Dupont-Aignan se prend pour un prisonnier politique
Coup de tonnerre à droite (de la droite). Le député Nicolas Dupont-Aignan vient d'être convoqué ce 7 février dans les bureaux du juge pour s'expliquer sur un tweet posté durant l'été. On s'affole, on se barricade, "A bas la gueuse et sa justice !" entend-on sur les forums de la fach… pardon, de la patriosphère. Certains crient déjà à la justice rouge et craignent que la France réinstaure les lettres de cachet ou l'embastillement… un commentaire particulièrement savoureux quand il vient des nostalgiques de l'Ancien Régime.
Que nos amis dextrogyres se rassurent : NDA ne sera pas le Mandela yerrois, il n'ira peut-être même pas au tribunal. Pourtant, c'est la mine défaite qu'il se confiait à nos confrères de Boulevard Voltaire, dénonçant une "inquisition" à son encontre et s'indignant des "dérives extrêmement graves" dont il se disait "scandalisé". Rien que ça ! Mais que lui reproche-t-on, au fait, à ce brave homme ?
Le 24 juillet dernier, visiblement échauffé par la canicule, le président de Debout La France se fend du tweet suivant : "En 2016, les socialistes compensaient la baisse de natalité par l’invasion migratoire. Le changement de population, c’est maintenant." Vous aurez sans doute reconnu dans cette phrase la fameuse théorie complotiste du "Grand Remplacement" forgée par l'écrivain identitaire et ultranationaliste Renaud Camus. Du gaullisme social à l'identitarisme, on peut dire que Dupont-Aignan a fait un sacré chemin en une année…
C'est pour ces propos que l'ancien édile d'Yerres était convoqué au tribunal pour une simple audience préliminaire ce 7 février. Oui, vous avez bien lu : une audience préliminaire. Ce n'est que le 4 avril qu'il sera fixé sur son sort et saura si l'affaire débouche vers un procès. Sa convocation du 7 février n'est finalement qu'une affaire de procédure : une association ayant déposé plainte, la justice convoque NDA afin de recueillir son témoignage et d'entendre sa version. Nul embastillement ou délit d'opinion, n'en déplaise à ses partisans (il en reste ?) qui sont immédiatement montés au créneau pour dénoncer cette justice qui ose appliquer les procédures et convoquer le Glorieux Leader dans le bureau d'un juge pour l'interroger.
L'affaire débouchera-t-elle sur un procès ? Réponse au mois d'avril. Dans le cas improbable où un procès serait fixé, il ne fait aucun doute que le président de DLF sera relaxé, ses propos ne relevant aucunement d'une quelconque incitation à la haine.
Dernier détail (qui n'en est peut-être pas un) : un député bénéficie automatiquement d'une immunité parlementaire et n'est par conséquent pas dans l'obligation de répondra à une convocation de justice, les députés frontistes ont d'ailleurs perfectionné l'art d'utiliser cette immunité pour esquiver les ennuis juridiques. C'est donc volontairement que le député Dupont-Aignan s'est rendu au tribunal. Son numéro victimaire est d'autant plus drôle. Et ce n'est surement pas avec sa dernière saillie que le bougre risque d'arranger son cas. Interviewé le 4 février par les Echos, le chantre du patriotisme humaniste déclarait : "J'aide les migrants en leur donnant à manger et en les expulsant". Un émule de Mère Terasa...