Effondrement : qu’on ne nous dise pas qu’on n’avait pas été prévenu
La terre se réchauffe, les animaux disparaissent avec la biodiversité et la biomasse, les océans sont pollués jusque dans leurs fosses abyssales, les sources sont confisquées par les boîtes à fric, l’air est sale, l’atmosphère est saturée de gaz à effets de serre, le cosmos est pollué de satellites et de déchets technologiques. Et seuls, 14 % des ingénieurs pensent que « si les choses continuent sur leur lancée, nous allons bientôt vivre une catastrophe écologique majeure » tandis que les autres (86 %) pensent que « le génie de l’homme permettra que la terre reste vivable ». Et pourtant, ça n’est pas d’hier, ni d’avant hier, ni encore de la semaine dernière, mais bien dès les débuts de l’ère industrielle que certains se sont levés pour dénoncer les catastrophes à venir.
En 1820, Saint Simon écrivait : « L’objet de l’industrie est l’exploitation du globe, c’est-à-dire l’appropriation de ses produits aux besoins de l’homme, et comme, en accomplissant cette tâche, elle modifie le globe, le transforme, change graduellement les conditions de son existence, il en résulte que par elle, l’homme participe, en dehors de lui-même en quelque sorte, aux manifestations successives de la divinité, et continue ainsi l’œuvre de la création. De ce point de vue, l’industrie devient le culte. »
En 1857, c’était au tour d’Eugène Huzar de prédire : « Dans cent ou deux cents ans le monde, étant sillonné de chemins de fer, de bateaux à vapeur, étant couvert d’usines, de fabriques, dégagera des billions de mètres cubes d’acide carbonique et d’oxyde de carbone, et comme les forêts auront été détruites, ces centaines de billions d’acide carbonique et d’oxyde de carbone pourront bien troubler un peu l’harmonie du monde. »
En 1949, le naturaliste américain Henry Fairsfield Osborn Jr. Met en garde dans La Planète au pillage, contre la surexploitation des ressources tandis que William Vogt, ornithologue, spécialiste de la surpopulation, établit un lien entre l’ampleur des dégradations environnementales et l’explosion démographique dans Road to survival (le livre n’a pas été traduit).
Toujours en 1949, Aldo Léopold publie l’Almanach d’un comté des sables, livre qui rencontre un succès et est considéré comme un jalon important dans la pensée écologique.
En 1962, Rachel Carson dénonce dans Printemps silencieux, l’utilisation massive des pesticides et du DDT qui causent une contamination généralisée de notre environnement et une destruction de la biodiversité.
La même année, Serge Moscovici, affirme dans Essai sur l’histoire humaine de la nature, que l’état de la nature dépend des relations que les sociétés humaine entretiennent avec elle. La « technologie politique » souhaitée par l’auteur servira de socle à l’écologie politique.
En 1968, Richard Buckminster compare la terre à un vaisseau dans l’espace pour lequel les ressources sont limitées et qui ne peut se réapprovisionner nulle part. Manuel d’instruction pour le vaisseau spatial Terre.
La même année Paul et Anne H. Ehrlich publient La bombe P.. Des actions politiques doivent être entreprises de façon urgente pour limiter la croissance démographique (la bombe population).
Concomitamment, Garrett Hardin démontre que la compétition pour l’accès aux ressources, motivée par la poursuite et la satisfaction de l’intérêt individuel, conduit à leur épuisement inexorable dans La tragédie des biens communs.
En 1971, c’est Gary Commoner qui publie L’encerclement. Problème de survie en milieu terrestre. Il y explique que la crise environnementale remet en cause les possibilités de survie de l’espèce humaine. Il faut « apprendre à restituer à la nature une richesse que nous lui avons empruntée ». Il dirait certainement aujourd’hui, « volée » !
En 1972, le Club de Rome, sort Halte à la croissance ?. Le club constate que la croissance économique et démographique provoque des dégâts environnementaux considérables. Il est urgent de réduire la croissance et d’inventer un nouveau modèle.
Enfin, en 1973, René Dumont publie son manifeste L’utopie ou la mort. Il dénonce l’inaction face aux problèmes environnementaux qui conduira à la disparition de notre civilisation.
En 1988, les pays membres de l’ONU, conscients des dangers qui s’abattent sur la Terre créent un organisme intergouvernemental, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC, en anglais Intergovernmental Panel on Climate Change, IPCC). Depuis, chaque année, le GIEC sort des rapports toujours plus alarmistes les uns que les autres qui suscitent des grand raouts durant lesquels sont proclamés des engagements jamais tenus. Depuis, la production de CO2 n’a fait qu’augmenter année après année.
Depuis, les dégâts n’ont fait qu’augmenter de manière exponentielle générés par une irresponsabilité généralisée à tous les niveaux (de la production à la consommation en passant par le négoce) ; par une inconscience des conséquences des innovations mises au point par des ingénieurs passionnés mais incapables de se raisonner ; par des financiers qui n’ont qu’un objectif, l’argent pour le pouvoir ; et des politiques qui se laissent berner et soudoyer par les lobbys.
La bibliographie citée provient d’un livre passionnant et plein d’enseignements : « Quelle éthique pour l’ingénieur ? » de Laure Flandrin et Fanny Verrax, sorti en 2019 aux éditions Charles Léopold Mayer.