mercredi 27 avril 2022 - par Dr. salem alketbi

EAU et USA  : Corriger le tir

JPEG

Selon les médias occidentaux, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken a présenté ses excuses à Son Altesse Sheikh Mohammed bin Zayed Al Nahyan, prince héritier d’Abu Dhabi et commandant en chef adjoint des forces armées, lors d’une réunion qui s’est tenue fin mars au royaume du Maroc, pour la réaction tardive des États-Unis aux attaques menées par les Houthis à Abu Dhabi en janvier.

Ce développement est très important, car il montre en premier lieu que les deux partenaires, les Émirats arabes unis et les États-Unis, ont trouvé un terrain d’entente commun qui contribuera certainement à faire fondre la glace, à dissiper tous les malentendus et à normaliser les relations.

L’importance de cette évolution ne réside pas seulement dans les excuses américaines, malgré leur impact qualitatif. C’est plutôt que l’administration américaine actuelle s’est attiré le mécontentement d’un partenaire important au Moyen-Orient. Pour les EAU, il ne s’agit pas de réagir à ces attaques.

Les EAU sont tout à fait en mesure de le faire. Mais il s’agit de la réaction d’un partenaire dont on attend qu’il exprime une position et une réaction adaptées au niveau de partenariat stratégique et à l’importance primordiale que revêtent les relations des deux pays l’un pour l’autre, pas d’un côté, mais pas de l’autre non plus.

Tous ceux qui ont suivi les réactions internationales aux attaques des Houthis savent à quel point les EAU sont respectés, reconnus et bénéficient d’un soutien régional et international. Les raisons en sont évidentes, notamment la politique des EAU et leurs efforts constants pour assurer la sécurité, la stabilité et la paix internationale.

La réaction de Washington n’a pas répondu aux attentes de ceux qui connaissent la profondeur et l’étendue des intérêts stratégiques entre les EAU et les États-Unis.

Le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a condamné «  dans les termes les plus forts  » l’attaque des Houthis contre des installations civiles des EAU, l’a qualifiée d’attentat terroriste, a souligné l’engagement de son pays envers la sécurité des EAU et a promis de demander des comptes aux Houthis et d’aider les partenaires des EAU face à cette menace.

Cependant, une étape attendue par les EAU et à laquelle s’attendaient les observateurs familiers du niveau de partenariat entre les deux pays n’a pas eu lieu  : l’inscription des Houthis sur la liste américaine des organisations terroristes, après la confirmation récente que le retrait du groupe de la liste après son ajout par l’administration précédente du Président Trump était une erreur.

Cela n’a pas facilité la recherche d’une solution politique à la crise yéménite, ni atténué les souffrances du peuple yéménite en poursuivant l’aide humanitaire, comme on le croyait. Les États-Unis sont une fois de plus tombés dans le piège de l’intérêt personnel, sans tenir compte des intérêts de leurs principaux partenaires.

Ils ont décidé de ne pas réinscrire les Houthis sur la liste des terroristes et de corriger leur position hâtive au début du mandat du président Biden, alors que le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis avait qualifié les attaques houthistes de terroristes.

C’est comme si ceux qui commettent des attaques terroristes n’étaient pas des terroristes, ou comme si la classification comme terroriste devait être soigneusement reconsidérée, comme la Maison Blanche l’avait fait à l’époque pour justifier sa position sur cette mesure.

La rencontre entre Son Altesse Sheikh Mohammed bin Zayed Al Nahyan et le secrétaire d’État américain Anthony Blinken n’était donc pas seulement importante parce qu’elle a permis de remettre les relations bilatérales sur les rails.

Mais aussi parce que de telles rencontres semblent absolument nécessaires en ces temps sensibles où les relations entre les partenaires sont mises à rude épreuve. Dans ces moments-là, ils ont surtout besoin d’une discussion ouverte et instructive, d’un échange de vues pour corriger les erreurs, revoir les positions, relancer le partenariat et lui donner un nouvel élan.

Si tout cela est vrai et correspond à la réalité que chacun suit, il est important de noter que tout malentendu, toute froideur ou tout échec de l’un des partenaires n’a rien à voir avec l’attitude des EAU face à la crise ukrainienne.

Chaque mesure prise par les EAU dans le cadre de leurs relations internationales est très soigneusement calculée, repose sur des intérêts stratégiques et est guidée par la «  boussole  » des principes qui sous-tendent la politique étrangère de l’État depuis sa création.

Il est insensé d’attendre des EAU qu’ils mettent en péril leurs intérêts vis-à-vis de grandes puissances telles que la Chine et la Russie pour satisfaire un autre partenaire international, plutôt que d’adopter l’approche de relations équilibrées avec tous les pays du monde, y compris les grandes puissances.

En outre, les relations internationales sont tellement complexes et imbriquées qu’il semble impossible de suivre des voies parallèles qui ne se recoupent pas. L’époque de la guerre froide, des axes et des alliances avec leur vieux parapluie idéologique est révolue.

Même les États-Unis parlent de l’Iran avec la Russie, alors qu’ils font face à la Russie en Ukraine. De nombreux cercles politiques, partisans et chercheurs américains l’ont bien compris.

Tout bien considéré, la crise ukrainienne a mis à rude épreuve les relations des États-Unis avec nombre de leurs alliés et partenaires stratégiques et a inévitablement donné lieu à des discussions sur un changement de cap et une nouvelle coopération qui pourrait être plus forte que jamais.



3 réactions


  • robert 27 avril 2022 10:25

    D’accord l’eau est un problème aux usa (surtout en Californie)


    • NiNi NiNi 27 avril 2022 14:01

      @robert
      Le sénile Biden, bien que semi-oliquide, n’a plus l’EAU et de gaz à tous les étages…


  • Com une outre 27 avril 2022 10:47

    L’attitude des USA est uniquement due à la situation internationale du moment, qu’ils ont fortement favorisée par ailleurs. Aucune autre raison, il faut alimenter en pétrole et en gaz l’économie. L’embargo n’est pas respecté aux US, ils importent toujours de Russie. Ce qui précipite la recherche d’autres fournisseurs, histoire que le « faites ce que je dis mais pas ce que je fais » ne s’éternise pas. Le reste n’est que pipeau.


Réagir