas reconnus et rétribués. Et alors nous n’aurions pas créé le premier outil lithique.


    • suispersonne 11 février 13:49

      @La Bête du Gévaudan
      Merci pour vos efforts pédagogiques ... de cuistre fort peu savant ...
      ... inconsistants, hors sujet, simplistes, et incohérents.
      Que de maladresses.
      Vous êtes diagnostiqué débile, mais sympathique.
      Continuez.


    • SilentArrow 11 février 16:54

      @suispersonne
       

      Merci pour vos efforts pédagogiques ... de cuistre fort peu savant ...

      ... inconsistants, hors sujet, simplistes, et incohérents.

      Comme d’habitude, vous attaquez la personne, mais semblez incapable de réfuter ses arguments.

    • suispersonne 11 février 18:02

      @SilentArrow
      Entendu.
      Des affirmations gratuites incluant des jugements de valeur ne sont pas des arguments recevables.
      C’est ce que l’on trouve abondamment ici.


    • Eric F Eric F 11 février 18:54

      @La Bête du Gévaudan

      ’’ la valeur-travail est un concept erroné de Smith et Ricardo emprunté par Marx pour fonder en bonne partie sa théorie’’


      Le concept pouvait être pertinent à l’époque, car il n’existait alors absolument aucun travail entièrement automatisé.
      Tel n’est plus le cas aujourd’hui, où parfois l’opérateur humain n’a pour rôle que la surveillance d’une chaine automatisée. Idem pour les services, où il existe par exemple des métros entièrement automatiques, ou des magasins où une caméra scanne les achats et un logiciel débite le compte du client. 

      D’où le fameux dilemme de ’’faire cotiser les robots’’ aux prélèvements sociaux pour les caisses des retraités ou des chômeurs qu’ils remplacent (c’est une expression imagée, cela peut se matérialiser par exemple en asseyant certaines cotisations sur la valeur ajoutée plutôt que la masse salariale)


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