jeudi 11 mai 2017 - par

Du messianisme en post-démocratie

L'anarchiste de droite que je suis ne supporte pas les idéologues, même les théocratiques, qui ont la seule et unique solution à leurs yeux pour apporter le bonheur au monde et aux peuples, fût-ce contre leur gré. Ils ont tous la panacée, mais attention, pour les autres. Que ces idéologies soient ceci ou cela, marxisantes ou libérales, qu'elles s'affirment généreuses ou non. Ce prosélytisme appuyé qu'ils ont tous, les yeux brillants, le cœur fiévreux, ayant renoncé à toute forme de libre-arbitre ou de pensée personnelle par confort intellectuel, est proprement écœurant.

Il leur faut à chacun et chacune un messie pour porter leur bonne parole, un messie de pacotille bien entendu à adorer au moins pendant un temps. Ensuite il pourra encore servir comme bouc-émissaire...

On se demande s'ils n'attendent pas de leur messie qu'ils guérissent les écrouelles, qu'ils soignent les éclopés par l'imposition des mains ?

Emmanuel Macron est de ce genre de messie. Il est loin d'être le seul, mais lui a pour avantage d'être un sauveur photogénique. Il sait parfaitement utiliser le "storytelling" à son profit avec beaucoup d'habileté. Ses adeptes se font remarquer par leur foi aveugle et radicale. C'était ce que les citoyens croyaient attendre depuis des années, en cette période des plus troublée, un politique qui donne l'impression qu'il va sauver tout le monde sans que personne n'ait quoi que ce soit à faire, sans que les nations n'aient aucun effort à fournir, sans que les riches et les nantis n'aient à partager de leurs richesses.

Et surtout, sans que notre mode de vie, enfin celui des nantis, la consommation compulsive des biens, des corps et des choses, ne soit remis en question sérieusement

Il a su trouver la bonne recette en utilisant internet et une parodie de démocratie directe. Ses disciples ont le sentiment trompeur qu'il s'adresse à chacun d'eux, qu'il tiendra compte de leurs sentiments, de leur vécu. Il se sert des réseaux sociaux pour laisser une photo apparemment anodine montrant que lui aussi a une vie semblable à la leur, qu'il leur ressemble, qu'il est "simple" comme eux et que comme un collaborateur sympatoche il fait des cafés pour tout le monde sans jouer les prétentieux.

Cette prétention à une prétendue "simplicité" lieu commun préféré des ignares depuis des siècles (ils sont incultes mais ils sont "simples" eux) m'insupporte également au plus haut point.

Ses zélotes adorent abdiquer tout raisonnement sensé, toute réflexion indépendante, c'est tellement confortable de ne plus essayer de penser par soi-même, de faire partie d'un grand "tout" dans lequel on se love. C'est tellement confortable de "hurler avec les loups", de ne pas avoir à user de sa liberté individuelle. La liberté il faut dire que c'est dangereux, cela mènerait à renoncer au messianisme en politique et être forcé à l'indépendance.

 

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

Amaury - Grandgil

illustration empruntée ici

 




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