Cinq semaines en ballon ou le délicat délestage de l’aérostat gouvernemental
Car il faut savoir que l'équilibre d'un ballon dans l'atmosphère est d'une extrême sensibilité. La perte d'un poids presque insignifiant suffit pour produire un déplacement très appréciable.
Jules Verne, Cinq semaines en ballon, J. Hetzel & Cie, 1863
Par ces temps de canicule voici qu’un autre ministre se sentirait mal, dit-on. La cause en serait elle imputable à la chaleur ou aux « affaires » qui remontent comme des bulles méphitiques à la surface du marécage politique ? Un "drain the swamp" mené par le tandem Macron-Philippe serait-il en cours, volontaire ou issu de la contrainte d'événements imprévus ? La nouvelle formation gouvernementale est à l'oeuvre. Et en attendant ?
Le « retrait » de Mme Pénicaud serait-il en cours, même si « ce n’est pas une option », comme vient de le déclarer le porte-parole du Gouvernement M. Castaner ? L’affirmation était identique à propos de F. Bayrou et l’option a cependant été levée, comme on l’a vu, avec les retraits de M. R. Ferrand et de Mme S. Goulard, à l'origine d'une réaction en chaîne dans le délestage du ballon gouvernemental qui doit désormais impérativement reprendre de l'altitude et stabiliser sa trajectoire. Identifiera-t-on un jour ces "mystérieuses forces" qu'évoque F. Bayrou, qui sont à l’œuvre, veulent torpiller sa loi, ne veulent pas d’une moralisation de la vie politique et le visent directement, lui, ainsi qu'Emmanuel Macron, le contraignant en ce qui le concerne à ne plus vouloir faire partie du prochain gouvernement ? Qui donc à part l'intéressé peut sérieusement donner crédit à pareil conte de fée ?
http://www.lecentrisme.com/2017/06/actualites-du-centre-francois-bayrou.html
De Végas...
Laissant à la place qu'elles méritent les explications filandreuses de M. Bayrou, celles que Mme Penicaud sera sans doute conduite à fournir sont dès à présent beaucoup plus intéressantes. Contrairement à l'adage sulfureux bien connu qui veut qu'à Sin City « ce qui se passe à Végas reste à Végas », l'information (judiciaire) est djà en marche, elle aussi, et l'on aimerait beaucoup, dans le cadre d'une bonne justice, que certaines pages restées blanches comme dans l'amusante vidéo qui suit puissent être rendues plus...lisibles aux yeux des Français.
http://publigeekaire.com/2010/02/ce-qui-se-passe-a-vegas-reste-a-vegas-paradis-heaven/
Il est vrai que quelques perquisitions viennent en effet d’être menées ce mercredi matin aux sièges du groupe publicitaire Havas et de l’agence nationale Business France dans le cadre de l’enquête sur l’organisation d’un déplacement effectué au mois de janvier 2016 à Las Vegas de M. Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie (source AFP).
Le futur président de la République avait alors rencontré des patrons français à l’occasion du Consumer Electronics Show, cette opération, souvenez-vous, « montée dans l’urgence, à la demande expresse du cabinet du ministre, [...] confiée au géant Havas par Business France sans qu’aucun appel d’offres ait été lancé », avait alors indiqué le Canard enchaîné en mars 2017, d’où des soupçons de favoritisme au regard de cette soirée qui avait coûté 380 000 €.
Une enquête préliminaire pour favoritisme, complicité et recel de favoritisme avait été ouverte à la mi-mars par le parquet de Paris pour y voir plus clair dans les agissements de Business France qui était à l’époque des faits dirigée par Mme Muriel Pénicaud, devenue depuis ministre du Travail.
...à Bercy.
Le ménage est donc en cours et avec lui le délestage gouvernemental, en attendant plus, peut-être ?
Et si l’on s’intéressait aussi par exemple à toutes ces petites histoires opportunément planquées sous le tapis, comme celle des 120 000 € de « frais de bouche » financés par Bercy, et dont on entend plus parler ?
Il est amusant de voir que les allégations reposant sur l’enquête de deux journalistes (enquête publiée dans un livre), qualifiées de diffamatoires par M. Macron lui-même, n’aient pas fait l’objet, précisément, d’une action judiciaire en diffamation qui eût alors permis à l’intéressé de faire la lumière sur la fausseté et le caractère prétendument diffamatoire à son encontre de ces mêmes allégations.
Dans leur livre intitulé Dans l’enfer de Bercy (JC Lattès), paru le 25 janvier 2017, les journalistes Marion L’Hour et Frédéric Says affirmaient en effet que le ministre de l’économie avait « utilisé à lui seul 80 % de l’enveloppe annuelle des frais de représentation accordée à son ministère » (soit au moins 120 000 € des 150 000 € disponibles dans l'enveloppe ministérielle) avant sa démission du gouvernement intervenue le 30 août 2016.
Allons, M. le Président, encore un effort pour parachever le nettoyage avant de passer aux choses sérieuses, ne croyez-vous pas ?
Drain the swamp and make France great again !