mercredi 15 mai 2019 - par Taverne

De l’utilité du désordre et du danger de trop d’ordre

L'ordre peut désespérer autant que le désordre. L'ordre peut être destructeur à force de vouloir régenter la vie et son désordre naturel et de vouloir tout contrôler. Paradoxalement, le désordre se révèle souvent utile. Je dis "paradoxalement" parce que cette idée heurte l'esprit qui, lui, aime avant tout l'ordre. J'ai choisi, pour illustrer mon propos, deux grandes oeuvres littéraires britanniques : Chesterton et Shakespeare (son Jules César). L'ordre meut, le désordre émeut est la formule que j'ai trouvée pour résumer mon idée. Elle me semble s'appliquer autant à l'art qu'un politique, ainsi qu'à la vie courante. Mais sa simplicité ne va pas de soi.

Ordre et désordre dans l'art : l'exemple de Chesterton

L'échange très vif des deux poètes opposés dans un roman de Chesterton est éclairant. Il s'agit du début du roman "Un nommé Jeudi" (à lire sur Wikisource : partie I).

Je plante le décor : Londres. Dans une lumière crépusculaire belle et rougeoyante, deux poètes aux conceptions opposées se disputent dans le jardin de Saffron Park. Le premier, Lucien Gregory, défend une poésie du mouvement et de l'imprévu en affirmant les liens entre art et anarchie : « L’artiste nie tous les gouvernements, abolit toutes les conventions. Le désordre, voilà l’atmosphère nécessaire du poète » ; le deuxième, Gabriel Syme, défend la beauté des choses qui se déroulent sans heurt jusqu'à leur but.

"— Artiste, anarchiste ; personnages identiques, termes interchangeables. L’homme qui jette une bombe est un artiste, parce qu’il préfère à toutes choses la beauté d’un grand instant. Il sait qu’un jet éblouissant de lumière, un coup de tonnerre harmonieux ont plus de prix que les corps vulgaires de quelques informes policemen. L’artiste nie tous les gouvernements, abolit toutes les conventions. Le désordre, voilà l’atmosphère nécessaire du poète. Si je me trompais, il faudrait donc dire que le métropolitain de Londres est la chose la plus poétique du monde ! "

Qu'est-ce que l'ordre ? Selon notre poète : toute force qui aspire à régenter, toute convention. Le désordre seul favorise la création et donc la liberté de l'art.

Son contradicteur défend l'idée que le merveilleux est dans l'ordre que l'humain instaure : "Le rare, le merveilleux, c’est d’atteindre le but ; le vulgaire, le normal, c’est de le manquer." (...) "Le chaos est stupide, et, que le train aille à Baker Street ou à Bagdad ou n’importe où quand c’est à Victoria qu’il devrait aller, c’est le chaos."

Divergence radicale de points de vue donc. On ne tranchera pas. On dira simplement que trop d'ordre tue la spontanéité, le naturel, la vie. C'était aussi l'idée des peintres du XIXème siècle quand ils ont rompu avec l'académisme où l'art était trop convenu, trop réglementé, bref ennuyeux ! Courbet puis les impressionnistes ont introduit du désordre là-dedans et nous les en remercions.

Mais une question reste sans réponse : trop de désordre peut-il nuire à l'ordre ? Une forme de bien pensance actuelle semble dire que oui, que l'art qui porterait la moindre atteinte à la "bonne pensée" doit être censuré. Je parle ici des défenseurs acharnés des droits (de la femme, des minorités...) ou des apôtres de la repentance (aucune tâche liée à l'esclavage passé ne doit flétrir l'artiste ou écrivain). Et même, Alain Delon n'aurait pas le droit de recevoir la palme d'or à Cannes ! En ces conditions, je préfère trop de désordre à trop d'ordre. En effet, la tolérance nous oblige à supporter l'expression des points de vue des autres sans céder à l'envie de les faire taire.

Pour conclure ce premier point avec Chesterton, je le cite : “Le pire tyran n'est pas l'homme qui gouverne par la terreur. Le pire est celui qui gouverne par l'amour et en joue comme d'une harpe.” Animé des plus belles intentions, on peut faire régner sur les esprits une terreur intolérable...

Ordre et désordre en politique : le Jules César de Shakespeare

Dans cette pièce célèbre, Shakespeare montre l'intérêt de vivre à la fois d'ordre et de désordre. La conclusion ne donne-t-elle pas raison à Brutus : "le plus noble des Romains" ? Des siècles de christianisme ont entaché cet homme en superposant quasiment son image à celle de Judas. Or, César n'était pas Jésus-Christ, soulignons-le, et Plutarque aurait trop embelli l'image de César au détriment de celle de Brutus. Shakespeare rétablit un certain équilibre, cherchant en quelque sorte à établir une vérité qui s'appuierait sur les "point et contrepoint" des choses.

L'ordre meut et César l'a compris. C'est pour cela qu'il se compare à l'étoile polaire fixe autour de laquelle se fait l'harmonie. Les astres se meuvent autour de lui et lui, astre suprême, meut l'ensemble de l'univers. Oui mais voilà, en l'occurrence, les actes de César introduisent le désordre tant politique (dictature - au sens initial - dévoyée) que civile (par exemple, les artisans chôment un jour ouvré (acte I, scène 1). Ils ne portent pas le signe de leur profession, les lois somptuaires sont bafouées...). Loin d'être un pacificateur et un bâtisseur, Jules César détruit l'ordre politique et civil.

Le désordre émeut. En effet ! Que d'émotion suscitée par l'acte de rébellion de Brutus. L'Histoire en marque la trace à tout jamais et nous en sommes encore effrayés. Et pourtant, Brutus agissait en républicain aux idées pures et simples, luttant contre l'autoritarisme le plus intéressé. Le désordre causé par l'acte violent de Brutus n'a-t'il pas conduit à l'arrivée au pouvoir d'Octave et à la paix d'Auguste (la clémence d'Auguste, la Pax romana) ? Que ce serait-il produit si le conquérant autoritaire qu'était César avait poursuivi son ambition personnelle ? Trop d'ordre peut-être...Nul ne peut le dire mais la question mérité d'être posée.

Le qualificatif de "traître" reste collé au nom de Brutus qui n'est pourtant pas Judas. Il n'a pas trahi un saint mais un homme plein de défauts et dangereux. En quoi peut-on affirmer qu'il a trahi sinon par seule référence aux normes imposées par l'Ordre postérieurement établi ? On a fait l'apologie du grand conquérant César et, pour condamner définitivement Brutus, on a fait intervenir la morale chrétienne. Celle-ci rejette la violence et cela est bien, mais à l'époque romaine et même avant (grecque...), le meurtre était un acte très ordinaire pour parvenir au pouvoir. A noter qu'en plus, Brutus ne cherchait pas le pouvoir pour lui-même.

La chrétienté défend la famille ? Très bien également, mais il faut se situer dans le contexte antique là encore au lieu de brandir avec indignation ce trop fameux et trop facile "toi aussi mon fils ?" Cette phrase inventée pour un Brutus qui n'était d'ailleurs pas le fils de César. L'empire romain a montré par la suite que les fils n'étaient pas forcément bien traités, les empereurs préférant adopter pour assurer leur succession. A une épouqe où la morale et la politique se mêlaient de tout, il n'a pas manqué de peintres pour mettre en scène et accentuer dans toute sa sauvagerie et son caractère ignoble l'acte de Brutus (il suffit de taper sur un moteur de recherche "César, Brutus" pour s'en apercevoir).

Ignoble ai-je dit ? Brutus, chez Shakespeare, est au contraire dit "noble" par Octave (futur Auguste) et Marc Antoine, noble en ce sens qu'il était totalement désintéressé et agissait pour la cause supérieure de la liberté et de la république idéalisée. On notera aussi que Brutus a accompli son geste, non pas dans l'ombre comme il aurait pu le faire, mais en plein sénat, au vu et au su de tous les citoyens.

La pièce de Shakespeare se conclut ainsi :

Acte V / Scène 5 : Brutus se donne la mort. Antoine et Octave lui rendent hommage.

- Antoine : De tous ces Romains ce fut le plus noble. Tout le conspirateur, excepté lui, agirent par jalousie du grand César. Lui ne se fit l’un d’eux que par vertu civique et par souci loyal du bien de tous. Sa vie fut haute. Et les éléments s’étaient unis en lui avec tant de bonheur que la Nature pourrait paraître et dire à l’Univers : « Ce fut un homme !  »

- Octave : Rendons-lui, avec tout le respect que mérite sa vertu, les devoirs funèbres. Ses os seront déposés cette nuit sous ma tente, dans l’honorable appareil qui sied à un soldat. Sur ce, appelez les combattants au repos ; et nous, retirons-nous, pour partager les gloires de cette heureuse journée.

Ordre et désordre sont tous deux nécessaires. Bien sûr quand le désordre prend la forme d'une maladie nuisible, il doit être combattu par des remèdes. Mais trop vouloir contrôler et corriger les esprits voire les faits eux-mêmes (la vérité historique que l'on accommode à la sauce du moment, les fake news fabriquées ou entretenues par la société ou le pouvoir) est une attitude dangereuse et contraire à l'humanité même dans ce que celle-ci a de noble et de grand.

Le Droit est utile parce qu'il est une forme d'ordre nécessaire. Mais, il doit être juste et adapté. Il ne peut s'appliquer sans l'art de la jurisprudence, de l'équité, que nécessite l'examen au cas par cas. Cet apparent désordre est nécessaire et, s'il est méprisé ou négligé, c'est dans la rue que le désordre se déplace alors. Le Droit ne doit pas être top éloigné des citoyens (ici, je veux parler de l'Europe et de ses technocrates, de ses règles intangibles) sans quoi, le désordre se transposera au niveau des nations qui se rebelleront.



24 réactions


  • Laconique Laconique 15 mai 2019 16:21

    La vie de Brutus par Plutarque est incroyable. C’est la principale source d’inspiration de Shakespeare dans Jules César.


    • Laconique Laconique 15 mai 2019 16:42

      Brutus était un héros pour Sénèque, pour Montesquieu, pour Rousseau, pour Robespierre, bref pour tous ceux qui puisaient aux sources. Mais maintenant on juge l’Antiquité à partir d’Astérix.


    • Laconique Laconique 15 mai 2019 16:45

      Et par ailleurs Servilia, mère de Brutus, avait été la maîtresse de Jules César, qui en avait été très épris à une époque. Plutarque raconte une anecdote à ce sujet. Il n’est donc pas exclu que Brutus ait été le fils naturel de César, qui avait perdu sa fille unique, et qui avait pardonné à Brutus après la bataille de Pharsale.


    • Taverne Taverne 15 mai 2019 17:15

      @Laconique

      C’est vrai, la mère de Brutus a joué un rôle politiquement.

      Faire de Brutus un modèle serait tout de même excessif, surtout si cela fait naître de nouveaux Robespierre. Je l’ai pris juste pour exemple pour exposer ma thèse de l’ordre et du désordre. L’ordre non créateur et figé est mauvais, le désordre utile est bon. En quelque chose Brutus a été utile.


    • Taverne Taverne 15 mai 2019 17:21

      Et puis, tout cela renvoie aussi à la notion antique de « vertu ». Ce n’est sans doute pas un hasard si Robespierre a fait sienne cette notion...


  • [email protected] 15 mai 2019 21:44

    le monde physique est un chaos et les constantes qui en régissent la physique, un leurre car limitées a l observable, ou plutôt apprehendable, l entropie, seule mesure raisonnable de ce dernier.

    alors pourquoi limiter le domaine du pensable, l imagination, car en final seule cette dernière pourrait s avérer réaliste


    • Taverne Taverne 16 mai 2019 09:26

      @[email protected]

      Je ne connais pas grand chose en physique, mais ce que je peux dire pour nuancer philosophiquement votre propos, c’est que le chaos n’est pas que de l’entropie. Il existe aussi un chaos libérateur et générateur. Si le désordre émeut, ce n’est pas seulement parce qu’il détruit, c’est aussi parce qu’il est créateur.


  • Taverne Taverne 16 mai 2019 09:42

    Macron antique et Macron en toc

    Le Macron a existé à Rome : bras droit de Tibère, il aurait été à l’origine du meurtre (ou suicide forcé) de celui-ci. Cet homme opportuniste n’avait rien d’un Brutus.

    Voilà pour le Macron antique. Et le Macron en toc ? me direz-vous ? Ici  !


    • Taverne Taverne 16 mai 2019 09:50

      Erratum :

      En fait, c’est Macron et sa femme qui furent contraints de se suicider. Quant à Tibère, je vais citer prudemment Wikipedia :

      « Si les contemporains (Sénèque l’Ancien, cité par Suétone, Philon d’Alexandrie) affirment qu’il (Tibère) est mort de maladie, un certain nombre de versions différentes existent : selon Tacite, il serait mort étouffé sur ordre de Macron, selon Dion Cassius, Caligula aurait accompli le geste. »

      Cela ne change rien à la conclusion : ce Macron n’avait pas la vertu d’un Brutus.


  • Gollum Gollum 16 mai 2019 09:53

    Ordre et désordre sont tous deux nécessaires.


    Oui. Vous venez d’entrer là dans la pensée orientale. Ou encore dans celle du logicien Lupasco. Où l’ordre est ordre actualisé et désordre potentiel et inversement le désordre (actualisé, visible) est ordre potentiel.


    Vous venez d’entrer dans une logique quadripolaire à l’opposé de la logique occidentale, bi-polaire, où dans cette dernière le désordre n’est que désordre.


    N’étant que désordre, elle n’est pas digne de valeur, elle est à rejeter pour imposer son contraire : l’ordre. On entre dans le moralisme, domaine des valeurs, où il y a des choses à rejeter et d’autres non.


    C’est tout le drame de la pensée occidentale et de l’Occident en général.


    Mais on va en sortir. smiley


    • Taverne Taverne 16 mai 2019 11:04

      @Gollum

      L’ordre actualisé ? Oui, c’est l’idée : l’ordre meut et mue. Il intègre des changements, incorpore des éléments au fil du temps (mais il les passe au crible).

      Le désordre émeut et donc le risque est de le fuir et de passer à côté de changements nécessaires voire vitaux. Les désordres de l’émotion nous rebutent.

      Cela dit, à côté de cette dualité créatrice ordre-désordre, je vois des notions tout aussi essentielles comme : les conflits, le sens, le bonheur. Les deux dernières étant aussi des valeurs.

      Le travail n’est pas pour moi en lui-même une valeur, il n’est qu’un moyen d’accéder à ces valeurs. Développer ici serait trop long. Mais il me semble que le sens et le bonheur doivent être les arbitres des actions créatrices de l’ordre et du désordre (à condition de ne pas rechercher le bonheur très immédiat).


    • Taverne Taverne 16 mai 2019 11:08

      Le conflit, lui, contrairement au sens et au bonheur, n’est pas une valeur : c’est une nécessité (cela dit : pas toujours...).


  • Taverne Taverne 16 mai 2019 12:16

    La musique est une mise en ordre du désordre des émotions. Aussi, je dis avec Verlaine : « De la musique avant toute chose » ! La musique est mise en ordre et, aussi, mise en mouvement. Plutôt (selon moi) la musique comme mise en ordre que la musique comme mise en scène.

    De la musique avant toute chose,
    Et pour cela préfère l’Impair
    Plus vague et plus soluble dans l’air,
    Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

    (...) Lien vers le poème entier.

    Par ce poème, Verlaine exprime aussi le danger de trop d’ordre en poésie (la suprématie de la rime et du rythme trop régulier). L’esthétique à outrance est une menace pour l’art.

    Quelques passages font l’apologie du désordre utile :

    « Rien de plus cher que la chanson grise
    Où l’Indécis au Précis se joint.
     »

    « Le bleu fouillis des claires étoiles ! »

    « Prends l’éloquence et tords-lui son cou ! »

    « Que ton vers soit la bonne aventure
    Eparse au vent crispé du matin
     »


  • Ruut Ruut 16 mai 2019 13:14

    La musique c’est juste de l’harmonique.
    Rien à voir avec l’ordre ou le désordre.


    • Taverne Taverne 16 mai 2019 14:01

      @Ruut

      Et l’harmonie, qu’est-ce donc d’après vous, sinon de l’ordre ? L’harmonie est une construction de sons autour d’un son pivot appelé « note fondamentale ». Outre la construction des accords, on crée un enchaînement ordonné des accords. Tout cela n’est-il pas une mise en ordre ? Ensuite, il y a la mise en mouvement, qui est encore de l’ordre. Ce mouvement est accompagné de la mélodie. C’est encore de l’ordre car elle doit suivre des règles et respecter la suite des accords.

      Maintenant, essayez de taper n’importe comment sur un clavier et vous verrez ou plutôt entendrez que la musique est bien de l’ordre.


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 16 mai 2019 14:09

      @Taverne

      La note fondamentale est la tierce ...mineure ou majeure en harmonie.


    • Taverne Taverne 16 mai 2019 14:13

      @Aita Pea Pea

      On va pas entrer dans les détails techniques. Vous êtes peut-être plus calé que moi sur ce sujet... Donc je vous sors l’allégorie du chef d’orchestre. Un chef d’orchestre n’est-il pas une sorte de gardien de l’ordre ? (Le créateur étant le compositeur)


    • Taverne Taverne 16 mai 2019 14:24

      Et la gamme n’est-elle pas un ordonnancement très précis des sons par degrés : un ordre par excellence ! Pythagore avait même mis cela en formules...l’accord pythagoricien. S’il y a du calcul, c’est qu’il y a bien de l’ordre.


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 16 mai 2019 14:35

      @Taverne

      Vous oubliez les modes ...lol


    • Taverne Taverne 16 mai 2019 15:06

      @Aita Pea Pea

      Absolument, le mode majeur et le mode mineur relèvent aussi d’une mise en ordre. Et l’art d’en user aussi. En fait, en tant que juriste, j’aime assez l’image de mon exemple suivant :

      le Droit positif est une forme de mise en ordre des règles permanentes. Un ordre solidifié.

      la jurisprudence est une forme de mise en ordre plus souple par la pratique. C’est de l’art. L’art est une combinaison de maîtrise et de liberté, de combinaisons et d’ajustements. La pratique de l’art est aussi une source d’ordre.

      Grosso modo, il y a l’ordre de la théorie et l’ordre de la pratique. Mais le désordre s’accommode mal avec la première catégorie alors qu’il peut être créateur dans le second cas.

      Le désordre peut être créateur : d’intuition, d’idées, de sérendipité, d’agencements inédits et utiles ou beaux (pour l’art).


  • Florian Mazé Florian Mazé 22 mai 2019 18:06

    Il me semble que l’ordre et le désordre sont en relation dialectique, c’est-à-dire en opposition mais aussi en complémentarité, ce que démontre bien l’article.

    Selon le philosophe Ortega Y Gasset, toute culture « calée sur elle-même » (ordre) est, à un moment donné, renversé par une phase de désordre qui peut bien durer dans les trois siècles, avant d’accoucher d’un nouvel ordre.

    Ainsi, le paganisme entre en crise avant même la naissance du Christ, à peu près à l’époque de Cicéron, et, très rapidement les chrétiens, mais aussi d’autres spiritualités, installent un immense désordre culturel dans l’empire romain, qui se stabilise à peu près sous Constantin, où le christianisme devient l’horizon spirituel incontournable.

    C’est alors le début de la civilisation sacrale, toute chrétienne, de la basse Antiquité et du Moyen-Âge jusqu’au 13° siècle environ, c’est-à-dire jusqu’à saint Thomas d’Aquin.

    Puis, la civilisation chrétienne rentre dans une phase de désordre colossal avec les scolastiques non-thomistes, les penseurs de la Renaissance, les réformateurs protestants....

    Après les dernières secousses de la Guerre de Trente Ans (1618-1648), l’Europe se stabilise à nouveau en promouvant le rationalisme scientifique moderne, qui, du reste, n’exclut aucunement la pratique religieuse chrétienne, mais change considérablement la façon de voir le monde.

    Plus tard, au début du 20° s, les premières catastrophes technologiques suivies par les guerres mondiales vont réintroduire une phase de désordre et donc de doute, sur la science elle-même cette fois, une phase dont nous ne sommes pas sortis aujourd’hui, et dont d’autres philosophes (le professeur Raymond Ruyer par exemple) prévoyait la fin au 22° siècle ;

    Cette phase de désordre, pas encore fondateur, mais ne perdons pas espoir, c’est notre phase à nous tous : LA POST-MODERNITÉ.

    Une chose est certaine en tout cas, l’homme qui vit dans le désordre, par exemple le post-moderne, ne doit pas oublier qu’il est façonné par les ordres antérieurs. Le post-moderne est donc AUSSI un païen, un chrétien et un rationaliste. Pour Ortega y Gasset, les strates culturelles s’empilent les unes sur les autres, sans s’annuler entre elles. Au contraire, c’est un cumul.

    Tiens ! J’écoute vos disques en écrivant cela 


    • Taverne Taverne 24 mai 2019 16:55

      @Florian Mazé

      Merci pour vos remarques. J’essaierai de produire une suite avec l’idée suivante : l’ordre bon est un trépied en mouvement, une trinité créatrice. Un autre auteur, le scientifique Bernard Dugué, avait commencé à explorer ce chemin de la trinité comme loi du cosmos et matrice d’un ordre parfait en science et pas seulement, mais n’a pas poursuivi. J’espère, quant à moi, pouvoir continuer d’être encore utile pour avancer dans cette voie pleine de promesse...


  • Vaietsev 22 mai 2019 20:25

    Mon avis , votre article pour moi est plus qu’interessant .

    Juste a entendre tout ses citoyens et cadres en col blancs ,le combat est ENCORE de chercher et placé le travail ici et là afin de tout avoir,pour tout en fait .

    Le travail un coup dans le zig un coup dans le zag ,pendant ce temps ,l’espagne fais baissé son taux de chomage ,on comprend dès lors .

    Pour la France ,pour beaucoup ,le but est de cherché le travail ,et l’éviter ,ce dans la bouche des cols blancs avocat .

    J’ai lu nombreux de vos articles que j’ai beaucoup aimé ,je me suis retrouvé notamment quand vous parliez de ses 3 mondes ou 4 .

    Ce qui m’agace ,c’est que des gens comme vous ce qui est normal parce que vous etes juriste ,on ne vous titiller pas en fait ,sur savoir que à tel endroit se trouve le temporaire ,à d’autres le travail etc etc .

    Sachant deja ses choses que je sais aussi , vous avez alors le temps une fois fixer sur ses choses de passer à d’autres sujets ,or plusieurs citoyens ,je ne sais pourquoi ,a coup sur parce que ce sont des analphabètes ou des gens sans diplomes comme ,moi ,vos collègues à col blancs savent nous faire la leçon à nous remettre en question constamment sur ce qui est un fait pour beaucoup de choses comme le travail temporaire ,le travail ,etc ,mais qui ne l’est pas ,pour ceux en fait ,qui soutienne Macron alors .

    Votre but alors cols blancs ne serait il pas de faire en sorte que plusieurs citoyens se fasse tuer ou se retrouve avec des maladies ou autres tumeurs ?!!

    C’est un fait aussi car ce qui passe dans cette lucarne viens d’ailleurs ,je peux meme dire que pour beaucoup ,ce sont des enfants de la DAS .

    Je ne vous vise pas ,ne m’en voulez pas ,mais quand je lis votre savoir ,je me dis ,qu’une grande majorité des militants de l’agoravox sont tout de meme de putains de privilégiés .

    L’état est malin ,il fait sa politique avec les gens qui sont dans le désir d’apprendre et qui n’ont pas de diplome ,et vous tous pendant ce temps ,comme j’ai pu le lire ,vous ne vous genez pas pour nous dire ,que de votre coté la télévision ne nuit pas ; pas étonnnant ,vous etes tous de la richesse ,et la richesse on n’y touche pas mais aussi on ne touche pas les gueules de cons de RTL par exemple ,ceux qui critique les gens de savoir ,les érudits .

    La France de ce que je sais est dont alliés de l’état entre connards à cracher sur le savoir mais aussi cadres en col blanc à nous prendre pour des demeurés nous le sans diplomes dont vous vous servez pour faire la politique de chaque homme d’état de droite ,car pour ce qui est de ce que je suis ,la politique française c’est fait de mon coté pour chirac sarkozy hollande et macron tous pour la droite ,et arrangeons nous pour que le terrien Vaietsev1 né du mauvais coté de la barrière fasse notre bonheur .

    Par contre vous ,continuez vos billets ,c’est plaisant de vous lire pour un ignare meme si ceux qui vous reponde seront eux aussi plus chargés que vous ,enfin ils désire le faire savoir ,et à ce petit jeu ,personne ne sera gagnant , dans votre combat du savoir ,il y aura toujours des mots en plus qui plus es ceux de ses militants virtuels sans photo de profil .

    Alors oui aux tabassage des cadres en cols blanc et à leur mort ainsi qu’a toute la classe politique .


    • Taverne Taverne 24 mai 2019 16:59

      @Vaietsev

      Je vous remercie pour vos observations. Ce n’est pas pour promouvoir les cols blancs que j’écris mais pour partager mes découvertes et nouvelles idées qui pourraient être utiles. Elles ne sont peut-être pas d’une utilité immédiate mais il faut savoir que long est le chemin de la recherche philosophique.


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