mercredi 17 novembre 2021 - par Jean Dugenêt

En Argentine, se joue la reconstitution de la IVème internationale

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En Argentine, les trotskystes sont désormais la troisième force politique derrière le « Front de Todos », qui est une coalition péroniste, et « Juntos por el Cambio » qui est une coalition de droite. Cela ne peut s’expliquer que par l’histoire de l’Argentine. Sans entrer dans les détails, disons que le mouvement péroniste en Argentine pourrait être comparé à ce que fut le gaullisme en France. L’importance du trotskysme vient de l’histoire du mouvement ouvrier argentin qui n’a jamais vu une forte implantation des partis de la IIème et de la IIIème internationale et aussi au rôle exceptionnel joué par le trotskyste Nahuel Moreno.

Nous n’avons pas encore les résultats complets des élections de dimanche dernier mais ce constat peut déjà être avancé : la coalition trotskyste progresse dans ces élections où se jouait le renouvellement de près de la moitié du Parlement et d’un tiers du Sénat.

Cette coalition s’appelle le FIT-U (Frente de Izquierda y de los Trabajadores – Unidad) ce qui se traduit par « Front de Gauche et des Travailleurs – Unité » ou par « Front Unique de la Gauche et des Travailleurs ». Elle est composée de quatre partis qui se réclame du trotskysme : le Parti socialiste des travailleurs (PTS), le Parti Ouvrier (PO), la Gauche socialiste (IS) et le Mouvement des Travailleurs Socialistes (MST).

Ces élections ont été l’occasion d’une déclaration de soutien internationale au FIT-U. C’est, du point de l’AGIMO, ce qui est le plus important dans la perspective de la reconstruction de la IVème internationale,

Cette déclaration de soutien a reçu les signatures de centaines de responsables politiques et syndicalistes dans le monde. Voici la liste des 38 pays concernés : Allemagne, Australie, Biélorussie, Bolivie, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Costa Rica, Cuba, Equateur, Espagne, Catalogne, Etats-Unis, France, Grèce, Italie, Kenya, Liban, Mexique, Nicaragua, Norvège, Pakistan, Panama, Paraguay, Pérou, Portugal, Porto Rica, Royaume Uni, République Dominicaine, Syrie, Suède, Tunisie, Turquie, Ukraine, Uruguay, Venezuela.

Disons le d’emblée, les organisations ainsi rassemblées sont trop disparates, à l’image du FIT-U pour constituer, en l’état, l’internationale révolutionnaire qui pourrait assumer la continuité du combat pour la révolution socialiste mondiale. Certaines, comme le PO, n’ont d’ailleurs pas le combat pour une internationale à leur programme. De plus, la LIT-QI, qui revendique l’héritage de Nahuel Moreno, n’est pas représentée car son implantation en Argentine est faible mais elle a un important parti au Brésil et nous estimons que c’est un fleuron de la lutte pour la reconstruction de la IVème internationale. Cependant, le rassemblement qui s’opère avec cette déclaration peut être comparé avec les conférences de Kiental et de Zimmerwald où se réunissaient les internationalistes qui avaient refusé la capitulation de la deuxième internationale alors qu’ils n’étaient pas tous d’accord avec les orientations de Lénine et de Trotsky. Le texte de la « déclaration de soutien » montre clairement la volonté des signataires d’engager leurs organisations dans un combat classe contre classe sans faire de concessions. Les signataires refusent les gouvernements de type Front Populaire dans lesquels les organisations ouvrières sont liées aux partis du capital. Ils refusent que la classe ouvrière soit saignée dans des plans d’austérité pour payer une soi-disant dette que les travailleurs n’ont jamais contractée. Il rejette ainsi toutes les désastreuses expériences récentes en Amérique Latine avec notamment le chavisme. Il refuse d’accorder leur soutien à des gouvernements de conciliation de classe comme celui d’Evo Morales en Bolivie, celui de Lula ou Dilma au Brésil, celui de Castillo au Pérou, celui de pinera au Chili. Pour ce qui concerne l’Europe la déclaration indique notamment :

« on a vu des partis de centre-gauche et pseudo-progressistes, qui ont promis une rupture avec les politiques d'austérité, mais ont fini par appliquer eux-mêmes ces mesures d’austérité. C'est le cas de Podemos dans l'État espagnol, qui fait partie du gouvernement « néolibéral progressiste » du PSOE. Avant, Syriza avait promis un gouvernement anti-austérité, mais a fini par être le meilleur élève du FMI et de l'UE (Union Européenne) pour mettre en œuvre les plans de la troïka, ouvrant ainsi la voie au retour de la droite. »

L’AGIMO prend acte que tous les signataires, en particulier les signataires français, refuse cette politique de collaboration avec le FMI et l’UE qui ne peut qu’aboutir à la mise en œuvre des plans anti-ouvriers.

Nous publions donc ci-dessous le texte de cette déclaration. Le texte original est en Espagnol. Nous l’avons traduit de notre mieux sans garantir que le résultat soit optimal. Nous laissons donc un lien sur la version en espagnol.

 

 

Déclaration de soutien international

au Front Unique de la Gauche et des Travailleurs en Argentine

Ceux qui ont signé cette déclaration (dirigeants et référents des partis qui se revendiquent du mouvement ouvrier, anti-impérialiste et/ou de gauche, de la paysannerie, de la jeunesse, des organisations féministes, du mouvement LGBTQ+, des organisations écologiques et toutes les organisations confrontées à l'oppression capitaliste) soutiennent les candidatures du Front Unique de la Gauche et des Travailleurs (FIT-U) en Argentine pour les prochaines élections législatives du 14 novembre 2021.

Le FIT-U, né il y a 10 ans, est composée : du Parti socialiste des travailleurs (PTS), du Parti Ouvrier (PO), de la Gauche socialiste (IS) et du Mouvement des Travailleurs Socialistes (MST). Il représente la seule alternative aux partis capitalistes et à la politique de l'impérialisme en Argentine.

La coalition péroniste au pouvoir, dirigée par Cristina Fernández de Kirchner et le président Alberto Fernández, a subi une sévère défaite aux élections primaires du 12 septembre 2021. Cela a ouvert une crise majeure au sein du gouvernement. La droite libérale de l'ancien président Mauricio Macri (de Juntos por el Cambio) essaie de tirer profit de cette crise. L'extrême-droite « libertaire » (i.e. populiste) cherche à canaliser une partie du mécontentement contre les partis capitalistes traditionnels en proposant un modèle économique plus strict et plus contraignant pour les travailleurs et la gauche. Face au mécontentement populaire, le Front unique de la Gauche et des Travailleurs (FIT-U) s'est imposé lors des récentes élections, comme la troisième force politique nationale.

Le « Front de Todos » apparaît comme le garant des intérêts des capitalistes argentins et internationaux bien qu'il s’était présenté comme « progressiste », promettant de mettre fin à la politique de rigueur du gouvernement précédent. Au milieu de la pandémie, des millions de personnes n’ont même pas pu recevoir les maigres revenus d'urgence – que le gouvernement a supprimé du budget la deuxième année - et ce gouvernement a imposé un ajustement fiscal sévère aux travailleurs, afin de garantir le paiement de la dette extérieure illégitime au FMI et aux grands capitalistes. La population en dessous du seuil de pauvreté dépasse les 40 % et les salaires continuent de baisser à cause de l'inflation, avec la complicité de la bureaucratie syndicale.

Dans ce scénario, le FIT-U (Front Unique de la Gauche et des Travailleurs) est devenu un canal d'expression politique de la colère de larges secteurs de la classe ouvrière, des femmes et des jeunes. Au niveau national, le FIT-U a obtenu plus d'un million de voix (5%). Dans la province de Jujuy, dans le nord (La région la plus pauvre du pays) où la population est majoritairement indigène, le FIT-U a remporté 24% des voix et se bat pour élire un député national. Dans les provinces de Patagonie (Santa Cruz, Chubut, Río Negro, Neuquén), le FIT-U a remporté environ 10 % des voix. Dans cette dernière province, un législateur FIT-U vient d'être élu pour la Capitale, lors des élections locales, avec 8,8% des voix. Dans toutes ces provinces, se sont produites de grandes grèves et mobilisations des personnels de santé, des enseignants, du mouvement écologiste… Dans tous ces mouvements de protestation, les quatre organisations du FIT-U étaient en première ligne. A Buenos Aires, le FIT-U a obtenu les meilleurs résultats à une élection de son histoire. Il pourrait être représenté au Congrès National. Dans le Grand Buenos Aires (Buenos Aires et sa banlieue), un large vote des quartiers populaires a exprimé le reflet des grandes luttes contre le chômage, la faim, la misère, pour la terre et le logement, que l'un de ses protagonistes a menées dans le mouvement « piquetero ». Cela ouvre la possibilité que des candidats du mouvement ouvrier soient également élus aux Conseils Délibératifs.

Le Front Unique de la Gauche et des Travailleurs faisait partie de la « marée verte » qui a remporté le droit à l'avortement légal, sûr et gratuit. Il est en première ligne de la lutte contre le pillage des ressources minières, l'agrobusiness et la surexploitation minière des multinationales, que favorisent tous les partis et coalitions de patrons. Il lutte pour l'indépendance politique de la classe ouvrière et dénonce l'intégration de la bureaucratie syndicale péroniste dans l'État capitaliste (Syndicats corporatifs de type « pétainiste ») et lutte pour la reprise et l'établissement de directions de classe dans les syndicats (Pour des syndicats réellement indépendants). Dans son programme, il défend le non-paiement de la dette extérieure illégitime qui condamne les pays d'Amérique latine à la pauvreté. Il propose également la réduction de la journée de travail à 6 heures et la répartition des heures de travail entre tous les travailleurs disponibles sans réduction de salaire (échelle mobile des heures de travail). Il se bat pour la nationalisation des banques et du commerce extérieur. Loin des réformistes qui soutenaient que, pour réussir électoralement, le programme devait être réduit (ne pas effrayer les capitalistes), le FIT-U propose ouvertement un programme pour « exproprier les expropriateurs ». Contre l'impérialisme et les bourgeoisies locales, il propose l'unité socialiste de l'Amérique latine.

Les résultats du FIT-U sont, en Argentine, le reflet de la lutte contre les effets de la crise capitaliste mondiale déclenchée par la pandémie sur la classe ouvrière et les masses exploitées. Pendant la pandémie, des millions de travailleurs dans le monde ont vu leurs moyens de subsistance diminuer au point d’être privés du minimum vital. D'autres ont été licenciés et ont à peine survécu grâce aux aides de l'État. Alors que les grandes fortunes de quelques centaines de milliards de millionnaires n'ont cessé de croître comme celles d'Elon Musk, Jeff Bezos, Bill Gates, Mark Zuckerberg, (Bernard Arnaud…) etc. L'Amérique latine est devenue la région la plus socialement inégalitaire du monde. Les conditions de vie se sont encore aggravées alors qu’elles avaient motivé les soulèvements populaires en Équateur et au Chili en 2019. Ces mouvements s’étaient ensuite propagés l'année dernière et cette année notamment à la Bolivie et à la Colombie.

La crise capitaliste mondiale est le moteur des rébellions ouvrières et populaires. Non seulement dans les nations semi-coloniales et dépendantes d'Amérique latine, mais aussi dans les métropoles impérialistes, en premier lieu aux États-Unis. C'est cette crise et la résistance des masses à ses mesures d’austérité qui ont abouti au renversement des régimes de droite (Bolivie contre le coup d'Añez ; rébellion populaire au Chili contre le gouvernement Piñera et en Colombie contre Duque, etc.) Cela grâce à ceux qui ont dénoncé l'impuissance et la complicité du centre-gauche et des partis « nationaux et populaires », partisans des fronts de collaboration de classe. L'extrême droite essaie de se repositionner face à la crise de la droite traditionnelle et à l'échec des variantes de centre-gauche ou "pseudo-progressistes" (Chavismo, Lulismo, Podemos ou Syriza) devenues défenseurs et exécuteurs des mesures d’austérité du FMI. On voit déjà dans l'État espagnol comment Vox a tiré parti de la crise du régime monarchique espagnol et des capitulations du centre-gauche pseudo-progressiste. Mais la crise a aussi percé le développement de cette ultra-droite. La chute de Trump, la vague de mobilisations et de grèves à laquelle a fait face le nouveau gouvernement de droite qui vient de prendre le pouvoir il y a quelques mois en Équateur et d'autres processus de mobilisation en témoignent. Au Brésil, Bolsonaro est également soutenu par la politique traitre de collaboration de classe, développée par le PT et Lula. Cette politique, menée avec les bureaucraties corrompues, a bloqué l'intervention organisée des masses exploitées. Bolsonaro continue de développer des attaques contre les conquêtes ouvrières (perte de la stabilité d’emploi des fonctionnaires, etc.) En Argentine, les candidats Javier Milei et José Luis Espert expriment les aspirations de ces secteurs ultra-réactionnaires. Avec un discours démagogique « anti-caste » et « anti-politique », ils cachent que les vrais gagnants des politiques menées par les gouvernements capitalistes lors de la pandémie sont les multinationales, les grands hommes d'affaires, les banques et toute l’agro-industries.

Sur la gauche internationale, on a vu des partis de centre-gauche et pseudo-progressistes, qui ont promis une rupture avec les politiques d'austérité, mais ont fini par appliquer eux-mêmes ces mesures d’austérité.

C'est le cas de Podemos dans l'État espagnol, qui fait partie du gouvernement « néolibéral progressiste » du PSOE. Avant, Syriza avait promis un gouvernement anti-austérité, mais a fini par être le meilleur élève du FMI et de l'UE (l’Union Européenne) pour mettre en œuvre les plans de la troïka, ouvrant ainsi la voie au retour de la droite. En Amérique latine, le Front large au Chili, qui a signé avec la droite et le gouvernement réactionnaire de Piñera l'« Accord pour la paix et la nouvelle Constitution », cherchait à désactiver la mobilisation populaire pour réhabiliter les exécrables institutions héritées de la dictature. Au Pérou, après avoir semé des illusions, le gouvernement Castillo cède aux pressions patronales. Au Brésil, Lula, Dilma et le PT veulent revenir au pouvoir avec des patrons du Frente Amplio. En Bolivie, le gouvernement de conciliation de classe MAS soutenu par Evo Morales est revenu.

Les gouvernements latino-américains dits « progressistes » comme celui de Lula/Dilma au Brésil, les Kirchner en Argentine, López Obrador au Mexique, ou Evo Morales/Luis Arce en Bolivie, au-delà de certaines frictions, avec l'impérialisme ont fini par gouverner au bénéfice des multinationales sans affecter les intérêts des grands capitalistes, ni le capital financier international. Celui de Chávez/Maduro au Venezuela, venu proposer le « socialisme du XXIe siècle », bien qu'il soutienne une agression et un blocus économique de l'impérialisme contre lesquels nous nous élevons, a capitulé devant la bourgeoisie et l'impérialisme.

Le FIT-U représente une perspective opposée au centre-gauche et à toute variante dont l'horizon étroit est de gérer le capitalisme, faisant peser la crise de ce système d'exploitation sur les épaules des masses populaires.

La FIT-U a été le promoteur de la Conférence d'Amérique latine et des États-Unis qui a eu lieu en 2020 avec la présence de 50 organisations de tout le continent.

Les représentants du FIT-U dans les parlements sont solidaires des luttes ouvrières et populaires dans les rues. Contrairement aux politiciens capitalistes qui s'enrichissent de leur fonction, ils ne reçoivent que le salaire d'un enseignant - le reste de leur salaire est reversé à un fond de combat. Ses candidats et candidates sont des travailleurs/travailleuses, des étudiants/étudiantes et des militants/militantes du mouvement ouvrier, du mouvement des femmes, LGBTQ+ et du mouvement écologiste.

Le FIT-U ne cherche pas à obtenir la majorité au parlement dans une coalition avec les partis bourgeois. Son intervention dans le processus électoral est un combat pour développer une vaste campagne d'agitation auprès des masses ouvrières pour la rupture avec les partis patronaux et pour avancer sur la voie de l'indépendance politique et de l'organisation de la résistance et de la mobilisation politique. Le FIT-U œuvre pour que les masses populaires fassent irruption sur la scène de la crise nationale comme force indépendante et proposent une alternative au pouvoir. Le FIT-U se bat pour un gouvernement des travailleurs en rupture avec le système capitaliste-impérialiste, basé sur la mobilisation et l'auto-organisation des travailleurs.

Le FIT-U fait partie de la classe ouvrière, des jeunes, des femmes et des peuples autochtones qui se rebellent contre l'exploitation et l'oppression d'un système décadent. Comme en témoignent la vague de luttes ouvrières aux États-Unis, la grève générale en Corée du Sud, les grèves en Italie, en Espagne, en France et en Allemagne, le mouvement écologiste, la mobilisation des jeunes partout dans le monde ainsi que les rébellions dans les Andes et les Caraïbes, en Amérique latine, au Moyen-Orient et dans le monde entier.

Le soutien électoral que le FIT-U reçoit aux prochaines élections, ainsi que les postes de parlementaires qu'elle conquiert, seront mis au service du développement de la lutte des classes dans une perspective ouvrière et socialiste.

Ceux qui ont signé cette déclaration déclarent leur soutien aux candidats de la FIT-U dans tous les districts du pays comme étant la seule coalition qui défend les intérêts de la classe ouvrière, des femmes et des jeunes.

 



14 réactions


  • Clark Kent Gidouille 17 novembre 2021 15:20

    Quel est le point commun entre la classe ouvrière, les femmes et les jeunes ? 

    Les femmes et les jeunes ont-ils les mêmes intérêts dans toutes les classes sociales ?

    A vouloir attraper toutes les mouches, on finit par ne plus savoir où est le sol.


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 17 novembre 2021 17:05

      @Gidouille
      Il y a en effet matière à redire sur des détails de ce texte. Je peux être plus précis sur ces questions. Mais, j’ai voulu ici faire ressortir ce qui essentiel en laissant de côté d’éventuelles divergences entre les signataires qui sont nombreux.

      Je ne cherche pas à me défiler. Je vais donc dire quelques mots sur le sujet.
      Je partage la position de Trotsky qui, dans le programme de transition dit : « Place aux jeunes, place aux femmes travailleuses ». La formulation n’a rien d’anodine. Il ne dit pas « Place aux jeunes travailleurs, place aux femmes ».

      En effet, la jeunesse dans son ensemble, y compris les jeunes privilégiés de la petite bourgeoisie ne peuvent pas se satisfaire de l’avenir qui s’ouvre devant eux si la situation perdure : « Socialisme ou Barbarie ». Trotsky était bien placé pour en parler étant lui-même issu d’un milieu privilégié mais ayant été néanmoins dès son adolescence un révolutionnaire.

      Il y a discussion sur la question du féminisme. Les femmes ont-elles des intérêts communs en dehors de tout critère de classe ? Trotsky semble s’y opposer. Il faudrait faire le point sur la discussion en cours à ce sujet. Il faudrait aussi comparait avec les prises de position stalinienne. La femme de Thorez déclarant à propos de l’IVG « Les femmes des travailleurs ne veulent pas des vices de la bourgeoisie » ou Annie Lacroix Riz déclarant à propos des tondues de l’épuration en 1945 qu’elles ne s’étaient pas toutes contentées de faire de la collaboration horizontale (ce qui est vrai) mais n’ayant aucune autre remarque à faire à propos de cette pratique qui remonte à la nuit des temps.


  • wagos wagos 17 novembre 2021 16:29

    Tous les boniments gauchistes : Masses populaires, Masses laborieuses, Masses ouvrières, Rebellions ; Luttes, Fond de combat, Capitalistes ; Bourgeoisie, Grand Capital , Impérialistes , Oppression !!! et j’en passe et du même cru ! 

    On revient à Mai 68 et plus tard aux discours de Georges Marchais et Arlette Laguiller

    On en parle un peu des paradis ouvriers, l’Ex-Urss ? Cuba ? les Khmers Rouges au Cambodge ? la Chine de Mao ? la Corée du Nord ? la Roumanie de Ceausescu ?

    Etc....

    Sa vie on la fait soi-même ; ne jamais croire qu’un parti de quel qu’il soit va vous payer à rien foutre ! 


    • wagos wagos 17 novembre 2021 16:51

      @Jeekes

      Absolument, même en Franconie là où ils ont des bagnoles , la caravane, les congés payes et les allocs pour faire des gosses , et la sécu pour se faire porter pâle ! 


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 17 novembre 2021 17:08

      @wagos
      C’est intéressant. Mais, faut-il se satisfaire de ce qui existe et de ce vers quoi nous allons ? Les hommes ont-ils une prise sur leur destin ou doivent ils subir l’évolution du monde ? L’évolution du monde n’est-elle pas le produit de l’activité humaine ?


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 17 novembre 2021 17:10

      @Jeekes

      « Je la trouve bien courte votre liste des paradis ouvriers »

      Ah ! Elle est où cette liste ?


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 17 novembre 2021 17:48

      @Jeekes
      Excusez moi. Je n’avais pas vu que le message ne s’adressait pas à moi.


    • wagos wagos 17 novembre 2021 18:07

      @Jean Dugenêt

      Certes, mais c’est un genre d’activité humaine contre un autre genre d’activité humaine , 

      Perso, je crois que le mieux , c’est de choisir soi même son destin, ensuite savoir composer avec les évènements bons ou mauvais selon ses convictions !


    • mursili mursili 17 novembre 2021 20:33

      @wagos

      Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin sans oublier un abri anti-atomique, on ne sait jamais...
      https://www.capital.fr/votre-argent/un-abri-antiatomique-au-fond-de-votre-jardin-1202870


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 17 novembre 2021 20:45

      @wagos

      Que vaut le destin d’un individu si ce n’est qu’un passage dans un monde pourri qu’on ne cherche même pas à modifier. Si ma vie devait se réduire à ça je me serais suicidé depuis longtemps.


  • jefresi 17 novembre 2021 20:39

    Merci pour ce regard sur la situation politique argentine.

    Il y a une contradiction, plusieurs fois répété dans la déclaration :

    « Le FIT-U représente la seule alternative aux partis capitalistes... »,

    ce qui n’est pas de bon augure pour l’avenir du mouvement.

    En effet, être « alternatif » aux partis capitalistes cela veut dire que le FIT-U pourra de nouveau céder sa place aux partis capitalistes quand il aura fait le travail politique pour qu’ils puissent reprendre le pouvoir. 

    L’histoire argentine a déjà démontré que le retour des partis capitalistes mettaient fin à l’existence physique des militants et donc des partis d’obédiences prolétariennes avec les méthodes du fascisme contre-révolutionnaire.

    Quand a eu lieu la dernière expérience « d’alternative » en Amérique du Sud ?

    De l’autre côté des Andes, de même qu’en Argentine (l’ESMA...), il y en a qui s’en souviennent encore aujourd’hui des dégâts des « alternances », non ?


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 17 novembre 2021 20:49

      @jefresi

      "En effet, être « alternatif » aux partis capitalistes cela veut dire que le FIT-U pourra de nouveau céder sa place aux partis capitalistes quand il aura fait le travail politique pour qu’ils puissent reprendre le pouvoir."

      Quand il aura fait son travail... la révolution socialiste mondiale... il n’y aura pas de retour possible au capitalisme.

      Un retour au moyen-äge vous parait-il vraisemblable ? Pour moi c’est impossible mais, par contre, on pourrait connaître pire. 


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 17 novembre 2021 20:51

      @jefresi

      « L’histoire argentine a déjà démontré que le retour des partis capitalistes... »

      Pour qu’il y ait un retour au partis capitalistes, il aurait fallu en sortir or cela ne s’est jamais produit.


  • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 18 novembre 2021 20:16

    Comme suite à mon article. Je me permets de placer dans un commentaire la déclaration que j’envoie à mes camarades espagnols qui tiendront leur XVème conférence ce week-end.
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    Chers camarades,

    Je vous transmets au nom de l’AGIMO un salut fraternel.

    Nous sommes engagés dans le même combat pour la révolution socialiste mondiale ce qui nécessite un parti mondial de la révolution.

    Je crois que des progrès considérables viennent de se réaliser dans ce sens à partir des initiatives de nos camarades d’Argentine.

    A l’occasion des élections du 15 novembre pour renouveler près de la moitié du parlement et un tiers du Sénat, la coalition du FIT-U (Front Unique de la Gauche et des travailleurs) qui regroupe 4 organisations se réclamant du trotskysme a fait signer une « déclaration de soutien international ».

    Celle-ci a été signée par des centaines d’organisations et de militants ayant des responsabilités politiques ou syndicales dans 38 pays. C’est un fait d’une importance capitale.

    Il n’est pas question de considérer que tous ces signataires sont intégralement sur notre programme puisque quelques-uns, comme PO (Pouvoir Ouvrier) en Argentine, n’ont pas à leur programme la nécessité de construire (ou reconstruire) une internationale.

    Cependant, le fait de rassembler une telle force politique au plan international avec des options politiques communes essentielles est un pas important vers la construction d’un parti mondial de la révolution qui ne pourra être, de notre point de vue, que la reconstruction de la IVème internationale.

    Le rassemblement qui s’opère avec cette déclaration peut être comparé avec les conférences de Kiental et de Zimmerwald où se réunissaient les internationalistes qui avaient refusé la capitulation de la deuxième internationale alors qu’ils n’étaient pas tous d’accord avec les orientations de Lénine ou de Trotsky. Ils ne participeront pas tous, par la suite, à la création de la IIIème internationale.

    Le texte de la « déclaration de soutien » montre clairement la volonté des signataires d’engager leurs organisations dans un combat classe contre classe sans faire la moindre concession aux partis de la bourgeoisie. Les signataires refusent les gouvernements de type Front Populaire dans lesquels les organisations ouvrières sont liées aux partis du capital. Ils refusent que la classe ouvrière soit saignée dans des plans d’austérité pour payer une soi-disant dette que les travailleurs n’ont jamais contractée. Il rejette ainsi toutes les désastreuses expériences récentes en Amérique Latine avec notamment le chavisme. Il refuse d’accorder leur soutien à des gouvernements de conciliation de classe comme celui d’Evo Morales en Bolivie, celui de Lula ou Dilma au Brésil, celui de Castillo au Pérou, celui de pinera au Chili.

    Pour ce qui concerne l’Europe la déclaration indique notamment :

    « on a vu des partis de centre-gauche et pseudo-progressistes, qui ont promis une rupture avec les politiques d’austérité, mais ont fini par appliquer eux-mêmes ces mesures d’austérité. C’est le cas de Podemos dans l’État espagnol, qui fait partie du gouvernement « néolibéral progressiste » du PSOE. Avant, Syriza avait promis un gouvernement anti-austérité, mais a fini par être le meilleur élève du FMI et de l’UE (Union Européenne) pour mettre en œuvre les plans de la troïka, ouvrant ainsi la voie au retour de la droite. »

    Nous sommes directement concernés. Nous devons en effet rejeter l’Union Européenne. Nous devons chacun dans notre pays demander la sortie de l’Union Européenne. L’AGIMO a mené dans ce sens toute une campagne pour faire reconnaître une vérité bien cachée par tous les médias aux mains des groupes capitalistes : Walter Hallstein qui fut le premier président de la CEE (Commission Economique Européenne) et le resta pendant 9 ans fut auparavant un nazi de premier plan.

    Les 4 organisations du FIT-U ont pu dialoguer entre-elles sans concessions mais sans violences verbales. Elles l’ont fait notamment l’année dernière le 21 août 2020 à l’occasion du 80ème anniversaire de l’assassinat de Léon Trotsky.

    Nous voyons avec ces discussions que le bilan peut maintenant être tiré sereinement de toutes ces années où le trotskysme a été déchiré par de multiples crises et ainsi dispersé. Des principes simples sont maintenant admis par tous. Ils permettront assurément que les mêmes erreurs ne se répètent pas. Il n’est plus question de chercher des raccourcis en capitulant devant les appareils staliniens comme cela s’est fait en 1951/53 avec « la crise pabliste » ni de capituler devant l’appareil « socialiste » construit sur les débris de la IIème internationale comme cela s’est fait avec la crise des « lambertistes » en 1981. Nous savons aussi qu’il faut rejeter le national-trotskysme. Notre combat est, avant tout celui de la construction d’une internationale révolutionnaire. Nous savons aussi que nul dirigeant actuel d’une organisation se réclamant du trotskysme ne peut prétendre avoir une autorité semblable à celle de Léon Trotsky. Aucun n’a accumulé l’expérience qu’avait Léon Trotsky. Le fait que des dirigeants comme Pablo, Mandel, Lambert, Healy… aient pu à certains moments se permettre, avec des méthodes bureaucratiques, d’essayer d’imposer leur point de vue à eu des effets dramatiques mais, avec le recul du temps, nous pouvons dire qu’il y avait aussi quelque chose de ridicule dans ces prétentions. Nous voyons donc que dans les débats entre nous la plus grande démocratie doit être respectée. Personne n’a qualité pour imposer son point de vue aux autres.

    Toute cette richesse accumulée actuellement par diverses organisations doit permettre de reconstruire la IVème internationale dans les prochaines années. C’est cette perspective qui nous uni et qui nous guide.

    Je vous souhaite mes chers camarades de mener des débats fructueux au cours de votre XVème conférence pour que nous progressions ensemble dans de sens.


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