samedi 9 mai 2020 - par Robert Bibeau

Espagne, France, Italie… les coutures de l’appareil politique se déchirent

 

Les coutures de l'appareil politique des pays européens se déchirent. Le Sénat français rejette le plan de « désescalade-déconfinement » de Macron. En Espagne, les partenaires indépendantistes du gouvernement Sánchez l'abandonnent, mettant en échec le renouvellement de « l'état d'alerte nationale ». 

 

 

Par Nuevo Curso. Traduit et commenté de l’Espagnole par http://www.Les7duquebec.net

 

La bisbille parmi les thuriféraires

Les coutures de l'appareil politique des pays européens se déchirent. Le Sénat français rejette le plan de « désescalade-déconfinement » de Macron. En Espagne, les partenaires indépendantistes du gouvernement Sánchez l'abandonnent, mettant en échec le renouvellement de « l'état d'alerte nationale ». Ne parlons pas de l'Italie où la petite bourgeoisie se radicalise au point de remettre en cause le leadership de Salvini au profit de Meloni, partisan néo-fasciste de l'ouverture immédiate des entreprises et du commerce. Le sang n'atteindra pas la rivière cependant, mais ce sont les premiers signes de quelque chose d'important qui se trame au sein du grand capital européen.

Le sang ne coulera pas dans la rivière parce que le vote du Sénat français n'est qu'une formalité et parce que le PP, parti du système espagnol, peu importe combien ces politiciens détestent Sánchez, ne peut rien faire d'autre que de le soutenir même s'il change symboliquement son programme de gouvernance. Mais le signal est donné (le grand capital européen n’est pas satisfait de la façon que ses larbins politiciens organisent la sortie de crise. NdT). L'"union antivirale sacrée" a de plus en plus de mal à contenir ses forces centrifuges, même au sein des alliances gouvernementales (chaque faction croit venu le temps d’opérer un coup de force pour améliorer son positionnement sur l’échiquier politique et peu importe le sort réservé à la plèbe par le coronavirus. NdT).

Ce n'est pas que l'émergence des luttes ouvrières, revitalisées en Italie cette semaine, entraîne la petite bourgeoisie vers la révolte. Au contraire, la petite bourgeoisie se radicalise dans un sens opposé et ouvertement réactionnaire : elle veut une « désescalade » encore plus rapide. « Les affaires souffrent, le monde coule », telle est son leitmotiv. (Alors que la devise du prolétariat révolutionnaire est : « le petit peuple, les pauvres et les travailleurs pâtissent de ce confinement meurtrier et totalitaire…vite la désescalade ! https://les7duquebec.net/archives/254560 NdT).

À la croyance permanente à la pensée magique propre à cette classe : « nous devons rouvrir l’économie le plus tôt possible, ouvrons-le, ce ne sera pas si grave » - ​​nous devons ajouter le poids de l'idéologie idéaliste bourgeoise. Alors que la bureaucratie d’État a basculé du jour au lendemain : "keynésienne" et centralisatrice nourrissant un appétit proportionné aux besoins du capital national, la petite bourgeoisie, face à l'insécurité, reprend ses positions traditionnelles. (Positions qui consistent à encourager l’apathie de prolétariat en contrepartie des prébendes de l’État providence. NdT). 

 

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C'est évident chez les nationalistes régionaux. Mais dans le cas de l'ultranationalisme représenté par Vox en Espagne, les choses sont à portée de main à l’orée de Madrid pense-t-il ! Ils sont tellement attachés à la superstition moralisatrice "néolibérale", largement utilisée par Rajoy lors de la dernière grande récession, qu'au milieu d'une bataille européenne, ils prennent parti contre l'État espagnol et soutiennent la position néerlandaise. Ni les messages d'Ana Patricia Botín ni de nombreuses autres figures de la bourgeoisie espagnole ne les ont fait dévier d'un iota.

La fracture de l'UE est aggravée aujourd'hui par la décision de la Cour constitutionnelle allemande de déclarer les politiques d'achat massives (d’obligations et de dettes pourries. NdT) de la Banque centrale européenne « partiellement inconstitutionnelle », voilà une menace qui risque de faire éclater l’Union. (Menace qui turlupine davantage le grand capital européen que l’approvisionnement en masques et en savon dont on distrait la populace. NdT). Ce conflit financier n’implique pas seulement une escalade de l’affrontement économique et politique contre le camp allemand au sein de l'UE, mais il impulse aussi un nouvel épisode de la révolte petite-bourgeoise.

Il n’y a aucune bonne nouvelle pour les travailleurs. L’abandon du soutien du capitalisme d'État pour les pays « laissés pour compte », comme l'Italie, l'Espagne, l'Irlande, le Portugal ou la Grèce, mais aussi la Pologne et la République tchèque, constitue une dévaluation monétaire, ce qui signifie concrètement une attaque en règle contre le pouvoir d’achat des salariés encore modéré en ce moment par les bas prix du pétrole. Mais dans le cadre de l'euro, d'un euro fortement déflationniste et avec un capital allemand étendant ses tentacules sur l’ensemble de l’Union, la dévaluation monétaire ne sera pas tolérée par le camp allemand. La « sortie » comme en 2009 sur laquelle chaque bourgeoisie nationale devra parier sera une course à la « dévaluation des salaires » (première mesure d’imposition d’une économie de guerre que les larbins politiciens justifieront par la « guerre au Covid-19 » (sic) https://les7duquebec.net/archives/254305 NdT).

 Les employeurs espagnols ne le cachent pas et demandent au gouvernement des outils et de la flexibilité pour participer à l'attaque des conditions de vie et de travail des prolétaires (il en est de même dans tous les pays du monde. L’unité est parfaite entre les factions du capital mondial dans sa guerre contre le prolétariat international. NdT).

D'autre part, la révolte politique de la petite bourgeoisie n'aura pas lieu même si les grèves des travailleurs se radicalisent. Ces luttes de classes ne convergent pas entre elles. La petite bourgeoisie paupérisée se radicalise dans ses visées réactionnaires destructrices. Il suffit de voir la transformation du paysage politique pendant le confinement pour comprendre où va le programme de la petite bourgeoisie marchande, d’affaires et des services, dans toute sa brutalité : hausse sauvage des prix des denrées de base, baisse des salaires et dégradation des conditions de travail à la limite de l'esclavage (tout cela enveloppé d’un verbiage nationaliste chauvin préconisant l’achat local au nom de la patrie en danger. C’est pourtant le prolétariat international qui est mis en danger notamment par le confinement totalitaire et meurtrier. NdT).

Il est plus urgent et nécessaire que jamais d'affirmer les besoins des travailleurs, qui sont des besoins humains universels, car ce qui s'en vient est un combat pour notre survie en tant qu’humanité. (Faut-il s’interroger à propos de l’origine asiatique du Covid-19 ? Faut-il chercher un bouc émissaire : Macron, Trump, Xi Jin Ping, Merkel, Sánchez, ou Trudeau ? Assurément non ! S’il était aussi facile de se sortir de ces crises économiques endémiques que de voter pour un nouveau « leader », on le saurait depuis longtemps. Le confinement totalitaire offre aux prolétaires l’opportunité de prendre leurs distances de l’État fétiche adulé par la petite bourgeoisie. Il faut cesser de quémander à l’État des riches. Il faut le déconstruire et ainsi désarmer les ploutocrates, supprimer leur assignation et abolir leur fonction. Après ceci, tout un monde sera à construire, non pas un pseudo Nouvel ordre mondial fondé sur les mêmes lois du capital… mais un Nouveau Monde sans capital. NdT). https://les7duquebec.net/archives/254316 

 

Source : https://nuevocurso.org/espana-francia-italia-empiezan-a-saltar-las-costuras-del-aparato-politico/

 



3 réactions


  • Clark Kent Séraphin Lampion 9 mai 2020 09:01

    « Il faut cesser de quémander à l’État des riches. Il faut le déconstruire et ainsi désarmer les ploutocrates, supprimer leur assignation et abolir leur fonction. Après ceci, tout un monde sera à construire, non pas un pseudo Nouvel ordre mondial fondé sur les mêmes lois du capital… mais un Nouveau Monde sans capital.  »

    si ma tante en avait, je l’appellerais « mon oncle »...


    • Emohtaryp Emohtaryp 9 mai 2020 13:46

      @Séraphin Lampion

      Et si mon oncle n’en avait pas, on l’appellerait « Chou-piné » ?

      Briseur de rêves !

      Utopia est quand-même en marche....


  • BA 9 mai 2020 19:10

    Samedi 9 mai 2020 :


    Allemagne, Corée du Sud ... : quand le déconfinement ne se passe pas comme prévu.


    MARCHE ARRIÈRE - Après avoir mis en place un déconfinement, plusieurs pays ont - localement - dû faire marche arrière suite à l’apparition de nouveaux cas de contaminations. D’autres préfèrent prendre leur temps.


    L’apparition du nouveau foyer de contamination en Dordogne suite à un rassemblement familial pour des funérailles rappelle la fragilité des règles du confinement et de la distanciation sociale. Le préfet du département a dénoncé un « relâchement ». A l’heure où la France s’apprête à lancer son déconfinement ce lundi, plusieurs pays font, eux, marche arrière. L’Allemagne et la Corée du Sud sont revenus localement à des règles plus strictes. Tandis qu’en Espagne, certaines régions resteront confinées plus longtemps que prévu. 


    Des cantons allemands de nouveau confinés


    Deux jours seulement après l’annonce d’un retour progressif à la normale, un canton allemand de Rhénanie du Nord-Westphalie a décidé de revenir au confinement vendredi. Un important foyer de Covid-19 est apparu dans la ville de Coesfeld où plus de 100 des 1.200 employés d’une usine de transformation de viande ont été infectés. Il a été décidé de reporter d’une semaine la levée des restrictions concernant les contacts entre les personnes et l’ouverture des restaurants. 


    Ce n’est pas le seul endroit qui inquiète en Allemagne. Dans le Land du Schleswig-Holstein, frontalier du Danemark, un abattoir du canton de Segeberg a enregistré 109 contaminations.


    Plus à l’est en Thuringe, plusieurs maisons pour personnes âgées ont connu une hausse du nombre de cas. "Pour être clairs : nous n’allons pas mettre tout le canton en quarantaine", a déclaré sa dirigeante Martina Schweinsburg, mais deux petites villes particulièrement atteintes pourraient être concernées.


    Face au risque d’une deuxième vague, la Chancelière Angela Merkel et les Länder allemands se sont entendus mercredi sur « un mécanisme de reconfinement » au niveau local si le nombre des contaminations par le nouveau coronavirus repartait à la hausse. Le pays compte plus de 7.000 décès depuis le début de la crise. 


    Séoul ferme ses boîtes de nuit jusqu’à nouvel ordre


    Le maire de Séoul Won-Soon, a annoncé, ce samedi 9 mai, la fermeture jusqu’à nouvel ordre de l’ensemble des clubs et bars de la capitale depuis qu’un homme testé positif au Covid-19 s’était rendu dans la nuit du 1er au 2 mai dans cinq établissements de nuit dans le quartier d’Itaewon.


    Dix-sept cas en lien avec cet individu ont été confirmés, incitant les autorités à retrouver les plus de 1.500 personnes qui ont fréquenté les mêmes lieux.


    Le quotidien The Korean Times rapporte que le Premier ministre Chung Sye-kyun considère que "le succès ou l’échec de la politique de quarantaine de la Corée du Sud dépendra de la capacité du pays à stopper la propagation des infections en lien avec les clubs de Séoul." 


    https://www.lci.fr/population/allemagne-coree-du-sud-quand-le-deconfinement-ne-se-passe-pas-comme-prevu-2153343.html



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