France : arrestation d’un criminel de guerre kosovar - Pour un juste procès !
1999, mars-juin : un pays souverain, la Serbie, se voyait brutalement attaqué, bombardé sans relâche, par l'OTAN, l'armada la plus puissante du monde qui, opérant là sans aucun mandat préalable de l'ONU, dérogerait ainsi aux lois internationales en vigueur quant à la gestion des conflits.
Le motif de ce nouveau type de guerre, la dernière, en Europe, du XXe siècle ? La province autonome du Kosovo, berceau culturel, identitaire et religieux de la Serbie, où l'Armée de Libération du Kosovo (UCK), constituée de sécessionnistes kosovars et de guerriers albanais, mais aussi de clans mafieux, revendiquait, contre le sens même de l'histoire tout autant que l'intégrité territoriale de ce pays, la totale indépendance.
Cette fameuse mais obscure Armée de Libération du Kosovo avait alors, comme principaux chefs de guerre, Hashim Thaci, actuel Président de ce même Kosovo, lequel a obtenu son indépendance en 2008, et Ramush Haradinaj, qui fut son fantoche Premier Ministre dès 2004.
Certes les principaux responsables politiques et militaires de la Serbie d'alors, dont l'ancien président Slobodan Milosevic, ont-ils dû répondre de leurs abominables crimes de guerre, sinon contre l'humanité même, devant le Tribunal Pénal International pour l'ex-Yougoslavie (le TPIY). Reste, cependant, une terrible injustice au regard de cet épineux et douloureux dossier : Hashim Thaci, malgré de lourds soupçons pesant à son encontre, n'y a jamais été inquiété, et Ramush Haradinaj, notoire trafiquant d'armes, y fut, quant à lui, scandaleusement acquitté en 2002, puis, en appel, le 29 novembre 2012. Et ce, malgré les trente-sept chefs d'accusation à son encontre, dont le massacre, à proximité du lac de Radonjic, dans la région de Decani (où se trouve l'un des plus importants monastères orthodoxes), de centaines de civils serbes !
LA JUSTICE SELECTIVE DU TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL POUR L'EX-YOUGOSLAVIE
Telle est la raison pour laquelle, révolté par cet inique « deux poids, deux mesures », où les Serbes se voyaient systématiquement inculpés tandis que les Kosovars étaient tout aussi unilatéralement innocentés, j'avais alors dénoncé, dans une très critique tribune publiée dès le lendemain, 30 novembre 2012, ce que j'y appelais « une indigne justice sélective » (http://leplus.nouvelobs.com/contribution/724385-un-ex-responsable-kosovar-acquitte-par-le-tpiy-une-indigne-justice-selective.html).
Ainsi, face à cette patente injustice, elle-même fruit d'un infâme mais efficace calcul politique, la Serbie n'avait-elle d'autre choix, pour que justice soit enfin rendue, que de lancer un mandat d'arrêt international à l'encontre, notamment, du redoutable Ramush Haradinaj, dont la féroce unité paramilitaire portait l'inquiétant nom d' « aigles noirs » .
C'est ce même mandat international que la France vient d'honorer, précisément, en l'arrêtant, ce mercredi 4 janvier 2017, à sa descente d'avion, sur le tarmac de l'aéroport de Bâle-Mulhouse-Fribourg !
Reste donc à espérer que les autorités judiciaires françaises extraderont, comme il se doit, Haradinaj vers Belgrade, où un procès en bonne et due forme, sans haine ni violence, l'attend sans aucun doute.
LE TESTAMENT DU KOSOVO : PAIX ET HUMANISME
Il en va là, au regard de cette sanglante guerre qui ravagea l'ex-Yougoslavie, de la vérité historique tout autant que de la nécessaire réconciliation, en cette région martyre des Balkans, entre les peuples serbe et kosovar, trop longtemps ennemis. La paix, que souhaite certes toute conscience d'humaniste, est aussi à cet inestimable prix, ainsi que je l'ai écrit en mon propre « Testament du Kosovo » (http://www.espace-livres.be/Le-journal-de-guerre-de-Daniel), ce journal de guerre où je relate en un sincère effort d'objectivité, sans manichéisme ni dogmatisme, sans parti-pris idéologiques ni préjugés d'aucune sorte, ces cruels événements dont j'ai été alors l'impuissant, souvent consterné et parfois horrifié, témoin !
DANIEL SALVATORE SCHIFFER*
*Philosophe, auteur, notamment, de « Requiem pour l'Europe – Zagreb, Belgrade, Sarajevo » (Éditions L'Âge d'Homme) et « Le Testament du Kosovo – Journal de guerre » (Éditions du Rocher)