France Culture : de l’Hôtel Meurice au café du commerce !
L’INA nous permet d’écouter, 20 ans après, l'émission de radio Culture matin du 24/09/1992 animée, en direct de l'hôtel Meurice, par Jean Lebrun qui recevait Jean-Noël Jeanneney, secrétaire d'Etat à la communication, pour le lancement de la chaîne franco-allemande Arte.
http://www.ina.fr/video/00755470/culture-matin-du-24-septembre-1992.fr.html
En écoutant cette émission de septembre 1992 on retrouve ce qui faisait l’originalité de France Culture : la qualité du langage des présentateurs, leur ton ironique, leur culture, les citations, le choix des sujets, souvent des sujets culturels : les invités étaient souvent des écrivains, des artistes.
20 ans plus tard, l’originalité de France-Culture s’est évanouie : aujourd’hui, l’émission les Matins de France Culture se présente avec emphase sur son site web comme « une grande session d'information pour comprendre quels défis nous attendent, de l'hexagone au vaste monde, éclairer les contours les plus complexes de ce qui surgit chaque jour dans l'actualité (…) pour encore plus de décryptage, de diversité et de dynamisme ».
Une « grande session d’information » ? Les sujets sont ceux de la presse, des magazines ou des émissions télévisées, ceux de l’actualité immédiate : et ils reviennent : au cours des 10 derniers jours, nous avons eu deux émissions sur l’armée française au Mali, deux sur la menace terroriste, un sur les homosexuels, un sur la pilule, un sur la pauvreté, un sur la presse, un sur l’actualité vue par une philosophe, une émission avec un homme politique. Tous les jeudis une homme ou une femme politique est en effet invité.
Bref pour l’auditeur exaspéré un emprisonnement dans l’actualité immédiate, dans la banalité. France Culture ne se rend plus à l’Hôtel Meurice, ni au Sélect comme au temps où Pierre Assouline présentait « Première édition ». Maintenant ce sont les déplacements - plus coûteux - dans le « vaste monde » au Caire, à Kaboul… pour « comprendre quels défis nous attendent » ! Mais le plus souvent on est au café du commerce !
C’est aussi la prolifération des formats courts : 5 minutes pour parler du dernier sondage, 5 minutes pour la revue de presse internationale, 5 minutes pour le billet d’humeur sur le dernier évènement de la politique politicienne… Ce qui permet de donner la parole à tel ou telle ancien ministre, ou ancienne conseillère… Du coup l’invité ou les invités ne disposent plus d’1 heure pour s’exprimer sur le sujet du jour, 30 minutes maximum.
En revanche les journaux à 7 heures et 8 heures disposent maintenant chacun de 15 minutes. Du coup la brièveté, la neutralité du ton a fait place au bavardage, aux à peu près de langage, aux abus : on parle à tout bout de champ d’islamisme, en confondant musulmans-démocrates, traditionnalistes, fondamentalistes, terroristes. France Culture et tout s’éclaire !