Elevages : leurs peaux et la nôtre
Le 20 février dernier, je vous avais présenté les inacceptables conditions d’élevage et d’abattage des chiens et chats en Chine, dont les fourrures sont l’objet d’un important commerce vers les pays dits développés.
Cependant, malgré la productivité de cette industrie, les prix de ces fourrures restent relativement élevés pour des revenus d’européens « moyens », plutôt tirés vers le bas en ces temps de concurrence internationale exacerbée.
Les publicités faites dans les journaux de mode, les mannequins présentés dans les vitrines des boutiques d’habillement et autres images véhiculées dans les médias par des silhouettes charmeuses, incitent nombre de nos contemporain(e)s à acquérir des vêtements de fourrure.
Pour servir cette « demande », une filière française de production et commercialisation de fourrures est implantée sur tout l’hexagone, principalement avec des élevages de lapins, mais aussi, pour les bourses mieux nanties, de renards, de visons et chiens d’origine asiatique, dits chiens viverrins.
Et si le tableau que je vous avais présenté des élevages chinois apparaissait lamentable, il ne l’est pas moins chez nous : balayons devant nos portes !
En effet, là, à nos portes et sous nos fenêtres, discrète mais tout aussi sauvage, la barbarie envers les animaux sévit quasiment dans les mêmes termes que ceux que je vous décrivais venant d’Asie : entassement dans des espaces grillagés et minuscules entraînant stress, blessures, voire automutilation, reproduction intensive, absence quasi-totale d’hygiène, abattage au gaz ou par électrocution, dépeçage d’animaux encore vivants : « des enquêteurs ont filmé des chiens viverrins luttant contre la mort dix minutes après avoir été entièrement dépecés » indique Jean Luc Segapeli , Directeur de la campagne de l’association « Fourrure Torture »...
L’environnement ne sort pas indemne de ces pratiques, puisque les produits utilisés pour le tannage et le traitement des peaux contiennent du chrome, du formaldéhyde, divers colorants et autres dégraissants, tous aussi polluants les uns que les autres...
Plusieurs pays européens ont carrément interdit, ou alors pris des mesures extrêmement contraignantes, restreignant les élevages d’animaux à fourrure : Royaume-Uni, Pays-Bas, Autriche, Suisse, Italie, contrairement à la France où la réglementation reste plus laxiste...
Nous avons vu dans le passé, diverses associations dénoncer les conditions d’élevage, de transports et d’abattages des animaux destinés à l’alimentation humaine. Beaucoup reste à faire dans ce domaine, par exemple, actuellement sur l’écornage « à vif » des bovins par les éleveurs. Mais, depuis une vingtaine d’années, sous la pression du public alerté par ces associations, un certain nombre d’avancées ont pu être effectuées, notamment en matière l’hygiène dans les élevages et de méthodes à « minima de douleur » au moment de l’abattage.
Il apparaît par ailleurs que tôt ou tard se reposera la question de la place de la viande d’élevage dans les apports protéinés nécessaires à l’alimentation humaine : rejet de méthane dans l’atmosphère, pollution des eaux ruisselantes par les déjections, utilisation de vastes territoires pour l’alimentation exclusive du bétail... Avec la chimie accompagnant ces activités tout au long de chaîne de production : vaccins et médicaments pour les bêtes, engrais et pesticides pour les récoltes, agents de conservation pour les viandes, avec au passage la débauche d’énergie mécanique et électrique nécessaire à cette industrie.
Bien sûr, nous n’en sommes pas encore à une suppression, ni même une restriction, de consommation de la viande, même si quelques esprits « éveillés » essaient d’imaginer ce que pourrait être une alimentation de demain avec les substituts végétaux permettant d’épargner les surfaces agricoles aujourd’hui réservées au bétail et à son alimentation, pour y substituer les cultures propres à nourrir les populations et satisfaire leurs besoins en protéines. (Des amis péruviens m’avaient déjà présenté il y a quelques années la Quinoa comme : « la graine qui sauvera le Monde de la famine, ainsi que l’avait déjà fait la pomme de terre quelques siècles plus tôt ! »
Quoiqu’il en soit, cette révolution n’est pas semble-t-il (encore) à l’ordre du jour et ne se réalisera, (si elle doit l’être) j’oserai dire « comme d’ab », que sous la contrainte d’évènements irrépressibles : pénuries, famines, catastrophes climatiques, ou combinaison de tout cela...
En attendant, avançons à petits pas pour la protection animale, conscient que les douleurs infligées aux animaux par nos « soins » peuvent encore perdurer quelque temps.
Et que donc si nous voulons continuer à nous prétendre civilisés et confier en héritage à nos descendants un monde plus serein, nous nous devons de traquer et combattre sur cette planète les traces de notre barbarie, en y mettant nos forces de conviction et nos moyens de coercition : je pense qu’une partie de ce combat passe par le refus des conditions d’abattages et de tortures décrites ci-dessus, et c’est pourquoi je vous invite à bannir le port des fourrures issues de ces tueries.
Bien à vous tous