Confinement : un mois, ça passe ; six semaines, ça lasse ; deux mois, ça casse
1. Origine
Après avoir trop mollement essayé de bloquer la propagation du virus, et acculé par l'emballement prévisible de l'épidémie, les autorités ont décidé de mettre en place un confinement général, suivant en cela l'exemple de l'Italie.
Cette décision a été prise sous la pression du corps médical, relayée par les média, de l'OMS, d'hommes politiques italiens, etc. Comme on le voit par l'évolution entre le discours du 12 et celui du 16 Mars, Macron était initialement parti sur un confinement sélectif pour les plus à risque.
2. Situation
Mettre un pays en réclusion et en semi-coma économique dans une situation d'urgence absolue peut se comprendre, le problème est que la durée était présentée comme courte, et se prolonge désormais de proche en proche.
Au moment du déclenchement, les modalités de sortie n'étaient absolument pas définies, et les comités d'expert qui ont émettent désormais leur avis sur la question édictent des conditions drastiques. Par ailleurs une étude (officieuse) du Boston Consulting Group repousserait en juin vers en juillet la sortie du confinement. il y a un véritable concours Lépine des bonnes raisons de reporter au plus tard.
Les prolongements successifs et les mesures de durcissement sont extremement éprouvants pour la population, et donnent l'impression d'une nasse dont on ne sortira jamais. A quoi s'ajoute l'angoisse de la perte d'emploi, de la faillite, du marasme durable, l’état ne pourra pas indemniser indéfiniment.
Certains pays, tel que l'Autriche, ont d'ores et déjà planifié une sortie progressive de confinement à partir de mi-Avril, il est temps de définir dès à présent en France un échéancier avec des jalons "soutenables". Car si on attend que toute la population soit immunisée, alors que le confinement stoppe la contagion, c'est un dead lock insurmontable ! Un déconfinement "par région" laissant les régions les moins contaminées en quarantaine serait donc une aberration.
3. Perspectives
Alors que le décongestionnement des services de réanimation s’amorce, la situation doit devenir plus favorable d’ici trois semaines. On connait aujourd'hui les principaux facteurs de risque de complication du covid19, ce qui fournit les critères pour relayer le confinement général par un confinement sélectif, permettant à la fois de ne pas réengorger les services de réanimation lors de la levée progressive, de ne pas laisser plonger plus bas encore l'activité du pays, et de lever la chape de plomb sur les plus jeunes et actifs.
Car l’acceptation initiale par la population fait de plus en plus place à la lassitude, les tentatives de « décompression » conduisent à des restrictions supplémentaires, entraînant l’exaspération de certaines catégories de la population, et une prolongation « à la belle saison » au-delà de début Mai conduirait à des débordements.
Le dépistage ne pourra jamais être systématique, mais en isolant les personnes les plus à risque, on prend des mesures préventives.
Concrètement ce n'est pas facile de mettre en oeuvre et de contrôler une mesure sélective, mais qu'est-ce qui est facile dans la situation actuelle ? L'âge ne constitue pas, de loin, le seul facteur, des pathologie comme le diabète ou les maladies cardiovasculaires, et également un fort surpoids sont des causes majeures d’aggravation.
Pour mettre en œuvre une levée de confinement sans qu’il y ait une immunisation massive (impossible dans ces conditions), il faudra forcément maintenir certaines restrictions, notamment concernant la distance de sécurité et l’interdiction des grands rassemblements, voire le port du masque dans le domaine public, tout en permettant la reprise des entreprises et commerces, et certains loisirs ; ensuite cela se fera par étape (notamment concernant les congés d'été).
Pour les personnes dont le confinement sera maintenu, il faudrait instaurer
des dispositions plus allégées pour les catégories "moyennement" à risque (65 à 75 ans sans pathologie par exemple),
et un isolement plus poussé pour les cas les plus risqués (personnes multipathologiques en fort surpoids par exemple), avec distribution de nourriture à domicile, typiquement avec l’aide de l’armée dans le cadre du plan « résilience », car cette catégorie doit échapper à la contamination (qu’il n’est pas pour eux question de seulement retarder).
Par ailleurs, la mise à l’isolement « en quatorzaine », des personnes nouvellement contaminées se fera progressivement avec la montée en puissance des tests de dépistage, peut-être nécessitant de réquisitionner des hôtels ou centres de vacances.
Emmanuel Macron doit tenir compte de l’ensemble des impératifs de la société et du vécu de la situation par la population. Il a reporté au lundi 13 son allocution sur la prolongation du confinement, peut-être pour voir si la tendance au désengorgement des urgences se confirme, et « soulever le voile » sur la levée progressive du confinement. Le confinement sera d’autant mieux respecté si on en connaît l’issue, et si elle n'est pas reportée au calendes grecques (toute proportion gardée, un détenu ne s’évade pas la veille de sa libération).