Est-ce l’islam seul le problème ou les religions en général ?
La violence religieuse est-elle liée à l’islam spécifiquement ou plus généralement aux religions. Pour une fois, examinons un peu cette incandescente question avant de prendre parti. Car non, la réponse n’est pas évidente contrairement à ce que l’horreur des derniers crimes islamistes nous impose de croire.
« Rien n'est plus dangereux qu'une idée, quand on n'a qu'une idée.
Ce qui est aisé à croire ne vaut pas la peine de croire. »
ALAIN (Emile Chartier, dit)
Enfant, ma mère n’a pas voulu que j’aille au catéchisme avec tous mes copains parce que pendant la guerre de 39-45 elle avait été arrêtée par la police française, dénoncée par le curé du village qui, passant dans la rue, l’avait entendue, par une fenêtre ouverte, chanter l’internationale dans sa cuisine et donc s’était empressé de l’accuser d’être communiste.
Ainsi je suis vierge de toute imprégnation religieuse et donc neutre voire impartial.
Aussi je ne comprends pas comment une simple croyance en une entité imaginée sinon imaginaire, peut amener des individus, des groupuscules, des hordes d’ouailles à tuer, à massacrer.
Les fondements théologiques du judaïsme, du christianisme et de l’islam dans cet ordre chronologique s’appuient tous sur la même bible hébraïque et glorifie le même dieu « créateur des cieux et la terre ».
Qu’y a-t-il donc de particulier dans l’islam qui permette d’expliquer la perpétuation de la violence en son nom, aujourd’hui ?
Et seul l’islam parmi les religions pratique-t-il cette violence aujourd’hui ?
Pour le savoir je me suis plongé dans les innombrables écrits de ceux qui avaient l’air de s’y connaitre et qui foisonnent sur internet et même, dans la lecture du coran et de la bible. Mais là, je n’ai pas pu le faire très longtemps.
L’islam est défini, décrit, réglementé, enseigné principalement par la lecture du coran.
Sa rédaction s’est étalée sur des dizaines, voire des centaines d’années à partir essentiellement de témoignages oraux. Ses rédacteurs sont très nombreux.
L’islam est une religion révélée. La parole de son dieu a été rapportée par ses prophètes. Elle est donc immuable et ne doit pas être adaptée, modifiée. Elle ne peut être qu’explicitée ou, de manière consensuelle, interprétée tout au plus.
Le coran est un recueil de 114 sourates (chapitres) comptant plus de 6 200 âyat (versets) parfois rédigés de manière énigmatique en tout cas pour le profane que je suis.
Parfois certains versets du coran semblent avoir été repris de la bible :
- Coran, Sourate 6-1 : "Louange à Dieu qui a créé les cieux et la terre…" ;
- Bible, Genèse 1-1 : "Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre…" ;
Ou
- Coran, Sourate 32-7 : "Celui [...] qui a commencé la création de l’homme à partir de l’argile" ;
- Bible, Genèse 2-7 : "L’Éternel Dieu forma l’homme de la poussière de la terre".
Etc.
Il a été rédigé dans le contexte historique, géopolitique, culturel, philosophique, scientifique, technique, médical, etc., du moyen âge !
On ne peut pas l’actualiser en tenant compte de l’évolution du monde.
La Sunna expose précisément le comportement du Prophète, que le croyant est invité à imiter.
Tout cela est étudié par les Ouléma sunnites ou les Mollah chiites selon des thèses différentes.
Partout dans le monde, les imams "l’enseignent" dans des mosquées autonomes chacun à sa manière.
Rien n’est coordonné, normé.
Il n’y a pas une autorité théologique, un guide spirituel, un suprême dignitaire religieux reconnu par tous et aucune hiérarchie pour tracer la voie, organiser, discipliner, actualiser la théologie, uniformiser la doctrine, harmoniser les pratiques et contrôler tout ça.
Ce sont donc les mêmes dogmes moyenâgeux qui régissent l’islam aujourd’hui.
Or, on peut presque trouver tout et son contraire dans le coran :
- « Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du Livre (les juifs et les chrétiens), sauf ceux d’entre eux qui sont injustes. Et dites : “Nous croyons en ce qu’on a fait descendre vers nous et descendre vers vous, tandis que notre Dieu et votre Dieu est le même, et c’est à Lui que nous nous soumettons”. »
(Sourate 29 : verset 46) ;
- « Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s’est distingué de l’égarement », (2 : 256) ;
- « Si ton Seigneur l’avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru. Est-ce à toi de contraindre les gens à devenir croyants ? » (10 : 99) ;
- « À vous votre religion, et à moi ma religion » (109 : 6).
Et le contraire :
- « C'est Lui qui a envoyé son messager avec la bonne direction et la religion de la vérité, afin qu'elle triomphe sur toute autre religion, quelque répulsion qu'en aient les associateurs. » (9 : 33) ;
- « Quand les mois sacrés seront expirés, tuez les infidèles quelque part que vous les trouviez ! Prenez-les ! Assiégez-les ! Dressez pour eux des embuscades ! S'ils reviennent [de leur erreur], s'ils font la Prière et donnent l'Aumône (zakat), laissez-leur le champ libre ! Allah est absoluteur et miséricordieux. » (9 : 5) ;
- « Combattez ceux qui ne croient pas en Dieu et au Jour dernier, ceux qui ne déclarent pas illicite ce que Dieu et son prophète ont déclaré illicite, ceux qui parmi les gens du Livre ne pratiquent pas la vraie religion… Combattez-les jusqu’à ce qu’ils payent directement le tribut, après s’être humiliés. » (9 : 29) ;
- « Telle sera la rétribution de ceux qui font la guerre contre Dieu et contre son Prophète et de ceux qui exercent la violence sur la terre : ils seront tués ou crucifiés ou bien leur main droite et leur pied gauche seront coupés ou bien ils seront expulsés du pays. Tel sera leur sort : la honte en ce monde. Et le terrible châtiment dans la vie future. » (5 : 34).
Ainsi un croyant peut toujours trouver dans ces commandements contradictoires une justification, même des pires faits commis.
Et personne n’a l’autorité pour dire où est la limite aujourd’hui et d’abord s’il y a une limite et pourquoi elle existe malgré ce qu’on peut lire dans le coran.
Pour accroitre le désordre et le trouble, l’islam est divisé en courants ennemis : Sunnites, Chiites, Soufisme, Wahhabisme, Salafisme.
D’ailleurs les plus nombreuses victimes des musulmans sont des musulmans !
Là est la principale différence avec les autres religions qui sont au contraire hiérarchisées, administrées, guidées… Est-ce là une explication suffisante de cette violence engendrée ?
Le judaïsme s’appuie sur la bible hébraïque, la Torah, datant de la protohistoire. La transmission de la parole divine a été écrite et non orale. La Torah comprend 24 livres. S’y ajoute le Talmud qui contient les interprétations et commentaires des textes sacrés.
Le christianisme s’appuie sur la bible chrétienne, du début des temps historiques. Enfin la ! Plutôt les : bible orthodoxe, 81 livres, bible protestante, 66 livres, bible catholique, qui contient la bible hébraïque, 70 livres. En France il existe 26 traductions de la bible catholique : bible de Jérusalem, traduction œcuménique, bible Osty, bible liturgique, etc.
Et qu’est-ce qu’on y trouve ?
Pas beaucoup mieux que dans le coran :
- Corinthiens 11.6 (Chanoine Crampon, traducteur de la Bible catholique)
« 3. Je veux cependant que vous sachiez que le chef de tout homme c’est le Christ, que le chef de la femme, c’est l’homme, et que le chef du Christ, c’est Dieu.
5. Toute femme qui prie ou qui prophétise la tête non voilée, déshonore sa tête : elle est comme celle qui s’est rasée aussi les cheveux. Or, s’il est honteux à une femme d’avoir les cheveux coupés ou la tête rasée, qu’elle se voile ;
7. L’homme ne doit pas se couvrir la tête, parce qu’il est l’image de la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l’homme ;
8. En effet, l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femme de l’homme ;
9. et l’homme n’a pas été créé pour la femme, mais la femme pour l’homme. »
Judaïsme et christianisme, des religions proclamées de paix et d’amour, pourtant :
- Lévitique 24-16 : « Celui qui blasphémera le nom de l'Éternel sera puni de mort : toute l'assemblée le lapidera. Qu'il soit étranger ou indigène, il mourra, pour avoir blasphémé le nom de Dieu. »
- Lévitique 26-14 à 38 : « Mais si vous ne m'écoutez point et ne mettez point en pratique tous ces commandements […] Vous mangerez la chair de vos fils, et vous mangerez la chair de vos filles […] Vous périrez parmi les nations, et le pays de vos ennemis vous dévorera. »
- Deutéronome 28-15 à 68 : « Mais si tu n'obéis point à la voix de l'Éternel, ton Dieu, […] L'Éternel attachera à toi la peste, […] Ton cadavre sera la pâture de tous les oiseaux du ciel et des bêtes de la terre, […] ;
- Deutéronome 21-18 à 21 : « Si un homme a un fils indocile et rebelle, n'écoutant ni la voix de son père ni la voix de sa mère […] Et tous les hommes de sa ville le lapideront, et il mourra. »
- Lévitique 20.10 : « Si un homme commet un adultère avec une femme mariée, s'il commet un adultère avec la femme de son prochain, l'homme et la femme adultères seront punis de mort. »
- Lévitique 20.13 : « Si deux hommes ont des relations homosexuelles, ils ont commis un acte abominable ; ils seront mis à mort et porteront seuls la responsabilité de leur mort. »
Au fil de mes lectures j'ai découvert que certains vrais érudits reconnus estimaient les religions fondées sur des croyances erronées et des textes contestés.
« Après 70 ans d’excavations et de fouilles extensives sur la terre d’Israël, les archéologues ont trouvé que les actions du patriarche sont des histoires de légende ; nous n’avons pas séjourné en Egypte, ni fait un exode, nous n’avons pas conquis la terre. Il n’y a pas non plus de mention de l’empire de David et de Salomon. Ceux qui s’y intéressent savent tout cela depuis des années, mais Israël est un peuple têtu et ne veut pas en entendre parler. »
Professeur Ze’ev Herzog, chef du département d’archéologie et d’études de l’ancien Proche-Orient à l’université de Tel-Aviv, dans un entretien avec le magazine Ha’aretz le 29 octobre 1999
« La conclusion acceptée par la majorité des archéologues et des érudits de la bible fut qu’il n’y eut jamais de grande monarchie et que le roi Salomon n’a jamais eu de grand palais dans lequel il hébergeait ses 700 épouses et 300 concubines. Ce furent des écrivains postérieurs qui inventèrent et glorifièrent un puissant royaume uni, établi par la grâce d’une seule déité. Leur riche et distinctive imagination a aussi produit les histoires de la création du monde, du terrible déluge, de l’errance des anciens, de la lutte de Jacob avec l’ange, l’exode d’Égypte et le passage de la Mer Rouge, la conquête des Cananéens et l’arrêt miraculeux du soleil à Gibeon.
Les mythes centraux au sujet de l’origine pure de cette merveilleuse nation qui émergea du désert, conquît une grande terre et construisit un glorieux royaume furent un bonus pour la montée du nationalisme juif et la colonisation sioniste. Pendant un siècle, ils fournirent le carburant textuel de qualité canonique qui donna grande énergie à une politique d’expansion identitaire et territoriale demandant une autojustification et un sacrifice considérable.
Des archéologues et des érudits de la bible empêcheurs de tourner en rond, en Israël et ailleurs, mirent à mal ces mythes, qui à la fin du XXème siècle semblaient avoir été relégués au statut de fiction ayant un fossé infranchissable entre eux et la réalité archéologique. »
Professeur Schlomo Sand, universités de Tel-Aviv, Berkeley Californie et à l’École des Hautes Études de Sciences Sociales, EHESS, Paris, de son livre “The Invention of the Jewish People”, 2009
Quant à moi, j’ai essayé de lire quelques textes. Et je n’en ai pas compris beaucoup de passages :
« Pensez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre ? Non, vous dis-je, mais la division. “Car désormais cinq dans une maison seront divisés, trois contre deux, et deux contre trois ; le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère.” » « Un autre vint, et dit : Seigneur, “voici ta mine, que j'ai gardée dans un linge…” »
« Je vous le dis, on donnera à celui qui a, “mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce qu'il a. ” »
Etc. ???
La foi est une croyance. Ce n'est pas une certitude. C’est une conviction intime. Ça peut être une soumission à un conditionnement, un endoctrinement. Ça peut être un engagement exalté qui parfois emporte le croyant vers les extrêmes.
De tout temps, partout, des violences ont été exercées au nom de religions : la révolte des Maccabées, juifs contre juifs et grecs ; guerre de Kitos, juifs contre romains ; la conquête de la péninsule ibérique (711-715), musulmans contre chrétiens ; guerre de trente ans, protestants contre catholiques ; croisades, inquisition, Saint Barthélémy, guerres dites des religions, etc.
Aujourd’hui c’est au nom du judaïsme, de la terre promise d’Israël que les gouvernants de ce pays justifient leur politique d’expansion et de répression en Palestine.
C’est pour dénoncer les « marxistes culturels » qui laisseraient, selon lui, « l'Europe être colonisée par l'islam », que Anders Behring Breivik a perpétré le double-attentat terroriste d’Oslo et de l'île d'Utoeya en 2011 en Norvège.
En 2019, Brenton Tarrant, a commis un double-attentat contre des mosquées à Christchurch, Nouvelle-Zélande, 49 morts, pour des raisons similaires.
Ce dernier siècle, partout, des guerres de religions encore :
Kosovo (orthodoxes vs musulmans), Cachemire (musulmans vs hindous), Timor-Est (musulmans vs catholiques) et Tchétchénie (orthodoxes vs musulmans), Proche-Orient (juifs vs musulmans), Balkans (orthodoxes vs catholiques vs musulmans), Irlande du Nord (protestants vs catholiques), Afghanistan (fondamentalistes islamiques vs chiites et musulmans modérés), sud du Soudan (musulmans vs chrétiens), Algérie (fondamentalistes islamiques vs musulmans modérés ou laïcs), Chypre (musulmans vs orthodoxes), Haut-Karabakh (chrétiens vs musulmans), Tibet (athées vs bouddhistes), etc. (source Le Monde diplomatique)
De toute évidence, moi qui n’y connais rien en matière de foi, je ne peux que conclure qu’on a souvent tué à cause de la religion, l’une ou l’autre, sans spécificité.
Donc c’est l’intolérance religieuse, d’où qu’elle vienne, qui engendre la violence.
Ceci dit, ça n’enlève rien à l’horreur des attentats islamistes ou non, et à l’abyssale bêtise de leurs auteurs gangrénés d’une foi dévoyée et mortifère.
L’agnosticisme est la doctrine de ce qui ne peut être prouvé, vérifié, validé.
Vu les avancées considérables de la paléontologie, la paléobiologie, la paléogéographie, la paléogénétique, l’anthropologie, l’histoire ; des sciences, génétique, neurosciences, astrophysique, astronomies galactique et extragalactique, planétologie, etc. ; il apparait de plus en plus que l’existence d’un dieu ou de l’âme est hypothétique pour le moins.
Vu les légendes, énigmes, mystères sur lesquelles reposent les religions, rapportés par une pléthore d’antiques livres sibyllins, comment ne pas douter ou tout du moins être prudent dans ses convictions et engagements religieux ?
« Le doute est le commencement de la sagesse. » Aristote
« En doutant on atteint la vérité. » Cicéron