samedi 13 janvier 2018 - par Roland Gérard

Censure pédagogique au lycée

Elle avait fait un travail fantastique l’étudiante avec son binôme et exactement dans les clous de ce qu’on lui demandait et puis d’un coup à moins de trois semaines de l’évènement qu’elle préparait de tout son cœur depuis des mois, le couperet tombe, la principale annule tout. Dans un lycée agricole français, celui de Melle en Deux sèvres une étudiante n’a pas le droit d’aborder la question du véganisme. En France en 2017 des étudiants ne peuvent pas aborder des sujets qui font sens pour eux. Ça questionne d’autant plus quand ce sont des sujets qui font aussi sens pour une frange de plus en plus élargit de la société.

Un projet en vraie grandeur

Elle s’appelle Julie Cosseau, en 2017 elle était en BTS Gestion et Protection de la Nature. Elle est passée au végétarisme en particulier en voyant les célèbres vidéos d’abattoirs de l’association L214. C’est dans le cadre de son PIC (Projet d’Initiative et Communication) que l’affaire à trouvé son décor. Pour leur PIC les élèves sont invités à créer un évènement autour d’un sujet de leur choix. Certains ont fait leur projet sur les deux chevaux, le rap ou la photo, elle, elle l’a fait sur un sujet lié à l’alimentation, ça semble assez cohérent, voir souhaitable à première vue dans un lycée agricole.

La loi du silence s’est imposée

On peut le qualifier de fantastique son travail parce qu’elle a réussie, malgré sa faible expérience vu son âge, à obtenir l’engagement de Guillaume Corpard chanteur très engagé pour la cause animale qui devait faire une conférence. Le film My life is a cage était programmé, elle avait invité aussi Jean-Luc Daub auteur du livre : Ces bêtes qu’on abat – journal d’un enquêteur dans les abattoirs . En plus était prévu un buffet sans viande on s’en doutait ! Tout était réunit pour qu’il y ait un bon débat enrichissant pour tout le monde. Du vrai bon travail, les affiches étaient posées, des frais avaient été engagés et tout s’est arrêté, la loi du silence s’est imposée. Il y a des sujets qu’on n’aborde pas au lycée agricole. Bonne raison pour en parler sur la place publique entre autre ici sur Agoravox. L’enseignement public doit-il être livré à l’influence des lobbys quel qu’ils soient ?

Pourtant un éleveur devait être en tribune

La proviseure a donc convoqué Julie dans son bureau et lui a expliqué que ce n’était pas possible que le lycée accepte son évènement parce que les lobbys qui ne souhaitent pas ce genre de thème et que tout allait dans le même sens du sans viande dans cette soirée et que personne n’était prévu parmi les invités pour apporter la contradiction. Alors elle a invité un éleveur qui était d’accord pour venir. Mais rien à faire l’évènement à été interdit. La vraie raison était ailleurs.

Une émission de France culture

Cette histoire m’est est venue aux oreilles par le truchement de l’excellente émission de France Culture Les pieds sur terre  de Sonia Kronlund. Tous les protagonistes de cette affaire y ont la parole, dommage que la directrice du lycée n’ait pas accepté l’entretien que la journaliste Inès Leraud lui proposait. En écoutant cette émission on comprend pourquoi ça c’est passé ainsi. Alors que les français de plus en plus nombreux, exerçants leur sens des responsabilités, commencent à manger de plus en plus bio et à devenir de plus en plus végétariens soit en solidarité avec les animaux, soit en réaction contre le réchauffement climatique, soit pour leur santé, dans tous les cas c’est pour de bonnes raisons, voilà que l’enseignement public se met en travers d’une avancée pourtant urgente, nécessaire et qui aura lieu de toutes façons .

Professeurs et élèves avec elle

Le rôle que les profs du lycée ont joué dans cette histoire mérite qu’on s’y arrête. Son prof du PIC en particulier l’a soutenu jusqu’au bout et la meilleure dans cette histoire c’est que, même si l’évènement ne s’est pas déroulé, c’est son projet qui à obtenu la meilleure note de toute la classe. Pas surprenant vu la pertinence du projet en plus ce n’est que justice. Quant aux élèves, même ceux de production animale disaient : « C’est n’importe quoi de censurer un projet comme ça ».

Maintenant elle est végane

Quand elle a apprit qu’elle ne pourrait pas réaliser son projet Julie est passée du dégout à la tristesse puis à la colère. Elle trouve révoltant cette atteinte à la liberté d’expression. Mais elle dit : « Quand on m’interdit de faire quelque chose ça me donne encore plus envie de me battre  » on la comprend, d’ailleurs elle est passée de végétarienne à végane suite à ces évènements. Elle ne comprend toujours pas l’attitude de la proviseure qui d’après elle s’est « autocensurée  ». Elle me dit n’avoir connu aucune expérience d’éducation à l’environnement dans toute sa scolarité sauf : « peut-être un peu d’écologie en préparant le bac S ». Quand je lui parle de classe verte et de sorties scolaires avec des animateurs nature « J’aurais trop aimé vivre ça » dit-elle enthousiaste. Elle dit « il faudrait faire des ateliers dés le primaire, du coup les enfants en parle avec leurs parents, ça se transmet »

Toujours dans l’action pour les animaux

Aujourd’hui Julie à 20 ans, elle va bien, très bien même, elle a le ton de celles qui savent ce qu’elles veulent. Elle a entrepris des études de biologie à la fac de Poitiers et se dirige vers l’éthologie. Elle sait que c’est plutôt bouché de ce coté pour l’emploi mais elle s’en fiche, elle y va. Ce qui l’intéresse c’est la conservation des espèces. Elle va continuer de se battre pour la cause animale. Pour preuve de son engagement, s’il en fallait, elle a passé ses vacances de Noël à travailler dans le centre de soin pour la faune sauvage de l’école vétérinaire d’Oniris de Nantes. Les buses, les hérissons et bien d’autres ont profité de son attention.

On les veut comment les jeunes ?

Julie pense que la solution à la crise écologique est « très politique ». Elle dit que « les organisations agricoles ont trop de pouvoir sur les classes, avec eux on ne peut rien faire. » Le système éducatif français, cela est de plus en plus flagrant est en train de retarder une évolution plus que souhaitable de la société. Nous devons nous poser la question : On les veut comment les jeunes ? Pour ma part j’aime en rencontrer des comme Julie et je préfèrerais qu’on les écoute, qu’on les laisse s’exprimer plus tôt que se mettre en travers de leurs désirs, meilleur moyen pour qu’ils se sentent exclus, se radicalisent et perdent confiance dans les institutions. 

à suivre

RG

Expert indépendant en éducation à l’environnement

 



22 réactions


  • amiaplacidus amiaplacidus 13 janvier 2018 10:39

    L’avocat est le fruit chéri des végétariens, végétaliens et autres végans.

    Mais, pour produire un kilo d’avocat, il faut plus d’eau que pour produire 1 kg de viande de bovidés. Sans oublier la destruction des dernières forêts primaires, de la transformation des petits agriculteurs s’adonnant à une production vivrière, et ne parlons pas, au Mexique, de la mafia qui racket les petits paysans.
    http://clubsandwich.konbini.com/trends/lavocat-lor-vert-tue-detruit-lenvironnement-amerique-latine/

    http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/478733/mexique-la-culture-de-l-avocat-fait-des-ravages
    Etc

    Dans nos pays, pas plus brillant, utilisation de pesticides, etc.
    Sans compter la chimie des compléments alimentaires, les mélanges douteux que l’industrie fait pour produire du « fromage » ou des « hamburger » végétaux, etc.
    Plus soumis que le vég... de nos pays à l’industrie chimique, difficile de faire.

    Je serai vég... , j’aurais honte.


  • gaijin gaijin 13 janvier 2018 12:43

    « on les veux comment les jeunes »
    dociles !
    il faut arrêter de faire semblant de croire que l’école est là pour apprendre a penser , s’éduquer ou quoi que soit .....
    au début du 20ème siècle l’école se met en place pour former de « bons citoyens » cad des soldats et des ventres a soldats , au milieu il faut former avant tout des techniciens et des ouvriers et a la fin des con-somateurs .....
    voilà la réalité des faits
    merci d’en informer la jeune fille ça lui évitera de passer sa vie a se prendre des portes dans la G.....


    • gaijin gaijin 14 janvier 2018 07:43

      @Ratatouille
      « c’est aussi prendre les jeunes pour un sac de nouille »
      ben oui mais a part une minorité c’est la vérité y a qu’à regarder les « adultes » : ce sont d’anciens jeunes ...............


  • Ciriaco Ciriaco 13 janvier 2018 13:04

    Merci d’avoir relayé cette information !


  • Sparker Sparker 13 janvier 2018 13:43

    Les animaux ne sont pas une ressource naturelle.


    • Alren Alren 13 janvier 2018 14:16

      @Sparker

      "Les animaux ne sont pas une ressource naturelle."

      Malheureusement si Sparker !

      Les homos sapiens sont restés chasseurs-cueilleurs 99% du temps qu’ils sont sur Terre. Et la cueillette n’a jamais représenté qu’une fraction infime du bol alimentaire.

      On peut même augurer que le cerveau des pré-humains a commencé à croître quand ils ont eu accès à des protéines animales de vertébrés et surtout d’invertébrés.

      On peut aujourd’hui constater que les singes restés strictement végétariens ont le cerveau moins développé que ceux qui consomment de la viande ou des invertébrés, tels les chimpanzés qui chassent dans les arbres les petits singes et les dévorent.

      Mais la question n’est pas là ! Une jeune fille dans le cadre de ses études réussit à réaliser un énorme projet et est censurée par une fonctionnaire sous la pression de lobbies privés  !

      C’est un scandale qui donne de l’administration française une image catastrophique ainsi que du pouvoir politique qui appuie dans l’ombre une telle censure !


  • alinea alinea 13 janvier 2018 14:03

    Étonnée du nombre de gens dociles, soumis et aveugles aux problèmes de notre temps, qui « ne veulent plus payer » pour les éclairés et qui applaudissent à la censure !
    Il y a quelques lycées agricoles qui enseignent le bio ! dans l’Ain notamment !
    On est mal barrés les amis.


  • Alter 13 janvier 2018 16:27

    Le véganisme est une idéologie sans fondement. Ils ont trouvé ce qu’on appelle la « martyre » pour mettre en avant une personne de manière très médiatique.
    L’article use des tromperies habituelles dans le sens où il fait appel à :

    - L’émotion
    - la soit-disant jeunesse en danger qui ne peut plus penser par elle-même.
    - Et la question se pose sur la base de l’émotion non de ce qui est objectif et rationnel.

    Pour ma part dans un soucis de transparence, l’auteur aurait pu par exemple publié son travail. (avec l’autorisation de cette jeune fille bien entendu). Cette publication aurait pu nous amener à nous poser des questions et peut-être permis nous-même de contredire ce que cette jeune avait à dire.
    D’ailleurs a-t-elle elle-même remit son travail en question ? La question est « non » et cela je le déduis de sa réaction qui est purement émotionnelle. Et oui... la réaction émotionnelle plutôt qu’objective.

    Allons droit au but pour tout les végans fanatiques qui vont me lire. Ils se plaigent des lobbies industrielles qui font promotion de la viande mais pourquoi ne se battent-ils pas pour préserver nos semences naturelles ? Il me semble qu’avec Mosento et compagnie il y a beaucoup à dire non ?

    Oui il y a des animaux d’élevages maltraité mais cela n’est pas du au fait que les gens veulent manger de la viande mais de la loi du profit. D’ailleurs à ce propos même la viande que nous mangeons est de moins en moins de bonne qualité. Un éleveur sait que plus il prend soin de sa bête, plus sa bête produit de la viande de qualité (il faut voir avant l’abattoir les tonnes de vaccins et la nourriture qu’on leur donne à manger)

    Puis allons dans le fonds des choses. Cette jeune fille ne veut plus de fourrure : Pourquoi donc ?
    Si le travail est bien fait, le cuir, la fourrure ça dure dans le temps et nous ne sommes pas obligés non plus d’acheter un vêtement tout les 10. C’est vrai que le textile industriel c’est plus écolo...
    Là encore, personne ne se pose les bonnes questions... etc.... etc... et encore etc....

    Ah oui dernière chose : je ne savais pas qu’en France on se nourrissait de viande de rapace...
    La destruction des habitats naturels de ces espèces ça n’a rien à voir avec le véganisme...
    Enfin voilà... l’auteur de cet article aurait dû aussi choisir correctement les photographies.

    Je rejoins ce qui a été dit plus haut, mais avec une précision et je vais reprendre Bossuet :

    « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. »
     
    Le problème c’est que c’est ici la cause qui est tourné en « combat » et de manière extrêmement détourné et dangereuse. Cet article dans ce sens est extrêmement pervers.


  • Eric F Eric F 13 janvier 2018 19:04

    Le problème n’a-t-il pas été que l’engagement de l’élève a été perçu comme surtout « militant » (notamment si c’est elle qui figure sur les photos) ?
    Ceci étant, selon moi il est regrettable que l’évènement ait été annulé, non pas « parce qu’elle a raison » (ce qui est une prise de position partisane de l’auteur l’article) mais parce que cela participe au pluralisme des idées, et que cela correspond à un courant de pensée qui prend de l’ampleur dans la société, et qui plus est en rapport direct avec le thème de l’agriculture. 


  • Goh shangO 13 janvier 2018 19:54

    Oh les méchants végétariens.. Se préoccuper du vivant et avoir conscience de la souffrance animale. Quelle honte, vraiment quelle bande de connards ces végétariens ! Vous êtes dans le déni total. ps : je ne suis pas un végan extrême, juste une personne censée..


    • Mmarvinbear Mmarvinbear 13 janvier 2018 20:07

      @Goh shangO

      Se préoccuper du vivant, c’est comprendre la bio-diversité dans tout son ensemble avant tout, ce n’est pas de regarder une grenouille avec les yeux de Perrault.

      Le vivant se base sur une chaine alimentaire simple : il y a les végétaux, qui se font manger par les herbivores, qui sont mangés par les carnivores et ensuite ces derniers meurent et nourrissent les végétaux de la génération suivante. En gros.

      Pour que la nature soit équilibrée, il ne faut pas qu’un des élément manque ou soit trop présent. Dans les parcs naturels ou les herbivores ont été trop présents car n’ayant plus de carnivores pour les manger, les écosystèmes ont été dévastés par manque de végétaux qui ne pouvaient plus nourrir toutes les population herbivores.

      A Yellowstone, la simple réintroduction des loups a par effet de cascade fait reverdir de larges sections du parc en le débarrassant des élans, lapins et autres herbivores qui pullulaient hors de contrôle.

      Et croyez-moi, un loup qui saisit un orignal à la gorge pour l’étouffer se soucie bien moins de la souffrance animale que le boucher qui électrocute une vache en une seconde.

    • Goh shangO 14 janvier 2018 18:26

      @Mmarvinbear Je ne remet pas en question le principe de la chaine alimentaire. Seulement, à la différence des autres animaux, nous avons une conscience bien supérieure et nous avons le choix. Le choix de manger des cadavres ou non. Les carnivores dans la nature n’ont pas le choix. Elle est là la nuance...


    • Mmarvinbear Mmarvinbear 15 janvier 2018 00:21

      @Goh shangO

      Mais les végétariens aussi mangent des cadavres. Les plantes qui sont dans vos frigos sont mortes, vous savez...

      Le fait que contrairement aux animaux, les plantes ne bougent pas et ne réagissent pas, ne change rien à ce fait.

    • mikawasa mikawasa 15 janvier 2018 15:22

      @Mmarvinbear
      juste pour information dans la nature l’équilibre ne veut rien dire, soit on par d’équilibre des dynamiques des populations soit on ne parle pas d’équilibre


  • WashingtonBrother 13 janvier 2018 20:04

    Moi je fume vegan, je vis très bien. Par contre des fois je rigole tout seul.... smiley C est normal docteur ?


  • pipiou 13 janvier 2018 20:32

    Mon chien est opposé au véganisme, il fait de la désobéissance civile quand je lui sers de la purée de courge et de rutabaga, c’est grave docteur ?


    • Jicé1960 15 janvier 2018 08:37

      @pipiou
      Tel chien tel maître, malheureusement la connerie se transmets.
       A quand les capotes à mettre sur le gueule des maîtres ???


  • Étirév 15 janvier 2018 05:33
    Bonjour,
    Il est des gens naïfs qui croient encore que nous vivons dans une société démocratique et égalitaire.
    Ils semblent ignorer que le monde est, depuis longtemps, régi par le mensonge, l’hypocrisie et la corruption, et que le désordre de la société actuelle en est la conséquence.
    La conquête du pouvoir par les hommes s’est rarement effectuée sans une main mise sur la direction de l’instruction publique et « l’enseignement » que l’on voulait bien donné aux jeunes générations. 
    Il est curieux d’étudier comment cet ordre de choses a commencé, quels ont été les mobiles des premières erreurs voulues, et quels hommes, les premiers, ont eu l’audace de les écrire.
    Cordialement.

  • Blé 15 janvier 2018 06:17

    Je constate que plus la classe bien pensante s’occupe de la souffrance animal, sujet tout à fait légitime, moins on s’occupe de la souffrance des travailleurs au travail. Combien de morts chaque année sur les lieux de travail et des suites d’accidents de travail ?

    Avec l’économie de marché que nous connaissons et que nous subissons, la souffrance des êtres vivants (animaux et êtres humains) semble inévitable. Les gens qui gouvernent ne vivent pas dans même monde que ceux et celles qui sont gouverné-e-s.

    Que les intérêts supérieurs des rentiers soient mieux défendus que la santé des populations cela ne fait aucun doute, la prolongation de l’utilisation du glyphosate qui tuent les insectes qui permettent la pollinisation, ne fait plus aucun doute, les intérêts des lobbies passeront toujours avant la santé publique.


  • Ruut Ruut 15 janvier 2018 15:34

    étudiais elle dans la filiale viande du lycée agricole ?
    J’avoue ne pas trop comprendre cette histoire sinon une reprise pour le lobby végan.


  • Ruut Ruut 15 janvier 2018 15:35

    Les compléments vitaminiques obligatoire pour les végans ils sont d’origine animale ?
    Si oui, le véganisme est juste hypocrite.


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