De la comédie grippale H1N1-2009 au cataclysme du Covid-2019
Je continue un chemin plutôt alternatif mais il est exact que je me place sous le patronage de Sakharov plutôt qu’aux côtés du démon de Lyssenko. D’ailleurs, certains scientifiques se sont placés dans l’orbite de Lyssenko, infléchissant la science pour qu’elle convienne au pouvoir sanitaire. Et pas seulement en Chine.
(Ici quelques données scientifiques pour défier le Pr Raoult
https://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/nouveau-modele-transversal-du-224084)
Les maladies ont toujours été nommées par un substantif, sauf lorsqu’elles se déroulent dans une séquence chronologique précise avec un tableau clinique déterminé et un impact épidémique pour ne pas dire pandémique. Ainsi la peste des années 1350, les grippes de 1918, 1957, 1968, 2009 et dernière en date, la pandémie Covid-2019 dont l’impact concerne l’année 2020, avec des conséquences inédites pour ne pas dire colossales, sans commune mesure avec les pandémies précédentes.
Sur le plan épidémiologique, il y a un gouffre. H1N1 a commencé à Mexico au début du printemps 2009. Ce n’était pas le marché de Wuhan mais les élevages de porc qui étaient suspectés. Trois mois après le premier cas, il n’y a pas eu de vague, ni même six mois ou un an après. H1N1 restera comme l’une des épidémies grippales les moins graves. Avec le SARS-CoV-2, l’affaire s’est présentée différemment. Ce virus est très contagieux et cause des symptômes pratiquement calqués sur ceux du SRAS de 2003. La détresse respiratoire et l’effondrement des fonctions physiologiques apparaissent dans les stades 3 et 4 du Covid-19. L’évolution de cette pathologie en quatre stades a faussé l’appréciation de cette épidémie, d’autant plus que le confinement a faussé la connaissance de cette maladie nouvelle. C’est ce biais cognitif qui explique pourquoi Bricaire, Raoult et quelques autres dont moi-même ont misé sur une grippe sévère, jusqu’à début mars.
Sur le plan politique, les choses sont aussi très différentes. Dès fin janvier, Xi Jinping a fait de cette épidémie une affaire politique. Tous les autres pays ont suivi une fois la vague arrivée. C’est du jamais vu, une épidémie impactant de cette manière le politique. En 2009, l’affaire n’a pas pris un tournant politique mais plutôt bureaucratique et administratif. Commande de vaccin par Mme Bachelot et mesure de précautions prévues dans le plan épidémie, vite abandonnées début 2010, quand H1N1 est apparu comme une vague grippale ordinaire. Mais nous avons eu un avant-goût de la mise en place d’une réaction d’urgence pouvant être conduite par un Etat avec un plan déjà consigné dans les tiroirs de la bureaucratie en 2003.
Sur le plan social aussi, un gouffre avec H1N1. Les gens ont pris peur progressivement et la peur s’est installée parce que les témoignages ont afflué, des personnalités sont décédées, des comptabilités macabres ont été diffusées. Et maintenant, une majorité de Français est gagnée par cette peur du virus, dépassant les limites de la raison. Les gens voient le virus partout. Le principal impact social n’est pas dû au virus mais aux mesures coercitives prises par le gouvernement. Du jamais vu depuis un siècle. Nous sommes dans une étrange séquence historique pour ne pas dire face à une étrange défaite en devenir, sans savoir qui sera défait et qui est l’ennemi, ou alors une victoire ; 1940 ou 1944 ? Lors de son intervention du 16 mars 2020, le président Macron a répété maintes fois cette phrase qui n’est pas passée inaperçue ; « nous sommes en guerre », cela voulait dire ; un virus nous menace et j’en fais mon affaire, le ministère de la santé devient un ministère régalien et moi, le maréchal Foch qui conduit les opérations et mène la bataille en espérant un armistice viral ou une capitulation. Mr Xi a interdit au démon viral de rester caché. Mr Macron refuse que le SARS-CoV-2 puisse gagner la guerre et nous mettre à genoux. L’Etat veille à protéger ses citoyens. Les blocs de bétons contre les camions fous des djihadistes, la ligne Maginot pour stopper le virus et derrière le front, pas d’hôpitaux de campagne mais les CHU des métropoles.
Les propos que je tiens ne sont pas neutres. En pareille situation, il y a des choix, dictés par deux « écoles de pensée », en l’occurrence la sécurité sanitaire ou la liberté. J’ai forcé le trait dans un sens que le lecteur aura deviné. Pour les grecs αἵρεσις / haíresis signifie le choix pour une école de pensée. Osons assumer une position d’hérétique. Sans oublier que pour se dire hérétique, il ne suffit pas de choisir une école comme on prend un livre sur une étagère. Un hérétique doit être capable de penser.
Penser quand le monde se replie et éteint les lumières
Illustration musicale, Lights out, Residents