« Chez nous », le navet anti-FN qui reflète le triste état du cinéma français
En ce début d'année 2017, rien de tel qu'une sortie au cinéma pour oublier la grisaille et les soucis du quotidien. Comme d'habitude, il ne faut pas compter sur le cinéma français : films nombrilistes, comédies idiotes, scénarios sans intérêts, il est difficile de citer un bon film policier, d'action ou d'aventure produit ces dernières années... "chez nous". Sinistrose franchouillarde ? A vot' bon coeur amis internautes, à vous de me contredire...
Car notre cinéma haxagonal subit un bien étrange cahier des charges issu du politiquement correct ambiant. Un film de société se doit d'être de "gauche" (tendance inrockuptibles, pour le cinéma prolo il faut remonter à Jean Gabin...), "pédagogique" (pour ré-éduquer ces andouilles de franchouillards), ouvert à la diversité etc.
Pas de place pour la réflexion et la mise en perspective des questions de société. On notera que nos perles récentes, d'intouchables à welcome, n'avaient pas la prétention de distraire, mais de faire passer ce fameux message républicain si précieux aux yeux de nos producteurs. Loin de l'audace des Yves Boisset, Jean Yanne ou du réalisme britannique d'un Ken Loach, il s'agit aujourd'hui de contourner les vrais problèmes de civilisation et de cautionner le système politico-médiatique ambiant. Une logique digne du cinéma soviétique d'après-guerre.
Ainsi, un film "coup de poing" (dans la marmelade) doit sortir prochainement dans les salles. Il ne s'agit pas, bien entendu, d'aborder sous l'angle de la fiction les attentats terroristes, le chômage de masse, la précarisation des jeunes ou encore la corruption de nos élites. Des sujets pourtant abordés dans les productions anglo-saxonnes. Pas question, vous l'aurez compris, d'un film vantant le patriotisme, le collectif et le don de soi. Non...
"Chez nous" est un opus engagé contre... le "fascisme" (!) à la française. Ne riez pas ! Un obscur réalisateur belge a filmé Catherine Jacob, actrice peu connue pour d'éventuels engagements politiques, singeant Marine Le Pen. On imagine les thèmes abordés par notre militant : "racisme", "haine", "violence"... tout le baragouin des sectes humanistes doit déferler durant une heure trente. Le tout doit sortir un mois avant l'élection présidentielle (!). Bonjour la répartie...
Certes, la montée du populisme peut donner de l'eczéma à certains, en particulier dans les beaux quartiers. On aurait toutefois préféré, plus courageusement, une fiction expliquant les raisons de cette colère populaire, et pourquoi l'extrême-droite a grimpé de 1 à 30% en quarante ans. A quand un film sur le scandale du sang contaminé ? Sur le référendum de 2005 jeté aux oubliettes ou encore sur les conséquences pour les calaisiens des exactions migratoires ? A priori, vous attendrez longtemps pour voir ces thèmes développés dans le septième art français où la gauche bobo règne seule en maitresse absolue.
Quant à notre ami cinéaste belge, moins talentueux qu'un Jan Bucquoy (qui avait, lui, le mérite d'être drôle et joyeusement anar), en quoi la vie politique française le concerne-t-il ? Catherine Jacob est par ailleurs aussi convaincante en Marine Le Pen que le serait Kad Merah dans la peau du général de Gaulle. On voit mal en quoi son nanar ferait changer d'avis l'électorat français, qui ne paiera pas une entrée en salle pour assister aux fantasmes d'un Manneken bruxellois payé pour lui uriner dessus. Ce film servira, à la rigueur, à égayer les premières parties des meetings de Manuel Valls ; pour le reste...
Triste et conformiste pays que le notre. Heureusement que la science-fiction ricaine est là pour nous rappeler le rôle de loisir du cinéma, détourné à des fins de propagande par les dictatures de droite comme de gauche. Pour réfléchir, s'informer et débattre, il y a heureusement le web. Il ne faut plus compter sur nos "élites culturelles" pour organiser les débats...
Pour conclure, attardons-nous un instant sur ces quelques films intelligents aujourd'hui décriés par la police de la pensée, tel l'excellent Pierre et Djemila de Gérard Blain, qui décrivait la sottise du communautarisme dans toute sa réalité. Il est aussi rare à la télévision de nos jours que les productions en noir et blanc de la période du front populaire, qui exaltaient le patriotisme ouvrier et un début de mise en garde face à l'arme secrète du patronat, l'immigration pour le dumping social (la vie est à nous). En outre, pensons à ces fictions censurées purement et simplement ces derniers temps, tel le sulfureux Made in France de Nicolas Boukrief sur le jihadisme... L'intelligence et la réflexion semblent bel et bien les ennemis du système libéral, et de notre oligarchie politico-culturelle.
Ci-joint, l'opus de Gérard Blain datant de 1987, mis en ligne sur youtube. Un rappel sur l'intolérance et les conséquences du communautarisme, ainsi qu'un début de mise en garde face au racisme islamiste. Un an après la mort de Coluche, qui clamait que si des "blancs" n'aiment pas les "noirs", ces derniers ne sont pas plus tolérants : la misère culturelle concerne tout le monde...