mardi 18 décembre 2018 - par Michel J. Cuny

Ces rapaces du G5 Sahel qui retrouvent leurs gros appétits coloniaux du dix-neuvième siècle

Les opérations militaires et de sécurité menées, par la France et ses alliés occidentaux, dans le cadre du G5 Sahel doivent s’étendre un peu partout dans l’espace géographique, et peut-être même jusque dans le détail des diverses consciences politiques des ethnies locales dont on sait qu’elles ont toujours été un enjeu des guerres coloniales : qu’il s’agisse de les diviser ou de ne les réunir que pour mieux les rendre traîtresses ensuite les unes par rapport aux autres, ce qui est toujours un excellent moyen d’aviver les querelles jusque par-delà la mort des individus pour les transférer justement à leur descendance tribale…

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C’est à ce cadre général si bien dessiné par les multiples décennies de colonisation qui ont couru entre la fin du XIXème siècle et les divers mouvements et guerres d’indépendance qui s’étaient développés au milieu du XXème, qu’il faut appliquer ce que nous dit Jean-Jacques Michel, rapporteur de la délégation envoyée au Mali et au Niger en octobre 2018 par la Commission de la Défense de l’Assemblée nationale française :
« Il faut contenir les menaces terroristes. Dès qu’elles se reconstituent en noyau, il faut savoir les réduire, en tout cas les neutraliser. »

Il doit donc y avoir une chasse aux… noyaux, d’un bout à l’autre du Sahel…

Certes, le socialisme des années 1960 est désormais très loin… Ainsi, les Occidentaux ont-ils pu revenir dare-dare, et tout spécialement après l’implosion de l’URSS. Mais il existe désormais un autre système de fédération qui ne peut que déplaire, lui aussi, aux Occidentaux. Il s’agit de ces…


« groupes armés transnationaux qui pourraient se fédérer sous une bannière islamique, sachant qu’un certain nombre d’ethnies sont à cheval sur plusieurs pays, ce qui engendre la difficulté sur cette grande zone du G5 Sahel. »

A l’inverse, s’en prendre à un adversaire qui n’est pas véritablement réuni, ce n’est pas non plus une sinécure. Qui donc reconnaîtra les siens ? C’est-à-dire : ses véritables adversaires. D’où ce constat :
« Un dernier point de vigilance est le risque d’épuisement lié aux fronts multiples qui est lié aux différents pays et ethnies qui sont à cheval sur différents pays. »

Mais si l’adversaire africain est divisé – et donc relativement faible -, cette division n’a aucune raison de s’arrêter aux Africains et aux Africaines rebelles à la mainmise occidentale sur les richesses du sous-sol sahélien et sur le système de transit qui pourrait s’y développer dans le sens des intérêts de l’Afrique elle-même, et ceci, dans son ensemble. Les armées ralliées aux colonisateurs sont, elles aussi, traversées par l’Histoire… Elles ne peuvent être que divisées – sinon, elles constitueraient par elles-mêmes un danger considérable pour leurs « bienfaiteurs » occidentaux – et, surtout, il est impératif de limiter leur efficacité au minimum nécessaire, et pour les mêmes raisons de sécurité occidentale. En conséquence de quoi, s’inquiète l’homme de Paris, qui sait fort bien à quel point ce terrain-là est glissant :
« Et enfin, les armées locales sont sous-équipées à ce jour, et ça leur demande un effort important, et n’ont pas la culture en matière de maintien en condition opérationnelle, et là nous pensons que nous avons un rôle à jouer aussi par une meilleure qualification pour l’entretien de leurs moyens de façon à pouvoir remplir leur mission de façon plus performante. »

Quand au canard boiteux qu’ils ont mis au milieu de la couvée, les Occidentaux en connaissent parfaitement les terribles infirmités tout en faisant mine de s’apitoyer sur…


« la faiblesse structurelle des armées du G5 Sahel, particulièrement celle du Mali – comme disent nos diplomates : le Mali qui est l’homme malade de la région.  »

Dans ce contexte extrêmement difficile – mais dont il ne faudrait pas perdre de vue qu’au fond il est extrêmement prometteur -, un petit miracle est en train de se réaliser…
« Les renforts estoniens, allemands, britanniques répondent à de vrais besoins. Et la mise en place de la force G5 Sahel a permis d’attirer les financements internationaux qui sont un gage de la prise de conscience mondiale de ce qui se passe au Sahel. »  

On se doute bien que la venue de l’Allemagne ne fera pas toujours plaisir à tout le monde. Mais, sans elle, il risquerait de ne bientôt plus y avoir personne, en Afrique, de la vieille Europe impérialiste…

NB. A propos des motivations profondes de la politique française en Afrique, se référer à ce que j'ai écrit ici.



1 réactions


  • soi même 18 décembre 2018 23:31

    Il est évident comme la France n’a pas encore soldé son passée coloniale de les voir à nouveaux à la charge.


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