mardi 2 avril 2019 - par vlane

​Etat de droit en Mauritanie : l’Union Européenne complice de coopération avec l’injustice…

En juin 2018, il y a donc moins d’un an, l’Union Européenne signait une convention avec la Mauritanie pour injecter, entre autres, 12,6 millions d’euros afin de soutenir l’état de droit en Mauritanie. C’est S.E.M. Neven Mimica, Commissaire européen du développement et de la coopération internationale, alors en visite en Mauritanie, qui a signé cela avec l’actuel ministre de l’économie et des finances S.E.M Moctar Ould Djay.

12,6 millions d’euros, c’est 524 millions d’ouguiyas MRU soit un peu plus de 5 milliards MRO. C’est une somme respectable. Aussi, le minimum quand on injecte une somme pareille, puisée dans les ressources du contribuable européen au nom du droit, c’est d’en faire un usage qui ne soit pas contraire aux valeurs démocratiques européennes sinon il s’agit d’un détournement de fonds, une sorte de blanchiment à l’envers, un salissement d’argent propre…
 

Quant à l’état mauritanien, le minimum quand on accepte l’argent des démocrates au nom de l’état de droit, c’est d’essayer de sauver les apparences juridiques du régime et accepter les exigences des partenaires européens quand des situations deviennent publiques et qu’elles agitent quasiment toutes les organisations internationales des droits de l’homme.

Il se trouve que malgré ces 5 milliards au nom de l’état de droit, sans parler du fait que l’Union Européenne soit le premier partenaire économique de la Mauritanie, ce qui signifie qu’elle injecte des sommes colossales en Mauritanie, aucun responsable européen n’ose faire la moindre pression sur le gouvernement mauritanien pour qu’il laisse quitter le pays à un Mohamed Ould Mkheitir captif depuis 5 ans alors que même la justice du régime a estimé qu’il a purgé sa peine.

Le pouvoir déclare qu’il le garde pour des raisons de sécurité, pas celles de Mkheitir car il compte quitter le pays mais juste celles du régime qui craint le mouvement des fanatiques qui veulent sa tête et dont l’un des chefs est actuellement accusé d’avoir ruiné près de 10.000 mauritaniens dupés par une escroquerie à grande échelle. C’est donc que le régime, qui se dit lutter contre le terrorisme, craint de respecter le verdict de la justice de la république islamique de Mauritanie en plus d’avoir peur d'une poignée de fanatisés. C’est inquiétant en matière de courage politique car un régime qui craint des citoyens identifiés et désarmés comment compte-t-il affronter le terrorisme ?


 

Le cas des deux blogueurs Abderrahmane Ould Weddady et Cheikh Ould Jiddou n’est guère mieux. L’accusation met dans le même sac la dénonciation calomnieuse, qui est un délit, et la diffamation et voilà qu’on jette en prison des blogueurs pour diffamation alors que dans tout état de droit, seule la dénonciation calomnieuse est un délit qui peut valoir un séjour en prison quand il n’est question que d’amendes pour la diffamation.

Là encore Human Rights Watch, pour ne citer qu’eux, font un communiqué dénonçant le sort réservé aux blogueurs et exigent comme des enfants leur libération.

 

Pendant ce temps voilà qu’une délégation de l’Union Européenne débarque en Mauritanie pour donner 25 millions d’euros et à la sortie de leur rencontre avec le chef de l’état mauritanien, monsieur M. Stéfano Manservisi chef de la délégation européenne s’est déclaré, selon l’agence mauritanienne d’information, « heureux d’être reçu par le Président de la République avec qui la délégation a échangé sur plusieurs sujets avant de souligner que les relations entre la Mauritanie et l’Union Européenne sont excellentes dans tous les domaines. »

Dans tous les domaines ! donc même la justice et le fameux projet pour l’état de droit. 


Bravo ! Cette lâcheté diplomatique et cette complicité économique piétinent le moral des activistes mauritaniens et étrangers en plus de l’effet désastreux sur les prisonniers d’opinion abandonnés à leur sort sur l’autel de la coopération.

Macron lui-même en débarquant en Mauritanie s’est bien gardé de parler des droits de l’homme comme il l’esquissa à Paris en recevant le dirigeant chinois. Il faut dire qu’à Paris la presse est là et chacun sait ce qui se passe en Chine.

En Mauritanie, les démocrates, les justes sont abandonnés par les vieilles démocraties qui viennent traiter « coopération » avec le régime mauritanien. C’est indigne des électeurs européens qui n’en savent rien et lamentable de la part des délégations européennes qui ne risquent rien de la part du régime mauritanien sauf peut-être des galères pour avoir du poisson et des contrats pour leurs entreprises chez nous.

On finit par se dire que les régimes européens et mauritaniens se valent puisque les dirigeants gouvernent en bonne intelligence sur le dos des pauvres rêveurs qui croient aux droits de l’homme et à l’état de droit pour les petits africains…


 VLANE




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