Elu : un Donald sans tambour, ni Trump-ettes
D’accord, il est fantasque et imprévisible, mais a pour qualité de défier le Deep State, d’avoir attiré près de lui Robert Kennedy junior ainsi qu’Elon Musk et la volonté de se battre pour son pays, enfin il est pote avec Poutine, ce qui va apaiser les tensions internationales. Donc, ses vulgarités, menaces et rodomontades ne sont qu’anecdotes. Le gros avantage qu’il a eu sur Kamala Harris fut ses quatre années de bilan, comparées à celles de Biden et de sa vice-présidente. Enfin, l’entrée tardive de la première femme de couleur dans la course fut bien trop tardive, à cause du cacochyme Biden ne voulant pas lâcher la corde.
47ᵉ président : j’avais suivi les élections de 2016 où il devint le 45ᵉ. Ce fut une surprise totale qui déjoua tous les pronostics. Les instituts de sondages se plantèrent une fois de plus et la presse mainstream qui avait fait un boulevard pour la Clinton dut avaler son parapluie. J’avoue, comme citoyen américain, avoir voté Bernie Sanders qui me paraissait le plus proche de mes idées. La victoire de Trump après tout me parut moins dangereuse que celle d’Hillary, qui à mon avis nous aurait menés droit à la troisième guerre mondiale tellement elle était pieds et poings liés avec le lobby militaro/industriel. Et surtout, son mari et elle avaient tellement de casseroles qu’il fut loisible de penser qu’il aurait été facile de les faire chanter… 2024 : élu avec une écrasante majorité populaire, avec une majorité au Sénat et à la Chambre des représentants, l’administration Trump a toutes les cartes en mains pour faire appliquer la politique du « America great again » en se contrebalançant des pots cassés autour. Ça va être rock & roll Donald !
Le facteur sonne toujours deux fois : Donald is back ! Élu, Donald Trump a juré de démolir ce qu’il appelle l’« État profond » (Deep state) – un terme pour désigner la bureaucratie fédérale américaine, telle, la CIA, le FBI, le Pentagone et la clique de Washington. Selon son colistier, JD Vance une seconde administration Trump devrait licencier des milliers de fonctionnaires et les remplacer par des fidèles du mouvement MAGA, (Make America Great Again).[i] Ce mouvement a été fondé en 2016 sur la conviction que les États-Unis étaient autrefois un « grand » pays, mais qu’ils ont perdu ce statut en raison de l’influence étrangère, à la fois à l’intérieur de ses frontières (via l’immigration et le multiculturalisme) et à l’extérieur (via la mondialisation et l’émergence des pays des BRICS.) Ses membres pensent que cette chute peut être inversée grâce à des politiques de « l’Amérique d’abord » qui assureraient un plus grand degré de protectionnisme économique, réduiraient considérablement l’immigration, en particulier en provenance des pays en développement, et encourageraient ou renforceraient ce qui est considéré comme des valeurs américaines traditionnelles. Pour mener à bien ces actions, Trump a nommé Elon Musk, dont on a vu comment il a pris en main les destinées de X, ex-tweeter.
A regular guy : Trump l’a joué comme étant un type ordinaire. La campagne de Trump a rapidement attiré à nouveau un large soutien parmi les électeurs conservateurs de la classe ouvrière blanche. Son passé d’homme d’affaires a été perçu par ces Américains comme un signe qu’il comprenait l’économie, et son absence de service public suggérait qu’il n’était pas entaché par la corruption qu’ils associaient à Washington. Ils ont également apprécié son message populiste, dans lequel il affirmait que le gouvernement fédéral était contrôlé par les « élites » démocrates. Enfin, et peut-être surtout, ils admirent le style personnel de Trump, qui est notoirement belliqueux et conflictuel. L’habitude de Trump d’intimider ses adversaires avec des insultes personnelles et des injures, ainsi que ses fanfaronnades régulières, ont encouragé les membres de MAGA à le considérer comme une personne ordinaire ou un « type ordinaire » grande gueule. Le tour de force de l’histrion est d’abord d’avoir fait oublier qu’il n’est pas contradictoire d’être milliardaire, d’être membre de l’élite fortunée du pays et qu’aux yeux de ses électeurs, sa richesse signifie simplement que, lorsqu’il s’agit des élites, il sait de quoi il parle...[ii]
23 aout 2024 : Robert F. Kennedy Jr. suspend sa campagne et se range derrière Donald Trump. Selon son récit, il a rencontré Trump plusieurs fois les dernières semaines ce qui a permis de constater que nous-nous rejoignons sur trois grandes causes : la liberté d’expression, la guerre en Ukraine et la guerre contre nos enfants (une allusion aux campagnes de vaccination).[iii] Mais notamment ce qui a attiré ce Kennedy, démocrate historique, c'est la volonté de Trump[iv] de vouloir rouvrir les dossiers des assassinats des deux frères Kennedy. Le neveu de l’ancien président assassiné aura le pouvoir de déclassifier tous les documents secrets sur les assassinats de son oncle, John F. Kennedy en 1963 et de son père, le sénateur Robert F. Kennedy en 1968. Donald Trump a confirmé qu’il donnerait les pleins pouvoirs à son ancien rival, un « homme extraordinaire et qui a lui-même fait l'objet de multiples menaces durant sa campagne », pour consulter tous les documents liés à ces fusillades, pouvoir les porter devant le grand public et si nécessaire designer les coupables, qui se tiennent bien au chaud à l’ombre de la commission Warren[v] pour JFK ou trouver le second tireur de l’assassinat de Robert Kennedy…[vi] Les « names dropping » risquent de faire des vagues dans la haute administration américaine. Donc, comme dit au Capitole, « wait & see ». Cependant, dès que l’on fouille dans cette direction, les balles se mettent à pleuvoir, et donc, pour le président et son représentant, il sera conseillé de s’entourer d’une garde prétorienne, car un attentat est si vite arrivé…
Janvier 2025, second mandat pour Trump. Pour le pays, le « Project 25 » fait peur, parce qu'il donne beaucoup plus de pouvoir au président.[vii] Qui est un climato/sceptique, un défenseur des forages en zones protégées, un fervent du grand capitalisme qui se tamponne de la classe ouvrière qui pourtant vote en masse pour lui, les causes LGBT ne l’intéressent pas, animales non plus. Cette présidence, plus largement, va être déterminante pour la marche du monde : une prise de distance avec l’OTAN, un retour au bercail des bases militaires essaimées de par le monde, stopper la guerre en Ukraine. Par contre, il est pour un soutien sans faille d’Israël, donc, des envois de finances et d’armes. La seule chose impérative qu’il puisse faire pendant son mandat, c’est de faire rentrer dans la niche toutes ces puissances non visibles américaines qui dérèglent le monde et qui mènent le genre humain vers sa fin à grands pas… Si t’arrives à faire ça, mon Donald, t’auras les palmes !
Georges ZETER/novembre 2024
Vidéo : Donald Trump, le programme qui fait peur à l'Amérique
[i] https://theconversation.com/undoing-the-deep-state-means-trump-would-undo-over-a-century-of-progress-in-building-a-federal-government-for-the-people-and-not-just-for-rich-white-men-234421