jeudi 17 mai 2012 - par chapoutier

Crise de la dette ? Non un système social à l’agonie ! 1ère partie

« La crise de la dette », expression mise à toutes les sauces pour justifier la destruction de tous les acquis sociaux arrachés par des décennies de combat du peuple laborieux, puisque l'origine de la dette serait d'après, les experts autoproclamés, la « surconsommation des états, des services publics, de la protection sociale et des particuliers.

D'après ces mêmes experts il faudrait en conséquence réduire les déficits budgétaires par la réduction du nombre de fonctionnaires, par la réforme de la sécurité sociale et de la retraite, en facilitant les licenciements des salariés du privé trop protégés par le code du travail et les conventions collectives, bref, en détruisant l'ensemble des acquis sociaux arrachés par les travailleurs.

Il s'agit là d'une mystification tentant d'accréditer l'idée que la « résorption » de la dette est une cause sacrée dans laquelle tous doivent s'engager sous peine de voir disparaître le modèle sociale que nous connaissons.

Cette crise qui déstabilise en profondeur l'économie, les institutions, les gouvernements, est-elle vraiment la crise de la dette ? Serait-elle fondamentalement différente, par sa nature, de toutes les crises précédentes ?

Si la dette française est le résultat de la surconsommation d'un état protecteur, comme le répètent à l'envie les pseudos experts, quand est-il des USA dont dette est dix fois supérieur à la dette française ?

Aucun expert ne pourra prétendre que la dette américaine est le résultat des dépenses d'un état socialement protecteur.

La crise de la dette n'est pas une exclusivité des pays riches ou pauvres, protecteurs socialement ou pas du tout, elle touche l'ensemble des nations, et partout les pseudos experts et les gouvernements aux ordres du capital international préconisent les mêmes remèdes : tailler dans le vif des nations, privatiser les services publics, renforcer les exonérations patronales, licencier les fonctionnaires, baisser les salaires, augmenter la précarité.

En juillet 2011, en pleine crise grecque, les portes-paroles de l'impérialisme américain ont exigé que les gouvernements européens prennent des mesures urgentes pour éviter « que la crise se propage de la périphérie de l'Europe ( la Grèce) vers le centre, et de là vers le reste du monde ». malgré ces exhortations, la crise n'a cesser de se propager et d'amplifier.

Cette crise de la dette n'est-elle pas au contraire la démonstration de l’exacerbation de la décomposition du système capitaliste fondé sur la propriété privée des moyens de productions ?

La crise de la dette qui n'est pas celle des peuples ne saurait justifier que les peuples et le mouvement ouvrier soient subordonnés au remboursement de la dette ou à la résorption des déficits budgétaires qu'elle génère. Mais encore faut-il cerner les mécanismes de la dette.

 

Qu'est-ce qui distingue la crise actuelle ?

La crise actuelle se distingue des précédentes par le volume jamais atteint de la dette publique, généralisé à l'ensemble des états, y compris les plus puissants. La dette publique mondiale, est de plus, concentrée entre les mains de détenteurs privés ( fonds de pensions, banques etc), lesquels imposent des taux d’intérêts exorbitants, créant donc une situation où le paiement des intérêts de la dette devient impossible pour la plupart des états concernés. Il en découle que des nations souveraines sont à la merci d'investisseurs privés, lesquels investisseurs privés agissent envers les états endettés comme n'importe quel banquier envers une famille ouvrière endettée, qui vendant à l'encan les bijoux de familles, qui privatisant les services publics. Arrivé à ce stade, la dette et le système de crédit qui l'a engendrée apparaissent à juste titre comme un instrument de mort et de destruction. En particulier de destruction massive de la classe ouvrière, par le biais notamment de la destruction des forces de productions.

 

À l'origine de la dette, le crédit.

Comme décrit ci-dessus, la crise de la dette résulte de l'impossibilité grandissante pour les nations de rembourser le crédit et ses intérêts usuriers. Depuis principalement la crise grecque, il devient indiscutable que le remboursement de la dette et de ses intérêts devient un instrument de mort et de destruction des forces productives. (Les forces productives regroupent les instruments de la production, la force de travail des hommes, les objets du travail, les savoirs et les techniques en vigueur, l'organisation du travail).

Mais il n'en pas été toujours ainsi. Avant d’être un outil de destruction, le crédit à jusqu'à une certaine époque contribué au développement des forces productives.

 

Le crédit à permis dans une certaine mesure l'accroissement des forces productives

Le crédit est né du systèmes des traites entre commerçants et producteurs. Puis il est devenu un système de crédit entre capitalistes portant sur le règlement des marchandises. Mais avec le développement du système capitaliste, le crédit s'est transformé. Du crédit à court terme, on est passé au crédit à long terme pour financer les investissements capitalistes : achat de machines, création d'usines, d'infrastructures etc etc.

Donc au 19ème siècle et jusqu'à une certaine époque , le système de crédit a permis de développer les forces productives en finançant les investissements et cela tant que le capitalisme se trouvait dans une phase d'expansion et d'extension du marché mondial.

Dans ce cadre, le crédit assurait pleinement le rôle dévolu au capital : produire de la plus-value, sous la forme d'intérêts à percevoir, en anticipant la création de valeurs non encore produite et leur écoulement sur le marché.

Mais l'anticipation de création de valeur comportait déjà le risque que la valeur ne se réalise jamais. Le 19ème siècle est émaillé de crises cycliques plus ou moins graves, de faillites bancaires, d'investisseurs ruinés. Ces crises découlaient d'une part de la lutte incessante entre capitalistes pour la domination du marché mondial, d'où la nécessité d'imposer des conditions effroyables au peuple laborieux pour en extorquer le maximum de plus-value et d'autre part, de la lutte des travailleurs pour un meilleur niveau de vie.

Mais dans le cadre du marché mondial en expansion, le capitalisme était à même d'absorber jusqu'à un certain point le résultat de la lutte des classes en les répercutant dans la croissance escomptée.

 

Avant de se transformer en force destructive

Aujourd'hui la planète entière est soumise au marché, le capitalisme ne peut plus se développer par la conquête de nouveaux marchés, la guerre fait rage entre capitalistes transnationaux concurrents pour s'imposer exclusivement.

Des masses gigantesques de capitaux ne trouvent plus à s'employer dans les conditions normales de l'exploitation capitaliste. Par des moyens artificiels, la classe capitaliste se doit de dégager des nouveaux champs de profitabilité.

L'industrie du crédit et donc la croissance exponentielle de la dette qui en découle est devenue aujourd'hui l'un de ces principaux moyens. Son déploiement à cette échelle disloque l'économie mondiale car il faut « inventer » des champs nouveaux pour l'investissement de capitaux en mal de profitabilité, il faut créer le besoin de crédit au delà des limites « acceptables » pour aboutir en définitive aussi bien à la crise des « subprimes » que à l'endettement des états au delà des limites supportables. Mais cette extension sous toutes ses formes de l'économie du crédit et de la dette entraîne des conséquences immédiates sur les conditions mêmes d'existence des masses laborieuses, autrement dit sur les conditions de l'exploitation de la force de travail.

Pour bien s'en convaincre, il ne faut pas perdre de vue que les intérêts de la dette ne sont que des prélèvements par anticipation sur la plus-value extorquée à la classe ouvrière.

Garantir coûte que coûte le retour sur investissement implique que les conditions d'extorsion de la plus-value soient aggravées dans des proportions considérables et que les activités de production insuffisamment rentables soient impitoyablement éliminées.

C'est ainsi que par la remise en cause de la valeur du travail, par la baisse des salaires ( précarité etc), la remise en cause des conventions collectives, des statuts, par les délocalisations, la désindustrialisation, que le gonflement de l'économie de la dette a abouti à la situation actuelle.

Ce système du crédit qui à permis dans un premier temps l'accélération du développement matériel des forces productives, s'est transformé aujourd'hui en un système qui accélère la destruction matérielle des forces productives et la dislocation du marché mondial. Et, au premier rang de la destruction en masse des forces productives, la principale d'entre elles : la force du travail du prolétaire.



116 réactions


    • chapoutier 17 mai 2012 23:29

      bakerstreet

      je viens de percuter

      vous vous êtes laissé abuser par le titre ,

       le système social ne désigne pas notre système social mais le systeme de mode de production capitaliste smiley ;

      si vous aviez lu quelques lignes et pas uniquement le titre .....


    • bakerstreet bakerstreet 18 mai 2012 00:07

      Mea culpa, je bois le calice jusqu’à la lie


  • Le péripate Le péripate 17 mai 2012 21:55

     Trop drôle.


  • BA 17 mai 2012 22:52
    Jeudi 17 mai 2012 :

    Grèce : vent de panique sur le secteur bancaire.

    Combien d’argent les Grecs ont-ils prélevé sur leurs comptes bancaires depuis lundi, jour où il est apparu évident que les responsables politiques seraient incapables de former un gouvernement d’unité nationale ? Les chiffres varient, mais il est probable que ce montant s’élève à quelque 1,2 milliard d’euros rien que pour les deux premiers jours de cette semaine. Des retraits en cascade qui s’ajoutent à ceux opérés depuis l’éclatement de la crise et qui font que plusieurs banques grecques sont désormais à court de liquidités. 

    Depuis le printemps 2010, les Grecs ont retiré entre 2 et 3 milliards d’euros par mois en moyenne avec un pic en janvier de 5 milliards d’euros. On calcule que les dépôts bancaires ont fondu de 30 % sur l’ensemble de la période (environ 70 milliards d’euros). Sans compter les exportations illégales de capitaux générées par l’économie souterraine (environ 65 milliards d’euros), soit plus que les économies réalisées dans le cadre des deux mémorandums.

    La panique des épargnants s’est accrue lorsqu’on a appris par les derniers sondages que les deux grands partis pro-mémorandum, la Nouvelle Démocratie, conservatrice, et le Pasok, social-démocrate, cèdent encore du terrain au profit notamment de l’extrême gauche de la Coalition de la gauche radicale (Syriza), farouchement opposée au plan. 

    Si ces deux grands partis ne parviennent pas à remonter la pente d’ici aux prochaines élections anticipées du 17 juin, la Grèce ne sera pas en mesure de constituer un exécutif qui appliquera les conditions imposées par les Européens et le FMI en échange d’un second programme de financements. La Grèce ferait alors défaut et sortirait de la zone euro. Une éventualité que le Premier ministre sortant, Lucas Papadémos, a qualifié de « désastreuse » pour le pays dans une lettre ouverte adressée hier à ses concitoyens. L’ancien banquier central cède son poste au Premier ministre intérimaire, Panagiotis Pikrammenos, le président du Conseil d’Etat chargé d’organiser les nouvelles élections.

    Alors que l’agence de notation Fitch a abaissé jeudi soir la note de long terme de la dette grecque en devises et en euros à « CCC » contre « B- » jusque là, les bailleurs de fonds internationaux prennent déjà les premières mesures de précaution en vue d’un hypothétique abandon de la monnaie unique par ce pays. Mercredi, la BCE a confirmé qu’elle cessait de fournir des liquidités à des banques grecques sous-capitalisées. 

    Selon Crédit Agricole CIB, en janvier, le système des banques centrales de la zone euro était exposé à hauteur de 57 milliards d’euros vis-à-vis des banques grecques dans le cadre de son programme spécial d’assistance aux instituts de crédit. Une coquette somme à laquelle il faut ajouter 107 milliards d’euros dans le cadre des opérations normales de prêt.

    Frappés par les retraits massifs d’économies, les établissements bancaires grecs attendent avec impatience d’être renfloués par les créanciers internationaux dans le cadre du second programme de financements. Ce plan, suspendu jusqu’au vote, prévoit le versement de 48 milliards d’euros aux banques grecques, dont 25 milliards sont d’ores et déjà mis à la disposition de la banque centrale du pays, qui attend le feu vert définitif pour les transférer aux destinataires finaux. Un coup de plus pour une économie qui agonise et qui a plus que jamais un urgent besoin de crédits.


    • chapoutier 18 mai 2012 00:17

      En juillet 2011, en pleine crise grecque, les portes-paroles de l’impérialisme américain ont exigé que les gouvernements européens prennent des mesures urgentes pour éviter « que la crise se propage de la périphérie de l’Europe ( la Grèce) vers le centre, et de là vers le reste du monde ». malgré ces exhortations, la crise n’a cesser de se propager et d’amplifier.

      c’est plus d’actualité que jamais. les semaines à venir vont être « passionnantes »


    • lulupipistrelle 18 mai 2012 00:49

      @BA : Les Grecs ne sont pas plus bêtes que les autres...
      Ils se sont peut-être souvenu qu’il y a quelques années, l’Etat italien en difficulté, avait ponctionné d’office tous les comptes bancaires... on peut même s’étonner qu’ils n’aient pas réagi plus tôt.


  • titi titi 17 mai 2012 23:18

    « Des masses gigantesques de capitaux ne trouvent plus à s’employer dans les conditions normales de l’exploitation capitaliste. Par des moyens artificiels, la classe capitaliste se doit de dégager des nouveaux champs de profitabilité. »

    Si il y a crédit, c’est qu’il y a client pour ces crédits.
    Ce n’est pas le capitalisme qui se dégage des nouveaux champs de profitabilité. C’est la sociale democratie qui lui en offre.

     


  • arobase 17 mai 2012 23:51

    « La dette provient juste de la mauvaise gestion de l’argent public, c’est pas plus compliqué que ça. »


    en effet. je suis d’accord. l’argent public rentrait tant bien que mal en provenance de l’impôts sur la fortune, la taxe professionnelle etc.... normal qu’on le prenne là, les riches avaient raflé les richesses produites par ceux qui travaillent !

    la bonne idée de sarkosy a été de supprimer l’un, et d’emprunter sur les marchés pour rembourser les bétencourt et cie leurs impôts à coup de millions.
    à coup de centaines de millions !. l’argent public a donc été dilapidé pendant cinq ans, d’où les déficits et l’accroissement de la dette.

    c’est pas plus compliqué que ça 

    • chapoutier 18 mai 2012 00:09

      arobase, c’est trop facile d’expliquer la dette et surtout la crise de la dette par une simple mauvaise gestion, d’autant plus que la crise de la dette est mondiale et s’élève à 9O OOO milliards de dollars.

      que des mauvais gestionnaires où plutot une stratégie gagnante des capitalistes pour s’octroyer une rente à vie en imposant une dictature surr les peuples ?


  • arobase 17 mai 2012 23:59

    la France est un pays qui a d’immenses richesses, crées par ceux qui les produisent : les salariés.

    lesquels n’en voient que des miettes car les richesses sont détournées par les requins qui affament le peuple.

    si ceux qui ont trop d’argent ainsi détourné voulaient en donner un peu , il n’y aurait plus ni chômage, ni dette, ni déficits.

    et s’ils continuent à refuser de partager un peu et d’affamer le peuple, le peuple se révoltera et leur prendra tout !

    car ces riches requins là sont les plus bêtes du monde.

    demandez (la-bas en enfer)ce qu’en pensent les nobles de 1789.

    • chapoutier 18 mai 2012 00:11

      si ceux qui ont trop d’argent ainsi détourné voulaient en donner un peu , il n’y aurait plus ni chômage, ni dette, ni déficits.

      pour la sauvegarde des peuples , il va falloir se décider à tout reprendre. la dette à déjà été payée quasi intégralement rien que par les intérets.


  • chapoutier 18 mai 2012 00:33

    la panique commence à gagner non seulement la Grèce, mais le reste de l’Europe . des retraits massifs de liquide dans les banques.

    la semaine qui s’annonce risque d’etre noire de chez noire


    • lulupipistrelle 18 mai 2012 00:57

      Ma pauvre, il y a longtemps que les gens modestes qui avaient des sous sur leur compte, les ont retirés...

      Vous avez oublié 2008, quand l’Etat français s’est engagé à assurer les dépôts jusqu’à 70 000 euros ? Et qu’au même moment l’Irlande assurait l’intégralité des sommes déposées dans les banques irlandaises ? ... même quand on ne disposait pas de 70 000 euros, ça faisait mauvais effet...


  • lemouton lemouton 18 mai 2012 00:51

    sursaut annonciateur.. ??? ce soir 17/05 à 22h05

    Wall street , mauvais augure..

    Même si c’est inéluctable, c’est trés .. trés... inquiétant.. smiley


  • lemouton lemouton 18 mai 2012 01:04

    Ce week end, voir même cette nuit risquent de devenir historique..

    les premiers grondements.. ?? smiley


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