mercredi 22 juillet 2020 - par Sylvinho De La Blanca

Covid-19 : Ministre Blanquer au tableau !

 

Nous avons pu récemment apprendre que M. Blanquer, notre ministre de l'Education, avait demandé une promotion en postulant durant le dernier remaniement au poste de ministre de l'Intérieur. Probablement parce que le mammouth qui a par moment manifesté quelques réticences mais n'a finalement pas fait trop de bruit durant cette période où les limites ont pourtant été repoussées un peu partout. Cependant si l'on creuse un peu, que l'on pose des questions directement aux intéressés, des lycéens par exemple ; on s'aperçoit rapidement que l'éducation nationale a failli et le vide médiatique actuel sur l'abandon scolaire en confinement fait assez peur.

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L'éducation nationale pendant le Covid

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Avant toute chose il faut préciser que la nature du mammouth fait que l'on ne peut attribuer l'échec de notre système éducatif au seul ministre actuel. Cependant le silence sur les problèmes rencontrés pendant la crise et l'auto-satisfaction affichée contrastent tellement avec la réalité que l'on ne peut pas laisser M. Blanquer nous vendre sa version des faits.

 

Pourquoi le silence ?

La crise sanitaire a concentré toute l'attention reléguant certaines questions importantes au second plan. Les préoccupations ceux sont ensuite tounées vers l'économie et les multiples problèmes qui s'annoncent. En parallèle les sujets de second plan s'accumulaient et ont continué à défiler sans que l'on ne se penche trop dessus. Par exemple le sujet de la reprise autorisée du football professionnel en Espagne, Italie, Angleterre, Allemagne et interdite en France est passée comme une lettre à la poste alors qu'en temps normal il y aurait eu plus de débats, de détails et de transparence.

 

 

Ces crises ont bien entendu impacté la majorité des cellules familliales.

L'instinct de survie s'est exprimé, il faut pouvoir subvenir à ses besoins. Lorsqu'avant de se coucher on se dit que demain je vais me lever plus tôt pour aller acheter des pâtes et du papier toilette, il apparaît évident que le référentiel qui sous-tend notre vie a été mis à mal. Dans notre pays développé cette situation est nouvelle pour nous et elle a pourtant réussi à s'installer dans les esprits quelques semaines. La réaction basique est d'assurrer le quotidien en laissant la construction de l'avenir de côté.

L'instinct temporairement assouvi, la matière grise reprenait ses droits. Suivant la situation, chômage partiel ou total, télétravail, continuité de service, il a bien fallu s'adapter en assurant le court terme et concillier le tout avec le maintien de la cellule. Cette configuration déjà complexe a parfois aussi été accentuée par les inégalités. Devant ce constat il est admissible que les parents avaient possiblement peu ou pas de temps à consacrer au suivi scolaire de leur(s) enfant(s).

 

 

Finalement si les parents ne peuvent se muer en lanceur d'alerte, la remontée d'informations ne pourrait-elle pas venir directement de la sphère journalistique ? Le problème c'est que lorsque le journaliste n'est pas lui même parent, il s'est retrouvé dans une situation où pendant la guerre on ne parle pas de sport, de culture ou d'éducation.

 

Un facteur insidueux.

Il y a un autre facteur responsable de ce silence, plus difficile à mesurer et assez vicieux mais suffisamment important pour en parler. Dans les grandes lignes, il y a une certaine malheureuse corrélation entre la situation sociale d'une famille et la qualité de l'enseignement reçu.

Conscienment ou pas les enseignants adaptent leurs comportements à leur public. Ils savent pertinemment comment la communication peut se faire ou ne pas se faire dans la cellule familliale. Ils savent où placer le curseur par rapport à leur audience pour qu'un message soit passé ou non aux parents.

Pendant le confinement certains enseignants ont insidueusement fui.

 

 

Mission impossible.

 

Suite à la fermeture des établissements, l'éducation nationale a bien été obligée de proposer des solutions à distance. Le problème c'est que rien n'était prévu. Entre les serveurs qui ne tiennent pas la charge et les outils inexistants ou inadaptés, les débuts ont été chaotiques. Aucun mot dans la presse. Quand ils ne sont pas réfractaires il y a également une bonne partie des enseignants qui sont très éloignés de l'outil numérique et pour qui l'utilisation même du logiciel de messagerie n'est pas évident.

Pour une même classe de seconde, j'ai pu constater qu'un professeur proposait une solution pour faire un cours par semaine. Il était seul. Un autre professeur avait tenté de faire un QCM avec l'outil maison puis il n'a plus donné de nouvelles de l'année. C'est-à-dire qu'entre mars, début du confinement et juin il n'a pas envoyé un devoir, une leçon ou proposé quelque chose. C'est dommage vu la matière générale qu'il enseigne. D'autres se sont contentés d'envoyer un devoir à faire par semaine. Et ils envoyaient ensuite une correction.

 

 

Jusqu'à la fin de l'année scolaire, le mot clé sera "résilience". Le terme de "décrochage scolaire" utilisé par notre ministre couvre la conséquence du problème. Mais quid des causes ? Quid des abandons de postes ? L'éducation nationale n'a aucun moyen de savoir quel employé a fait son travail, lequel a déserté. Ils n'ont pas les outils et même avec les outils, ils se cacheraient derrière les syndicats pour ne pas être fliqués. Mais comment démasquer ces hommes et ces femmes de l'éducation nationale qui ont abandonné nos enfants ? Personne ne veut de ces personnes dans le service public. Que vous soyez bon ou mauvais élève, quelle impression vous donne ce comportement ? Quel exemple vous donnez ?

 

Preuves du chaos.

Lorsque nous ne sommes pas irréprochables, on revoit nos exigences à la baisse. Lorsque l'on passe une année comme celle-ci, la politique d'obtention d'un diplôme est définie par le ministre.

En ce sens les résultats du bac sont un aveu. Et j'irais même plus loin, ces résultats achètent le silence. Pour qui a été au lycée on sait à peu près comment çà se passe. Avec presque 96% de réussite, soyons clairs, il n'y a que l'élève en réelle difficulté scolaire ou sociale qui n'a pas eu son bac. Pour le brevet, 94% de réussite, les retours sont les mêmes. Ces résultats ont donc été les meilleurs alors même que l'année a été amputée d'un gros tiers du programme. Quelles seront les conséquences pour ce surplus de diplômés, difficile à dire.

 

 

L'autre aveu nous vient du ministre directement. En juin 2020 il a créé les états généraux du numérique pour l'éducation. Pour rappel, notre président a créé la convention citoyenne pour le climat après avoir senti passer le vent du boulet "Gilets jaunes". De la même manière notre ministre de l'éducation nationale a sans un bruit assisté au chaos de son administration.

Les enseignants sont à la maison. Les services numériques sont inopérants. Décrochage scolaire. Certains professeurs ont déserté pour telle ou telle raison. Les projecteurs sont sur le Covid. Jour après jour, semaine après semaine on se rapproche de la fin de l'année scolaire en serrant les dents tout en sachant que les enseignements ne sont pas assurés.

 

Au tableau !

M. Blanquer vous n'êtes pas dans la même catégorie "incompétence" que votre collègue Mme Buzyn. Il n'y aura pas de comission d'enquête concernant votre gestion de la crise. Pour autant il peut paraitre mal venu de demander une promotion au sortir de cette crise compte tenu des difficultés rencontrées par votre administration.

 

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M. Blanquer avez vous des statistiques pour avoir une idée de la fracture scolaire pour cette génération ? La transparence est l'amie de la vérité.

  • Combien d'heures de cours en pourcentage ont été perdues pour un lycéen du Gard par exemple ?
  • Pourrait on avoir des informations détaillées sur la façon dont vous captez la présence ou l'absentéisme d'un élève pendant le confinement ? Est-ce qu'un élève qui se connectait sur l'outil web fourni une fois par jour etait considéré comme présent ?
  • Que faisaient les professeurs de sport pendant le confinement, vous les avez redéployé sur des tâches administratives ?
  • Est-ce que vous pensez qu'un professeur de Mathématiques qui n'a pas contacté une de ses classes pendant trois mois doit être sanctionné ?
  • Est-ce que des professeurs ont refusé de travailler en prétextant les conditions de travail ?
  • Est-ce que des professeurs ont été incapables de travailler en raison des conditions de travail ?
  • Quelles ont été vos consignes pour l'obtention du brevet / bac ?

M. Blanquer, le temps fera son oeuvre.

 



4 réactions


  • ETTORE ETTORE 22 juillet 2020 19:12

    Il trouvait sûrement que le bonnet d’âne, lui revenant était trop peu glorifiant, et tant qu’à en porter un, autant avoir celui dévolu au 1 èr sinistre.

    Soit la signification est identique, mais dans l’échelle des responsabilités, il passe au premier rang.

    Et ça, pour un sinistre de l’éducation mal coiffé......( pour un chauve.....), ça l’fait !


  • caillou14 rita 23 juillet 2020 06:42

    « Blanquer vous » vl’à la cruche du président comme ministre de l’EN..niveau 1 dans les « maux » croisés... !


  • Ecureuil66 27 juillet 2020 02:47

    de toutes façons l’Education Nationale est un mamouth ingouvernable ....comme dans beaucoup d’administrations les syndicats y sont trop puissants et en fait sont des « conservateurs » au lieu d’être des moteurs de progrès....


  • caillou14 rita 27 juillet 2020 07:35

    « Blanquer »...de veau..y a un Q dans son nom !


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