jeudi 16 avril 2020 - par Patrice Bravo

Fayez el-Sarraj perd le contrôle de mercenaires syriens

Aujourd'hui, la situation en Libye est critique et alors que la Turquie semble regretter son intervention, le maréchal Khalifa Haftar, commandant de l'Armée national libyenne (ANL) accumule les victoires sur plusieurs fronts en Libye et sur la bataille de Tripoli.

La Turquie exporte la guerre civile syrienne en Libye. Le président turc, Recep Erdoğan, envoie maintenant des mercenaires syriens en Libye pour soutenir Fayez el-Sarraj, le chef du gouvernement d’accord national (GAN) libyen situé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale.

Le maréchal Khalifa Haftar de l'ANL avait accusé à la fin mars le gouvernement de Fayez el-Sarraj de ne pas vouloir mettre en œuvre la proposition de l'Onu sur le cessez-le-feu en dépit de la nécessité de prendre des mesures conjointes pour empêcher la propagation du Covid-19, ainsi que pour stopper l'ingérence continue de la Turquie dans le conflit politique en Libye.

En effet, alors que le monde est engagé dans le combat contre le Covid-19, la Turquie a continué d'envoyer en Libye des mercenaires syriens issus des groupes djihadistes. La Turquie continue, donc, de renforcer les forces fidèles au gouvernement moribond de Fayez el-Sarraj, en transférant des armes antiaériennes et des troupes de mercenaires syriens en Libye.

Le 12 avril, selon Rami Abdel-Rahman, le directeur de l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme, plus de 300 mercenaires supplémentaires ont été acheminés pour soutenir la stratégie turque par l'utilisation de plusieurs avions de transport militaires de son armée. Ainsi, comme en témoigne « l'Observatoire » londonien, le nombre total de mercenaires syriens passé du côté turc dépasse les 5100 combattants.

En lançant une campagne militaire en Libye aux côtés du gouvernement d’accord national, la Turquie ne pouvait pas imaginer que le principal obstacle au succès décisif de son opération serait l’inertie de son allié libyen. Mais, il s’est avéré que le gouvernement de Tripoli, dirigé par le premier ministre Fayez Sarraj, n’est pas non seulement prêt à aider les Turcs dans de nouvelles actions contre l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar, mais aussi met en péril des progrès de l’opération militaire accomplis jusqu’à présent.

Ankara est confronté à des problèmes insurmontables liés à la résistance du GAN qui, par des sabotages, mettent en péril des progrès accomplis de l’opération militaire jusqu’à présent. Selon les experts, le principal problème qui cause des dommages irréparables à la mise en œuvre du plan turc pour sauver le gouvernement de Fayez el-Sarraj est la réticence des groupes armés contrôlés par les autorités de Tripoli à participer aux hostilités et leur retrait progressif à cette soumission. Des groupes locaux volent régulièrement des armes fournies par la Turquie pour aider Fayez el-Sarraj dans des entrepôts du GAN. Cette situation entraîne une pénurie fréquente de munitions et en matériel lors des combats avec les forces de l'ANL. Dans le même temps, les Libyens refusent de décharger des avions turcs, craignant une infection par le Covid-19 et exigent un paiement supplémentaire pour le travail.

Les conséquences de l'intervention turque sur l'économie et sur les migrants. En janvier de cette année, à l'initiative d'Ankara, un mémorandum turco-libyen a été signé, selon lequel une frontière maritime commune est établie entre les deux Etats. Cet accord a violé les intérêts économiques d'un certain nombre d'États comme la Grèce, l'Italie, Chypre et Israël. De plus, cela endommagera un projet d'investissement à grande échelle sur la pose du gazoduc EastMed de la Méditerranée orientale à l'Italie ce qui met en péril les intérêts des entreprises italiennes. Les actions d'Erdogan et sa coopération avec Fayez el-Sarraj en Libye conduisent à une nouvelle déstabilisation de la situation dans l'État nord-africain. La conséquence est que le nombre de réfugiés libyens ne fera aussi qu'augmenter et des pays européens comme l'Italie, l'Espagne et la France souffriront du nouveau flux de migrants en particulier dans le contexte de la propagation du Covid-19.

Depuis le 12 avril l'ANL lance une grande offensive contre le GNA et sur Tripoli. Les troupes de l'Armée nationale libyenne du maréchal Khalifa Haftar ont pris la position occidentale du village de Bukrin le 12 avril, coupant la communication entre les villes de Syrte et de Misrata. Avec la désertion des détachements de miliciens fidèles au gouvernement d’accord national (GAN) libyen de Fayez el-Sarraj, un grand nombre d'armes, de munitions et d'équipements militaires ont été saisis. La veille, l'aviation de l'ANL a lancé des attaques soutenues contre les positions des djihadistes dans la zone de la colonie d'Al-Qadahiya aux environs de Misrata.

A Tripoli, on assiste à la poursuite d'une conquête de terrain. Les deux parties ont utilisé activement l'artillerie. Dans la ville, il y a une grave pénurie d'eau et d'électricité. Le 1er avril, l'artillerie de l'ANL a bombardé le port de Misrata, au cours duquel des véhicules et des équipements militaires livrés de Turquie ont été endommagés. Selon des sources d'information indépendantes, au cours des deux derniers mois, les moyens de défense aériens de l'Armée nationale libyenne ont détruit 16 drones turcs. Pour développer le succès de l'offensive contre l'ennemi et intensifier les hostilités pour s'emparer de la capitale, le commandement de l'ANL a spécialement formé un bataillon pour les combats en milieu urbain. L'unité est entièrement équipée en personnel, en équipement moderne et en armes, et a suivi une formation spéciale dans le centre de formation de la ville de Benghazi.

Cependant, l'ANL n'évite pas les pertes. Le 11 avril, un hélicoptère Mi-35 a été abattu lors d'une mission de combat dans la région de Misrata. Lors de l'atterrissage sur l'aérodrome avec des tirs de Man-portable air-defense systems (MANPADS), un avion de transport An-26 a été détruit. Tous les équipages sont morts.

Olivier Renault

 

Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=1528



3 réactions


  • berry 16 avril 2020 11:08

    Quand on pense que la Turquie islamique a failli faire partie de l’Union Européenne et que tous les partis de gauche étaient plus ou moins en faveur de son adhésion...

    Les 82 millions de turcs auraient eu le droit de circuler librement en Europe et de s’installer où bon leur semble, et les cochons de payants d’européens auraient du casquer pour la mise à niveau économique du pays pendant des décennies. Cette comédie n’est plus d’actualité, mais elle nous a tout de même coûté une dizaine de milliards d’euros.

    Erdogan nous réclame encore 2,8 milliards d’euros pour bloquer les migrants ; avec les traitres qui nous dirigent, il risque bien de les obtenir.


  • zak5 zak5 16 avril 2020 18:21

    C’qu’il y a de positif avec Erdogan, c’est qu’il a révélé au grand jour la faiblesse, la lâcheté et la couardise déconcertantes des pays occidentaux


  • generation désenchantée 16 avril 2020 23:44

    Au fait pourquoi Erdogan intervient aussi loin de sa zone d’influence ?

    Le temps d’acheminer des renforts par voie maritime doit être assez long , c’est pas un pont aérien et maritime continu et il est impliqué dans d’autres zones

    Il veut épuiser son armée ?


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