vendredi 23 juin 2017 - par Hamed

Entre liberté et destin, le libre-arbitre conscient et inconscient de l’homme ? Une guerre nucléaire entre les USA et la Corée du Nord ?

 Comment peut-on concevoir notre existence ? Comment peut-on comprendre le sens de notre vie, sans pour autant être philosophe, psychologue, ou adepte du zen ? Quel est cet être en nous qui nous donne ce soi en nous et ce soi du monde qui nous est extérieur ? Certes la philosophie, les religions, les méditations bouddhistes, hindouistes, sont à maints égards utiles pour la perception de notre être. Elles viennent conforter ce que nous savons de nous-mêmes, de notre vécu, de l’itinéraire de notre existence en termes de réussites, d’échecs, d’espoirs. Et tout être humain qui a vécu ces situations, surtout si elles l’ont marqué, ne comprenant pas souvent ce qu’il lui arrive surtout en mal, cherche à se libérer pour regagner la quiétude de son être. Certains diront la quiétude de son âme. Ce faisant il comprendra mieux son existence, son quotidien.

Pour cet être pensant, il lui arrive de se poser la question : qui est-il ? Il se sait éphémère, il existe, et un jour, il disparaît comme s’il n’a jamais existé. Et tous les hommes sont appelés à subir ce sort. Sortis du néant, nous retournons au néant. Pourquoi ce nous-sommes ? Qu’en est-il de nous ? Qu’est-il ce Je qui pense ? D’autant plus que parfois, nous sommes confrontés à l’absurdité de la vie. Quand nous voyons tant de souffrances qui frappent les humains, des crises économiques, des guerres meurtrières, ou simplement le chômage, la pauvreté, la misère, et au-delà de ce qui ressort de ces situations, nous nous demandons pourquoi cette existence. Ou encore, nous pensons parfois mal cette existence. Comme si elle n’a pas de sens.

 

Nous ne sommes pas toujours objectifs, pris par nos égoïsmes, souvent nous sommes confrontés à cette pensée qui pense qu’au fond l’égoïste ne se sent pas égoïste, c’est sa nature qui prend le dessus. Ou encore celui qui fait du mal ne se sent pas faire du mal. Aussi, comment nous connaître ? Comment prendre prise de notre existant ? Comprendre nos joies, nos angoisses et apprendre à les maîtriser ? Et c’est important pour notre sérénité intérieure, pour lutter contre les projections des autres, de nos propres problèmes refoulés de l’existence qui remontent à la surface et prennent le pas sur nous. Combien même on est serein, ou paraissons l’être, intérieurement on ne l’est pas et on ne le montre pas. Comment faire pour comprendre ce mal-pensé ? Qui, au fond, quoique l’on dise, est naturel puisqu’il prend en nous, et nous ne pouvions le plus souvent lutter contre. Nous sommes simplement ce que nous sommes, et le monde est ainsi fait.

Pour avoir une première idée de ce Je pensant ou, plus généralement, ce Nous pensant, l’homme est lié intimement à son prochain. Tout individu qu’il est, son existence relève de l’autre, d’autrui, de la société dont il fait partie. Et, en joies ou en déception, au sein de cette société, il s’assume et construit son existant.

 

  1. L’approche de l’auteur bouddhiste zen belge, Robert Linssen, sur le « Destin et la Liberté ».

 

 « Le destin est souvent défini comme l’expression d’une volonté divine réglant les événements futurs d’une façon fatale ou irrésistible. Nous ne perdrons pas notre temps à nous intéresser aux querelles ayant trait au libre arbitre et au déterminisme. Nous préférons examiner directement les aspects pratiques et théoriques de ce que l’on appelle communément « notre destinée » et « notre liberté », écrit Robert Linssen. (1)

« De nombreux penseurs d’Orient nous disent que l’homme peut être maître de « son destin ». Diverses écoles de yoga et de nombreux groupements d’entraînement psychologique enseignent des méthodes de méditation de plus en plus variées. Certaines enseignent la concentration, d’autres le développement de la volonté, de l’instinct de puissance, d’autres encore proposent des techniques apportant un certain apaisement du mental et du système nerveux par la répétition de syllabes, sons, mantras.

Quel est le point de vue des Maîtres de l’Eveil concernant ces problèmes ? Ce point de vue peut-être résumé de la façon suivante. Il y aurait pour l’être humain deux possibilités de « destin » ou, si nous n’aimons pas ce terme, disons qu’il y aurait deux possibilités de comportement dans la vie.

 

1. La première possibilité est celle vécue par l’immense majorité du genre humain. Elle consiste en une obéissance totale aux suggestions émanant du « Vieil homme », c’est-à-dire de cet immense réseau de mémoires formant le « moi ». Cela se traduit en acte par diverses attitudes très connues : recherche du pouvoir, instinct de domination, recherche de sensation, avidités constantes, conjugaison du verbe « avoir et avoir plus », grandir. A ce niveau l’homme se croit libre. Pour lui, être libre consiste à faire ce qu’il lui plait, quand cela lui plait et ou cela lui plait. En fait, du point de vue des Maîtres de l’Eveil, cet homme est prisonnier des fantaisies que lui suggère son conscient et surtout son inconscient. Ce conscient et cet inconscient ne sont que mémoire. [...]

Du point de vue des maîtres de l’Eveil, l’homme n’est que mémoire, physiquement, biologiquement et psychologiquement. Il n’y a donc pas de véritable liberté. Pourquoi ? Parce que toute liberté véritable implique un dépassement de la mécanicité de notre existence. Là, où il n’y a qu’habitude, répétition, emprise totale des automatismes de la mémoire, il n’y a pas de liberté. Tout le comportement de l’être humain subit entièrement la pesanteur de la mémoire. Il n’y a pas de création mais expression d’une routine suggérée par le réseau des mémoires formant l’être humain, physiquement et psychologiquement. »

En dépit de ce qui vient d’être dit, certains diront qu’ils sont libres parce qu’ils décident eux-mêmes de forger « leur destin » selon des directives qu’ils choisissent et s’imposent de propos délibéré. [...]

Pour ces diverses raisons, répétons-le, les Maîtres de l’Eveil considèrent que le comportement de l’homme dit « normal » ne comporte ni n’exprime aucune liberté réelle.

 

2. La seconde possibilité de comportement dans la vie, envisagée par les Maîtres de l’Eveil, est très différente. Elle a pour début, une prise de conscience approfondie du caractère mécanique de nos opérations mentales et, en général, de la mécanicité de notre comportement. Cette prise de conscience révèle l’ampleur de l’action des mémoires du passé sur le présent. Elle révèle également le caractère illusoire et artificiel de la conscience égoïste qui nous est familière.

En fait, dans la seconde possibilité, le « moi » est dissous. Cette attitude est définie par diverses expressions suivant les auteurs. Pour Krishnamurti, par exemple, ce sera « la passivité créatrice », ou encore « la lucidité sans choix ». Les anciens taoïstes conseillaient de « laisser l’Empire du Réel être Sa propre loi en nous ». Tout le mysticisme chinois du taoïsme ou du Ch’an se résume dans la notion du « Wei Wu Wei ». La traduction française pourrait être faite de la façon suivante : « agir sans faire ». Mais attention ici ! Cet « agir » n’est plus le résultat des suggestions du « moi », il n’émane plus de la constellation énorme de mémoire. Cet « agir » est le mouvement pur de la Réalité Suprême. A ce niveau, les mots sont des pièges car ils tendent à nous suggérer des images qui sont précisément empruntées au réseau de mémoires dont il est nécessaire de nous affranchir. [...]

L’histoire de l’Univers serait celle d’une énorme symphonie formée de milliards de notes. Le déroulement de cette symphonie ne résulterait pas d’un calcul ni d’un projet. Ce sont là des concepts inadéquats et des projections anthropomorphiques. Il s’agirait plutôt d’un jeu, sorte de Jeu Cosmique évoqué par le terme sanscrit « Lila ». Nous trouvons ici un climat de liberté, de gratuité, de création, de non-mécanicité, de non temporalité. Chacun de nous possède un son unique, spécifique au cœur de l’immense symphonie. [...]

Il existe deux façons de faire résonner le caractère unique de la note que chacun de nous occupe dans la Grande Symphonie. Une mauvaise façon et une bonne. La mauvaise est celle que vit l’immense majorité du genre humain. Elle consiste en une identification complète aux mémoires accumulées. Cette identification conduit à des conflits, de la violence, de l’avidité. Chacun l’exprime à sa façon d’une manière particulière. Mais il s’agit de toute évidence d’une situation conflictuelle.

 

La bonne façon de faire résonner le son unique de la note que nous sommes, consiste à laisser œuvrer en nous librement la Réalité Suprême. Donnons-lui le nom que nous voulons. Nommons- la l’énergie pure, ou la substance, ou le Vide. Elle est au-delà de tous les noms et de toutes les catégories. C’est alors que se révèle à nous un aspect inconnu de l’Amour.

Mais ce terme doit être dégagé des automatismes qu’il nous suggère. Il s’agit plus exactement de « l’Amour état d’Etre ». A ce niveau certains malentendus peuvent se présenter. Ils constituent à certains égards un danger pour ceux qui se seraient engagés uniquement dans ce que l’on appelle en Inde le Bhakti Yoga, le Yoga de la dévotion et de l’amour. [...]

 

Nous nous trouvons ici devant une situation qui dépend de ce que les orientaux appellent le « Karma ». Le problème de la liberté et du destin ne peut être traité sans envisager sommairement le fameux processus du karma. Celui-ci est différent pour chaque être humain mais il se trouve intimement lié à un karma collectif dont les origines sont très anciennes.

 

La loi de karma est celle de la cause et de l’effet. Elle est régie par un processus mécanique de causalité mais elle a pris naissance dès la formation d’un univers, dès les premières interactions entre les constituants ultimes de la matière. Nous en sommes tous l’aboutissement et la concrétisation.

 

Nous savons actuellement que tout a été retenu, que rien n’a été oublié dans l’immense réseau de milliards de mémoires qui s’est tissé depuis l’origine de l’univers jusqu’à l’homme.

Mais chaque être humain possède un caractère unique. Cette singularité résulte d’événements, d’actes qui ont illustré sa vie propre ou ses vies antérieures (pour ceux qui croient à la réincarnation). Mais cette unicité et cette singularité sont englobées dans l’immense réseau de mémoires et de causes à effets illustrant l’histoire d’un univers. Telles sont les raisons pour lesquelles les Eveillés qui sont libérés psychologiquement de l’identification à leur « moi » n’ont pas tous les mêmes incidents, le même karma.

 

La seule façon de résoudre adéquatement le problème du karma collectif dans ses rapports avec le karma personnel consiste à pratiquer un yoga véritablement intégral. Celui-ci implique sur le plan spirituel ou psychologique une disponibilité parfaite mais sur le plan physique un exercice intensif du corps. [...]

Mais n’oublions cependant pas qu’aussi longtemps qu’un corps physique existe, ce corps comporte des lois, des automatismes qu’il faut respecter tout en ne laissant pas ces automatismes s’étendre sur le plan spirituel profond. C’est en cela que réside la difficulté expérimentale. Ainsi que l’exprimait Carlo Suarès dans sa « Comédie psychologique » : « sur les ruines de l’entité qui s’écroule une autre entité est toujours prête à se reconstruire ».

 

  1. Les principales instances psychiques qui conduisent l’homme dans son existence
     

 Comment comprendre l’approche du Dr Robert Linssen sur le problème de la liberté et du destin ? Il énonce deux possibilités de comportement, celle de l’immense majorité du genre humain qui doit une obéissance totale aux suggestions du « Vieil homme », celui-ci défini comme un immense réseau de mémoires formant le moi de chaque être humain. On peut comprendre que l’homme non seulement n’a pas de liberté réelle, de liberté propre qui émane de lui, mais qu’il ne s’est pas choisi pour être, qu’il est simplement, qu’il existe dans le monde.

Cependant, l’homme s’affirme en tant qu’existant dans la vie. Parce qu’il se sait un être libre, faire ce qui lui plaît, accomplir ses désirs sans obstacle ni contrainte. Et cette liberté se confond avec son libre-arbitre qu’il a en pleine conscience. Mais s’il est libre dans ses choix, il demeure que ses choix sont aussi conditionnés par le choix de ses semblables. Le libre-arbitre ou liberté personnelle (le je, l’ego) passe alors à la liberté avec les autres (lui, il n’y a plus de je libre), où le je se dissous dans la liberté collective. L’homme n’est plus seul, le libre arbitre de chaque homme entre en contact avec celui des autres. C’est pour cela que l’on énonce libre-arbitre et liberté de l’homme. La liberté de l’un se termine là où commence celle des autres. Mais il demeure que la liberté relève toujours du libre-arbitre qui, s’il n’est pas canalisé, qu’il empiète sur le libre-arbitre de l’autre, peut déboucher sur un conflit.

Mais cette croyance à son libre-arbitre, à son ego, l’homme la doit à sa pensée, et cette pensée, dont il ne sait rien sinon qu’il pense, lui est donnée aussi. Aussi peut-on s’interroger et cela est primordial pour la compréhension du sens de la liberté de l’homme. L’homme pense-t-il sa pensée puisque celle-ci lui est donnée ? Où est-ce que la pensée pense en lui ? Ce qui est une possibilité. Pour être rationnel, il faut poser les deux cas possibles. Il est évident que dans la vie réelle, l’homme ne se sent pas être pensé par sa pensée, mais il se sent penser cette pensée. Et heureusement pour l’homme et son existence, car s’il avait pensé ou plutôt s’était pensé que sa pensée pensait en lui, c’est toute son existence qui serait bouleversée. Il pourrait n’avoir pas prise sur la réalité, devenant un simple instrument, un objet de sa pensée. D’où le doute permanent de son être. Précisément, il pense sans qu’il ait besoin de savoir qu’une pensée pense en lui, et que cette pensée qui est à lui, sa propre pensée, lui permet de prendre connaissance du monde, d’exister dans son existant.

Dès lors, cette croyance qu’il pense sa pensée est essentielle dans la prise de son être sur l’existence, qui lui est aussi donnée pour qu’il puisse croire qu’il pense, et par conséquent, use de son libre-arbitre dont il est conscient. Parce qu’il a conscience de son libre choix sur les choses, comme sur sa libre faculté de juger de tout ce qui a trait à son existence, aux événements qui lui arrivent dans sa vie, ou encore sa faculté de vouloir, et tant d’autres choses qu’on ne peut étaler mais aussi ce qu’il subit en retour, comme amour, désamour (refus de lui ou de l’autre qui entraîne espoir ou désespoir), sens de la vie, peur, angoisse de la vie, pauvreté psychique ou physique, richesse, santé, ambition, réussite, aspiration à un mieux vivre, sa place dans l’échelle sociale, le destin qu’il n’a pas choisi, etc. Il est donc tout par ce qui lui arrive un être pensant et agissant. Et tout est insufflé en et par sa conscience. Ce qui veut dire que la conscience est le réceptacle de toutes ces facultés, s’érigeant presque en instance humaine suprême qui lui fait connaître sa propre réalité et aussi la réalité du monde.

Un homme qui perd conscience, i.e. s’évanouit, perd aussitôt connaissance de lui-même et du monde. Sa conscience apparaît une instance suprême dans ce sentir vivre, se sentir exister, se sentir les choses. Elle lui donne ce sentiment d’exister, cette sensation d’être, ce sentiment de vouloir ou de ne pas vouloir, de n’être pas là pour simplement être là. Que la vie lui est donnée pour prendre de cette vie, réussir ce pourquoi il est, et peu importe ce qu’il pourrait entreprendre puisqu’il doit entreprendre. Et à cette conscience se superpose l’inconscient qui n’est pas conscient. Là encore, depuis que la psychologie des profondeurs a fait ressortir l’inconscient, l’homme par intuition peut penser qu’en fait, il puise tout de cet inconscient dont il ne peut limiter le pouvoir ni l’étendue. Il le fait par intuition, une faculté qui ressort aussi de sa conscience, qui lui est donnée. Une connaissance qui fait irruption dans la conscience sans qu’il ne sache comment.

Mais dans la conscience que l’homme a sur le monde, il y a encore deux autres instances essentielles, l’intelligence et la raison. Si l’homme est pensant, il ne peut être pensant, sans que cette pensée lui soit intelligible et intelligente dans sa relation avec soi et ses rapports en dehors de soi. Il n’est humain que parce que sa conscience est en plus intelligente, dans le sens qu’elle lui octroie une intelligibilité du monde. Cette instance qu’est l’intelligence lui est aussi donnée, à l’instar des autres instances. Et c’est par cette intelligence qui intellige la nature qui permet à l’homme de se construire et se construire le monde, non pas comme le monde a été donné mais comme lui, il lui a été donné de le transformer. Pour ne donner qu’une vision de l’évolution de l’homme dans le cours de l’histoire, comment l’homme est passé de masure au Moyen-Âge aux gratte-ciels, aux villes ultra-modernes. Des villes qui seraient pour un homme de l’antiquité ou du Moyen-Âge, se transportant par l’esprit dans notre monde d’aujourd’hui, des villes de fiction, impossible à imaginer. L’homme donc a été, et est devenu ensuite, où le fait de l’homme au cours des siècles s’est inscrit dans sa destinée. Là encore pour être plus juste, qu’il faut souligner, une « destinée » qu’il ne s’est pas choisie, qu’il a faite et devait la faire pour devenir ce qu’il devait à être aujourd’hui. Et le chemin est long dans cette destinée ouverte à tous les possibles, et l’homme ne peut savoir ce qu’il sera.

Donc la faculté de l’intelligence qui lui permet de connaître, de comprendre, et a son siège au cerveau, lui a permis ce qu’aucun homme s’il était raisonnable ne pouvait penser qu’il arriverait à ce stade avancé de la civilisation. En effet, aucun homme ne pouvait penser qu’un jour, il allait voler dans les airs. Ou qu’il allait devenir un poisson des grandes profondeurs, ou vivre des mois dans les profondeurs comme le font les sous-marins stratégiques, lanceurs de missiles balistiques (SLBM). Ou qu’il allait créer un système démocratique même défaillant parce qu’il est humain, apportant aux citoyens le pouvoir de nommer leurs dirigeants, de prendre en mains leurs destinées. Ce sont là des avancées qu’il faut mettre au compte de l’œuvre de l’intelligence pensante le monde qui est donnée à l’homme. Et l’homme n’est encore qu’à un petit stade, qui combien même nous paraît grand, en réalité n’est qu’à son commencement. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de limite à l’Intelligence universelle, matrice de l’intelligence humaine et du devenir du monde

L’homme n’a fait qu’un court chemin dans le monde, et il reste beaucoup à venir. Le cerveau humain qui lui est donné n’apparaît que l’interface entre l’homme (pensant par cet interface) et l’Univers à la fois pensé par lui dont il fait partie et pensant par Lui-même.

La faculté de la raison qui vient mettre de l’ordre dans les affaires humaines, trône au centre de la conscience de l’homme. Parce que c’est elle, qui aussi nous est donné, nous dit si cela va ou ne va pas. Elle est en quelque sorte à la fois la lumière de ce qu’on aura fait dans notre existence et le miroir reflétant notre vécu dans notre mémoire. Parce qu’elle utilise toutes les instances pensantes et agissantes dans notre conscience. C’est par elle que l’on se sait raisonnable, en harmonie avec la nature et les hommes, ou l’inverse déraisonnable, excessif, provoquant difficultés et crises dans l’existence. Elle essaie de raisonner l’homme pour qu’il ne devienne pas déraisonnable qui, se faisant, s’il ne l’écoute pas, ne peut que porter préjudice à lui-même. A l’extrême, un homme qui perd la raison n’a plus conscience du monde. Devenant fou, il perd le sens de l’existence.

C’est la raison qui dit ce qui est juste ou faux, elle éclaire l’homme s’il est dans le vrai, ou dans le faux. Et l’homme souvent n’est pas raisonnable, il est à l’origine des conflits parce qu’il n’y a pas une raison chez l’homme mais une multitude de raisons qui se confrontent entre les hommes. Comme il n’y a pas une intelligence, une conscience chez l’homme mais une multitude d’intelligences, de consciences chez les hommes. Elles sont toutes liées les unes aux autres, et évoluent selon une représentation du monde en termes d’identité (race, nationalité, géographie, tribu, famille, etc.), d’intérêt, de culture, etc., que chaque homme, chaque peuple se fait de lui-même, comment il voit l’autre, comment il projette son ego sur son prochain. Et de là dépendent les relations qu’auront à tisser entre eux, hommes et peuples, en bien ou en mal. 

 

  1. L’homme qui lui arrivait de parcourir 100 à 200 km sans conscience

 

 Fort de cette description des instances psychiques qui catégorisent l’homme dans son essence pensante et agissante, il reste à revenir dans ces affirmations sur l’homme puisque tout lui est donné, et de ce qu’il ressort concrètement de son existant.

Par conséquent, un fait humain réel, vécu peut nous permettre d’apprécier mieux le sens des instances psychiques essentielles données à l’homme. En outre, on constatera qu’elles ne sont pas simplement données, elles restent assujetties à la Raison universelle, à l’Intelligence universelle. En effet, tout en n’apparaissant pas à l’homme, la Raison universelle agit dans son inconscient.

Aussi paradoxal soit-il, ce fait vécu peut montrer que l’homme peut ne pas se commander par la conscience. Qu’il est vivant, agissant comme tout homme éveillé, mais n’est plus conscient de lui-même. Il devient un simple automate mené par une « conscience inconsciente ». C’est la raison pour laquelle on croit souvent une chose parce que l’on croit croire alors que la croyance nous est donnée, comme elle peut ne pas nous être donnée. Comme pour la conscience, on croit que l’on est conscient parce qu’elle nous est donnée d’être conscient, et qu’effectivement on est conscient. Quand on dort, par exemple, elle nous est enlevée. On n’est plus conscient. Il arrive même que lorsque l’on ne dort pas, on peut être agissant sans en être conscient de nos actes. Comme pour le somnambule. Pour étayer cette vision, une histoire vécue serait plus parlante sur ce phénomène de conscience et inconscience donnée à l’homme.

Un camarade de travail qui habitait loin de la ville de Blida où j’habite mais avec qui il m’arrivait de discuter quand on se rencontrait, me raconta, il y a quelques années, des choses qui m’ont surpris. Cela ne lui paraissait pas du tout, tant il était affable, correct, équilibré et sérieux. Il me raconta qu’il lui arrive de prendre la voiture et roulait pendant des heures comme un automate, faisant plus d’une centaine de kms sans se rendre compte. Se retrouvant dans une autre ville, un terrain vague, ou reprenant conscience pendant qu’il roulait dans une route qu’il ne comprenait pas comment est-il arrivé là. La mémoire lui faisait défaut. Il se plaignait, il s’inquiétait réellement en me le racontant. Il ne savait pas ce qui lui arrivait. Certes il n’était pas outre mesure inquiet, il n’y avait pas de peur, d’angoisse. Mais je pense, bien qu’il ne me l’ait pas dit, qu’il faisait allusion au risque d’accident qu’il encourrait puisqu’il roulait inconscient de ce qu’il faisait. Il n’était pas maître de la conduite en route.

La question qui se posait pour lui. Qu’est-ce qui l’amenait à aller loin de sa ville, de son lieu du travail et de son domicile ? Ces questions taraudaient son esprit. Comment a-t-il parcouru des kms sans qu’il soit conscient pour arriver là ? Il me racontait qu’il ne se rappelle pas d’avoir roulé. Tout ce qu’il disait, c’est que le fait d’arriver là, ou de reprendre conscience dans sa voiture et se retrouver loin de chez lui, lui prouve qu’il a roulé. Son problème est que cela lui arrive de prendre sa voiture et rouler sans conscience vers des destinations plus ou moins éloignées, durant des heures. Bien que je ne l’aie pas questionné à l’époque, il est très probable que ces états lui arrivaient dans son sommeil. Se réveillant dans un état second, il prenait sa voiture et roulait sans prendre conscience de ce qu’il faisait. C’est probablement la raison qu’il ne se souvient pas.

A l’époque, je ne m’occupais pas d’écriture. Evidemment s’il s’est confié à moi, c’est simplement parce que je l’écoutais d’une oreille attentive. Je m’intéressais à ses dires. Je n’avais pas de réponse au problème de ses déplacements inconscients dans les routes vers des destinations inconnues. La seule remarque que je lui fis portait sur la sécurité de la conduite en voiture, i.e. sa propre sécurité et celle des autres qui conduisent. Il me répond qu’il ne sait pas. Un cas de somnambulisme en voiture.

Ce témoignage prouve la complexité des phénomènes de conscience de l’homme. Ce qui nous fait dire que le libre-arbitre de l’homme peut être réel et agissant même s’il est inconscient. Puisque cet homme a marché, prit les clés de voiture, choisi une route, roulé longtemps et fait attention aux autres usagers de la route, et il n’a pas commis d’accident, respecté le code de la route pendant des heures, sur une grande distance. Cette inconscience, nous devons l’admettre, est aussi intelligente et raisonnable. Il est impossible à un homme pris par ce phénomène de somnambulisme de se trouver sur des routes conduisant inconsciemment, sans qu’il prenne conscience qu’il conduisait, s’il n’avait pas une conscience inconsciente et intelligente, qui suppléait à cette absence de conscience et lui évitait par conséquent un accident. Sans celle-ci, il n’aurait pu rouler. Aussi puisqu’il a parcouru une distance assez grande de 100 ou 200 kms, qu’il a pu prendre les clés de sa voiture et démarré le véhicule, on peut appeler cette faculté d’agir de « libre-arbitre conscient inconscient  » dans le sens qu’il est mû par la même conscience que l’homme l’avait à l’état d’éveillé, avec toutes ses facultés intellectuelles, sauf que celle-ci est inconsciente. Il est passé d’un état d’éveillé à un état de sommeil, puis d’un état de sommeil à un état somnambulique ou hypnotique.

Et c’est cette conscience inconsciente qui le différentie du libre-arbitre conscient. C’est cette intelligence et raison de cette conscience vivante, réelle, mais inconsciente, dotée du libre-arbitre inconscient qui lui intimait de respecter les règles de conduite, i.e. l’usage de l’accélérateur, du débrayage, des freins, etc., et le respect du code de la route. Ce qui lui a permis de bien conduire avec les mêmes réflexes que s’il était éveillé, sans commettre d’accidents. Ce qui nous fait dire qu’il ne pouvait conduire sans pensées même inconscientes. Son cerveau était comme libre de penser la conduite sans que le sujet prenne conscience.

Et pour conduire, il fallait au camarade de penser ce qu’il allait faire, prendre les clés, démarrer, choisir la route, éviter les trottoirs, les obstacles, les autres voitures, tourner dans les virages, etc. Cela demandait des réflexions pour conduire par la pensée, pendant une heure, deux heures..., selon la durée de son état somnambulique. Mon camarade avait toutes les facultés sauf qu’il n’était pas éveillé de ce qu’il faisait. La seule réponse qui apparaît et qui explique pourquoi il a pu conduire sa voiture sans conscience n’a qu’un nom, elle est herméneutique : c’est la Raison universelle, l’Intelligence universelle qui lui a permis de conduire, de garantir son périple en voiture avec un état d’automate, une conscience inconsciente. Une pensée qui pense toute seule sans qu’il la pense. Et même s’il avait fait un accident, et comme il l’avait dit, il lui était arrivé de conduire plusieurs fois dans cet état, ne prouve pas qu’un accident survenu provenait de lui, il pouvait tout aussi provenir de la voiture inverse. C’est une possibilité d’explication qui n’est évidemment pas absolue.

S’il avait un avion personnel, ce camarade aurait pu décoller et atterrir dans une autre ville. Qu’il se réveille en vol, ou qu’il atterrisse sans encombre dans une ville, importe peu. Il a tout simplement été transporté lui et son avion, comme cela fut pour lui et sa voiture, se transportant vers une destination dont il n’avait pas conscience. Que peut-on dire de ce libre-arbitre agissant mais inconscient ? Beaucoup de phénomènes humains ne sont pas expliqués, et c’est tout à fait normal, l’homme est par une pensée dont il ne sait rien. D’où elle vient ? Aucune réponse sinon qu’elle est en lui, et qu’il est par elle. Tout ce qu’il sait est qu’il pense. Donc qu’il agit en pensant consciemment, disposant d’un libre-arbitre conscient, ou inconsciemment puisqu’il agit aussi, demeure qu’il est dépendant de l’Intelligence, de la Raison universelle qui Gouverne le monde, qui Décide du monde. Qu’il le sait ou non, c’est Elle, en dernier ressort, qui Décide qu’il soit ou non dans l’existence. En d’autres termes, il peut être agissant conscient ou sans en être conscient.  

 

  1. L’étrange destin du boxeur sud-coréen Kim Duk-koo, champion d’Asie : « Vis ou meurt »

 

 Descartes, dans sa Deuxième Méditation, n’a-t-il pas écrit : «  Je suis, j’existe […] si je cessais de penser, que le cesserais en même temps d’être ou d’exister. Je n’admets maintenant rien qui ne soit nécessairement vrai : je ne suis donc, précisément parlant, qu’une chose qui pense, c’est-à-dire un esprit, un entendement ou une raison, qui sont des termes dont la signification m’était auparavant inconnue. Or je suis une chose vraie, et vraiment existante ; mais quelle chose ? Je l’ai dit : une chose qui pense.

Et quoi davantage ? J’exciterai encore mon imagination, pour chercher si je ne suis point quelque chose de plus. Je ne suis point cet assemblage de membres, que l’on appelle le corps humain ; je ne suis point un air délié et pénétrant, répandu dans tous ces membres ; je ne suis point un vent, un souffle, une vapeur, ni rien de tout ce que je puis feindre et imaginer, puisque j’ai supposé que tout cela n’était rien, et que, sans changer cette supposition, je trouve que je ne laisse pas d’être certain que je suis quelque chose. […] Mais qu’est-ce donc que je suis ? Une chose qui pense. Qu’est-ce qu’une chose qui pense ? C’est-à-dire une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi, et qui sent. »

Ceci est révélateur sur le sens phénoménal de la pensée de l’être humain qu’exprime Descartes, il y a plus de trois siècles. On peut même étendre cette question à ma personne et à toute personne qui pense, c’est-à-dire à tous les humains. Est-ce que c’est moi qui suis en train de développer cette analyse ? En suis-je certain ? Suis-je en train de la penser ? Cela est certain que je pense. Et si ce n’est pas moi qui pense mes idées mais les idées qui pensent en moi ? C’est une possibilité, je n’ai pas l’assurance totale que c’est moi qui pense mes idées. Et si je suis la chose de la pensée, mon cerveau n’étant que l’interface entre la chose humaine que je suis, y compris mon cerveau qui joue le rôle de véhicule pour la pensée, et mon cerveau à travers la pensée qui l’habite dont je ne sais comment, me dit que je suis humain, qui communique à moi et pense en moi. Et cette situation est la situation de tout homme qui pense, s’il est conscient qu’il pense et peut ainsi penser. Comme aussi de toute nation qui décide de son sort avec elle-même, ou avec cette autre nation qui n’est pas elle-même mais aussi en elle-même dans le sens qu’elle conditionne son devenir. 

Prenons un autre exemple parmi des cas qui sont légion – sauf qu’ils ne sont pas analysés à leur juste sens –, un boxeur professionnel qui s’acharne à lutter pour un titre ou à le défendre, et puis meurt. Son libre-arbitre est-il conscient ? Si on prend l’histoire du champion sud-coréen Kim Duk-koo, champion de Corée du Sud et champion d’Asie, catégorie poids légers, au début des années1980, et son combat contre l’Américain Ray Mancini, pour le championnat du monde, à Las Vegas, le 13 novembre 1982. Il s’est terminé tragiquement par la mort du boxeur asiatique des suites de ses blessures après son KO au 14ème round. La question qui se pose : « le libre-arbitre était-il totalement conscient, avant son combat ? N’allait-il pas déjà vers la mort, une mort pensée déjà par le boxeur lui-même ? »

Comme on le lit : « La mort de Kim ne fut pas vaine. Les dommages que lui et Mancini se sont faits ce jour-là ont incité la boxe à arrêter les combats en 15 rounds pour les titres de champions, les limitant à 12, comme pour les combats normaux. Mancini semble s'être reconstruit tout en restant conscient de son passé : «  Le 13 novembre est un jour de deuil pour moi, expliquait-il dans un documentaire d'ESPN. Je me recueille en souvenir de Kim et de sa famille. Je continuerai toujours.  » [...] Les boxeurs semblent accepter cette facette de leur sport. Selon Tom Rinaldi, lorsque George Khalid Jones voyageait pour son combat face à Beethavean Scottland, Jones se disait à lui-même « peu importe qui je combats, j'espère juste que je ne le tuerai pas ». Le journaliste du Las Vegas Review-Journal Royce Feour raconta que quand il interviewa Kim dans sa chambre d'hôtel, il avait vu un post-it sur un abat-jour qui disait en coréen «  Vis ou meurt  ». (2)

Ne voit-on pas là une forme de fatalité dans la conscience de Kim Duk-koo ? Peut-on être aveugle dans cette dédicace qu’il a laissé aux autres « Vis ou meurt ». N’a-t-il pas assimilé la victoire à la vie, et la défaite à la mort. Etait-il rationnel en écrivant ces mots ? Avait-il toute sa raison ? N’était-il pas dans un certain sens inconscient d’assimiler la victoire à « Vis » ou la défaite à « Meurt ». Il était certes conscient en écrivant ces mots mais il était inconscient sur la portée de leur sens. Il voulait mourir en cas de défaite, et mourir dans ce cas, il n’était pas conscient du sens de l’existence. Il a en quelque sorte pressenti sa mort puisque comme il l’a écrit « il est mort ». Une dédicace prémonitoire. Il n’y a qu’une réponse à cette dédicace laissée à l’histoire, c’est qu’il relève d’un arbitre qui est conscient mais aussi inconscient qui lui a fait écrire ces mots. Tout en étant conscient, il était inconscient parce qu’il écrivait sa mort prochaine « Vis ou meurt » sans savoir qu’il allait réellement mourir. L’a-t-il écrit par bravade ? Peu probable ! Il l’a écrit parce qu’il sentait en lui une force qui le lui a fait écrire, il voulait en quelque sorte se transcender. Mais c’est aussi un moment de folie que de mettre en enjeu dans le combat sa vie ! Mais pouvait-il faire autrement ? Il n’était que ce qu’il était, pas plus. Et cet arbitre conscient inconscient d’où vient-il ? Sinon de l’Instance qu’il lui a concédé ce pourquoi il pense, ce pourquoi il a fait son choix de boxeur de vaincre ou mourir.

 

  1. Le libre-arbitre conscient inconscient individuel et collectif : le drame d’un fellah qui tue trois membres de la famille de son frère

 

 Un autre cas de libre-arbitre conscient-inconscient individuel et collectif qui finit comme une fatalité pour des membres d’une famille, qui les fait rencontrer leur destin, dont ils n’y ont jamais pensé. Dans le journal le Quotidien d’Oran du mardi 13 juin 2017, il est écrit en page 4 qu’un fellah (agriculteur), la soixantaine, a tué sa belle-sœur, son neveu (32 ans) et sa nièce (22 ans) à coup de fusil. Selon le journal, « une dispute entre l’auteur du crime et son frère au sujet d’un litige lié au foncier, serait à l’origine de ce drame. La famille des trois victimes aurait refusé que le sexagénaire traverse une piste devant leur domicile et qui mène à sa maison. [...] la dispute aurait eu lieu dans la matinée lorsque le sexagénaire a menacé de mort la famille en question, et avant le f’tour (repas de rupture du jeûne de ramadan), le mis en cause est passé à l’acte. » Que peut-on dire du comportement de cette famille ? D’emblée le motif de la dispute qui a dégénéré n’était pas sérieux pour arriver à ce drame. Si c’était le cas, le drame aurait survenu bien avant. Par conséquent, un accord à l’amiable, ou un détour pour arriver à sa maison aurait pu être trouvé. Le problème était plus profond et a touché les relations entre frères, donc un problème familial. Sur le plan du libre-arbitre, chacun en était doté. Et tous les membres de la famille en étaient conscients, et aucun n’a pensé que cette dispute va se terminer par trois tués et un oncle qui devient tueur. Et tous étaient montés les uns contre les autres.

Donc il y avait une perte de conscience de la réalité pour les uns comme pour les autres. Les membres de la famille tués étaient braqués dans leur position pour barrer la route, donc mus par un libre-arbitre conscient-inconscient collectif ne sachant pas qu’ils vont être tués. Ils pensaient probablement que leur nombre (un homme et deux femmes) était suffisant pour l’empêcher de passer. Quant au fellah, il a pris par son libre-arbitre à la fois conscient et inconscient un fusil de chasse, sans penser un instant qu’il va tuer, pensant probablement leur faire peur, pour les forcer à lui libérer le passage. C’était plutôt pour se défendre que pour agresser. Ce fellah n’était pas un criminel, un agriculteur. Le problème s’est posé lorsqu’il s’était trouvé en face d’eux, et probablement le fusil de chasse n’a pas fait peur. Le libre-arbitre conscient était tellement inconscient que l’homme et les deux femmes, n’ayant pas peur du fusil, se sont probablement mis au travers de la route poussant le fellah dans une impasse. Reculer ou passer. Et c’est très possible que, lui aussi mû par son libre-arbitre conscient inconscient, sans se rendre compte de son acte, sous l’effet d’une colère meurtrière, tira sur eux. Donc, par cet instant de conscience inconsciente, ou de semi-folie, le fellah est passé à l’acte. Puis, le forfait exécuté, prenant conscience de son acte, il fuit. En effet, sa seule pensée a été la fuite, non pas fuir pour fuir, il n’a pas où aller, il sera pris sauf suicide, il a fui se réveillant de l’horreur du triple crime qu’il a commis. D’avoir écouté son être négatif. Et, en chaque homme, il y a le bien et le mal. Et c’est cette lutte contre le mal en soi et en dehors de soi qui rend les gens soient bons et sociables, soient mauvais et méchants s’ils écoutent leurs instincts inconscients.

Raisonnons aussi en termes de cause juste. Le neveu, la nièce et la belle-sœur avaient-ils raison de se dresser contre le fellah qui était à la fois l’oncle paternel et beau-frère de l’épouse ? Non, ils n’avaient pas raison, leur cause était injuste. D’autre part, ne pensaient-ils pas du danger qu’ils pouvaient être tués ? Ne savaient-ils pas qu’ils allaient être tués ? Non, ils n’en étaient pas conscients. De même, la cause du fellah qui a pris son fusil de chasse pour aller au-devant d’eux était-elle juste ? Non ! Elle n’était pas juste, on ne peut menacer des membres de la famille de son frère qui était aussi sa famille avec une arme à feu pour passer de force au risque de provoquer un drame. Donc on avait deux causes injustes en face l’une de l’autre. Et voilà le résultat de deux causes injustes : trois morts et un fellah en fuite. Un drame par la faute d’un libre-arbitre de part et d’autre insuffisamment maîtrisé qui a brisé toute une famille, comme si c’était marqué dans leur destin. Et si c’était leur destin ?

Mais peut-on dire que c’était leur destin ? Que c’était fatal ? On peut dire que le destin est le résultat de nos actions dans l’existence ? Mais le destin ne nous dit pas de suivre nos actes irréfléchis, inconscients. Si les membres de cette famille avaient fait preuve de souplesse, tenté de comprendre leurs torts, compris que leurs litiges pouvaient se résoudre sans haine et sans passion, bref avaient été plus raisonnables et donc plus conscients de leur situation illogique, rien ne leur serait arrivé. Donc on ne peut incriminer le destin. Et c’est la raison pour laquelle le libre-arbitre conscient et inconscient joue un peu comme le curseur de la raison dans la conduite sereine ou non sereine dans l’existence. Plus on est inconscient, plus on est déraisonnable, plus on est conscient, plus on est raisonnable, et on retire le meilleur de la vie. Quant aux vicissitudes de l’existence, on les prend comme elles sont, on les affronte avec le moins de peur possible. Car la peur est un trait de profonde humanité pour l’homme. Tout humain qui n’a pas peur est tout simplement inconscient, et va à sa perte. La peur aussi se raisonne. On ne peut pas avoir peur de la peur si on a compris son fondement.

D’autre part les déterministes qui disent qu’il n’y a pas de libre-arbitre conscient ou ceux qui mettent en avant le destin immuable ou le mektoub pour les Musulmans sont libres de le penser parce que c'est un acte de pensée et de conviction qu’ils ont de leur pensée, et que leur pensée est ouverte à tous les possibles. Il y a certes un certain déterminisme dans les événements qui arrivent à l’homme, mais il demeure que l’homme est aussi acteur dans son devenir, sa destinée. L’homme qui fait du bien par sa propre volonté et l’homme qui fait du mal par sa propre volonté ne sont pas identiques au regard des hommes comme au regard de l’Intelligence suprême, combien même ils viennent de la même Essence. Tous deux ont un libre-arbitre, sauf que l’un est conscient de ses actes et est poussé vers le bien, et l’autre, mû par une inconscience de sa conscience des lois morales dans la société où il vit, i.e. conscient des lois morales mais les empiète parce qu’il est commandé par ses instincts qu’ils ne maîtrisent pas, le rendant inconscient envers autrui. C’est ce qui différentie, par exemple, l’homme honnête de l’homme corrompu prêt à tout. Et la nécessité de la justice de sévir.

Et sans ce libre-arbitre, l’homme ne peut avoir une véritable pensée, ni une véritable existence. S’il était prédéterminé dans tous ses actes, sa vie serait sans sens. Aussi peut-on dire qu’il y a l’Intelligence universelle qui Dirige le monde, mais Elle le Dirige « Avec le Monde qui est une Partie d’Elle-même  », dans le sens qu’Elle a octroyé une certaine liberté à l’homme dans ce monde. Un libre-arbitre certes réel et limité qui lui fait prendre conscience du sens de son existence.

Dès lors, on peut dire que cette famille a fait son destin. Parce que cela devrait être ainsi, selon de ce que les membres de cette famille ont eu, ont fait de leur être et ce qui a fait résulter leur destinée. Une précision cependant, dès lors que l’Intelligence universelle intellige le monde, guide le monde, et elle le fait avec le monde, Elle aurait pu sauver cette famille en simplement leur apporter par une voie détournée le désir de paix. Mais Elle ne l’a pas fait. Peut-être qu’Elle avait en face deux causes injustes, et qu’Elle a laissé faire « leurs actes injustes », i.e. arriver au drame sanglant. Cependant, ici nous ne faisons que conjecturer, nous ne pouvons savoir dans l’absolu. Parce que ce qui s’est passé relève d’une « Vision » à laquelle l’homme ne peut accéder, l’homme de par son essence est créé faible, inaccompli. Il ne peut savoir que ce qu’il est lui ait donné par la pensée de savoir.

Ce drame montre que tout homme, par cette faculté de libre-arbitre conscient inconscient, peut être amené à commettre des actes graves. En tout homme existe une certaine forme d’aliénation qui le rend dans son acte de penser, dans son acte d’agir, étranger à lui-même. Et c’est la raison pour laquelle l’homme doit se comprendre, comprendre son comportement, maîtriser mieux ses pulsions, ses tendances innées, inconscientes, irraisonnées. Et il ne le peut faire que par la remise en cause de ses actes, par le jugement qu’il a de sa conscience et sa raison.

 

  1. Que serait l’Asie si les États-Unis avaient quitté dans les années 1950 la Corée du Sud et le Japon ?

 

 Prenons cette fois-ci non pas un homme, mais un groupe humain, et dans leur archétype inconscient commun qui les unit, qui leur donne, par leur histoire commune, par leur langue, par leur culture, par leur religion, par leur régime politiques..., une identité propre, une identité nationale. Ce qu’on peut appeler des universaux qui ont façonnés ces groupes humains ou peuples au cours du temps. A l’instar de l’inconscient collectif, qu’a émis le psychiatre suisse Carl Gustave Jung dans la psychologie analytique, conceptualisons cette identité nationale et appelons-la le « libre-arbitre collectif ». On dira d’un libre-arbitre d’un peuple, une faculté libre d’un ego commun qui vise une action commune pour atteindre un objectif commun. Par exemple, un peuple qui lutte pour son indépendance a un libre-arbitre collectif. Il est prêt, par cette instance mémorisée, inscrite dans la conscience de ce peuple, comme dans l’instance sous-jacente, i.e. l’inconscient collectif junguien, à tous les sacrifices pour atteindre cet objectif, cet idéal, cet archétype qu’est l’indépendance. Parce que celle-ci lui apporte dignité, humanité, fin de la sujétion forcée, respect d’être-nation libre et respect que lui doivent les autres nations libres.

Pour expliciter un problème qui concerne toute l’humanité, et peut avoir un impact sur son devenir, réfléchissons sur la crise coréenne. Aujourd’hui, le monde entier semble craindre un embrasement sur la péninsule coréenne avec l’escalade verbale entre les États-Unis et Pyongyang. Une guerre entre la Corée du Nord et les États-Unis. Qu’en est-il de la Corée du Nord et de son histoire ? Elle est devenue depuis 2006 la huitième puissance nucléaire déclarée dans le monde.

Deux peuples issus d’un même peuple divisé vivent côte à côté depuis la fin du Deuxième conflit mondial. La frontière est ce qu’on appelle le 38ème parallèle. Par leur division, on doit penser que les peuples des deux Corées laissent entrevoir des libres-arbitres collectifs difficilement cernables. Un démocratique, l’autre communiste. Pour comprendre, rappelons brièvement l’histoire de la Corée, avant sa partition. A la fin du XIXème siècle, après une alliance avec le Japon, la Corée est finalement mise sous protectorat en 1905 (fin de la dynastie des Joseon), puis « annexée ». Elle devient, en 1910, une province japonaise. Comme l’Algérie, rappelons-le, l’a été après son annexion en 1848 par la France, et divisée administrativement en trois provinces (départements français), et plus tard en cinq départements. En 1919, le peuple coréen s’est soulevé contre l’occupant, mais ce mouvement d’indépendance vite réprimé par les forces japonaises ne dura part. Il fit, selon les données occidentales, 7000 morts et 40 000 prisonniers.

A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, après la victoire des Alliés et la libération de la Corée, les États-Unis occupent le pays au sud du 38ème parallèle, et l’URSS, la partie nord. Le 15 août 1948, la Corée du Sud, soutenue par les Américains, déclare son indépendance et se proclame République de Corée, fixant comme capitale Séoul. La Corée du Nord proclame, à son tour, le 9 septembre 1948, la République populaire démocratique de Corée (RPDC).

Le 12 mars 1947, les Etats-Unis, pour faire barrage au communisme soviétique, adoptaient la politique de l’« endiguement » (containment). C’est la « doctrine Truman », proclamant que les États-Unis interviendront économiquement ou militairement lorsqu’ils le jugeront nécessaire afin de préserver leurs intérêts stratégiques ou économiques en Asie.

Le 25 juin 1950, une guerre des plus meurtrières que connut l’Asie est déclenchée en Corée. La guerre dura deux ans et huit mois. Le total des pertes en vies humaines entre tués, disparus et blessés, selon une estimation des Nations unies, s’éleva à 2 415 600. Presque un demi-siècle après la fin des combats, la guerre de Corée n’est officiellement pas terminée. L’armistice doit encore être remplacé par un traité de paix. Dans cette guerre, le Sud n’a connu qu’une brève période d’angoisse au dernier trimestre de l’année 1950, alors que le Nord dut supporter trois années de bombardements intensifs venant s’ajouter à l’offensive terrestre de Yalu. Expliquant la « mentalité d’assiégé permanent », Carter Eckert, directeur du Centre Harvard pour les études coréennes, soulignait : «  Toute la population a vécu et travaillé dans les caves artificielles souterraines durant trois ans afin d’échapper aux attaques implacables des avions américains dont n’importe lequel, du point de vue nord-coréen, était susceptible de porter une bombe atomique.  » (3) 

Pour comprendre la guerre menée par le Nord contre le Sud, il faut comprendre dans quel contexte elle s’est déroulée. Tout d’abord l’offensive nord-coréenne visait la conquête de la Corée du Sud dans un but de réunir les deux Corées, et se faisant, repousser les Américains hors de Corée. Mais cet objectif pour qu’il soit réalisable le devait à deux événements qui avaient surgi entre 1949 et début 1950. Le premier, c’est l’essai de la première bombe atomique de 22 kilotonnes par l’URSS, le 29 août 1949, soit quatre années après celle des États-Unis. Ce qui a mis l’URSS en parité avec les États-Unis, sur le plan nucléaire. Les Soviétiques ont probablement pris les devants, en perspective de la guerre de Corée, en se préparant à une guerre nucléaire avec les États-Unis. Donc, en mettant au point un arsenal de bombes nucléaires et d’avions à long rayon d’action pour riposter à une attaque nucléaire. Le deuxième, Mao-Tsé-Toung proclame, le 1er octobre 1949, sur la place Tian’anmen la naissance de la République populaire de Chine (RPC). La victoire du communisme en Chine est d’un poids considérable pour la Corée du Nord. Le 14 février 1950, l’URSS et la Chine signent un pacte sino-soviétique, un traité d’amitié, d’alliance et d’assistance mutuelle. Ce qui vient unifier l’axe URSS-Corée du Nord-Chine face à l’axe États-Unis-Corée du Sud-Alliés. Ce pacte sino-soviétique a expiré le 15 février 1979.

Avec ces trois événements-clés, l’offensive nord-vietnamienne, fortement armée par l’Union soviétique, avait toutes les chances de conquérir la partie Sud de la Corée et obliger les forces américaines à quitter la péninsule. D’autre part, les forces chinoises sont entrées dans le conflit pour parer à la contre-offensive américaine qui a suivi en octobre 1950. On comprend pourquoi le général américain Mac Arthur avait réclamé vingt ou trente bombes atomiques sur la Mandchourie pour briser la résistance chinoise en Corée, sauf que Washington ne pouvait le suivre, conscient que l’URSS entrerait dans le conflit, qui se serait généralisé à tous les pays, i.e. les États-Unis, l’URSS, la Chine, et les deux Corées. Ce qui équivaudrait à une troisième guerre mondiale, et cette fois avec usage d’armes nucléaires, qui pourrait s’étendre à l’Europe et au japon. L’Amérique ne pouvait accepter une situation qui serait catastrophique pour elle et le monde.

C’est ainsi que le président Truman dut relever le général Mac Arthur du commandement en Asie, le 11 avril 1951, et le remplacer par le général Matthew Ridgway (56 ans). Si la guerre s’est poursuivie, elle est restée strictement conventionnelle. La menace de riposte nucléaire par l’URSS et l’implication des forces armées chinoises, ont permis de stabiliser les combats, par une guerre de position, au niveau du 38ème parallèle. Le conflit finalement se terminera avec la mort de Joseph Staline, le 5 mars 1953. Une guerre qui se terminera sans vainqueur ni vaincu, et une paix provisoire (armistice) signée en juillet 1953. Cette guerre aura fait trembler le monde. La confrontation froide entre les États-Unis, la Corée du Sud, et ses alliés, et la Chine, l’URSS et la Corée du Nord, de l’autre, ne s’est pas estompée jusqu’à aujourd’hui.

Quel est le sens de la guerre de Corée (1950-1953) dans l’avenir de l’Asie ? Le premier élément qui ressort est qu’elle fut une guerre structurée, avec une synchronicité d’événements pour ainsi dire parfaite. « Les trois événements-clés que l’on a énumérés, et qui ont surgi, se sont emboîtés tels qu’ils ont rendu la guerre inévitable. » Cette guerre devait à la fois rejeter les États-Unis de la péninsule coréenne, voire même de l’Asie si la Corée du Nord et la Chine avaient réussi, et permis aussi de sonder la résilience de l’Amérique dans la guerre. Ce qui fut fait. La résilience de l’Amérique a tenu.

Cependant, le deuxième élément, et celui-ci est fondamental, la résilience de l’Amérique dans cette guerre eut paradoxalement des retombées très positives. P puisqu’elle lui a permis son ancrage en Asie, et dont elle retirera un grand bénéfice. Pour comprendre ces retombées éminemment positives, posons les questions suivantes : « Que serait l’Asie si les États-Unis avaient quitté dans les années 1950 la Corée du Sud et le Japon ? La Corée du Sud serait-elle la 11ème puissance économique mondiale ? Le Japon serait-il la deuxième puissance économique mondiale ? La Chine, en détrônant le Japon serait-elle la deuxième puissance économique mondiale ? Elle aspire à devenir la première puissance du monde dans un avenir proche. » Précisément, si les États-Unis avaient quitté l’Asie, au début des années 1950, l’Asie serait probablement restée sous régime communiste. On aurait eu un Mur qui va s’élever entre le monde communiste, et donc de l’Asie, et l’Occident capitaliste avec des arsenaux de missiles balistiques pointés de part et d’autre, pour se protéger l’un de l’autre.

Et c’est ce que l’on doit comprendre du sens de la présence de l’Amérique en Asie. Cette Amérique ne savait pas qu’en fait, par sa présence, et surtout du contexte de la guerre froide, que nombre de pays d’Asie amis vont récolter des bénéfices de sa présence. Dans sa politique d’endiguement, ces pays bénéficieront d’un transfert technologique et appui économique massif. Les grandes entreprises industrielles en Asie viendront jusqu’à la concurrencer commercialement. Et l’ouverture de la Chine aux investissements étrangers, à partir du début des années 1980, viendra renforcer ce processus.

Même la Corée du Nord qui est devenue aujourd’hui une puissance nucléaire, elle le doit à la présence des forces américaines en Corée du Sud. Sans cette présence, sans cette position stratégique qu’elle a face aux forces américaines en Corée du Sud, elle n’aurait pu retenir l’attention des deux grands, la Chine et la Russie. Elle n’aurait pu accéder au statut de puissance nucléaire pour la simple raison que la Corée du Nord aurait fini d’exister, comme pour la Corée du Sud, il n’aurait existé qu’une république de Corée.

Et c’est ce que l’on doit comprendre dans cette guerre de Corée qui s’est terminée sans vainqueur sans vaincu. On comprend ce qui a résulté ensuite de cette guerre, y compris de la guerre du Vietnam, une Asie prospère. Les délocalisations massives d’entreprises occidentales, l’industrialisation à pas forcés, après le Japon, les pays d’ASEAN, Taïwan, et la Corée du Sud, ont transformé la Chine en atelier du monde. L’Asie concentre désormais plus de la moitié de la production industrielle dans le monde.

 

  1. La « volonté de puissance » continue d’être le principe fédérateur de l’évolution du monde

 

 Partant de cette vision, que préfigure-t-elle la situation de guerre latente dans la péninsule coréenne ? Pour cela, conceptualisons la puissance américaine et ses alliés comme le premier libre-arbitre collectif, et la Russie, la Chine et leurs alliés, comme le deuxième libre-arbitre collectif. Quant aux peuples de la Corée du Nord et de la Corée du Sud, qui ont été divisés à leur corps défendant, ils constitueront via la montée en puissance de la Corée du Nord le troisième libre-arbitre collectif. Auquel infère, dans un certain sens, le destin du reste d monde. Regardons les intérêts des uns et des autres dans la crise actuelle depuis que la Corée du Nord est devenue la huitième puissance nucléaire déclarée dans le monde, en 2006.

Tout d’abord, les États-Unis. Malgré la distance géographique et les différences culturelles, les États-Unis occupent une place prépondérante auprès des deux Corées. Pour la Corée du Sud, les États-Unis sont toujours un partenaire privilégié, tandis que les relations politiques et économiques des deux pays ont considérablement évolué. De même pour les pays de l’Asie du Sud-Est. Il faut citer aussi le Japon et Taïwan. Les États-Unis ont des bases militaires importantes dans ces pays, depuis la Deuxième Guerre mondiale. Tous les grands pays nouvellement industrialisés se situent en Asie. La Chine, l’Inde, la Russie, le Japon, l’Indonésie, le Pakistan, et les pays d’Asie du Sud Est et Nord-Est. Ils regroupent plus de la moitié de la population mondiale, et comptent pour plus de la moitié du marché mondial.

Dès lors, un nouvel équilibre mondial est généré aujourd’hui. Le centre de gravité de la puissance mondiale s’est déplacé de l’Occident vers cette région du monde. Les États-Unis certes restent encore la première puissance du monde, mais l’ordre de puissance est en train d’évoluer. Et cela pose un problème majeur pour les États-Unis d’accepter cette configuration en cours. Evidemment, ses alliés se trouvent aussi dans le même sillage dans cette transformation à l’échelle mondiale.

On comprend pourquoi les États-Unis tentent de retarder cette évolution en poursuivant une stratégie qui met l’accent sur la politique de « soft power » (ou politique de la puissance douce). Ce pragmatisme dans la politique étrangère étasunienne est imposé, il ne vient pas d’une politique naturelle qui cherche réellement à développer des relations équilibrées avec les grandes puissances émergentes, exprimant une volonté de partage de la responsabilité du leadership du monde. Le déclin de l’Occident est une réalité. Il a commencé depuis la deuxième moitié du XXème siècle. L’équilibre de puissance a beaucoup évolué au point qu’il devient de plus en plus difficile pour les États-Unis, aujourd’hui, de remplir leur contrat vis-à-vis de leurs protégés asiatiques (Corée du Sud, Taïwan, Japon). Par conséquent, l’utilisation de la puissance dure, le « hard power » sera inévitable à terme. Les tensions ne vont que s’exacerber surtout avec la Corée du Nord, et pousser les acteurs dans la crise à la politique dure, i.e. à user de la contrainte, la coercition, voire la violence.

Quant au deuxième grand pôle de puissance, appelé à changer l’équilibre du monde, la présence de ce « hard power », par la présence de forces militaires américaines considérables en armements conventionnels et nucléaires, loin des frontières américaines, pose un grand problème au rayonnement des grands pays d’Asie qui s’estiment lésés sur le plan géostratégique d’une part, et sur le plan du souveraineté politique dans la région, d’autre part. Les deux grandes puissances sentent la présence des États-Unis comme une greffe sur des corps qui ne leur appartiennent pas. Qu’elle n’est là en Asie que pour défendre ses intérêts et ceux de ses alliés en Asie aux dépens d’autres pays d’Asie. Une situation par conséquent conflictuelle qui ne peut rester dans l’Etat. D’autant plus qu’en Asie, il n’y a pas que le problème de la Corée du Nord, mais trois grands problèmes en Asie. Le premier est la réunification des deux Corées. Le second, la réunification de Taïwan à la Chine continentale. Le troisième, le stationnement des forces américaines au Japon – depuis le viol d’une fillette japonaise en septembre 1995, les habitants de l’île d’Okinawa exigent le départ des troupes américaines. 

Sur le plan dialectique, ces trois pays (Corée du Sud, Taïwan, Japon) qui sont sous le parapluie nucléaire américain n’ont pas de souveraineté nationale réelle, par conséquent, cette situation ne peut être que transitoire. C’est la raison pour laquelle le troisième libre-arbitre, i.e. la Corée du Nord, est en train de progresser, et vise lui aussi une « volonté de puissance ». Il perturbe de plus en plus l’équilibre géostratégique de la région. Ainsi trois libres-arbitres collectifs convergent au même objectif. Comment sortir de cet antagonisme de volonté de puissance, lourd de menaces pour la région et le monde ?

Pour comprendre, si nous conceptualisons les conflits passés au début du XXème siècle, on s’apercevrait que ce qui a prévalu d’alors a, à peu près sur le fond, la même situation qu’aujourd’hui. Raisonnons. On avait d’abord en Afrique, en Asie et dans d’autres régions du monde des peuples colonisés ou dominés, donc un libre-arbitre collectif dominé. Que signifiait la colonisation ? Pour imager, c’est comme si homme avec sa famille se trouvant « emprisonné dans sa maison », devait, pour sortir et puiser à vivre de ses terres et de son travail, attendre que l’on le lui fasse signifier. Et si besoin, il est réquisitionné pour tout travail que la puissance dominante le jugerait nécessaire. La colonisation signifiait une population dominé et sans droit, ou des droits restreints, imposés pour faire fonctionner la colonie. Une situation d’un monde qui ne pouvait durer, et dialectiquement parlant, devait tôt ou tard se résoudre par la libération de ces peuples. Ce qu’ils ont fait après 1945, ces pays ont brisé leurs chaînes.

Le processus de libération a néanmoins nécessité un préalable, leur libre-arbitre collectif avant 1945 était impuissant. Il a donc obligatoirement fallu une impulsion qui devait venir de l’extérieur puisqu’en eux-mêmes ils ne trouvaient pas assez de force pour renverser l’ordre établi par les puissances colonisatrices. D’où viendra cette impulsion ? Elle viendra précisément du libre-arbitre collectif dominant, même qui domine. A l’époque, ce sont les puissances coloniales essentiellement européennes qui dominaient le monde, avec une exception, le Japon asiatique dominait une partie de l’Asie.

Au sein de cette Europe, est née une nation qui s’est unifié en 1870, l’Allemagne. A la même époque s’est opérée l’unité italienne. Nous avons alors un deuxième libre-arbitre collectif dominant au sein même de l’Europe qui remet en cause le statu quo établi par les empires européens coloniaux. Arrivé en retard au partage du monde, ces deux puissances européennes cherchaient, à leur tour, une part du gâteau colonial. Le monde se trouve alors écartelé par trois libres-arbitres antagonistes.

L’attentat qui a causé la mort de l’archiduc héritier du trône d’Autriche, un acte que les auteurs étaient loin d’imaginer les conséquences, fut l’étincelle qui a déclenché le premier conflit mondial. En réalité, tout était prédéterminé, si les enjeux se posaient entre les libres-arbitres des grandes puissances européennes, ce fut dans un certain sens dans un esprit de « conscience inconsciente », ou ce que l’on dénommé un libre-arbitre conscient inconscient. En effet, chaque puissance cherchait à défendre ses acquis coloniaux que d’autres puissances disputaient. Les décideurs qui régnaient à l’époque étaient possédés par ce que Nietzsche appelait la « volonté de puissance ». I.e. de ne pas rester «  soi  », d’aller « au-delà de soi », se porter toujours dans ce « vouloir d’être plus, réussir ce pourquoi elle nous fait et nous apporte l’essence ». Sauf que dans ce choc de trois volontés de puissance, il y avait la « cause juste » qui était sous-jacente, non perçue ou insuffisamment perçue par les puissances. Précisément, la Première Guerre mondiale qui dura plus de quatre années aura été d’un secours inespéré pour le troisième libre arbitre collectif faible et colonisé. Le Second conflit mondial terminera le reste. Il permettra l’émergence (révolutions, luttes pour la libération) du troisième libre-arbitre collectif en tant que nations libres, mettant ainsi fin aux empires coloniaux.

Une certaine similitude entre ce qui a prévalu hier et ce qui prévaut aujourd’hui se ressent depuis la fin de la bipolarisation, en 1991. En effet, le monde qui a surgi après la fin de l’URSS n’a pas été unipolaire, ni qu’il y eut une fin de l’histoire. Du moins le monde unipolaire a très peu duré. Cette unipolarisation du monde et la fin de l’histoire conceptualisée en Amérique n’ont joué que pour magnifier l’Occident, sorti victorieux de la guerre froide. Or, l’histoire de l’humanité ne peut s’arrêter parce qu’elle tire son essence de l’« Essence universelle », dont on ne sait rien. Et elle est ouverte à tous les possibles, comme le montre l’histoire de l’homme qui n’a cessé d’évoluer, de progresser depuis plus de 5000 ans.

A l’instar de la transformation du monde après 1945, un nouveau tournant de l’histoire a surgi au début de ce XXIème siècle. Le monde a changé, la structure mondiale telle qu’elle a été édifiée à la fin des années 1940 ne répond plus aux nouvelles exigences du monde. Des progrès considérables dans les sciences, les technologies, l’industrie, l’agriculture, les transports, la communication, la santé, les institutions, les arts.... ont bouleversé le mode d’existence des hommes au point que le monde s’est concentré, devenu plus étroit. Il a été assimilé à un « village planétaire » (en anglais Global Village, de Marshall McLuhan).

Si ces avancées sont très positives pour les peuples, il demeure qu’au niveau des nations la « volonté de puissance » de trois libres-arbitres collectifs continue d’être le principe fédérateur de l’évolution du monde. Ce qui veut dire que l’humanité se trouve toujours confrontée à cet être-là matériel, qu’elle a acquis, i.e. ces avancées scientifiques surtout dans les armements, en particulier non-conventionnels, et celui qu’elle n’a pas, la « paix » parce qu’il est tributaire de la « volonté de puissance ». Et c’est la raison pour laquelle les nations cherchent à toujours vouloir être, à vouloir lutter pour s’imposer, et imposer leur diktat.

 

  1. Comment la Corée du Nord a évolué pas à pas jusqu’à parvenir à la maîtrise de l’arme absolue ?

 

 Et aujourd’hui, que va-t-il se passer ? Que nous réserve l’avenir en 2017, et dans les années à venir ? L’histoire risque-t-elle de se répéter ? Tout montre que l’histoire risque de se répéter, cependant elle sera toujours nouvelle.

Les forces ont évolué, les armes nucléaires ont changé la nature même des guerres. Le conventionnel ne peut s’appliquer qu’à des théâtres de guerre fait pour être conventionnel. Par contre, des théâtres de guerre qui font appel aux armes nucléaires depuis Nagasaki et Hiroshima n’ont ni été permis par les puissances ni même voulu tant les effets d’une guerre nucléaire seraient effroyables si elle venait à être déclenchée. Hormis la crise des missiles de Cuba, ou ces dernières années, des velléités américaines d’utiliser des mini-armes nucléaires contre l’Iran, un pays pourtant qui n’a pas passé le seuil nucléaire, la situation semble pourtant maîtrisée sur le plan nucléaire.

Cependant, ce que l’on constate aujourd’hui, et c’est un fait nouveau depuis quatre ou cinq années, c’est que les menaces de guerre, et le recours à l’arme nucléaire, aujourd’hui, n’est pas l’apanage de la première puissance du monde, les États-Unis, cette particularité est aussi endossée par une petite puissance, la Corée du Nord, depuis qu’elle a franchi le seuil nucléaire. Elle ne cesse de menacer les États-Unis de feu nucléaire. La première puissance du monde se trouve ainsi piégée par sa rhétorique d’employer l’arme nucléaire, par la phrase « toutes les options sont sur la table » maintes fois répétées dans les années 2000 et 2010. Ce qu’on a nommé le libre-arbitre conscient inconscient collectif de la première puissance du monde comme celui de la puissance nord-coréenne peut aujourd’hui précipiter le monde dans une guerre nucléaire. Et le prétexte peut être quelconque si vraiment il y a une intention de provoquer une guerre. On l’a vu dans l’incident du Golfe du Tonkin, l’attaque controversée du destroyer américain Maddox, en 1964, par trois torpilleurs nord-vietnamiens, ou, à une date plus récent, en 2002, le mensonge d’Etat par Washington sur la détention d’armes de destruction massives par l’Irak pour justifier son invasion en 2003.

Ceci étant, regardons brièvement ce qu’il en ressort de la volonté d’unification des deux Corées. Depuis l’armistice, en 1953, la situation est froide, elle n’a commencé à changer qu’à la fin des années 1960. En effet, la guerre faisait rage au Vietnam, les États-Unis menaient une politique de la terre brûlée avec des destructions innommables en infrastructures et en vies humaines. L’emploi massif du napalm et l’agent orange (défoliant) fit des ravages sur les forêts et les cultures dont l’objectif était d’affamer les populations nord-vietnamiennes pour les faire capituler. Devant l’horreur de la guerre au Vietnam, un vent de paix a commencé à souffler entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. Le président nord-coréen Kim Il-sung proposait déjà un projet de réunification, sous réserve que les forces américaines se retirent de la Corée du Sud, tout en mettant fin au renforcement militaire des deux États. En 1969, la Corée du Sud a créé un ministère de l’Unification. Ce qui fut déjà un grand pas pour l’avenir.

Mais c’est surtout avec le dégel entre les grandes puissances – voyage du président Nixon en Chine, en février 1972, et en URSS, mai 1972 – que les deux Corées ont affiché une volonté de conduire une réunification pacifique, par le seul effort de leurs peuples, sans ingérence étrangère. Une commission de coordination a été créée pour établir des relations de confiance mutuelle. Cependant l’antagonisme tant sur les régimes politiques opposés des deux Corées étaient insolubles que sur le front de l’équilibre géostratégique entre les puissances ne pouvait permettre de réunification. Bien au contraire, l’antagonisme entre la Corée du Nord et les États-Unis allait se complexifier.

Les États-Unis, dans le contexte de la guerre froide, avaient installé durant des décennies des armes dotées de têtes nucléaires en Corée Sud tournées vers la Corée du Nord – certaines données ont fait état de stock d’armes nucléaires jusqu’à 950 ogives (4). Il devenait inévitable pour la Corée du Nord d’utiliser tous les moyens pour s’armer d’armes nucléaires. On comprend dès lors que le programme nucléaire clandestin de la Corée du Nord n’était en fait qu’un simple un processus de cause à effet. Ce qui signifie que « la cause n’avait pas existé, l’effet ne l’aurait été pas. » Le programme nucléaire nord-coréen clandestin, aujourd’hui une réalité, relevait d’un principe de causalité et de nécessité. Sinon il n’aurait pas existé.

En décembre 1991, avec la disparition de l’URSS et des changements partout dans le monde (chute du Mur de Berlin), les deux Corées jettent les bases d’un nouvel accord. Les relations internationales ont évolué favorablement. Les deux Corées intègrent l’ONU, le 21 septembre 1991. Trois mois plus tard, elles signaient un « accord de réconciliation, de non-agression, d’échanges et de coopération ». Une situation qui nous rappelle les accords d’Oslo, entre Israéliens et Palestiniens en Norvège, et la Conférence de Madrid, en 1991. En fait, ce processus à l’échelle mondiale lancé par la première puissance du monde devait préparer l’après-guerre froide. Les États-Unis, débarrassés de leur principal adversaire, l’URSS, n’existant plus, tous les autres conflits n’avaient plus, pour les décideurs, raison d’être. Pour eux, c’est la « pax americana », désormais un monde unipolaire. Pour certains, c’est la « fin de l’histoire ».

 « Selon l’ancien ministre sud-coréen de l’unification (2002-2004), M. Jeong, les dirigeants nord-coréens veulent en profiter pour normaliser leurs rapports avec les Etats-Unis ; d’autant que les aides soviétiques se sont volatilisées avec l’URSS. En janvier 1992, assure-t-il, «  Kim Il-sung envoie son propre secrétaire au siège de l’ONU à New York pour une rencontre secrète avec un émissaire américain, porteur d’un seul message : « Nous renonçons à réclamer le retrait des troupes américaines du Sud ; en contrepartie, vous garantissez que vous ne remettrez pas en cause l’existence de notre pays. » George Bush père répondra à l’offre par le silence. C’est à ce moment que Kim Il-sung lance sa politique nucléaire, convaincu que Washington veut rayer la RPDC de la carte ». Ce qui n’était pas entièrement faux. Comme tout Sud-Coréen, M. Jeong désapprouve ce recours au nucléaire, mais il insiste sur l’ordre des responsabilités, contredisant l’histoire officielle : Washington jette de l’huile sur le feu ; Pyongyang réagit. » (5)

On peut comprendre ce silence des Américains qui s’apparente à un haussement d’épaule, de dédain donc, de cette conviction de Washington comme de Séoul que le régime nord-coréen va s’effondrer comme le furent l’URSS et les pays du Pacte de Varsovie, oubliant que la Chine communiste est toujours debout même si elle s’est convertie à l’économie de marché. Comme toujours le même aveuglement des dirigeants américains et sud-coréens, ou « l’inconscience de la conscience. » Comme l’écrit Martine Bulard : « A Séoul, le successeur de M. Roh, Kim Young-sam, est persuadé, à l’instar du président américain, que le Nord communiste va s’effondrer, comme l’Allemagne de l’Est en son temps. Il cadenasse toutes les issues afin de précipiter sa perte. La RPDC, elle, connaît une période de famine dans la seconde moitié de la décennie 1990, qui fait près d’un million de morts et dont les séquelles se font sentir jusqu’aujourd’hui. Mais la dure répression et les réflexes nationalistes de sa population l’empêcheront de voler en éclats. » (5) En effet, c’est le régime communiste militariste qui a empêché l’effondrement de la Corée du Nord, avec certainement un soutien extérieur, probablement de la Chine qui avait tout intérêt à ce que le régime nord-coréen ne tombe pas.

En 1994, la Corée du Nord acceptait de geler son programme nucléaire en échange d'une aide économique et d’une levée progressive des sanctions économiques imposées à Pyongyang durant la guerre de Corée (1950-1953).

Le 31 août 1998, la Corée du Nord procède à son premier essai longue portée. Le missile, un Taepodong-1 d'une portée de 2000 kilomètres, survole le Japon avant de s'abîmer dans le Pacifique, créant une crise diplomatique majeure. Quelques mois plus tard, Pyongyang accepta un moratoire sur les tests de missiles à longue portée en échange de la levée des sanctions économiques instaurées par les Etats-Unis et d’une aide économique.

Le 25 février 1998, la crise asiatique de 1997 et les manifestations ouvrières en Corée du Sud, amenèrent l’opposant sud-coréen, Kim Dae-jung, au pouvoir. Grâce à son ouverture, et sa politique du « rayon de soleil  » (sunshine policy), il relança le dialogue avec son voisin. Les relations se sont réchauffées jusqu’à cette poignée de main historique entre Kim Jong-il (Nord) et Kim Dae-jung (Sud), en juin 2000. Des réalisations économiques importantes ont marqué cette réconciliation, notamment l’ouverture d’un site touristique au mont Kumgang (2003), et surtout la mise en place d’une zone industrielle à Kaesong, en territoire nord-coréen, avec des entreprises sud-coréennes (2004) qui créera pour le Nord, 50 000 emplois, des liaisons ferroviaires et routières ont relié les deux Corées, et d’autres réalisations et rapprochements.

Mais les attentats du 11 septembre 2001, suivis de la guerre contre l’Afghanistan en 2001 et l’Irak en 2003, et la politique anti-terroriste tout azimut américaine remettent en cause la concrétisation de l’accord-cadre de 1994. D’autre part, la Corée du Nord revendique son droit de détenir l’arme nucléaire comme une arme de dissuasion contre toute attaque des États-Unis. Pour l’abandon de son programme nucléaire, elle pose comme conditions, le retrait des armes nucléaires et des troupes américaines de la Corée du Sud et des garanties de sécurité contre une éventuelle agression américaine. Des revendications qui ne pouvaient être satisfaites tant par la Corée du Sud que par les États-Unis, le monde n’étant pas arrivé à la maturité historique pour poser les bases d’une véritable paix dans cette région extrêmement sensible du monde.

En 2003, la Corée du Nord passe à une étape supérieure. Elle se retire du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. La communauté internationale entreprend des « pourparlers à six ». Outre les deux Corées, ils réunissent la Chine, les Etats-Unis, le Japon et la Russie. En 2005, la Corée du nord affirme posséder l’arme nucléaire. Ce qu’elle confirme en procédant, en 2006, à un premier essai nucléaire. Malgré les sanctions de l’ONU, en 2009, elle procède à un deuxième essai nucléaire.

Le 17 décembre 2011, le président Kim Jong-il est mort, il est remplacé par son jeune fils Kim Jong-un, âgé de 29 ans. En 2012, la Corée du Nord accepte l’arrêt de son programme d’enrichissement d’uranium et de ses essais nucléaires, en échange de 240 000 tonnes d'aide alimentaire. La même année, en décembre 2012, elle procéda avec succès au lancement d’un lanceur porteur de satellite Unhl-3. Elle devient la dixième puissance spatiale. Elle procéda à un troisième essai nucléaire, le 12 février 2013. La situation entre les États-Unis et la Corée du Nord ne cessent de se détériorer, à partir de cette date. Ce qui est nouveau, chaque jour qui passe, le régime de Pyongyang menace les États-Unis de « frappes nucléaires ». Les États-Unis, pour se prémunir d’une attaque nord-coréenne, déploient une nouvelle batterie de missiles intercepteurs sur leur île de Guam. La Russie appelle à la raison, en privilégiant la voie diplomatique.

Le 6 janvier 2016, Pyongyang annonce un nouvel essai nucléaire de plus grande puissance, une bombe à hydrogène. La 9 septembre 2016, Pyongyang procède avec succès à un deuxième test nucléaire thermonucléaire. Une secousse sismique de magnitude de 5,3 a été détectée par l’agence météorologique japonaise, alors que le 6 janvier, la magnitude du séisme était de 5,1.

Bien que le jeune leader nord-coréen, Kim Jong-un, ait adopté un ton réfléchi sur l’usage de son arsenal nucléaire. « Comme puissance nucléaire responsable, notre république n’utilisera pas une arme nucléaire sans que sa souveraineté soit violée par des forces hostiles et agressives avec des bombes atomiques », dit-il (6), il demeure pourtant qu’il n’y a aucune garantie pour la paix dans cette région du monde. Un risque d’escalade est potentiel et pourrait déboucher sur un conflit nucléaire. Comme l’a annoncé l’armée nord-coréenne : « Les Américains seront écrasés ? par des moyens de frappe nucléaire ?, prévient l’état-major général de l’armée nord-coréenne dans un communiqué. « L'opération impitoyable » des forces nord-coréennes « a été définitivement examinée et ratifiée », affirme l'armée, selon qui une guerre pourrait éclater « aujourd'hui ou demain ». » (7)

Que peut-on dire d’un pays rongé épisodiquement par la famine mais est arrivé à devenir une puissance nucléaire ? Que ce sont là des paradoxes de l’histoire auquel les puissances n’y peuvent rien. Si la Corée du Nord est parvenu au statut de puissance nucléaire reconnue, maîtrisant la fission et la fusion thermonucléaire, la technique des vecteurs, c’est que cela entre dans des buts historiques herméneutiques. Dans le sens que l’histoire devait se dérouler comme si ceux-ci le lui assignaient. Au début du XXème siècle, l’Occident régnait en maître sur le monde. Personne ne prévoyait que deux cataclysmes (1914 et 1939) allaient s’abattre sur l’Europe. Aussi qu’en est-il aujourd’hui ? Que va-t-il se passer « aujourd’hui ou demain » comme l’a annoncé l’armée nord-coréenne « qui a définitivement examinée et ratifiée sa position sur le conflit qui l’oppose aux États-Unis » ?


 

 9. Conclusion de la première partie. Menace de guerre entre les États-Unis et la Corée du Nord

 

 Tout d’abord une précision, cette analyse certes est longue et complexe, mais elle est nécessaire pour comprendre le sens de cette crise dans l’évolution du monde. Et le lecteur par cette distance avec les idées et les concepts nouveaux qui sont générés peut avoir des difficultés d’assimiler la dynamique que renferme cette analyse. Cependant il nous paraît qu’au-delà de la longueur, faudrait-il dire préciser qu’elle est restée sur le strict nécessaire, et les concepts générés qui ne sont pas les plus importants, c’est le sens du monde qui est visé, i.e. son développement dans sa marche dans l’histoire. Aussi pour montrer cette dynamique en cours, faisons ressortir, par une série de questions- réponses que l’auteur se pose et y répond, ce qui couve dans cette région. Devenue une poudrière, comparable à celle des Balkans en 1914, susceptible de modifier complètement la structure actuelle du monde.

1. Première question : La crise coréenne et les menaces de guerre nucléaire contre les États-Unis pourront-elles se régler pacifiquement ?

Réponse : Si on prend la situation telle qu’elle se présente aujourd’hui, avec des menaces de part et d’autre, il est peu probable que la situation se résout pacifiquement. « Nos forces révolutionnaires sont en ordre de combat pour couler le porte-avions américain à propulsion nucléaire d'une seule frappe », assure le journal du parti unique au pouvoir en Corée du Nord, Rodong Sinmun (8) ou, encore dans une interview du Financial Times, l’avertissement de Donald Trump : « Le président américain se dit prêt à agir contre le régime de Pyongyang, avec ou sans l’aide de Pékin. Le président chinois Xi Jinping, attendu jeudi 6 avril aux États-Unis, est prévenu. « Si la Chine ne règle pas Corée du Nord, nous le ferons ». (9) Dès lors on ne peut dire que l’avenir est radieux. Il existe réellement une situation de guerre latente, avec un risque potentiel d’usage d’armes nucléaires.

2. Deuxième question : Comment la Corée du Nord a été amenée à se lancer dans un programme nucléaire clandestin ?

Réponse : Question essentielle. C’est la situation même de la Corée du Nord depuis la fin de la guerre (1950-1953), et les sanctions américaines qui l’ont amenée à se replier sur elle-même, n’ayant pour horizon que la Russie, la Chine communiste et la guerre froide. La situation est resté maîtrisée jusqu’à la chute du Mur de Berlin en 1989, et la disparition de l’Union soviétique en décembre 1991. Une période charnière pour l’histoire de l’humanité. La libération du Koweït annexé par l’Irak – il a été piégé par les États-Unis (10) – par une coalition internationale donne déjà un aperçu de ce que sera la politique extérieure américaine. Dès lors c’est le compter sur soi. Si un programme nucléaire clandestin avait commencé dans les années 1970, la Corée du Nord disposant elle-même de gisements d’uranium, va l’accélérer dans les années 1990.

Pour l’Amérique, sortie victorieuse de la guerre froide, le moment était venu d’instaurer un nouvel ordre mondial. Sauf qu’il y a les impondérables de l’histoire. Le libre-arbitre américain ne joue pas seul dans la sphère mondiale. Deux pays qui ont mené secrètement un programme d’enrichissement nucléaire, l’Iran et la Corée du Nord, vont se trouver confrontés à la superpuissance. Ainsi commence un conflit entre le tenant de la puissance mondiale et les deux pays émergents par leur arsenal de lanceurs et de programmes d’enrichissement nucléaire. La Corée du Nord, qui a constitué un arsenal nucléaire et de lanceurs, se trouve aujourd’hui immunisé de toute attaque nucléaire. Quant à l’Iran, elle n’a pas franchi le seuil nucléaire.

3. Troisième question : L’Unification des deux Corées surviendra-t-elle un jour ?

Réponse : Oui ! Inéluctablement. Mais elle ne se fera pas pacifiquement. La course aux armes nucléaires par la Corée du Nord donne si besoin est une preuve historique que l’unification passera par une étape violente. Il y a trop de haine contre les États-Unis. Et ces derniers ne font rien pour le dissiper, ancrés dans leur conviction de première puissance mondiale.

4. Quatrième question : Les États-Unis évacueront-ils leurs forces de la péninsule coréenne ?

Réponse : Oui ! Inéluctablement. Lorsque leur mission paradoxalement tracée par l’Histoire sera remplie, i.e. leur rôle ne sera plus nécessaire en Corée du Sud. 

5. Cinquième question : Quelle est cette mission que l’Histoire trace pour les États-Unis ? 

Réponse : Comme nous l’avons développé au paragraphe 6, les États-Unis ont eu un rôle à jouer en Asie, après le deuxième conflit mondial. Si nous raisonnons par le contraire, que les États-Unis après leur victoire en 1945, n’ont laissé que de faibles forces au Japon, et, leur « isolationnisme » reprenant ses droits, i.e. évacuant l’Asie, il n’y aurait eu ni Corée du Sud ni Corée du Nord. Une seule Corée sans interférence des puissances. La Corée du Sud ne serait pas comme elle l’est aujourd’hui la 11ème puissance économique mondiale. Le Japon ne serait pas la deuxième puissance économique mondiale. Ni la Chine, détrônant le Japon, ne serait la deuxième puissance économique mondiale ? Il n’aurait pas eu des délocalisations massives vers les pays d’Asie ? Rien de tout cela ne serait arrivé. On aurait un monde divisé par trois. D’un côté l’Occident capitaliste, de l’autre, l’Asie communiste avec une moitié de l’Europe (PECO), et entre les deux le tiers monde. Et les armes nucléaires maintiendraient l’équilibre entre les blocs.

Mais l’Histoire s’est pas déroulée pas ainsi, parce qu’elle est porteuse de progrès pour l’humanité. La présence des États-Unis a créé paradoxalement des îlots de prospérité. Le Japon, la Corée du Sud, Taïwan, les dragons asiatiques... Et ces îlots de prospérité se sont étendus progressivement, malgré les guerres, aux autres pays d’Asie. C’est ainsi que l’Asie est devenue, grâce à cette présence américaine, une grande aire géopolitique et géoéconomique dans le monde, sollicitée par l’ensemble des pays du monde.

6. Sixième question : Que peut-on comprendre par idée-force que vous émettez : « Lorsque leur mission tracée par l’Histoire sera remplie, leur rôle ne sera plus nécessaire en Corée du Sud. » ? 

Réponse : Précisément, l’Asie comme le monde est entrée dans une période-charnière. Après le rattrapage technologique, les pays d’Asie n’ont pratiquement plus rien à envier de l’Occident, sur le plan économique. Une bonne partie de ces pays sont des puissances développées. D’autres sont encore en train de faire leur mue. Mais le problème réside dans leurs régimes politiques qui ne sont que transitoires. Comme l’a montré la fin de l’Union soviétique et son passage à la démocratie. Mais peut-on parler de véritable démocratie comme en Occident lorsqu’un régime totalitaire dirigée par un parti unique fait sa mue en s’ouvrant à la démocratie, au multipartisme, à la libéralisation économique, et se trouve confronté aux pires conditions d’existence, le niveau de vie qui se détériore, le fort taux de chômage et la hausse de la pauvreté, comme le fut la Russie dans les années 1990 ? Il est évident que la seule solution pour cette ancienne puissance est une « démocratie dirigée ». D’autre part, l’oligarchie politique au pouvoir durant la période soviétique reste toujours aux commandes. Tout au plus, une adaptation aux nouvelles donnes politiques et économiques selon une spécificité propre à chaque pays. Et on comprend pourquoi les citoyens de l’ex-période soviétique sont toujours dépendants de l’Etat-parti parce qu’il leur assure la sécurité et la stabilité, et c’est cela qui importe à leurs yeux, et peu importe si tout se fait par cooptation, et que le pluralisme politique n’est qu’un pluralisme de façade.

Contrairement au système politique russe, les dirigeants chinois tirent leur légitimité du système politique fondé par la révolution de 1949. Les membres du comité permanent du bureau politique du parti communiste chinois sont l’instance suprême, après une consultation à la base, élisent à l’issue d’un congrès tous les cinq ans leur dirigeants.

Mais si on regarde la Chine et la Russie, leurs systèmes politiques ne sont pas très éloignés. Pour le premier un parti communiste unique, pour le second un pluralisme de façade. Et les deux systèmes sont basés sur le principe de la cooptation. Le même processus en Corée du Nord, qui lui va plus loin, presque une république dynastique, de père en fils, depuis 45 ans. Quant aux régimes politiques du Japon, de Taïwan et de la Corée du Sud, ils sont l’antithèse des systèmes politiques russe et chinois. En s’imposant comme modèle sur le plan démocratique et économique, il pose un grand problème à la Chine, à la Corée du Nord, et même à la Russie. On ne voit pas comment la Corée du Nord peuplé de 25 millions d’habitants, pays le plus militarisé du monde, réussir son unification avec la Corée du Sud démocratique doublé de puissance économique, et deux fois plus peuplé, 50 millions d’habitants. De même pour la Chine continentale, comment réussira-t-elle son unification avec Taïwan, méthode douce ou non, si le problème du régime politique se pose. Certes Hong-Kong est depuis 1997, sous le principe « un pays, deux systèmes », mais il n’est cependant garanti que jusqu’en 2047.

Donc on comprend que ni la Russie ni la Chine et encore moins la Corée du Nord n’ont réussi leur mutation sur nombre de plans, et pas seulement la gouvernance démocratique. Et c’est la raison pour laquelle l’histoire a noué le sort de l’Asie avec celui des États-Unis. Et de là vient l’idée que le rôle de la superpuissance n’est pas finie en Asie. Bien sûr pas dans le sens que l’entend l’Amérique qui ne cherche qu’à protéger ses intérêts avec les pays alliés. 

7. Septième question : Mais vous ne répondez pas à la question : « Lorsque le rôle des États-Unis ne sera plus nécessaire en Corée du Sud » ? Comment le comprendre ?

Réponse : Tout d’abord, les États-Unis ont des intérêts économiques et économiques majeurs en Asie. On ne doit pas perdre de vue qu’en plus d’être la première armée du monde, ils sont aussi la première puissance économique, financière et monétaire du monde. On comprend dès lors, par les formidables liquidités en dollars dans le monde, et surtout en Asie, et le réseau des multinationales américaines dans la plupart des pays asiatiques, cette région du monde joue un rôle moteur dans l’économie américaine.

Les pays que les États-Unis protègent en Asie figurent donc en bonne place dans leurs plans géostratégiques et géoéconomiques à l’échelle mondiale. Le problème est que la Russie et surtout la Chine cherchent à évincer les États-Unis, ou du moins à limiter leur influence. Ce qui n’est pas facile voire même impossible par la force, les États-Unis en tant que première puissance militaire dans le monde. Sinon à déboucher sur un troisième conflit mondial, ce qui équivaut à une destruction mutuelle immédiate dans les jours même qui suivent le déclenchement du conflit mondial. Il reste alors la Corée du Nord, qui est le pays comme on l’a souligné le plus militarisé du monde.

Pour avoir une idée de la place de la Corée du Nord aujourd’hui sur la scène mondiale, rappelons ce qui s’est opéré dans les années 1930, avec la militarisation à outrance de l’Allemagne et du Japon qui se sont préparés pour la guerre. L’Allemagne envoûtée par Hitler avec les idées revanchardes dues à la défaite du premier conflit mondial, et aux réparations de guerre, a fini, par la militarisation de la société allemande, de mettre en place toutes les structures pour se lancer dans une guerre totale. De même la militarisation du Japon, avec l’invasion d’une partie de l’Asie, dont la Mandchourie (Chine), et son annexion de fait. Toute cette préparation de guerre s’est terminée par un deuxième conflit mondial.

Pour mieux expliciter l’événement, le deuxième conflit mondial était de plus en plus prévisible, tout soufflait dans cette direction. Avec le recul, quand on voit que toute l’Afrique et une grande partie de l’Asie sont sorties de la colonisation, de la domination, il apparaît clairement que les vrais enjeux de l’histoire étaient sous-jacents aux antagonismes entre les grandes puissances. Il demeure que, au-delà des « volontés de puissance » des uns et des autres pour la victoire, qui relevaient de libre-arbitres conscients et inconscients collectifs, et se vouaient à la guerre, l’architecture mondiale telle qu’elle a été configurée par des siècles de colonisation arrivait à ses limites, au début du XXème siècle. Dès lors les guerres 1914-1918 et 1939-1945 n’ont été que des instruments de l’histoire pour changer la face du monde.

On doit comprendre que le monde devait entrer dans une nouvelle histoire. Et c’est ce qui a prévalu, plus de la moitié de l’humanité a recouvré son indépendance. De plus, avec la découverte de l’arme absolue, les grandes puissances ont été empêchées de laisser libre leurs libre-arbitres conscients et inconscients collectifs. Et cela a été une avancée majeure dans la prise de conscience des puissances dans le danger que pourraient susciter des guerres, une destruction mutuelle.

Aujourd’hui, nous sommes de nouveau dans un cas de figure qui rappelle le début du XXème siècle. La militarisation des nouveaux pays, la prolifération nucléaire qui s’étend de plus en plus dans le monde, le recours à l’arme nucléaire devenant un moyen de survie, l’absence d’accord entre les grandes puissances engagées au Proche et au Moyen-Orient et surtout sans visibilité de sortie de crise, la montée en puissance de la Chine qui aspire à supplanter les États-Unis sur le plan économique, les menaces de guerre brandies par la Corée du Nord sont autant de forces cumulées qui, avec l’accélération de la militarisation de la Corée du Nord et les menaces que celle-ci fait peser sur les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud, vont probablement provoquer une situation de guerre inédite. 

Pour la première fois, le risque d’un conflit nucléaire est réel, dans le Nord-Est asiatique. Et le problème est que toutes les grandes puissances soufflent dans cette perspective même si parmi elles, certaines appellent à résoudre la crise par des voies diplomatiques. En réalité, pour toutes ces puissances, leur leitmotiv est la « volonté de puissance » d’autant plus que de nombreux régimes politiques en Asie et ailleurs relèvent de systèmes de gouvernance dynastique ou cooptée – la souveraineté du peuple est absente. Culte de la personnalité, cooptation, systèmes politiques fermés et une politique de puissance non seulement asservissent les peuples mais vont à contre-courant du progrès historique auquel aspirent les peuples. Dès lors, la présence des États-Unis qui visent aussi une « volonté de puissance » devient, sans que les décideurs le sachent eux-mêmes, un ferment qui ouvrira une « nouvelle page de l’histoire. » Que sera-t-elle ? Qu’augurera-t-elle pour l’avenir du monde ?

 

Medjdoub Hamed
Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective.
www.sens-du-monde.com

 

Observation  :

Cette analyse complète deux articles précédents déjà parus, consultables aux adresses suivantes : 

 - « Misère, Régression, Guerres et Progrès de l’Humanité. Mode de Penser Medjdoubien sur la Dynamique du monde », par Medjdoub Hamed. 26 décembre 2014
Sites : http://www.sens-du-monde.comhttp://www.agoravox.fr

 - « La raison humaine, « confrontation de deux existences, de deux intelligences » ? Mode de penser medjdoubien sur l’humain », par Medjdoub Hamed. 29 novembre 2014.
Sites : http://www.sens-du-monde.comhttp://www.agoravox.fr

 

Notes :

 

1. « Robert Linssen : Destin et Liberté » le 25 Juillet 2008
http://www.revue3emillenaire.com/blog/destin-et-libert-par-robert-linssen/

2. « Tragédies du sport. Contre-attaque : comment les boxeurs surmontent la mort de leur adversaire  » 20 juillet 2016
https://sports.vice.com/fr/article/fighting-back-how-boxers-recover-from-the-death-of-an-opponent

3. « Incertitudes du rapprochement entre les deux Corées. » Le monde diplomatique. 01/2006
https://www.monde-diplomatique.fr/2001/01/HARRISON/

4. « Tactical Nuclear Weapons and Korea » par Duyeon Kim. The Center For Arms Control And-Non-Proliferation June 28, 2011
https://armscontrolcenter.org/tactical-nuclear-weapons-and-korea

5. « Un difficile dialogue arbitré par les Etats-Unis La réunification de la Corée aura-t-elle lieu ? », par Martine Bulard. Janvier 2016
https://www.monde-diplomatique.fr/2016/01/BULARD/54457

6. « La Corée du Nord procède à son essai nucléaire le plus puissant  », Libétation.fr Le 9 septembre 2016
http://www.liberation.fr/planete/2016/09/09/la-coree-du-nord-procede-a-son-essai-nucleaire-le-plus-puissant

7. « La Corée du Nord menace les Etats-Unis de frappes nucléaires », par latribune.fr. Le 04 avril 2013 http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20130404trib000757529/la-coree-du-nord-menace-les-etats-unis-de-frappes-nucleaires

8. « La Corée du Nord menace de couler un porte-avions américain », publié par Les Echos.fr Le 23 avril 2017
https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/0212004477961-la-coree-du-nord-menace-de-couler-un-porte-avions-americain

9. « Corée du Nord. La mise en garde de Trump à la Chine », publié par Courrier International. Le 03/04/2017
http://www.courrierinternational.com/dessin/coree-du-nord-la-mise-en-garde-de-trump-la-chine

10. « April Glaspie, « détonateur » de la guerre du Golfe », publié par le Point. Le 22 avril 1995
http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2007-01-16/april-glaspie-detonateur-de-la-guerre-du-golfe

 



1 réactions


  • rhea 1481971 23 juin 2017 21:12
    • il m’arrive de roulez avec mon conscient inconscient, je pars dans une
    • réflexion qui n’a rien à voir avec la conduite d’ une automobile je me
    • réveille : nous sommes déjà là , je ne me rappelle pas être passez par
    • là au réveil . Je connais bien le parcours , c’est comme un trou dans la
    • mémoire immédiate. Pas besoin de la voiture automatique de Google .
    • Je n’en parle pas à ma passagère.

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