jeudi 2 avril 2015 - par Karol

Economie du partage (suite) ou le nouvel avatar du capitalisme

Nous avons montré dans un article récent comment les G.A.F.A. ( Google, Apple, Facebook, Amazon ), ces "entreprises-monde", s'étaient accaparé des données de notre intimité et de notre existence, que nous laissons sur la toile, pour en faire commerce et en tirer de juteux profits ( lire :"G.A.F.A. l’ acronyme d’un quatuor qui accapare notre existence."). Profits détournés au nez et à la barbe des Etats vers des paradis fiscaux , pour finir d'une manière ou d'une autre dans les poches des actionnaires de ces grands groupes. Sur l'écosystème créé par ces géants de nombreux acteurs ont rapidement prospéré en se posant en entremetteurs obligés d'une économie informelle jusqu'alors limitée à des échanges de services de bon voisinage. ( lire l'article "L’ économie du partage, nouvel eldorado du capitalisme ?" )

Moyennant une dîme plus ou moins substantielle, ces nouveaux venus rendent visibles au monde entier le service que vous pouvez rendre ou vendre, les objets que vous pouvez partager moyennant finance, avec tous les précieux détails qui vont avec. Blablacar et Uber pop peuvent transformer notre véhicule particulier en moyen de transport public pas cher et convivial- ce qui a permis à un juge et 2 accusés du même procès de voyager anonymement dans la même voiture - (lien). Airbnb peut convertir notre appartement ou maison particulière en hôtel occasionnel à la disposition de tous ceux qui, connectés d'où que ce soit sur la planète, souhaitent voyager à petits prix pendant que nous pouvons dormir sur le canapé chez un ami.

Ainsi la marchandisation du monde poursuit inexorablement son oeuvre. Il y a deux siècles on a dépouillé de ses outils l'ouvrier-artisan jusqu'alors "enchassé" dans de multiples relations sociales pour en faire un prolétaire attaché à la machine et soumis à la seule logique des procédés de production pour fabriquer en nombre des objets à moindre coût, afin de garantir les profits de ceux à qui appartient le capital. Grâce à l'innovation scientifique et technique, devant les capacités de production sans cesse croissantes, pour transformer la marchandise surabondante en profit, il a fallu élargir le marché jusqu'à son extension au monde entier. Le développement du crédit et de l'endettement a conduit à la fois à l'accélération du cycle de réalisation de la valeur et à l'augmentation des inégalités par le prélèvement de l'intérêt par les banques. Ainsi au fil du temps, le développement du capitalisme s'identifie à une extension sans fin du marché aux dépens des ressources naturelles disponibles, et de la dégradation de l'air et des sols.

Jusqu'à il y a peu, les biens achetés en échange d'une quantité plus ou moins importante d'heures de travail , une fois acquis, perdaient leur dimension marchande et devenaient aux yeux de leur propriétaire un objet plus ou moins utile qui pouvait au fil du temps se charger de souvenirs personnels et de sentiments. Objets ou aménagements que l'on avait plaisir à partager, à prêter ou quelquefois à donner à des ami(e)s, à des personnes du voisinage ou de la famille sans se soucier de les monétiser. Bref ces biens en quittant le monde de la marchandise avaient aussi leur utilité dans l'organisation de la vie sociale de tout un chacun comme l'étaient les outils et l'atelier chez l'artisan ou l'ouvrier avant qu'il ne se prolétarise. Le salarié une fois de retour à la maison consacrait la plupart de son temps libre à des activités sociales et familiales dépourvues de toute dimension marchande.

Le partage des biens et des services est une idée sympathique qui a existé à toutes les époques, son développement pourrait contribuer à une économie plus frugale et plus conviviale. Mais c'est bien la crise sociale, l'austérité, le chômage et la précarisation de nombreux emplois qui poussent de plus en plus de personnes vers cette économie informelle pour un job complémentaire ou la location de leurs biens. Mais comme la société ne fait plus société, et que l'on ne peut pas vendre à son voisin le service que l'on est prêt jusqu'alors à lui rendre, il est nécessaire de passer par ces nouveaux intermédiaires de l'industrie numérique qui moyennant une contribution des deux parties rendent visibles à des inconnus les offres et garantissent la transaction.

PARTAGER C'EST GAGNER...MAIS PAS POUR TOUT LE MONDE.

( lire Le Monde " L'économie collaborative, entre partage et business" et "internet ou l'inversion du capitalisme" )

Cette économie parallèle fondée sur la marchandisation du temps libre et de l'espace privé, de ses compétences ou de ses propres biens, offre un potentiel à venir énorme pour les maîtres de l'intermédiation numérique. Si aujourd'hui la taille de ce marché est de l'ordre de 15 milliards d'euros, on l' évalue à plus de 300 milliards d'euros en 2025.

Si les sites de partage comme Uber, Airbnb, Blablacar, permettent à tous ceux qui proposent des offres, de générer un complément de revenus en "optimisant" le taux d'utilisation de leurs biens, s'ils permettent à des particuliers et aussi à des entreprises de faire des économies substantielles en payant moins cher leur déplacement et leur logement occasionnel aux dépens du marché institutionnel des artisans, des transporteurs et logeurs professionnels, ils profitent surtout à ces nouveaux acteurs économiques qui n'ont pas dix ans et qui sont déjà valorisées à 40 milliards de dollars pour Uber, soit plus que Delta Airlines et 13 milliards de dollars pour Airbnb. Pour ces plateformes, comme la croissance des revenus dépend de la croissance des transactions, grossir devient une obligation pour être le plus rapidement possible le premier dans son secteur pour contrôler l'ensemble du marché et dicter sa loi. Pour appuyer leur expansion de par le monde, elles ne font pas appel à la participation de leurs utilisateurs qui pourraient de cette manière assurer un contrôle et s'impliquer dans la gouvernance de ces intermédiaires indispensables à la fiabilisation de toute transaction, mais elles se tournent vers les investisseurs traditionnels grandes banques ou fonds de capital-risque qui ont flairé le bon coup. Ainsi les commissions prélevées sur chaque transaction, multipliées en nombre de plus en plus grand, n'alimente au final que le capital privé aux dépens de l'espace public et du "commun".

Avec l'économie du partage et les grandes plateformes de distribution comme Amazon qui depuis le 30 mars, propose sur son site (en anglais) près de deux millions de services à la personne à ses clients américains.(Lire "De la location de chèvre au montage d'arbre à chat, sept propositions bizarres du nouveau service d'Amazon") c'est aussi l'emploi et sa réglementation qui sont encore une fois attaqués. Avec la multiplication de ces nouveaux artisans-commerçants "free-lance" sans couverture sociale ni revenus fixes et sans droit pour se défendre, on assiste à l'émergence d'une concurrence déloyale avec les secteurs économiques établis correspondants. Ce" dumping social new look" a pour conséquence l'augmentation des faillites et des licenciements dans ces secteurs traditionnels, accélérant ainsi le basculement de l'économie organisée vers une économie informelle, ce qui contribue encore à assécher le financement de la solidarité nationale par la perte en cotisations sociales, en impôts et taxes.

Si certains se plaisent à faire remonter l'histoire de la "sharing economy" aux origines des "communs", ces terres gérées collectivement dans l'Angleterre médiévale où toute personne qui contribuait à s'en occuper pouvait récupérer une part de la récolte, fruit de son travail, cette nouvelle économie du partage ne se révèle être en réalité qu' une économie du saccage.

Par le partage sur la toile de ses goûts, de ses données personnelles, de ses compétences et de ses biens, aux yeux de ses nouveaux acteurs, l'individu avec son patrimoine humain et matériel est réduit en un produit numérique plus ou moins valorisé qui s'achète et se vend de par le monde. Avec les ouvriers déjà disqualifiés par les robots, ce sont les ingénieurs, les vendeurs, artisans, traducteurs, enseignants, médecins, libraires, etc.. qui sont voués à disparaître dans le grand chaudron de l'humanité en surnuméraire, condamnés pour survivre à vendre à leur tour leur âme, leurs compétences et leurs biens sur internet. Cette nouvelle forme de capitalisme, en s'appropriant à la fois l'ensemble des connaissances de l'humanité et des données individuelles est ainsi en train d'éradiquer une grande partie de la classe ouvrière et de la classe moyenne.

Il est urgent de réguler, de contrôler et de démocratiser ce secteur qui sous son air sympathique, informel, convivial et facilitateur se révèle être un prédateur qui risque si on y prend pas garde d' être le fossoyeur de toute organisation démocratique. Ainsi l'homme artisan et créateur, après être passé par la dépossession de ses outils et de son indépendance par la prolétarisation en masse de l'activité humaine, en est réduit aujourd'hui à se transformer en un vulgaire produit numérique manipulé par des serveurs géants d'internet, propriété d'une caste minoritaire qui bientôt n'aura plus de compte à rendre à personne.

Ainsi dans sa course folle à la valorisation de tout ce qui bouge sur terre, le capitalisme aura atteint sa limite : l'anéantissement de l'individu comme être social, libre et ouvert à l'autre et sa réduction en vulgaire marchandise. Finalement comme le souligne Anselm Jappe dans " crédit à mort", Edition lignes, page153 : " le totalitarisme de la raison marchande n' est-il pas en train de rendre superflus des pans toujours plus larges de l'humanité et finalement l'humanité elle-même ?

Déjà en 1995, devant 500 personnes parmi les plus puissantes du monde, Zbigniew Brzezinski, ex-conseiller de Jimmy Carter proposait comme solution aux 80 % de l'humanité devenue inutile " le tittytainment ", sorte de mélange de nourriture et d'amusement abrutissant pour obtenir un état de léthargie heureuse ressemblant à celui du nouveau-né qui a finit de boire au sein ( tits) pour ainsi prévenir toute frustration et révolte....

Pour échapper à la fois à ce funeste destin et aux "Big Data" , tout en utilisant intelligemment les robots et les réseaux, il faudrait comme le suggère Bernard Stiegler et Ars Industrialis  reconquérir à tous les niveaux la responsabilité et s'orienter vers une économie contributive reterritorialisée fondée sur le partage et la collaboration. où producteurs et consommateurs échangent sans intermédiation et où le bien commun reste la propriété de tous. Tel est le défi que notre civilisation a à relever.

LA SCIENCE DU PARTAGE



20 réactions


  • julius 1ER 2 avril 2015 15:49
    Finalement comme le souligne Anselm Jappe dans «  crédit à mort », Edition lignes, page153 : «  le totalitarisme de la raison marchande n’ est-il pas en train de rendre superflus des pans toujours plus larges de l’humanité et finalement l’humanité elle-même ?

    c’est vraiment l’ADN même du capitalisme que de de concentrer le pouvoir et la richesse, penser changer la société sans changer ce système n’est qu’un leurre....
    il y a quelque chose de mensonger à appeler Facebook »un réseau social" 
    car ce n’est qu’une entreprise Capitaliste comme une autre.... le Capitalisme détruit tout..... l’environnement, la société humaine, mais aussi les mots qu’il s’emploie à vider de leur sens !!!!!
    au delà de çà, excellent article que je plusse !!!

    • Karol Karol 2 avril 2015 16:11

      @julius 1ER

      Merci pour votre commentaire. "le Capitalisme détruit tout..... l’environnement, la société humaine, mais aussi les mots qu’il s’emploie à vider de leur sens !!!!!"
      Son avidité à vouloir toujours tout transformer en profit nous conduit tous à la catastrophe.


    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 2 avril 2015 19:08

      @Karol
      Bonjour, merci pour cet article. La mondialisation était parfaitement évitable.
      Tout cela a été organisé dans le cadre des Traités européens.
      Ce sont eux qui nous on fait entrer dans la mondialisation.
      On a supprimé les frontières et les régulations antérieures.
      Les capitaux, les hommes, les marchandises, doivent circuler librement.
      D’où les délocalisations dont personne ne parlait avant Maastritch....(1992)


      « Qui a inventé la mondialisation ? » par François Asselineau.
      C’est une politique délibérée des USA et de la Commission européenne avec Sir Léon Britten, qui a consisté à démanteler toutes les protections des Etats aux échanges de capitaux, de marchandises et de services. Les grandes entreprises US et européennes ont délocalisé dans des pays aux salaires 20 fois moins chers.

      La mondialisation a mis chaque salarié en concurrence avec les autres salariés européens, et avec ceux du reste du monde. Même en supprimant toutes les charges sociales en France, les salaires ne seront jamais 20 fois plus bas. Cf la cartes de la désindustrialisation de la France 1968 - 2008

      Je suis bien d’accord avec vous, il faut remettre en place toutes les régulations qui existaient auparavant. Mais pour cela, il faut sortir des traités européens et de l’ UE.

      Exemple : l’article 63 du TFUE qui a permis aux capitaux d’aller s’investir ailleurs et à Mittal d’acheter et de démanteler Arcelor. Avant Maastritch, il existait un contrôle des mouvements de capitaux, régulés par le Ministre des Finances et le Directeur du Trésor. Ce n’était pas interdit, mais régulé en fonction des intérêts du pays.

    • lsga lsga 2 avril 2015 19:19

      @Fifi Brind_acier
      la mondialisation a été inventée par les Sumériens à l’age du Bronze. 

       
      Citons :
      « Si la première métallurgie du cuivre ne s’est développée que dans les zones disposant de gisements de cuivre, l’âge du bronze se développe dans des régions dépourvues de minerais de cuivre ou d’étain. C’est le cas de la Mésopotamie (Sumer et Ur) où sont très certainement coulés les premiers bronzes. Le façonnage des outils lithiques, la confection du tissage ou la fabrication de la poterie ne nécessitent que des produits et des compétences qui ne relèvent que d’une économie locale. Par contre, la métallurgie est à l’origine de la première économie complexe basée sur une production et une distribution couvrant de vastes territoires. [...] L’apparition d’échanges à grandes distances, les propriétés particulières du bronze, qui est utilisé pour produire des armes tandis que les outils domestiques restent souvent lithiques, et la convoitise de nouvelles richesses non périssables entraînent l’apparition d’une différenciation économique qui n’est pas directement productive (celle des armes) et l’apparition d’une hiérarchisation sociale marquée »
       
      L’Histoire : apprenez la. 

    • Ruut Ruut 3 avril 2015 16:21

      @Karol
      Le capitalisme doit toujours être contenu par le législateur.
      C’est la corruption de ces derniers qui provoque les abus du capitalisme.


    • Enabomber Enabomber 6 avril 2015 15:16

      @julius 1ER
      Quoi de plus désolant que de voir des niais créer des groupes facebook de résistance au capitalisme ?


  • Céline Ertalif Céline Ertalif 2 avril 2015 19:16

    Voilà un article très intéressant et tout à fait en phase avec les questions politiques importantes d’aujourd’hui. Mais que fait le Gouvernement avec son projet de loi de surveillance ? Complètement à côté de la plaque...


    J’ai trouvé le ton un peu terne ou pessimiste. Oui, nous allons tous finir en intermittents, c’est un régime qu’il ne faut pas détruire, il va se généraliser dit B Stiegler ! Arrêtons donc d’être tristes, changeons nos rêves, mais il faudrait agir. Je suis totalement en accord avec le dernier paragraphe, et c’est l’important.

    Qu’est-ce qu’on fait avec des Meetic et des Blablacar ? On nationalise ? On fait des espaces non-privatisables en ligne, des communs, de nouvelles sortes de pacages publics ? Il y a lieu de faire au moins des débats publics. Sans oublier la question des boucles locales, sujet passé à la trappe alors les histoires d’espionnage de la NSA montrent que nous devrions territorialiser la sécurité.

  • ben_voyons_ ! ben_voyons_ ! 2 avril 2015 20:13

    Karol, un grand merci pour votre article.

    Même plusieurs mercis,

    j’applaudis à tout rompre. 


  • Rincevent Rincevent 3 avril 2015 00:04

    Échanger sans intermédiaire supposerait qu’on est encore capable de parler à son voisin, ce qui est, aujourd’hui un attitude quasiment militante… Au lieu de ça, deux ou trois clics et c’est fait. Vous avez raison, ces nouveaux réseaux sont tout sauf sociaux.

    Maintenant, ne confondons pas l’instrument et la musique. Le Net permet l’émergence de vrais réseau sociaux, nous en sommes un exemple ce soir.


    • Jacques 3 avril 2015 02:11

      @Rincevent
      J’approuve pleinement l’article et le commentaire, cela dit nous ne formons pas des « réseaux sociaux ». Au contraire, tous ces échanges immatériels constituent une bulle de réseaux asociaux. 

       Les mots et les idées circulent et s’effacent comme des étoiles filantes, la langue écrite retrouve une forme de vie nouvelle, oui, mais chacun de nous reste solitaire, confiné dans sa cellule, étranger aux autres, peinard. 
      Dans le grand émiettement social, l’humain absent est tout ce qui ce qui reste de l’humain. 
      C’est commode comme un souvenir, pas encombrant du tout. 
       Une nouvelle humanité bien docile s’installe, le monde marchand est très satisfait de cette docilité des éparpillés. Ce monde est paisible, ordonné et propre comme un cimetière.

    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 3 avril 2015 09:42

      @Jacques
      Il vaut mieux essayer de voir comment le partage de la richesse nationale a été assurée par nos anciens : retraites par répartition, droit du travail pour assurer le partage capital/travail, droits sociaux, Sécurité sociale, services publics, droit syndical, école publique et gratuite etc.

      Tout cela a été mis en place après des luttes sociales et à partir du programme du Conseil national de la résistance. Ce sont tous ces acquis que l’UE et l’euro ont pour mission de démanteler.
      On ne peut défendre le rôle de l’ Etat providence en restant dans cette machine à broyer les peuples !


    • Rincevent Rincevent 3 avril 2015 16:47

      @Jacques

      Ce que je veux dire, c’est que l’ordi peut nous faciliter grandement la constitution de vrais réseaux sociaux, à condition de ne pas rester derrière son clavier, bien sûr. C’est un outil pas une fin.

      Pour les Facebook and co, une simple panne de réseau fait qu’on perd ses « amis » A quoi ça tient l’amitié électronique…


  • alinea alinea 3 avril 2015 00:57

    Ce qui est fou aujourd’hui, c’est que cette « économie contributive » demande énormément d’énergie pour la mettre en place, une persévérance et une ténacité hors paire et qu’elle se heurtera tôt au tard à ce qu’on appelle dorénavant : l’économie normale ; naturelle si on osait !
    Du coup, la gratuité, par mini réseaux « tient » mieux parce qu’elle se place complétement hors ce système !
    Les esprits sont malades, totalement imbibés par le tout fric ! Rien désormais n’échappe plus à l’argent ! et cela ne choque personne... enfin, pas grand monde.
    On pratique encore beaucoup l’échange informel dans mon coin et je réalisais pas plus tard que cet après-midi, que sans cela, je ne pourrais littéralement pas survivre, moi peut-être, chichement, mais sans animaux, sans bagnole !
    Cela risque de renaître de manière plus répandue quand nous serons tous vraiment dans le pétrin ; comme les Grecs. Ceci dit, ça ne résoudra pas tout !


    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 3 avril 2015 09:46

      @alinea
      Pour avoir vécu longtemps en dehors des villes, les échanges, le troc, les services échangés ont toujours fait partie du mode de vie rural, et encore maintenant.


      Mais cela ne remplace le partage de la richesse nationale.
      L’importance des biens publics est très bien expliqué dans cette conférence de Xavier Vershave, dans le dernier chapitre sur la Françafrique.

    • Karol Karol 3 avril 2015 16:57

      L’échange informel est comme l’air qu’on respire, il est vital, Le marché en sapant son existence nous étouffe.


  • ben_voyons_ ! ben_voyons_ ! 3 avril 2015 22:26

    Consommation collaborative : Les Français sautent le pas avant tout pour gagner de l’argent

    http://www.20minutes.fr/economie/1579219-20150403-consommation-collaborative-francais-sautent-avant-tout-gagner-argent

    Argent qui ne sera pas déclaré et qui ne générera ni impôts, taxes, cotisations sociales…

    Activités qui en sus détruiront des centaines de milliers d’emplois stables, à tous les niveaux…

    L’anti-solidarité à l’extrême, l’égoïsme ultime,

    Profiter du système en ne redistribuant rien…

    L’effondrement du pays est en cours, tout comme tous les autres qui ne voudront pas réagir à temps…

    A terme, augmentation des inégalités, de la violence, de la haine, les prémisses d’une véritable guerre civile.

    Dès 2001, j’ai pourtant alerté les pouvoirs publics afin que des mesures soient prises dans l’urgence, rien n’a été fait.

    Aucun élu n’a bougé son cul, tous occupés à se gaver de diverses façons, souvent au vu et au su de tous. Rien n’a été fait.

     Sauf l’immorale et effarante « auto-entreprise » de Novelli et Sarkozy, que ce dernier regrette enfin dans un éclair de lucidité :

     http://lentreprise.lexpress.fr/creation-entreprise/auto-entrepreneur/l-auto-entrepreneur-menace-t-il-vraiment-les-artisans_1661587.html

    C’est bien tard, c’est trop tard, en effet, les dégâts sont désormais majeurs, pourquoi croyez-vous que le chômage est au niveau actuel ?

    Dégâts imputés à une « crise » qui a vraiment bon dos, imputés par les salopards profiteurs afin de cacher des scandales sans fins…


  • Hervé Hum Hervé Hum 5 avril 2015 01:14

    Vous avez tort, la tentative de récupération de l’économie de partage est la scie qui est en train de couper la branche sur laquelle est assis le système capitaliste.

    En effet, la vertu essentielle de l’économie de partage est de montrer aux gens que la propriété n’est pas le fondement de la société, n’est pas essentielle au bon fonctionnement de l’économie. ce qui est le fondement de la société du XXIème siècle est la responsabilisation individuelle, celle qui est la condition première au développement d’une société de partage. Sans responsabilité, pas de partage possible. Le système capitaliste est fondé sur l’irresponsabilité des individus permettant, justifiant la contrainte, donc l’esclavage et la servitude. C c’est sa condition absolu.

    La responsabilité individuelle détruit inévitablement le capitalisme parce qu’elle émancipe les gens. Ce sens de la responsabilité est déjà présent, mais la conscience fait encore défaut. Ce que font ces sociétés, malgré elles, c’est précisément de faire prendre conscience aux gens qu’ils ont acquis ce sens de la responsabilité individuelle.

    Ici, le système se trouve face à son point de rupture où il ne peut pas récupérer, digérer un principe qui lui est mortifère. Sa croyance en sa capacité à l’absorber est sa plus grave erreur.

    La conséquence ultime de la mondialisation est la destruction du capitalisme, tout simplement parce que ce qui à vu naître et permis le capitalisme est la colonisation de la terre. Or, la mondialisation signe la fin de cette colonisation et donc la fin du capitalisme.

    Ce que vous écrivez à la fin n’est pas contradictoire avec la mondialisation, mais au contraire, fait partie intégrante de celle ci, en est une condition essentielle. Autrement dit, sans la mondialisation, il est impossible de mettre en place une société de partage comme vous le souhaitez, car c’est persister sur une société de concurrence qui dans la situation actuelle ne peut continuer sans détruire la société humaine... Ainsi, soit nous allons vers la mondialisation et la société de partage ou de coopération, soit nous allons vers l’auto destruction et le retour à l’âge de pierre.

    Vous faites l’erreur de confondre les valeurs et les personnes. Les valeurs propres à la mondialisation c’est la coopération,mais les personnes qui aujourd’hui commandent à l’avènement de cette mondialisation, le font avec la pensée et les armes d’un monde divisé, en concurrence. Leur stratégie consistant à séparer l’économie du social ne peut pas résister à l’inertie propre à la mondialisation, sauf encore une fois à détruire la mondialisation par le chaos généralisé et donc, la destruction de la société humaine dans son ensemble.


  • BA 5 avril 2015 23:20

    L’Islande est en train de faire une révolution.

    Et même : l’Islande est en train de faire LA Révolution.

    Lisez cet article :

    Un changement radical dans l’histoire de la finance moderne : l’Islande veut redonner le monopole de la création de monnaie à sa banque centrale.

    Le gouvernement islandais envisage de retirer des banques la création monétaire pour la confier à la seule banque centrale de l’île.

    Dans un rapport de 113 pages commandé par le Premier ministre islandais, intitulé « A better monetary system for Iceland » (« Un meilleur système monétaire pour l’Islande » - voir ce rapport ci-dessous), Frosti Sigurjonsson recommande au Framsóknarflokkurinn (Parti progressiste) au pouvoir de confier entièrement la création de l’argent à la banque centrale, avant de remettre cette prérogative au parlement.

    L’Islande veut ainsi mettre fin à un système qui s’est caractérisé par une série de crises, y compris la crise financière de 2008, qui a mis le pays en quasi-faillite.

    Si ce plan est approuvé par le parlement islandais, il changera totalement la donne et apportera un changement radical dans l’histoire de la finance moderne.

    On peut donc supposer que les banques commerciales du monde occidental doivent suivre cette initiative avec beaucoup d’attention, et d’inquiétude, dans la mesure où elle vise à les déposséder d’un certain pouvoir.

    L’Agence France Presse a présenté ce projet :

    Selon l’étude, à laquelle ont participé quatre banquiers centraux, l’île a connu plus de 20 crises financières de divers types depuis 1875, avec six crises graves qui se produisent environ tous les 15 ans. Frosti Sigurjonsson précise que ces passages de crise surviennent à des moments bien déterminés :

    « Le problème survient à chaque fois à partir d’une bulle de crédit pendant un cycle économique fort. »

    Selon Frosti Sigurjonsson, les banques centrales n’ont pas le pouvoir de restreindre cet emballement du crédit, ce qui fait grimper l’inflation, favorise les prises de risque excessives et la spéculation, fragilise les banques et mène à des interventions coûteuses de l’État.

    En Islande, comme dans les autres pays développés, la banque centrale contrôle l’émission des pièces et des billets, mais ce n’est pas elle qui est à l’origine de la création de la plus grande partie de la masse monétaire (« M1 »). Celle-ci provient des lignes de crédit que les banques octroient à leurs clients. La seule possibilité de la banque centrale, c’est de tenter d’influencer le rythme de cette création monétaire au travers de sa politique monétaire.

    Le rapport indique ainsi que les banques commerciales en Islande ont créé environ 91% de l’argent en circulation, comparativement à 9% pour la banque centrale islandaise.

    En vertu de la proposition nommée « Sovereign Money » (« Argent souverain »), la banque centrale islandaise deviendrait la seule instance ayant le pouvoir de créer de l’argent.

    « De façon essentielle, le pouvoir de création de la monnaie est isolé du pouvoir de décider comment cet argent sera utilisé », a écrit Frosti Sigurjonsson dans sa proposition. « Comme pour le budget de l’Etat, le Parlement débattra sur ​​la proposition du gouvernement concernant la répartition de la monnaie nouvellement créée ».

    Les banques poursuivraient leurs activités de gestionnaires des comptes et des transferts bancaires et elles agiraient comme des intermédiaires entre les prêteurs et les emprunteurs en matière de crédit.

    Frosti Sigurjonsson est un homme d’affaires et économiste, et il est l’un des cerveaux à l’origine du programme d’allégement de la dette pour les nombreux ménages islandais qui se sont retrouvés en 2014 en situation de surendettement à la suite de la crise de 2008.

    La réforme monétaire de l’Islande :

    http://www.express.be/business/fr/economy/un-changement-radical-dans-lhistoire-de-la-finance-moderne-lislande-veut-redonner-le-monopole-de-la-creation-de-monnaie-a-sa-banque-centrale/212481.htm


Réagir