Et si Poutine offrait un voilier à Greta Thunberg ?
Le permafrost fond et Vladimir Poutine au regard glacé, regarde ailleurs. Vers de nouvelles voies de navigation offertes par la fonte de la banquise et son "exploitation à des fins économiques". Poutine est-il comme Trump un authentique climatosceptique ? Oui et non, comme vous le savez les élites politiques ont des opinions qui peuvent varier pour des raisons stratégiques ou des ambitions personnelles. Poutine ne fait pas exception à la règle n'en déplaise aux poutinolâtres. Dans le passé, il disait au sujet du climat...
"Le réchauffement, il a commencé dans les années 1930. À l'époque, il n'y avait pas encore de tels facteurs anthropologiques comme les émissions (de gaz à effet de serre) mais le réchauffement avait déjà commencé".
Selon le maître du Kremlin il serait donc "impossible" d'empêcher le réchauffement climatique qui serait dû "à des cycles globaux sur Terre". "La question est de s'y adapter".
Vous remarquerez que bien d'autres dirigeants dans le monde doutent du réchauffement climatique provoqué par l'excédent de gaz à effet de serre envoyé en l'air en quantité industrielle par les humains. Seulement, ils n'osent pas en parler, car il est très mal vu de nier le réchauffement. Dans le domaine sensible du climat, être trop bavard pourrait même gêner une future réélection. Pour savoir le nom de ces courageux peut-être pourrait-on interroger Greta Thunberg qui paraît-il tiendrait une liste noire de tous les non-croyants de la planète.
Tenez, au sujet de la jeune Suédoise. Keir Simmons, journaliste de la chaîne américaine NBC a demandé à Poutine ce qu'il pensait d'elle. Mais il est d'ores et déjà certain que le président russe n'offrira pas un bateau même à propulsion nucléaire pour faire traverser l'océan à la jeune activiste écologique.
"Je vais sûrement vous décevoir, mais je ne partage pas l’enthousiasme général suscité par l’action de Greta Thunberg. Vous savez, c’est une bonne chose que les jeunes et les adolescents se concentrent sur les graves problèmes d’aujourd’hui, y compris les problèmes environnementaux, et ils ont certainement besoin d’être soutenus. Mais lorsque d’autres instrumentalisent des enfants et des adolescents à leurs propres fins, c’est une pratique qui doit être condamnée. Il est particulièrement vil d’essayer de gagner de l’argent par ce moyen. Je n’affirme pas que ce soit le cas, mais il faut certainement être vigilant à cet égard.
Personne ne semble avoir expliqué à Greta que le monde moderne est complexe, diversifié et en développement rapide, et que les populations d’Afrique ou de nombreux pays asiatiques souhaitent vivre au même niveau de prospérité qu’en Suède. Mais comment cela peut-il être réalisé ? En leur faisant utiliser l’énergie solaire, parce que l’Afrique est un continent très ensoleillé ? Quelqu’un lui a-t-il expliqué combien cela coûterait ?"
Voilà qui est dit comme un père affectueux qui parlerait à sa fille. Bien sûr, il faudrait croire Poutine sur parole sans et scepticisme aucun, lorsque la Russie assure vouloir trouver « un équilibre entre le développement économique et la conservation de la nature arctique ». Si ce n'est pas le cas, qui plus tard ira demander des comptes aux Russes et aux autres pays exploiteurs de l'Arctique, si la région est souillée voire dévastée ? Mais le principal n'est-il pas pour eux que l'économie des pays concernés profitent des "richesses locales en pétrole et en gaz, mais aussi en minerais, tels que le nickel ou le cobalt" ? Il est évident que la fonte des glaces permettra à tous ceux qui aujourd'hui se pincent le nez de profiter des énergies fossiles pendant de nombreuses années supplémentaires. Mais qui sont ces idiots qui disaient dans le passé qu'il n'y aurait plus une goutte de pétrole au début des années 2000 ?
Cependant, d'après Mikka Mered, "expert en géopolitique des pôles et professeur à l’Ileri (Institut libre d’étude des relations internationales), qui a participé au Forum de Saint-Pétersbourg. Pour lui, la fonte des glaces n’est qu’un « facteur facilitant » de la conquête russe de l’Arctique, mue avant tout par des raisons économiques. « Le système russe est fondé sur sa rente pétrolière. Or, ses ressources d’hydrocarbures, exploitées dans le sud-ouest de son territoire depuis l’ère soviétique, se tarissent petit à petit et perdent en rendement. Pour maintenir son système, le pays doit trouver des relais de croissance, c’est pourquoi il exploite l’Arctique. » Il précise que 80 % du gaz russe provient déjà de cette zone".
Encore un petit détail qui pourrait intéresser quelques climatosceptiques. Poutine ne le serait plus, car il aurait changé, du moins verbalement. Il a en effet déclaré que que le gaz produisait beaucoup moins de CO2 que le charbon. Poutine qui encourage le marché du gaz dans l'intérêt de son pays, voilà qui n'est guère surprenant. Mais n'est-ce pas aussi une forme de reconnaissance de la responsabilité de l'homme sur le dérèglement du climat ?
Voila qui devrait plaire à Greta Thunberg.