mardi 21 mars 2006 - par Pierre MECHENTEL

Etre patron ? Des CPE en permanence... une mentalité pas vraiment française...

Quand on est patron ou responsable d’entreprise, fait-on autre chose avec ses clients que leur proposer l’entreprise en CPE ? Mais est-ce vraiment naturel, dans la mentalité française ?

Quand on écoute les principaux griefs des anti-CPE contre cette mesure, on constate souvent qu’une grande partie d’entre eux réclame le droit de travailler où ils veulent, en exercant le métier qu’ils veulent, avec la garantie de pouvoir rester autant qu’ils le veulent. C’est logique, puisque c’est souvent ce qui a pu se passer pour nos parents, et c’est ce qu’expliquent beaucoup de professeurs qui, par définition, ne sont pas en prise directe avec l’économie actuelle, outre qu’ils sont eux-mêmes dans cette configuration.

Faute de courage politique et même de compréhension (la principale différence entre hommes politiques n’est pas droite/gauche mais "a déjà dû travailler pour se nourrir" ou "a de toutes façons un traitement de fonctionnaire qui arrive à la fin du mois"), nos politiciens n’ont pas jusqu’à présent expliqué aux Français que la nouvelle conjoncture économique exigeait de la souplesse et une grosse capacité d’adaptation car tout change très vite. Pourtant, beaucoup de situations, de systèmes, de choses que tout le monde connaît ont connu cette évolution. On pourrait parler de sports (où personne maintenant ne s’étonne qu’un joueur qui n’est pas en forme disparaisse d’une équipe, quel que soit son palmarès), mais parlons surtout de ce que font des milliers de responsables et de chefs d’entreprise chaque jour.

Etre patron, c’est quoi ? C’est en permanence : chercher des clients, ne pas avoir d’indemnités si on perd des clients, n’être payé par ses clients que si on réalise ce qui a été convenu, n’avoir aucune garantie d’activité dans les mois qui suivent, car tout dépend du bon vouloir des clients, être obligé de prospecter de nouveaux clients... Bref, c’est en permanence chercher des tas de petits CPE... On se plaint souvent en France de ne pas avoir assez de créations d’entreprises, d’entrepreneurs, et les chiffres le confirment puisque quand on enlève les créations de magasins (qui sont des entreprises un peu spéciales quand mêmes), on a peu de créations de sociétés... Quand on rencontre des aspirants à la création, contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays où ils se soucient en priorité de trouver des clients qui paient, en France, ils se préoccupent des aides, des investisseurs, des exonérations de charges possibles, etc. (A ce titre, les stands du salon des entrepreneurs sont édifiants... une minorité de stands sur "comment trouver des clients" ).

La réussite des grandes entreprises "françaises" (souvent et de plus en plus "françaises" seulement par leur histoire) est aussi de la même veine, puisque dans une grande entreprise, il faut surtout gérer l’existant, conserver les acquis. Et tous les observateurs de nos écoles savent que nous excellons en France à former des contrôleurs, des consultants, des explicateurs de situations, plutôt que des découvreurs. Le problème semble donc plus un problème de mentalité qu’une opposition idéologique (le simple refus d’essayer une nouvelle idée, le CPE, le montre aussi). Que doit-on alors faire pour ne pas sombrer en seconde division et rester un pays performant dans une économie globalisée et dominée par les schémas mentaux anglo-saxons, où l’adaptation et la souplesse sont des concepts de base ? Le football français a réussi quand ses joueurs les plus forts sont partis dans des clubs étrangers... Y a-t-il là une piste à explorer ?



101 réactions


    • Zamenhof (---.---.21.229) 11 juin 2006 18:44

      Remarquez il y a encore une autre solution, on l’expérimente en Argentine. Pourquoi pas en France ?


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