samedi 20 novembre 2010 - par jack mandon

De la Vénus hottentote aux zoos humains

 "On façonne les plantes par la culture, et les hommes par l’éducation. Si l’homme naissait grand et fort, sa taille et sa force lui seraient inutiles jusqu’à ce qu’il eût appris à s’en servir ; elles lui seraient préjudiciables, en empêchant les autres de songer à l’assister ; et, abandonné à lui-même, il mourrait de misère avant d’avoir connu ses besoins. On se plaint de l’état de l’enfance ; on ne voit pas que la race humaine eût péri, si l’homme n’eût commencé par être enfant.
  Nous naissons faibles, nous avons besoin de force ; nous naissons dépourvus de tout, nous avons besoin d’assistance ; nous naissons stupides, nous avons besoin de jugement. Tout ce que nous n’avons pas à notre naissance, et dont nous avons besoin étant grands, nous est donné par l’éducation.
 Cette éducation nous vient de la nature, ou des hommes, ou des choses. Le développement interne de nos facultés et de nos organes est l’éducation de la nature ; l’usage qu’on nous apprend à faire de ce développement est l’éducation des hommes ; et l’acquis de notre propre expérience sur les objets qui nous affectent est l’éducation des choses."
 
  Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation (1762)

Avant, bien avant le siècle des lumières qui ouvrait la voie à une humanité plus consciente et plus adulte, il y avait eu dans l’histoire un moment décisif pour le monde entier...une espèce de genèse "civilisatrice" conçue en Europe. La controverse de Valladolid ( Espagne 1550 )
L’empire aztèque vient d’être vaincu par Cortès. Une question est débattue : Les indiens sont ils des hommes ? Après de longs palabres incroyables à la mesure de la question, les sages et responsables de l’époque, ecclésiastiques et magistrats admettent que les indiens peuvent être considérés comme des sous hommes.
Le problème de fond est surtout économique...ce qui fait encore et toujours force de loi au XXI e siècle.
Les indiens refusent l’esclavage, alors pour faire fructifier ce grand continent américain, l’Afrique sera désignée comme le grand pourvoyeur de main d’œuvre abondante et gratuite. Pour l’essentiel, en esprit, c’est une romance universelle qui couvre tous les temps et toutes les époques.

Un moment clé, l’aventure coloniale mondiale du XIX e et du XX e siècles.
 

L’exploration géographique, dans son principe, n’avait pas d’objectif politique. Elle ne contenait pas forcément en germe la conquête. Il n’empêche que les explorateurs pouvaient s’émerveiller des richesses des pays qu’ils découvraient, que les peuples qu’ils décrivaient purent apparaître, aux yeux des économistes du XIXe siècle, comme autant de marchés pour les produits manufacturés de l’Europe industrielle. Apprentis anthropologues ces explorateurs contribuèrent de façon décisive à la définition intellectuelle du racisme scientifique, par leurs descriptions de populations sauvages, sortes de buttes-témoins du passé de l’homme blanc. Dans la logique tantôt chrétienne, tantôt progressiste des Européens du XIXe siècle, il apparut vite évident que l’homme blanc, parvenu à un haut degré de civilisation, devait faire bénéficier les peuples extra-européens des bienfaits de cette civilisation. Les Églises ajoutaient qu’il importait avant tout de sauver les âmes de ces peuples, en les convertissant à toutes les sauces de tous les dieux.

Les zoos humains, expositions ethnologiques ou villages nègres restent des sujets complexes à aborder pour des pays qui mettent en exergue l’égalité de tous les êtres humains. De fait, ces zoos, où des individus « exotiques » mêlés à des bêtes sauvages étaient montrés en spectacle derrière des grilles ou des enclos à un public avide de distraction, constituent la preuve la plus évidente du décalage existant entre discours et pratique au temps de l’édification des empires coloniaux.

Comment cela a-t-il été possible ? Les hommes sont-ils capables de prendre la mesure de ce que révèlent les « zoos humains » de leur culture, de leurs mentalités, de leur inconscient et de leur psychisme collectif ?

C’est la sortie du film sur "la Vénus noire" qui m’a replongé dans ce passé tellement présent.
Aventure hallucinante que celle de la "Vénus hottentote", de son vrai nom Saartjie Baartman, descendante des premiers habitants de l’Afrique du Sud, jeune femme aux formes impressionnantes, arrachée à sa terre par deux escrocs qui, en 1810, vont l’emmener à Londres puis à Paris pour l’exhiber comme une bête de foire, elle enflamme le monde scientifique et devient célèbre avant de mourir le 1er janvier 1816.
Soigneusement disséquée par Cuvier, sa dépouille fait l’objet d’un moulage qui attirera plusieurs générations de visiteurs au Muséum puis au Musée de l’Homme. Et puis voilà qu’en 1994 l’ethnie khoisan réclame la restitution de son squelette et de ses organes conservés dans des bocaux. Il faudra des rebondissements dignes d’un roman et le vote d’une loi pour qu’enfin ils soient officiellement remis à l’Afrique du Sud le 29 avril 2002.

Un premier film
de Zola Maseko ( 1998 - France, Afrique du Sud )
Ce film tente d’ouvrir la voie à de nouvelles pratiques culturelles en infirmant des idées reçues qui ont traversé les siècles et nourrissent encore l’imagerie raciale populaire.

Un film actuel, la « Vénus Hottentote » d’Abdellatif Kechiche, raconte la vie de Saartjie Baartman , jeune femme originaire de la colonie du Cap, aujourd’hui province de l’Afrique du Sud.

Le regard profane du début du XIX ème fait écho au regard des spectateurs de notre temps,
Regard populaire, celui des bourgeois, des libertins, des artistes mais aussi des savants.

Ce regard obsédant nous renvoie à notre animalité humaine et c’est un déferlement d’émois jusqu’au paroxysme.

C’est insoutenable, sadique, dérangeant, éprouvant, obscène, on s’accroche au fauteuil pour ne pas hurler de rage et de dégout, l’héroïne prétend qu’elle est une artiste, mais les femmes et les hommes ne s’y trompent pas, c’est un calvaire, une souffrance, une agonie.
Les projections de chacun vont bon train et tous les mots et les maux, les sensations et sentiments sont impuissants à traduire l’ignominie.
Et la science d’une époque de trancher au sens propre et figuré.

En 1815, le professeur de zoologie, Geoffroy Saint-Hilaire, demande à pouvoir examiner « les caractères distinctifs de cette race curieuse ». C’est devant des scientifiques qu’elle est exposée nue, transformée en objet d’étude. Le rapport compare son visage à celui d’un orang-outang, et ses fesses à celles des femelles des singes mandrills.

Georges Cuvier estime que Saartjie est la preuve de l’infériorité de certaines races. Peu après sa mort, il entreprend de la disséquer au nom du progrès des connaissances humaines, réalise un moulage complet du corps et prélève le squelette ainsi que le cerveau et les organes génitaux qu’il place dans des bocaux de formol. En 1817, il expose le résultat de son travail devant l’Académie de médecine : « Les races à crâne déprimé et comprimé sont condamnées à une éternelle infériorité. »

Le positionnement des savants, des sages, des politiques, et autres officiels, qui sont censés vivre un bon niveau de conscience ,conditionnent le comportement de toute l’humanité en marche.

Il me vient à la mémoire des images fortes d’un film d’Henri Verneuil.
Un être humain impliqué dans une expérience de soumission à l’autorité de Stanley Milgram "I comme Icare", restituée dans l’intégralité de sa séquence avec les commentaires sur l’implication et les conséquences de l’expérience...

Cette expérience signifie que dans un pays civilisé, démocratique et libéral, les 2/3 de la population est capable d’exécuter n’importe quel ordre provenant d’une autorité supérieure ...il n’est pas faux d’anticiper cette pratique aux interactions conscientes et inconscientes qui régissent l’humanité...aux antipodes des fondamentaux christiques :
" Aime ton prochain comme toi même. " 
faut il se connaitre et s’aimer pour cela .

"Nous naissons faibles, nous avons besoin de force ; nous naissons dépourvus de tout, nous avons besoin d’assistance ; nous naissons stupides, nous avons besoin de jugement. Tout ce que nous n’avons pas à notre naissance, et dont nous avons besoin étant grands, nous est donné par l’éducation." j.j. Rousseau. Emile où de l’éducation

Parmi les pulsions qui régissent notre personnalité, pour n’en citer qu’une, la pulsion sexuelle chère à S. Freud,
elle conditionne un comportement multiforme entre érotisme et sadisme.
Il est des formes d’expression qui vont du niveau animal, en passant par celui infantile, adulte, socialisé, sublimé et pathologique élargissant la palette d’expression et de communication entre les êtres humains qui éclairent spectaculairement toutes les réussites et tous les maux du monde.
Le choix du timbre qui illustre les travers et les déviances de l’humanité, n’en est pas moins représentatif d’une époque, le sceau officiel d’une ignorance qui enfle et se résorbe au gré des humeurs, des peurs des hommes et d’une inconscience manifeste.

 Nicolas Bancel et Pascal Blanchard, De l’indigène à l’immigré, Gallimard, coll. « Découvertes », Paris, 1998.



28 réactions


  • Fergus Fergus 20 novembre 2010 09:36

    Bonjour, Jack, et merci pour ce superbe article.

    Hélas ! l’homme a toujours été capable de bassesse, que ce soit sous le couvert de la recherche scientifique ou dans l’expression du voyeurisme le plus abject. Et il n’est malheureusement pas sûr que notre époque ait, dans nos démocraties dites « évoluées », éradiqué les ressorts de ces comportements. L’instinct primaire, tapi sous la raison, est là qui ne demande qu’à ressurgir pour se repaître du spectacle des différences, ce spectacle rassurant qui nous conforte dans notre « supériorité ». Un moteur que l’on retrouve dans l’individualisme exacerbé qui conduit les pauvres eux-mêmes à mépriser plus pauvres qu’eux !

    A voir et revoir, dans un domaine quelque peu différent de « La Vénus noire », les formidables films de Tod Browning « Freaks » et de David Lynch « Elephant Man ».

    Cordiales salutations.


    • jack mandon jack mandon 20 novembre 2010 11:49

      Fergus,

      Des réflex à la mesure d’un manque de conscience, mais par certains côtés,

      des progrès considérables dans le regard porté sur la différence.

      Dans l’ensemble un tourbillon d’informations contradictoires stimulantes.

      Tout n’est pas perdu.

      Merci Fergus


  • Francis, agnotologue JL 20 novembre 2010 10:13

    Bonjour Jack Mandon. Je n’irai pas voir ce film, La Vénus Hottentote, pour des raisons que beaucoup ont déjà évoqué ailleurs.

    Je voudrais mettre en parallèle les citations de Rousseau et l’expérience de Milgram qui émaillent votre article pour dire que ceci explique cela.

    Plus précisément, c’est la confiance nécéssaire que l’enfant développe dans son entourage qui le rend docile et soumis à l’autorité. Laquelle autorité plus tard et sous d’autres figures, du fait comme l’on sait que le pouvoir rend fou, est trop souvent sadique.

    Par ailleurs, comme le dit si bien Pierre Manent cité par Michéa : « l’Etat libéral est le « scepticisme devenu institution »

    La confiance est le fondement de la société. En institutionnalisant le scepticisme à tous les niveaux, l’Etat libéral se révèle suicidaire : le libéralisme nous construit une société qui cède à sa pulsion de mort ! Dit autrement, le libéralisme détruit la société.

    Les sociétés humaines ne sont-elle pas voués à errer de Charybde en Scylla ? Et l’homme, constamment sommé de choisir entre peste et choléra ? Où est le bien, dans tout ça ?


    • Fergus Fergus 20 novembre 2010 11:04

      Bonjour, JL.

      Evoluer de Charybde en Scylla. Pas forcément, espérons-le. Encore faut-il que chacun d’entre nous soit exigeant avec lui-même, et cela en permanence et en toutes circonstances, pour s’affranchir des pulsions, aussi ténues soient-elles, de voyeurisme, de sadisme, de méchanceté gratuite, que le pouvoir, aussi limité soit-il, peut engendrer ici et là, au gré de nos parcours de vie.


    • jack mandon jack mandon 20 novembre 2010 11:58

      JL

      « l’Etat libéral est le « scepticisme devenu institution »

      Le pouvoir d’un seul ou le pouvoir du collectif, à mon sens n’influence pas moins,

      les dérives de l’autorité.

      Chacun est responsable à son niveau. La connaissance, l’élargissement du champ

      de conscience sont les seuls remparts à l’erreur d’appréciation.

      Merci de votre visite.


    • Francis, agnotologue JL 20 novembre 2010 12:14

      Fergus, Jack, vous avez raison, j’ai envie d’ajouter hélas : la révolution viendra de la prise de conscience généralisée, c’est-à-dire jamais.
       
      Selon Attali, « Le libéralisme c’est la somalisation du monde »

      Et selon Yvan Audouard : « Ce ne sont pas les mécontents qui prendront le pouvoir mais ceux qui auront su tourner le mécontentement à leur profit. »


    • jack mandon jack mandon 20 novembre 2010 12:38

      JL

      Par delà toute critique dénonçant l’auto-satisfaction ou l’égocentrisme,

      rechercher un centrage harmonieux et apprendre à s’aimer constitue

      une ouverture à l’autre dans un partage constructif.

      Certes on ne peut changer le monde, on peut changer de monde,

      Le plaisir de vivre est une invitation au bonheur partagé.

      L’humanité est une galaxie de vie multiples dans l’unicité.

      Un ensemble complexe où chacun apporte sa pierre à l’édifice.


    • rocla (haddock) rocla (haddock) 21 novembre 2010 19:39

      Le plaisir de vivre est une invitation au bonheur partagé.



      Bonjour Jack , 

      En effet , beaucoup ne savent pas que vivre puisse être un plaisir .
      Il leur faudrait modeler le monde à leur désir , alors qu’ il suffit  de savoir regarder là où le monde est beau .

    • jack mandon jack mandon 22 novembre 2010 10:29


      Capitaine,

      Tenez capitaine un poème d’Antoine Pol, c’est au hasard des rues, sur un quai de scène,
      que Brassens découvrit ce poème dans un recueil vieilli, oublié de tous.
      il en composa la musique pour en délivrer le message.

      Qui n’a pas connu le bonheur d’aimer et la douleur de l’abandon ne peut comprendre.
      C’est à dire une foule de gens peuvent s’émouvoir à la lecture de ce texte.
      Les hommes surtout puisqu’il les désigne comme de piètres communicateurs,
      les femmes aussi, en miroir, nos compagnes heureuses et malheureuses...
      Pour aller dans votre sens, il faut rester à l’écoute et entendre, regarder et voir,
      sentir et capter pour ne pas s’exposer à de pareilles déconvenues.

      Les passantes interprétées par Georges Brassens :

      Je veux dédier ce poème

      A toutes les femmes qu’on aime

      Pendant quelques instants secrets

      A celles qu’on connait à peine

      Qu’un destin différent entraîne

      Et qu’on ne retrouve jamais

      A celle qu’on voit apparaître

      Une seconde à sa fenêtre

      Et qui, preste, s’évanouit

      Mais dont la svelte silhouette

      Est si gracieuse et fluette

      Qu’on en demeure épanoui

      A la compagne de voyage

      Dont les yeux, charmant paysage

      Font paraître court le chemin

      Qu’on est seul, peut-être, à comprendre

      Et qu’on laisse pourtant descendre

      Sans avoir effleuré sa main

      A la fine et souple valseuse

      Qui vous sembla triste et nerveuse

      Par une nuit de carnaval

      Qui voulu rester inconnue

      Et qui n’est jamais revenue

      Tournoyer dans un autre bal

      A celles qui sont déjà prises

      Et qui, vivant des heures grises

      Près d’un être trop différent

      Vous ont, inutile folie,

      Laissé voir la mélancolie

      D’un avenir désespérant

      Chères images aperçues

      Espérances d’un jour déçues

      Vous serez dans l’oubli demain

      Pour peu que le bonheur survienne

      Il est rare qu’on se souvienne

      Des épisodes du chemin

      Mais si l’on a manqué sa vie

      On songe avec un peu d’envie

      A tous ces bonheurs entrevus

      Aux baisers qu’on n’osa pas prendre

      Aux cœurs qui doivent vous attendre

      Aux yeux qu’on n’a jamais revus

      Alors, aux soirs de lassitude

      Tout en peuplant sa solitude

      Des fantômes du souvenir

      On pleure les lèvres absentes

      De toutes ces belles passantes

      Que l’on n’a pas su retenir

      Prenez le temps d’écouter le clip, c’est attendrissant.

      Salut mon ami du large.


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 20 novembre 2010 10:43

    Bonjour Jack,

    « Georges Cuvier estime que Saartjie est la preuve de l’infériorité de certaines races. » Question, GC était il de la race du peuple élu, où était il déjà lui même soumis à une race pure supérieure à lui ? Car en effet, l’on peut très bien décider par soi même que d’autres nous sont inférieurs, mais c’est aussi un réflexe qui nous vient naturellement lorsque l’on s’est soi même soumis à des supérieurs. En fait, pour éviter ce genre de hiérarchie de races, il suffit de se dire que nous sommes tous égaux et plus particulièrement tous frères. Ainsi on s’épargnerait de voir le triste résultat de l’expérience de Milgram, et l’infériorité devient aussitôt une différence. C’est La Fontaine qui nous l’a le mieux enseigné. 

    A mes yeux, la supériorité se traduit par la capacité à s’intégrer dans son environnement sans lui nuire ni l’appauvrir. Les peuples les plus spirituels sont ceux qui creusent le moins profond dans le ventre de la Terre et se contentent du végétal mis à leur disposition. Déjà la chasse est une source de discorde soutenable : http://www.youtube.com/watch?v=FjAP16tUkA0&feature=player_embedded ou déjà moins : http://www.youtube.com/watch?v=vH2GdDrJpKg

    Des deux photos nb que vous affichez en bas d’article, c’est la première qui donne le plus l’image du paradis terrestre absolument pur et préservé depuis des dizaines de milliers d’années. Tout le reste n’est que perversion et interdépendance fragile. L’avenir nous l’enseignera.

    Cordialement. 


    • Fergus Fergus 20 novembre 2010 11:19

      Bonjour, Lisa Sion.

      Parler d’infériorité d’une race est en effet tout aussi imbécile que d’évoquer la supériorité d’un individu sur un autre. C’est ainsi que tel éminent scientifique peut se trouver fort démuni et en grand péril, livré à lui-même en pleine nature, là où un berger analphabète en totale harmonie avec elle, trouvera les ressources nécessaires à sa survie. Les calculs de QI eux-mêmes sont source de confusion en opposant intelligence globale et intelligence sélective.


    • jack mandon jack mandon 20 novembre 2010 12:11

      Lisa SION,

      Les clips sont attendrissants et révélateurs de la proximité qui cohabite toujours

      avec la différence.

      Le jardin à la française contre nature, comme la guerre.

      Les ancêtres, les vieux sacrés, comme en Afrique.

      J’ai observé beaucoup d’émotion à l’audition de la Calas,

      le sens et le respect du sacré.

      Pour la burqa, moment d’hilarité généralisé...une réflexion pertinente,

      les maris jaloux et l’interrogation sur la toilette.

      Merci pour ce petit voyage..


  • Georges Yang 20 novembre 2010 16:33

    Petite remarque, Bien qu’encyclopedique le siecle des lumieres etait ethnocentriste et considerait l’homme occidental au coeur de la culture et de l’intelligence mondiale


    • Fergus Fergus 20 novembre 2010 17:05

      Exact, Georges.

      Et même un écrivain visionnaire à bien des égards comme l’a été plus tard Jules Verne - que l’on a donné à lire à des générations de gamins - ne pouvait s’empêcher dans son oeuvre de décrire les « indigènes » sur un ton condescendant conforme, il est vrai, à la pensée dominante de son temps. Le fait qu’il soit né à Nantes, ville de tradition négrière, n’a peut-être pas été étranger non plus à cette vision élitiste de « l’homme blanc ».

      Bonne journée.


  • Surya Surya 20 novembre 2010 17:05

    Je me souviens d’un stand à la foire du trône lorsque j’étais enfant, qui exhibait « la femme la plus grosse du monde ». Il n’y avait pas de mépris raciste comme pour Saatjie Baartman, mais l’idée était de serincer l’oeil en matant une personne considérée comme un monstre, peut être aussi en profiter pour se rassurer sur sa propre normalité, ou pouvoir exprimer enfin impunément une profonde méchanceté refoulée. Comme quoi les zoos humains, ou des spectacles qui s’en inspirent, n’ont pas été interdits il y a si longtemps. Nous, les enfants, on nous a fait entrer dans ce stand, pas parce que nous approuvions ce genre de spectacles humiliants bien sûr, mais dans un but clairement exprimé et expliqué de nous apprendre ce que c’était que le mépris et l’inhumanité. Je n’ai jamais oublié cette femme exhibée en maillot de bain, se forçant à sourire tandis que les spectateurs de tous âges se moquaient d’elle par leurs rires étouffés, leurs « oh la la ! T’as vu ? » etc... et allaient toucher sa cuisse, encouragés à le faire par le maître de cérémonie (« Allez y mesdames et messieurs, n’ayez pas peur ! » je m’en souviendrai toute ma vie) sans avoir la plus petite impression que leur comportement était inhumain. Nous nous sentons à très juste titre révoltés par les zoos humains qui appartiennent désormais à l’histoire, et par le mépris de la personne humaine sous toutes ses formes, et pourtant ce mépris existe encore de nos jours, en effet, dans une moindre mesure évidemment, et heureusement. Mais je trouve qu’il est toujours là, il est présent même si désormais il ne s’exprime plus de cette façon outrancière. Ainsi, il y a encore des gens, même s’ils sont heureusement une minorité, qui croient drôles le fait de se moquer du physique des autres. Pour moi le principe est le même, car ce comportement trouve lui aussi ses racines dans le mépris des autres, l’impression de leur être supérieur, et une profonde méchanceté refoulée.
    Merci pour votre très bon article.


    • jack mandon jack mandon 20 novembre 2010 17:32

      Surya,

      Bien sur comme vous le suggérez, c’est beaucoup plus subtil,

      Le racisme est nécessairement irrationnel, viscéral, et les arguments, bons ou mauvais, n’y peuvent rien. Il est nécessairement irrationnel puisque l’infériorité de l’autre ne tient pas à tel ou tel caractère saisissable (dont on pourrait prouver qu’il n’existe pas, ou bien dont l’autre pourrait se corriger), mais à son être, au fait irrémédiable qu’il est l’autre, - un point c’est tout. Cette infériorité ontologique le traverse tout entier, elle traverse même ses dons, même sa supériorité en telle ou telle matière, elle se manifeste dans cette supériorité qui confirme encore le fait originel : l’autre est autre, et moi je suis l’aristocrate prédestiné à l’asservir.

      Dans nos émois nous sommes tous racistes, et de plus c’est dans nos émotions que nous vivons l’essentiel de notre vie...il semble que tout reste à faire !

      Merci pour votre intervention.


  • jack mandon jack mandon 20 novembre 2010 17:18

    Georges Yang

    La logique d’Aristote et la conception antique de l’homme et du monde ont été abandonnées au XVII° siècle par les scientifiques, suite aux découvertes de Copernic, de Galilée puis de Newton.

    Rousseau a pu dire dans le contrat social :

    "Tout homme né dans l’esclavage naît pour l’esclavage, rien n’est plus certain. Les esclaves perdent tout dans leurs fers, jusqu’au désir d’en sortir ; ils aiment leur servitude comme les compagnons d’Ulysse aimaient leur abrutissement. S’il y a donc des esclaves par nature, c’est parce qu’il y a eu des esclaves contre nature. La force a fait les premiers esclaves, leur lâcheté les a perpétués."

    c’est plutôt subtil, c’est un propos mesuré à coté de ce qui suit.
    Voltaire surprend...
           
    "Tous les élèves français du secondaire sont persuadés que Voltaire était antiesclavagiste, et on leur fait lire sa compassion pour l’esclave du Surinam. Notre philosophe est un bel hypocrite : il a en effet spéculé en association avec les armateurs nantais, et avec la compagnie des Indes, dans les opérations de traite des esclaves (par exemple dans l’armement du bateau négrier Le Congo). Dans la citation ci-après, il est plus sincère ; il défend ses intérêts.


    " Nous n’achetons des esclaves domestiques que chez les Nègres ; on nous reproche ce commerce. Un peuple qui trafique de ses enfants est encore plus condamnable que l’acheteur.

         Ce négoce démontre notre supériorité ; celui qui se donne un maître était né pour en avoir."


     (tome 8, page 187
    L’exhumation chez les philosophes des lumières ne fait aucun doute,
    la logique binaire sévissait, comme de nos jours d’ailleurs.
    Humainement, la terre est encore plate et au centre de l’univers.
    Tout le reste c’est dans les livres.
    Les émois occupent toujours le devant de la scène au détriment de la raison.
    Il suffit de voir le niveau d’agressivité qui se dégage de certains articles d’Avox.
    La projection bat son plein quant à la forme et quant au fond.

    Merci de votre intervention


  • miel de fiel miel de fiel 20 novembre 2010 20:22

     smiley Ah ! non ! ça rebalance la « purée » ! ! ! ! ! 

    J’ai déjà dit ce que j’en pensais, je ne vais que rajouter : KECHICHE et tous les mecs qui lui ressemblent me débectent.


    • jack mandon jack mandon 22 novembre 2010 04:18

      miel de fiel,

      Vous devriez commencer à vous poser les bonnes questions,

      Pourquoi cela vous déplait ?

      Et surtout comment dois-je faire pour ne plus être dérangé par « Kechiche et tous ces mecs... » ?

      Tout le monde à le droit de dépasser ses émotions.


  • Dominitille 21 novembre 2010 14:44

    Bonjour M. Mandon,
    ...l’homme blanc parvenu à un haut degré de civilisation devait faire bénéficier les peuples extra-européens des bienfaits de cette civilisation.
    Tout est dit ou presque car il manque les incontournables bonnes paroles des églises de tout poil qui voulaient sauver les âmes de ces peuples contre leur gré évidemment.
    Dieu est un sacré farceur ou un drôle de zèbre qui se moque depuis des siècles de sa plus belle invention : l’homme.
    « L’homme est un être arrogant et sûr de lui qui a la prétention de croire que le monde lui appartient. Non content d’avoir colonisé et pillé la planète qui l’a vu naître, il s’apprête à faire de même sur les planètes encore vierges de vie de notre système solaire ».
     
    L’évolution de l’homme trouvera d’ici peu une stagnation voire de régréssion, et pourquoi pas deviendra t-il à son tour une espèce en voie de disparition.
    Et ce ne seront pas les églises de tout poil qui le sauveront cette fois-ci.
    J’avais déjà lu l’histoire de cette femme dans une revue il y a quelques années Le fait que les Français freinaient des 4 fers pour restituer son squelette et ses restes prouvent indéniablement qu’ un fort relent de racisme scientifique dirige ces hommes. 
     Ils n’ont pas hésité à les appeler des collections faisant partie du patrimoine.

    Des zoos humains il y en a eu jusqu’en 2005 en Europe. 
    JJ Rousseau n’étant pas une référence côté évolution, mais c’est une pensée personnelle.
    Bonne journée 

     


    • jack mandon jack mandon 21 novembre 2010 16:07

      Bonjour Dominitille

      Pater noster ( De Jacques Prévert )


      Notre Père qui êtes aux cieux
      Restez-y
      Et nous nous resterons sur la terre
      Qui est quelquefois si jolie
      Avec ses mystères de New York
      Et puis ses mystères de Paris
      Qui valent bien celui de la Trinité
      Avec son petit canal de l’Ourcq
      Sa grande muraille de Chine
      Sa rivière de Morlaix
      Ses bêtises de Cambrai
      Avec son Océan Pacifique
      Et ses deux bassins aux Tuileries
      Avec ses bons enfants et ses mauvais sujets
      Avec toutes les merveilles du monde
      Qui sont là
      Simplement sur la terres
      Offertes à tout le monde
      Éparpillées
      Émerveillées elles-même d’être de telles merveilles
      Et qui n’osent se l’avouer
      Comme une jolie fille nue qui n’ose se montrer
      Avec les épouvantables malheurs du monde
      Qui sont légion
      Avec leurs légionnaires
      Avec leur tortionnaires
      Avec les maître de ce monde
      Les maître avec leurs prêtres leurs traîtres et leurs reîtres
      Avec les saisons
      Avec les années
      Avec les jolies filles et avec les vieux cons
      Avec la paille de la misère pourrissant dans l’acier des canons.

      Un peu de légèreté pour un sujet qui explique une fréquentation très modérée de l’article.

      D’autant qu’il vaut mieux se référer au poète qui a toujours raison

      Merci de votre intervention.



    • Antoine Diederick 21 novembre 2010 19:25

      Nous y mettrons dans la pensée de Jung ce que nous voudrions bien y mettre. Hein Jack !


    • jack mandon jack mandon 22 novembre 2010 05:49

      Antoine Diederick,

      « Nous y mettrons dans la pensée de Jung ce que nous voudrions bien y mettre. Hein Jack ! »

      J’essaye de décrypter le message, le sujet est sérieux cela en vaut la peine.

      A travers jung j’ai l’intuition que le monde des humains et véritablement en retard sur les visions avant-gardistes des artistes et vertigineuses des scientifiques.

      La peur sans doute, peur de se remettre en question.

      Je me suis fait insulter dans un article, par des intellos qui malgré leur avantage sur les pragmatiques, voir sur les plus manuels, s’offusquaient à cette déclaration « Dans ma vie professionnelle, j’ai pu rencontrer 70% de personnes de bonne foi qui vivaient sous le seuil de la conscience »...Elles sont en danger pour elles et pour les autres.
      Néanmoins, comme tout est en mouvement nous connaissons tous cette carence plus ou moins durablement, l’essentiel est de ne pas s’y fixer...« je ne fais que passer »

      Merci de votre intervention


  • Dominitille 21 novembre 2010 16:26

    M. Mandon,
    J’aime beaucoup votre réponse et plus encore la jolie prière de M. Prévert,
    Si votre article attire peu les curieux c’est peut-être qu’ il dérange. Le film aussi est dérangeant apparemment, car il nous rappelle la part peu glorieuse chrétienne de l’homme blanc civilisateur. 
    Je suis aussi un peu frustrée de votre réponse, car j’ ai donné mon opinion sur cette horrible histoire l’une de ces horribles histoires, car il y en a tant.
    JJ Rousseau est encore passé par là. Mais que je le déteste celui-là !
    Bon dimanche en Suisse.


  • jack mandon jack mandon 22 novembre 2010 05:23

    Domi...pour les intimes

    « Le premier des cinq enfants de Rousseau déposés à l’Hospice des Enfants-Trouvés »

    C’est naturellement cela qui décourage beaucoup les femmes mais aussi les hommes.

    Par delà le syndrome Jean-Jacques, il faut bien admettre que la vision prophétique de Rousseau est incontournable, car elle embrasse des horizons de belle humanité. Dichotomique et troublé il le fut aussi...comme tous ces chrétiens dont vous soulignez l’infamie...mais aussi comme nous tous qui grouillons sur la surface de la terre.
    Essayons de penser plus loin que nos émotions et que cette fâcheuse logique binaire qui nous étreint toujours tant elle colle à nos mensonges pieux.
    Arrêtons de penser le monde en haut et bas, noir et blanc, beau et laid, gauche et droite,
    pour cela modifions fréquemment notre position d’observateur.
    Comme vous le dites ça dérange, mais pour vivre mieux et plus longtemps il faut accepter d’être dérangé, vous ne croyez pas.
    Êtes vous toujours frustrée ? Si oui changez l’angle d’observation, il semblerait que vous vous frustriez vous même...en attendant j’ai de la sympathie pour vous, car j’ai les mêmes problèmes que vous et que tant d’autres, les mêmes problèmes et les mêmes attentes qu’une foule de gens...pour cela, comme disait ma chère maman, j’ai la bougeotte.
    Paix à son âme. Bonne fin de nuit...

    Il est cinq heures
    Paris s’éveille
    Paris s’éveille

    Les travestis vont se raser
    Les stripteaseuses sont rhabillées
    Les traversins sont écrasés
    Les amoureux sont fatigués

    A plus tard, merci. 


  • jack mandon jack mandon 22 novembre 2010 06:14

    Domi

    « GROUILLONS » GROUILLENT oui c’est bien sur


  • Suldhrun Suldhrun 22 novembre 2010 16:25

    Hello Jack

     De Coyotin , avant transmutation , je fus .

    De cette histoire temporelle , Venus noire , vous dites...

    Effectivement , c est l histoire de l humain ,qui a le besoin , d assimiler l éducation

    Le temps , il nécessite ...


  • jack mandon jack mandon 22 novembre 2010 17:30

    Suldhrun

    Voilà mon ami de la planète Uranus.

    Je comprend mieux maintenant le parler laconique,

    énigmatique, voir ésotérique.

    Dans la forme des origines balkaniques,

    dans le fond une sensibilité éruptive avec un lourd karma

    tempérée par une spiritualité joyeuse.

    En un mot apprécié par le planeur que je suis.

    Très heureux de vous retrouver.

    A bientôt


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