lundi 22 août 2005 - par Serge Weidmann

Des signes très significatifs

Les signes du déclin de la France sont innombrables. Certains peuvent être dérisoires,mais ils empoisonnent la vie de ordinateurbon nombre d’entre nous. Il s’agit des multiples contentieux que nous avons à régler comme clients d’entreprises ou de services divers. Si j’ai pu constater cette chose, c’est que j’en fus la victime depuis de nombreuses années.

 

 

En l’an 2000, après le décès d’un proche, mon frère et moi avons dû mener des batailles homériques pour récupérer l’argent d’une assurance-vie. Après des parcours dans des labyrinthes administratifs plus inaccessibles que celui du roi Minos, des silences et des insultes de la part de responsables de tous ordres et de tous endroits, nous parvînmes, six mois plus tard, à joindre le responsable qualité de la compagnie qui déméla l’écheveau et nous donna satisfaction en quarante huit heures.

 

 

C’est à cette époque que je décidai d’adhérer à une association de consommateurs, prévoyant que mes ennuis allaient continuer. J’avais été, en la circonstance, bon voyant et bon prévoyant.

Le second conflit, je le menai contre un autre assureur (selon un vieil humoriste, les assureurs sont comme les femmes : ils consomment dans le plaisir et accouchent dans la douleur). Ce monsieur, qui me devait un trop perçu de cotisation, me mena en bâteau pendant un bon trimestre avant qu’un coup de fil de mon association de défense fit fondre dans l’instant tous les obstacles comme neige au soleil. La somme à recouvrer n’était pas grosse mais il semble que moins on vous doit, plus on vous ignore ou on vous balade. Sans doute votre débiteur pense que vous n’allez pas vous obstiner à réclamer des sommes dérisoires. Erreur en ce qui me concerne : je suis homme à dépenser cent euros pour en récupérer cinq, et ce, uniquement pour donner une leçon à un voleur.

 

 

C’est le cas actuellement avec une entreprise de transport routier qui me livra, en février dernier, une commande de vin d’Anjou ? le vin préféré des mousquetaires de Dumas- avec une bouteille cassée. Coût de réparation du dégat : 6,20 euros. Comme S ?ur Anne, je ne vis rien venir. Aussi en juin, j’envoyai une lettre recommandée à la société qui me répondit, dans un style froid et impersonnel, que même l’administration des impôts n’ose plus employer, qu’elle allait ouvrir un dossier ? il ne l’était donc pas ?- et se mettre en rapport avec mon fournisseur de vin. Sans doute pour qu’il m’envoie une nouvelle bouteille que le transporteur paiera. Avec les risques de casse que connaît ce type d’envoi d’une seule bouteille, on tombe dans le mythe de Sisyphe. Il suffisait simplement au transporteur de m’envoyer un chèque de 6,20 euros et tout était réglé. Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Je constate que les entreprises privées, chez nous, se comportent parfois, dans le règlement des litiges, aussi, sinon plus, sottement que les services publics. Il faut savoir, en outre, que cette firme étale des labels qualité obtenus auprès de tous les organismes certificateurs de la place, en ISO 9001 et compagnie. Défense de rire. Affaire à suivre donc. Peut être en parlerai-je dans un prochain article car nous sommes en plein roman feuilleton à la Rocambole.

 

 

La dernière affaire implique mon fournisseur d’accès à internet avec téléphonie en sus, connu comme étant le meilleur marché mais non le meilleur du marché concernant le service après vente. Quand tout marche, c’est le paradis, à la première panne c’est l’enfer ! Le SAV se liquéfie : au téléphone, une voie lointaine nous sussure que l’attente sera de quinze minutes avant de parler avec un tecnicien, sans garantie qu’il vous dépanne. Calculez le coût à 0,34 euros la minute. J’opte pour la maintenance par courrier électronique (car je peux toujours surfer grâce à mon vieux modem antédiluvien). Pauvre de moi ! J’ai passé huit jours à envoyer les mêmes messages pour décrire, préciser, expliciter les « symptômes » de la panne. On se croirait chez le docteur. Réponse de mon fournisseur : envoyez un courriel au service téléphonique. Ils ne peuvent donc pas se concerter à l’intérieur de leur structure ?

Bref, j’en suis au point mort. J’envoie quand même un courrier furibard dans lequel je mets mes interlocuteurs du virtuel devant l’alternative suivante : réparez avant lundi 22 août à midi ou je résilie mon abonnement.

 

 

Vous pensez sans doute que ces affaires sont bénignes et notre lot commun, quelque chose allant de soi. Mais, même si elles restent minoritaires dans nos interactions client-fournisseur, elles envoient des signes inquiétants d’un mépris des gens, d’un manque de déontologie et de conscience professionnelle, en un mot d’un j’m’en-foutisme, qui qualifient notre époque aussi bien que des dysfonctionnements plus importants.

 

 

Serge Weidmann

 

 



1 réactions


  • colza (---.---.244.230) 23 août 2005 14:51

    Dans les pays anglo-saxons, ça se passe plutôt mieux car le premier axiome d’une entreprise, grande ou petite, c’est que leur « boss », c’est le client, puisque c’est lui qui les fait vivre.

    Et ils se comportent en conséquence !!!


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