mercredi 10 août 2011 - par Samuel Moleaud

De la fac à la vie active : un saut en parachute doré ?

Cette brève histoire n’est pas un témoignage, elle n’est pas une expérience vécue, mais elle est un peu le miroir de nous tous : conscient que sa précarité est embarrassante, Paul sait malheureusement trop bien que des centaines de milliers de personnes vivent son histoire au même instant. Il sait que, diplômé ou non, tout le monde peut être jeté en pâture dans la fosse aux lions quand on n’est pas de bonne famille au capital socioculturel et économique doré.

Paul Anbois est âgé d’un quart de siècle. Nous sommes en juin, il sort de ses études à l’université, avec un diplôme de bac+5 à forte valeur ajoutée qu’il pourrait aisément valoriser sur le « marché » (1) du travail. De formation pluridisciplinaire en sciences, il a acquis un ensemble de savoir-faire littéraires et des compétences qu’il peut loyalement « offrir » à un employeur. Seulement voilà, les sciences qu’il a étudiées sont dites sociales, molles, il ne peut pas les « vendre » sur le « marché » du rentable. Et les portes vers lesquelles il se destinait, celles de la fonction publique, de la recherche, de l’enseignement, de l’édition ou du journalisme, ont été murées par l’État ploutocratique alors même qu’il était à la fac. Fin de bail, fin de concession, à la porte, à la casse. Travailleurs modernes, ne réfléchissez pas trop, soyez flexibles, et ménagez vos forces à usage unique dans le prêt à consommer. Me direz-vous, notre étudiant aurait du troquer bien avant ses sciences sociales contre des études de communication ou de banque-assurance ! 

 Comme des centaines de milliers d’individus en France, Paul vient grossir les rangs de la recherche, et pense à se recycler. Il ne travaille pas pour le traitement des déchets au CNRS, et il n’est pas rémunéré pour enquêter sur un objet d’étude particulier. Son laboratoire, est un portail web. Paul Anbois s’emploie à trouver salaire auprès de Pôle Emploi. Il sait que les médias falsifient le comptage de ses camarades de classe sociale, en publiant qu’il existe, en juin 2011, 2,6 millions de chercheurs de sa filière. Alors que son sujet concerne, en réalité, toute catégories de chômeurs confondues, près de cinq à six millions de personnes.

Beaucoup de candidats, peu d’élus…

 Paul a vingt-cinq ans. Il sait qu’il a le droit au Revenu de Solidarité Active (RSA) en attendant de trouver un emploi. Ainsi commence son parcours du combattant : première démarche, inscription sur les listes de demandeurs d’emploi, puis demande de RSA auprès de sa Caisse d’Allocations Familiales (CAF). La « conseillère » du Pôle Emploi rétorque que « pour être éligible au RSA, il faut avoir 26 ans et avoir travaillé deux ans ». Paul dit oui, en hochant la tête, mais il sait que l’employée se trompe, car cette allocation remplace le RMI et est attribuée à toutes les personnes sans activité de 25 à 55 ans. Mais ce n’est pas grave, les humains ont le droit à l’erreur, surtout le lundi matin. Et là, coup de tonnerre ! Le conseil général considère notre ami comme étant encore étudiant jusqu’en octobre (là, c’est du témoignage véridique). Chômeur total et non indemnisé, il comprend maintenant mieux l’enjeu du gouvernement en 2009, de remplacer le RMI attribué par la CAF par le RSA, attribué par le Conseil Général (autrement dit, le département) : réduire ou freiner les aides sociales sans que cela ne soit visible par la majorité qui n’en nécessite pas. Merci Mr M. Hirsch !

Ainsi, commencent les rédactions de lettres de motivations classées sans suites. Il sait que son master pourrait lui ouvrir les voies royales de la haute sphère publique, ou bien pourrait même déboucher sur un poste de « cadre ». Il n’est donc pas à plaindre et ne s’en plaint pas. Mais comment mettre en cadre des toiles vierges, ou comment peindre avec des pinceaux sans le coup de patte qui les guident ? Et oui, Paul découvre le monde merveilleux de la vie active. Il a peut-être un bon bagage de connaissances, mais il souffre d’un double cercle vertueux : non content de manquer d’expérience, il est trop diplômé. Ou plutôt, la valeur de son diplôme dépasse ce qu’il est possible, pour un employeur, de rétribuer : un salaire correspondant aux études faites. Paul accepte pourtant d’être payé au salaire minimum au début de sa « carrière ». Mais lorsqu’il envoie sa deux-centième candidature spontanée sans réponse à une entreprise, le responsable des ressources humaines, lui, ne le sait pas.

Paul Anbois préfère être réaliste plutôt que royaliste, il sait qu’il faut tout accepter afin de trouver un travail. Et il ne veut pas évoluer dans les arcanes du pouvoir qu’il qualifie de monarchiques. C’est un homme un peu acariâtre dont l’opiniâtreté avec laquelle il s’attèle à défendre ses rêves utopiques, lui fait récuser toute idée de s’encarter à quelconque organisation partisane que cela soit pour monter en grade dans les institutions et administrations publiques. Pour lui, un responsable politique qui récite au micro un programme électoral qu’il n’a pas écrit, ou un PDG de multinationale qui évoque un plan de restructuration, c’est comme une lionne affamée qui voudrait expliquer à une antilope apeurée qu’elle ne lui fera pas de mal. Il se dit depuis pas mal d’années déjà, que le gouvernement agit moins pour le service de la population que pour les classes riches, dominantes et possédantes. Mais un jour, il faut bien se lancer. Paul, est fait pour écrire la politique, non pour enfumer les électeurs à asséner qu’ils devront crever pour que vivent les oligarques courtisans du royaume. Il n’est pas fait pour vendre des crédits de consommation en porte-à-porte en flouant des personnes âgées, martelant que leur souscription révolutionnaire va permettre de défiscaliser leurs revenus. Paul, il est plutôt rêveur acharné, plutôt du côté de la plume que du discours oral. Plutôt fleur bleue que du côté du sabre et du goupillon, il affectionne ce qui est non marchandable : l’humanisme, l’amour, la paix et la liberté. 

Comme beaucoup, il a entendu les sketches de Coluche, et cherche avant tout de l’argent, plutôt qu’un travail en tant que tel. Il s’en va donc traîner sa carcasse en la repeignant d’un coup de motivation auprès de boîtes pas très mélioratives, comme Mc Do, Quick ou l’usine. Il paraît que ça recrute à mort chez les jeunes. Ainsi continuent les candidatures vaines, de Mc Do à Décathlon, de Carrefour aux services de la mairie, en passant par les vendanges, les campings et les bars pour voir si par hasard, ils n’auraient pas besoin d’un serveur. De ce côté-là de la recherche, Paul n’est pas vraiment chômeur. Il fait même des heures supplémentaires et qui plus est, défiscalisées, puisque non rémunérées. Petits boulots, petits CDD et contrats intérims, missions saisonnières d’été, Paul est content, il a trouvé salaire. Mais puisqu’il n’a pas de contrat à durée indéterminée, en tant que chômeur non indemnisé une fois la saison terminée, la précarité du travail l’empêche encore d’être libre. Libre, c'est-à-dire autonome, pour se payer un voyage ou un loyer d’appartement, manger, bref, s’assumer et ne plus vivre sous la dépendance de ceux qui l’abritent (famille, amis, etc.). Et encore, il a la chance d’être hébergé…

Pourtant, cet homme est plutôt ambitieux. Il se voit volontiers écrivain en train de signer ses préfaces dans les coulisses des librairies, ou alors rédacteur en chef d’un journal géré en société coopérative de production, qu’il aura lui-même créé. Ou artisan micro-brasseur, accompagnant les touristes dans un café-concert pour des soirées à thème au fin fond de l’Ariège, de l’Ardèche ou de la Drôme. C’est qu’il en veut, du boulot. En 2010, 640 000 jeunes de moins de 25 ans étaient au chômage, ce qui représente une part de 23% de la jeunesse étant touchée par la précarité. C’est 44% en Espagne…Sans compter ceux dont l’emploi ne correspond pas aux diplômes. Paul, socialement, n’est pas seul. Mais au vu du démantèlement progressif des services publics depuis les présidences de F. Mitterrand (la gauche PS en France a été la première à donner à l’économie une trajectoire néolibérale de privatisations en masse des entreprises) et de la dématérialisation des services sociaux, Paul est autant aigri qu’inquiet.

Voilà qu’il reçoit une réponse à la cent-cinquantième candidature qu’il avait envoyée : « Mr Machin on vous remercie, mais nous ne pouvons pas donner suite à votre candidature »…Comprendre, merci, mais nous n’avons pas besoin de vous. En amont de la recherche d’emploi, afin de se faire embaucher par un employeur pour effectuer un poste intéressant, il faut être expérimenté. Or pour acquérir de l’expérience, il faut avoir déjà travaillé ou avoir été stagiaire. Les demandes de stage peuvent pourtant souvent être négatives aussi. Pour se loger, il faut un CDI, ou un CDD relativement long. Or pour avoir un CDI, il faut de l’expérience. Dans l’histoire du chat qui se mort la queue, le pauvre animal domestique s’étourdit.

Nous vivons une époque formidable, ou les gens quémandent un smic auprès des entreprises-pieuvres pour se loger dans des villes où la spéculation immobilière fait grimper les prix quasiment à hauteur du salaire mensuel net. Des salaires trop faibles comparés au coût exorbitant de la vie, cela en fait des sommes d’agios bancaires prélevées sur nos comptes. Ce à quoi s’ajoute que, dans les départements où il y a peu de boulot, une "armée industrielle de réserve" se forme, chacun est obligé d’accepter de prendre la place d’un autre, ou bien d’être victime de la loi de la jungle.

Et les professionnels de la désinformation télévisuelle plantent leurs oripeaux libéraux dans le cerveau du populo pour faire croire que nombre de chômeurs préfèrent rester allocataires plutôt que d’accepter les offres de Pôle Emploi. Mais Paul Anbois, ou d’autres, sont un peu amers de voir leurs salaires horaires rétribués à neuf euros bruts, alors qu’en fin de mois, ils auront apporté à l’entreprise peut-être dix ou quinze fois plus que leur salaire. Et les actionnaires, les investisseurs, ou toutes autres sangsues étrangères gravitant autour du système productif, elles, se frottent les mains avidement en faisant du bénéfice sur les crises économiques.

Paul, qui n’est plus étudiant et à peine rentré dans la vie active, se pose une question : il existe un salaire minimum depuis 1941 (date de l’idée d’un plafond minimal) et 1950 (date légale d’institutionnalisation du salaire minimum interprofessionnel garanti, SMIG). Pourquoi n’y aurait-il pas un SMAIC, salaire maximal interprofessionnel de croissance, en dessus duquel les gros revenus serait taxés, afin d’éviter que les inégalités économiques et sociales ne se creusent trop ? Pourquoi n’y aurait-il pas une taxation des transactions financières couplée d’une pénalisation des mécanismes de défiscalisation pour éviter de privatiser les profits et de socialiser les pertes ? Ça ne plairait pas trop au Medef, cela…

En attendant de philosopher sur l’alternative sociale à donner au droit du travail, il flanque à la porte son idéal socialiste pour aller à l’usine. C’est l’heure du pointage. Huit heures à conditionner des palettes sous l’œil hagard des contremaîtres. Voilà deux-trois ans que nombre de diplômés enchaînent CDD sur CDD, tantôt manutentionnaire d’usine, ou livreur de pizzas, tantôt équipier chez Mc Do ou employé de rayon aux deux-huit chez Carrefour. Résultat, le bond dans la vie active est un saut en parachute plutôt troué que doré, même en étant diplômé ! Sont-ce les études à l’université ou bien la guerre sociale des classes, qui fabrique le chômage et l’indignation silencieuse de Paul Anbois ?

Samuel Moleaud.

 http://sam-articles.over-blog.com.

 (1). Note aux lecteurs : en novlangue libérale, « offrir » ses compétences à une entreprise et les « vendre » sur un « marché », signifie donner à une pieuvre capitaliste ses bons et loyaux services, ou plutôt sa force de travail, en échange d’un salaire plus faible que ce que « vaut » réellement le travail fourni une fois après avoir, en bout de piste, saupoudré la valeur ajoutée dans les différents coûts fixes de la comptabilité nationale. On doit se vendre à une entreprise, ce qui est, en quelque sorte, de la « prostitution économique ». Il y eût un temps où cette opération se nommait plus communément « exploitation » ou « servage ». Mais c’est un mal pour un bien.



20 réactions


    • Samuel Moleaud 10 août 2011 12:53

      Paul a étudié les sciences sociales comme il est dit dans l’article. Cela peut donc être de l’histoire, de la sociologie, du droit, de l’économie. De la science politique.


    • Lucie A. Lucie A. 10 août 2011 13:06

      donc c’est quoi précisément ? sciences politiques ? histoire ?


    • LeS_GeNs LeS_GeNs 10 août 2011 13:45

      Est-ce que ça a de l’importance ? Ce n’est pas une histoire vécue de toutes façons mais plutôt une allégorie il me semble.

      Que ce soit les sciences humaines ou la chimie, la physique, l’histoire, la philosophie, même l’électronique, la politique ou l’informatique peuvent rentrer dans ce domaine !
      Ca n’a pas d’importance. Ce qui en a c’est le chemin du jeune diplômé !

      LeS_GeNs


    • Antoine_Duclos 10 août 2011 13:51

      fallait écrire : 

      Paul s’est entêté à étudier dans une filière où il n’y a pas de boulot 

      dès fois il faut reconnaître qu’on a fait des choix à la con

    • Samuel Moleaud 10 août 2011 14:05

      @ Lucie. A : Quelle importance, l’histoire est une science qui étudie la politique, les antécédents de l’Homme, de la société, de l’Etat et des comportements... C’est une science politique.

      Paul aurait fait chimie, électrotechnique, mathématiques ou science politique (qui regroupe plein de disciplines comme l’éco, la socio, l’histoire, le droit, la psychologie sociale, les relations internationales, etc.), en sortie de fac, c’est la jungle pour tout le monde. L’enjeu majeur reste à savoir se trouver au bon moment à la bonne heure. Monter dans le train, le conduire ou rester sur le quai à attendre.


    • LeS_GeNs LeS_GeNs 10 août 2011 14:15

      Le choix à la con, c’est d’écouter ceux qui nous disent quoi faire et de ne pas chercher à faire ce qu’on aime !
      Si monsieur on vous dit d’aller ramasser les ordures ou de la plomberie ou des études de marketing ou de commerce ou d’économie parce que ça paye bien et qu’il y a du boulot dans ce secteur quand vous avez 17 ans (ce qui ne sera peut-être plus le cas à vos 25 ans d’ailleurs). Et que vous voudriez faire libraire par votre passion pour les livres, ou vétérinaire etc.. Qu’auriez vous fait ?
      Pragmatique, vous auriez sans doute fait le « bon » choix...
      Mais laissez l’opportunité de vouloir apprendre ce qu’on aime, quitte à se réorienter plus tard car malgré tout on engrange du savoir et de l’expérience pouvant toujours bien servir dans d’autres domaines, ce n’est pas une liberté bien admise finalement et cela coûte toujours très cher à l’entreprise à court terme !
      On ne forme dont plus des êtres humains aboutis psychologiquement et humainement, capables d’amélioration et d’anticipation, mais des machines de savoir faire brut bien plus profitables à l’économie de marché.

      Après, certains de ceux qui auront choisis la voie de la « sagesse » rejoindront les stats de « dépression » au travail, les autres rongeront leur frein jusqu’à 60 ans, à la retraire et qui de toutes façon pour ceux qui ne seront pas millionnaires, toucherons une bien maigre récompense comparé au services rendus et aux profits gagnés.
      Car même dans un secteur où il y a du travail, les rapaces sont rois !

      LeS_GeNs


    • Axel de Saint Mauxe Axel de Saint Mauxe 11 août 2011 07:19

      L’article aurait pu s’appeller « des mirages de la fac aux réalités de la vraie vie »


      Paul peut remercier ses amis socialistes, menteurs politiques ou syndicalistes étudiants, pour avoir refusé toute forme de sélection à l’université, pour avoir recherché la massification, au lieu de constituer une élite. Pour avoir créé des diplôme bidons, inadéquats aux besoins de la société.

      Paul peut aussi s’en prendre à lui-même, pour s’être si mal renseigné sur les filières.

      Paul a tort d’accuser la société. Paul est l’unique reponsable de sa situation. Sa posture de « Calimero (1) » l’empêche d’ailleurs de trouver sa voie.

      Sa faute la plus grave, est d’avoir adhéré aux idéaux socialistes, déconnectés de la vie réelle.

      Vous avez raison, Paul est bel et bien représentatif d’un pan entier de la société française, caractérisée par sa naïveté face aux idéologues et intellectuels socialisants, et donc sa déception.

      (1) C’est vraiment trop injuste !



    • Samuel Moleaud 11 août 2011 12:49

      Il est vrai qu’épouser naïvement les idées de l’économie de marché, inculquées par les idéologues de l’école de Chicago (monétaristes et ultralibéraux), c’est une vertu applicable à tout cerveau...
      Quant à vos élucubrations malsaines, qui dit étudiant ne veut pas dire syndiqué prêt à gauchiser la population. On peut être étudiant, et ne pas s’encarter dans les partis ou syndicats « de masse »... On peut aussi réflechir, faire des études de droit ou d’économie, apprendre les sciences de l’Humanité... Bref, éviter de devenir un requin.

      Mais quand on a besoin de Veolia, Areva ou Suez pour vivre, un discours anticapitaliste peut choquer. Vous savez, ces boîtes qui ne payent plus leurs impôts à la collectivité, celle qui vous est si chère apparemment... alors les formations gratis, c’est rien à côté des fuites de capital.


  • Kalki Kalki 10 août 2011 13:12

    Parfois , on ne sait pas tout. Souvent ?

    Vous avez dit travail ?

    Vous pensez VOUS ? Vous travaillez peut être ?


  • LeS_GeNs LeS_GeNs 10 août 2011 13:27

    Je plussoie ! Bravo pour cet article qui recentre le débat sur les étudiants post bac qui vont devoir affronter le monde du travail aujourd’hui et demain.

    Cela m’a touché car ce fut quasiment l’état de ma situation personnelle. (J’ai une bonne formation et pendant 6 mois chez mes parents j’ai cherché du travail sans succès avant de postuler chez Mac Do, on m’a alors répondu pour un poste et un salaire bien inférieur à ce que je valais vraiment... à Paris et dans mon domaine )
    A tous ces jeunes soit disant « sur diplômés » et qui vendent leurs âmes pour une poignée de dollar pour ne pas se faire dévorer tout cru par le monde capitaliste, j’ai envie de leur dire, battez vous ! Battez vous encore plus ! Et saisissez la chance de vous affirmer même avec un CV sans expérience ! Le monde est cruel, celui de l’entreprise n’a d’yeux que pour les opportunistes et les battants !

    On y perd toujours un peu de plume. Même ceux qui ont bien réussi aujourd’hui ont donné un petit bout de la peau de leur fesse. On ne me fera pas croire le contraire.

    Pour moi cet article nous permet de visualiser les choses de l’intérieur ! Il a sans doute des défauts, un certain côté caricatural, mais c’est une façon de parler pour le plus grand nombre de ces jeunes (toutes études confondues donc !).
    Même si je n’ai pour ma part jamais envoyé 250 lettres de motivation ou visité 80 appartements pour me loger, j’ai toujours eu ce sale goût en bouche qu’il y avait une guerre qui régnait là dehors et j’en ai été vite découragé.

    Si on ne prend pas ce qu’on nous jette à terre comme un vulgaire bout de viande devant une niche pour chien, un autre se ruera dessus pour l’avoir (je parle bien de Paris ici, mais cela peut s’étendre sans problème au reste de la France, puisque c’est de la jeunesse diplômée en France dont il s’agit).

    En tous les cas, merci Samuel pour cet article plein de bon sens et qui ne manquera pas de terroriser ceux qui ont encore à passer par là, malgré le fait qu’ils le savent déjà tout ça, eux..
    ..qu’il faut passer entre les mailles du filet et être le meilleur, meilleur encore que ses propres pères.

    LeS_GeNs


    • Kalki Kalki 10 août 2011 13:51

      Mais non c’est terminé, vous pensez qu’il y a du travail mais non

      vous êtes remplacé, ne vous en faites pas

      c’est pas une caste politique qui vous sauvegardera d’un monde qui coule


  • Laratapinhata 10 août 2011 15:08

    Oui, votre histoire est édifiante, mais pas nouvelle...ça fait 25 ans que c’est comme ça... et avant y avait pas de RSA...


  • titi titi 10 août 2011 18:20

    @L’auteur

    Arrêtez de dire n’importe quoi :

    « Chômeur total et non indemnisé, il comprend maintenant mieux l’enjeu du gouvernement en 2009, de remplacer le RMI attribué par la CAF par le RSA, attribué par le Conseil Général (autrement dit, le département) : réduire ou freiner les aides sociales sans que cela ne soit visible par la majorité qui n’en nécessite pas »

    C’était exactement le même chose avec le RMI il y a 15 ans. Hirsch n’y est pour rien
    Et je sais de quoi je parle : j’ai été dans cette situation.
    Sorti d’école à Bac+5 sans avoir redoublé, service militaire accompli, j’arrive sur le marché du travail n’ayant pas 26 ans. Pas 26 ans, pas de RMI.
    Qui plus est à l’époque les logements en foyer bon marché à Paris étaient réservés aux moins de 25 ans. Or j’avais 24 ans et 9 mois on m’a refusé l’accès à ces foyers car j’étais trop proche de 25.
    J’ai cherché un logement et demandé les APL. On m’a demandé ma dernière déclaration d’impot. Ca correspondait à l’année de mon service militaire, seule année où je n’avais pas travaillé l’été. Du coup revenu déclaré => 0 euro. APL => 0 euro.

     

    Notre système social coute très cher et ne génère que des mécontents.

    Il ne sert à rien.


    • Samuel Moleaud 10 août 2011 18:44

      Ce n’est pas le système social qui coûte « très » cher, mais les parts que nécessitent les acteurs de la classe économique supérieure.

      Autrement dit. Il est préférable, dans une logique financière néolibérale, d’inciter à ce que l’Etat intervienne de moins en moins, et de laisser l’idéologie du marché faire son affaire. Même sur tous les services qui soient. De l’industrie du yahourt à la couverture sociale des populations, en passant par l’Armée, les transports, l’eau, etc.
      Les économistes libéraux assèneront toujours que l’Etat est incapable de gérer des dépenses publiques trop couteuses à une économie dans un système ouvert, globalisé. Cette idéologie là, vient de l’Ecole de Chicago, des M. Friedman et V. Hayek, ceux qui ont contribué à appliquer la loi du marché tout puissant au Chili et en Argentine en installant des dictatures militaires au détriment de la démocratie demandée par le peuple. Les crises économiques n’en sont pas les causes, mais les conséquences. Partout où cette logique s’est appliquée, (dans le Tiers-Monde et en Amérique du Sud, en Russie après 1991), l’Etat a été démantelé au bénéfice des riches. A un tel point que l’inflation était de 375% par an au Chili juste après le coup d’Etat de Pinochet pendant que des financiers faisaient fortune.
      Une militante, (Naomi Klein) nomme cela la stratégie du choc, car c’est une stratégie qui se reproduit en permanence. Et fait remonter ce processus aux années 1950.
      Je vous laisse regarder ce lien, car c’est en lien avec le fil conducteur de mon article :
      http://www.youtube.com/watch?v=MKeiChMRWTU.

      Les élites ont dépossédé la sécurité sociale de sa marge de manoeuvre au bénéfice des marchés financiers et se sert de l’argument de la non-efficacité pour privatiser en retour encore plus. Mais lorsque la santé est privée, seuls les riches peuvent s’assurer contre des prix ou cotisations prohibitives. A côté de cela, nous avons des dirigeants d’entreprises qui défiscalisent leurs revenus et qui ne payent pas l’impôt à hauteur de ce que la majorité paye. A un tel point, que si l’Etat percevait ces sommes, il récupèrerait des dizaines de milliards d’euros qui pourrait rembourser et alimenter les comptes des services publics.

      Mais l’idéologie libérale assène que l’homme est trop vertueux pour utiliser à bon escient le service public, que l’Etat porte atteinte aux libertés fondamentales (des riches), et qu’il faut confier ces prérogatives au privé (à ceux qui théorisent le libéralisme...)
      Vous pensez que demander cent euros de caf, ou quatre-cent euro de RMI-RSA, et le « donner » à cinq millions de personnes victimes du marché (car elles le sont, le gouvernement européen préfère limiter l’inflation, que lutter contre le chômage) de l’emploi distendu, cela coûte plus cher que de légaliser la fuite de capitaux potentiellement publics (sommes d’impôts) vers les paradis fiscaux et les poches des actionnaires ?

      Ce ne sont pas les assurés sociaux qui coûtent cher, mais les oligarques qui gouvernent.


    • titi titi 10 août 2011 19:16

      @L’auteur

      Le libéralisme n’a rien à voir la dedans. Au contraire...

      Le système social francais c’est du pur soviétique. Ca a toujours été « rentrer dans des cases ».
      T’as pas 26 ans ? Pas de RMI.
      T’as déclaré 0 de revenus l’année n sur laquelle on va se baser pour calculer tes droits ? Pas d’APL.
      T’as pas le formulaire bidule ? Niet.

      Etc... Etc...

      Ce qui fait que le système sensé aider à surmonter les accidents de la vie ne le fait pas.
      Et ce système il coute 40% de se que gagne chaque salarié.

      Il ne sert à rien.

       


    • titi titi 10 août 2011 19:18

      @A tous les auteurs

      « Une militante, (Naomi Klein) nomme cela la stratégie du choc, car c’est une stratégie qui se reproduit en permanence. Et fait remonter ce processus aux années 1950. »

      Et arrêtez avec Klein et Chomsky. On dirait que la bibliothèque d’Agoravox ne contient que 2 livres. A moins que les autres aient été finis de coloriés.


  • Gargantua 11 août 2011 00:44

    Vous avez plusieurs solutions, vous expatriez et dire merde à la France, l’autre est de persévérer dans les études, où bien certes difficiles prendre ce que vous pouvez attraper et attendre opportunité qui va vous aidez à vous révéler.
    Certes cela n’est pas drôle pénible de se consacrés à un travail de scribe, et de se retrouver à manier la pelle à charbon.
    C’est un mauvais moment à passez, vue la situation il est préférable de tenir la pelle à charbon, que de s’échiner à perverse dans une embauche hypothétique.
    Surtout que vous avez les moyens intellectuelles d’aller de l’avant comparer à tous ceux qui déboule sur le marché du travail en échec scolaire et qui vont probablement passez pour des cons pendant toutes leurs vies aux travail.

    De désespérer pas il y a dans le travail manuelle beaucoup d’ouverture surtout avec votre bagage qui permet par des chemin détourner d’arrivé à un but.

     C’est juste une question de deuil, après se travail vous verrez que les horizon est vaste
     Je vous souhaite du courage et surtout croyez à votre étoile.

      
     


    • Samuel Moleaud 11 août 2011 01:27

      Merci pour vos encouragements, Gargantua. Ceci dit, je devrai les adresser à Paul, et ses 640 000 camarades de classe^^ Ce n’est pas le récit de mon histoire vécue, même s’il en comporte certains aspects.


  • Jason Jason 11 août 2011 09:37

    De la fac à la vie active : un saut en parachute troué

    Cet homme jeune a 25 ans. Cela fait 19 ans d’école, de cours, de course d’obstacles, de jeunesse sacrifiée (mais cela a-t-il un prix ?). C’est beaucoup.

    Les entreprises qui n’ont payé à aucun moment cette formation, à part ce qui est tiré de leurs impôts (c-à-d ; pas grand chose), les entreprises vont faire la fine bouche. Le candidat n’est pas ceci, n’a pas cela, bref, l’employeur fait la moue. Il ne pense que très rarement à former lui-même son personnel (à part des séminaires de 2 jours dans un hôtel miteux).

    Quand fera-t-on payer aux entreprises la formation qu’elles jettent si négligemment ? Et que la collectivité leur fournit gratis.

    Cet homme devrait quitter la France immédiatement. C’est ce que j’ai fait à son âge, et bien m’en a pris. J’y suis revenu en touriste et en retraité.


    • titi titi 14 août 2011 23:10

      Turlututu

      « Quand fera-t-on payer aux entreprises la formation qu’elles jettent si négligemment ? Et que la collectivité leur fournit gratis. »

      Si elles jettent les formations si négligemment c’est tout simplement qu’elles ne servent à rien car c’est de la merde.

      Mon neveu a eu un cours de dessin technique en 5ème. Ce cours s’est résumé à de l’écriture normalisée. Or plus personne ne fait de dessin technique au « rotring ». Le dessin technique est issu des CAO.
      Mais l’éducation nationale continue a enseigner comme il y a 15 ans.

      Aujourd’hui les entreprises paient les formations : c’est ce qu’on appelle l’alternance.

      Mais je suppose que vous n’êtes pas au courant.


Réagir