Centenaire du génocide arménien et « procès fond de tiroir »
A l'heure où le comptable d'Auschwitz, Oskar Gröning, âgé de 93 ans, est jugé en Allemagne par le tribunal de Lunebourg pour « complicité de meurtres aggravés » - l'accusation reprochant à ce comptable d'avoir trié les devises des déportés pour les envoyer à Berlin et d'avoir assisté à la sélection séparant les déportés jugés aptes au travail et ceux immédiatement tués…
A l'heure où Serge Klarsfeld manifeste son mécontentement à propos de ce procès « fond de tiroir » : "On étend la notion de culpabilité à un point qui ne me plaît pas ». En effet, les balayeurs du camp d'Auschwitz, même centenaire, devront-ils aussi comparaitre un jour ?
Et alors que les procès liés à la Seconde guerre mondiale s’essoufflent et se raréfient car, arrive aussi un temps où… « … franchement, ça va bien comme ça ! »
Le génocide arménien, lui, en revanche, peine à exister dans les médias, dans les disciplines artistiques, septième art inclus, dans nos universités, dans les centaines d’ouvrages d’histoire moderne et contemporaine publiés chaque année dans le monde : normal, puisqu'il n'y a que 24h dans une journée, 24h pour tout le monde ! Aussi, le temps passer à parler de Pierre, c'est du temps en moins (et pour peu qu'il en reste) pour Paul ; quant à Jacques... (1)
Décidément, ce génocide au million et demi de victimes ne fait toujours pas l'unanimité ; on compte seulement une dizaine de pays "importants" qui ont reconnu ce génocide : la France, l'Allemagne et le Vatican auront attendu un siècle... les autres nations, Israël incluse (2), tardent encore pour ne pas déplaire à la Turquie, pays membre de l'Otan, pays influent situé à la porte d'une région à feu et à sang... puissance ambidextre enfin qui écrit sa propre histoire passée et à venir tantôt d’une main, tantôt de l’autre, un coup ici, un coup là…
Allez donc vous y retrouver !
Personne d'ailleurs. Comme un fait exprès.
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Pour info : à l'heure du centenaire de ce génocide, seuls quatre chefs d'Etat sont présents à Erevan. Rien de surprenant à cela : pas d'existence dans les médias, pas de déplacement car à quoi bon être présent sans être vu, être présent à fonds perdu pour ainsi dire ?
Alors vraiment, comment ne pas envier cette Turquie capable de forcer la quasi totalité des dirigeants des pays qui composent l'ONU à rester chez eux, leur cul à tous posé dans leur fauteuil de chef d'Etat !
1 - Un exemple, un seul : sur France Culture, le "génocide juif" c’est toutes les deux heures, sept jours par semaine, 365 jours par an et la nuit aussi : redif oblige ! Et même dans les émissions culinaires ! Oui ! Sans rire.
Un véritable tour de force cette mobilisation-injonction de chaque instant !
2 - Le symbole est fort.
Ce refus est-il le reflet d'une volonté de neutraliser toute concurrence victimaire ?
Mais alors, qui jugera ce pays pour abus de position dominante ?
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Bip bip et coyote : "Le mythe de Sisyphe", version Warner Bros
ou quand le méchant n'est peut-être pas celui que l'on croit.