mardi 12 mai 2020 - par GHEDIA Aziz

Du Covid-19 à la mouture de la nouvelle Constitution

Pendant plusieurs jours et au fil de plusieurs articles, je n’ai parlé que de cette pandémie grippale, Covid-19, qui, bientôt, nous l’espérons bien, disparaîtra de la surface de la terre. Elle disparaîtra, aucun doute là-dessus, comme ont disparu les anciennes pandémies de grippe, de peste, de sida et d’Ebola – pour ne parler que des plus récentes – qui ont jalonné l’histoire humaine, mais après avoir, quand même, provoqué une hécatombe dans les pays qui étaient censés pourtant être bien outillés pour y faire face.

Paradoxalement, les pays pauvres et notamment ceux d’Afrique à qui les « experts » autorisés prédisaient les pires destins sont, à ce jour, relativement épargnés par le coronavirus. Non qu’ils aient pu, avec leurs maigres ressources matérielles, leurs moyens financiers limités et leurs systèmes sanitaires inadaptés et moribonds, tirer leur épingle du jeu, mais parce que la providence était de leur côté. La providence en a décidé ainsi. On dirait que le virus, une fois arrivé dans ces contrées, a quelque peu perdu de sa virulence. Ou bien, alors, c’est lui, le méchant virus, qui a subitement pris peur et paniqué devant la fougue d’une jeunesse africaine à la force de l’âge. Et il a fait pschitt comme le montre si bien une petite vidéo de sensibilisation louant les mérites du confinement et largement partagée sur les réseaux sociaux.

Aujourd’hui, actualité politique nationale oblige, il est temps de changer de registre. Il est temps de parler d’autre chose. La vie n’est pas faite que de maladies, fussent-elles d’origine virale, et nonobstant leur évolution sous forme de pandémie. La vie est un combat continu, un combat de tous les jours. A titre individuel et à titre collectif. Changer de registre ne veut pas dire sauter du coq à l’âne ; absolument pas. Seulement, il faut savoir parfois mettre de côté un sujet largement rabâché, largement évoqué et discuté pour mettre sur la table de discussion un autre sujet. L’adage populaire dit qu’il faut battre le fer pendant qu’il est encore chaud. Cela ne veut pas dire, non plus, qu’on a épuisé le sujet relatif au coronavirus. Loin de là. Ce que les médecins et les scientifiques de façon générale connaissent de cette particule virale n’est qu’une connaissance rudimentaire. Ce virus, même cerné de toutes parts, n’a pas encore livré tous ses secrets. Nous y reviendrons un jour. En attendant, voilà de quoi il est urgemment nécessaire de parler : la mouture de la nouvelle Constitution. Elle est enfin disponible. Elle est entre les mains des responsables politiques et de toute personne qui s’intéresse à la chose politique. Et il est demandé à ceux-ci de l’étudier minutieusement, de la disséquer en quelque sorte comme ferait un médecin légiste face à un cadavre dont on ne sait pas si la cause de la mort est la Covid-19 ou une autre pathologie létale.

Ma première réflexion à la lecture de certains comptes rendus de la presse concernant cette mouture, est que le pouvoir est toujours dans la logique du juge et d’arbitre à la fois. J’ai été vite rappelé à l’ordre, par des amis du même bord politique que moi. « A quelques détails près, elle est bien, cette Constitution », m’a-t-on dit. Pourtant, sans être nihiliste, je reste absolument convaincu que la Constitution est déjà écrite. La mouture qu’on nous présente aujourd’hui pour soi-disant enrichissement n’est qu’un leurre. Cela m’étonnerait beaucoup que les tenants du pouvoir actuels accepteraient d’y porter, in fine, les remarques et suggestions qui seraient faites par les partis politiques de l’ex-coalition ou de l’opposition. En fait, le débat ne fait que commencer. Dans les prochains jours, avec probablement la levée du confinement sanitaire, nous assisterons à des joutes oratoires contradictoires, chaque camp, islamistes comme démocrates, essayant de faire valoir son point de vue et sa vision politique pour l’Algérie de demain. Celle que le Hirak a déjà baptisée la 2e République. A. G.



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