jeudi 15 janvier 2015 - par Luc-Laurent Salvador

Génocide rwandais et pouvoir victimaire

Selon Napoléon Bonaparte l’Histoire serait « une suite de mensonges sur lesquels on est d'accord. » Celle du Rwanda ne fait pas exception. La version sur laquelle les médias français s’accordent — en évoquant un génocide perpétré par les méchants Hutu contre les gentils Tutsi — est seulement celle des vainqueurs, ceux à qui on ne demande jamais s’ils ont dit la vérité. Dans un documentaire récent, Julien Tiel et Paul-Eric Blanrue présentent au public francophone une alternative renversante qui, en abordant la question clé : « à qui profite le crime ? », met justement en cause les vainqueurs. Résumant avec efficacité un large courant de réflexion né au tournant du siècle mais connu surtout du public anglo-saxon car particulièrement occulté dans les médias français, le documentaire décrit en pointillé une manipulation que nous peinons à concevoir tellement ses procédés sont diaboliques. Ils tirent en effet avantage de ce que, depuis toujours, les humains se font un devoir sacré : la sollicitude envers les victimes. Afin de dégager l’innommable logique sous-jacente nous ferons appel à une version sensiblement évoluée et radicalement subversive de l’anthropologie sacrificielle de René Girard. Placé dans cette perspective, le schéma victimaire devrait alors apparaître comme la pire « des choses cachées depuis la fondation du monde »...

Introduction

Dès que la tragédie rwandaise a été connue au printemps 1994, un tout nouveau magazine Maintenant en a proposé une lecture claire, nette et... conspirationniste que j'ai immédiatement faite mienne. A rebours des principaux médias français, l’interprétation proposée mettait d’emblée en cause la Françafrique en tant que néocolonialisme prompt à soutenir les pires dictatures si cela peut servir les intérêts économiques des grands groupes français [1] ou les intérêts stratégiques de la nation.

La France y apparaissait donc outrageusement compromise par un soutien fidèle au gouvernement rwandais de Juvénal Habyarimana en dépit d’avertissements tel que celui de Georges Martres, ambassadeur de France au Rwanda qui, dès octobre 1990, s’était fait l’écho auprès du Quai d’Orsay et de la Présidence des craintes de génocide d’ores et déjà évoquées par « la population rwandaise d’origine tutsi ».

Bien qu’acteurs de ce qui est apparu comme un génocide, le pouvoir et les populations hutu semblaient avoir conservé le soutien bienveillant de Paris durant toutes les phases du massacre, c’est-à-dire, aussi bien avant, pendant qu’après ; la tardive intervention française dite « opération Turquoise  », ayant en effet été accusée d’avoir eu pour but premier de protéger des populations hutu au sein desquelles des génocidaires ont pu se cacher.

Par la suite, la version officielle livrée en 1998 par l’enquête parlementaire dite rapport Quilès a, sans surprise, exonéré la France de toute responsabilité mais du point de vue conspirationniste anticolonialiste que j’avais adopté, il ne pouvait s’agir que d’un écran de fumée.

Cette impression s’est trouvée corroborée par de nombreux auteurs — en particulier l’entomologiste Jean-Paul Goûteux de l’association Survie. Avec un incontestable succès d’audience, leurs livres ont offert une critique ravageuse de la couverture médiatique des évènements, notamment par Le Monde et Libération, en pointant ce que l’on pourrait appeler une forme de « soumission à l’autorité  » militaire !

Quoi qu’il en soit, la représentation collective du génocide rwandais s’est progressivement organisée autour d’un tableau assez classique de complicité de fait de l’Etat français avec le pouvoir hutu, ne serait-ce que par cécité ou laissez-faire.

La lecture présentée dès l’origine par le magazine Maintenant est ainsi devenue LA « vérité » rwandaise pour la grande majorité de l’opinion publique bienpensante, c’est-à-dire, celle qui croit encore que les médias français l’informent davantage qu'ils ne la désinforment.

Les années ont passé mais les choses en sont grosso modo restées là en dépit des controverses qui affleurent encore régulièrement dans l’actualité, à l’occasion notamment de l’enquête judiciaire toujours en cours côté français ou des tensions diplomatiques induites par les accusations réciproques entre Kigali et Paris.

En ce qui me concerne, même les révolutions conceptuelles alterconspirationnistes [2] issues du 11 septembre 2001 n’y ont rien changé : au sujet du Rwanda, je suis resté jusqu’à tout récemment un parfait naïf satisfait d’avoir gobé tout rond, avec application et constance ce qui, nous allons le voir, était, selon toute vraisemblance, une monstrueuse machination.

Il a fallu la vidéo de Julien Tiel et Paul-Eric Blanrue pour que, tout d’un coup, l’ensemble de mes représentations du génocide rwandais basculent en faveur d’une alternative qui a l’immense avantage d’offrir enfin une réponse plausible à la fameuse question « à qui profite le crime ? » ; la défense de l’emprise française en Afrique apparaissant en définitive un motif assez fragile pour expliquer la collaboration même passive de la France à un génocide dans un pays sans intérêt stratégique ou économique.

C’est cette version des faits que je voudrais non pas présenter mais seulement esquisser en suivant la ligne argumentative de la vidéo en question. Mon objectif ne sera donc pas d’argumenter pour convaincre.

Il s’agira avant tout d’informer les lecteurs aussi naïfs que je l’ai été de l’existence d’une autre vision des faits qui, bien plus cohérente et plus plausible, mérite d’autant plus d’être examinée qu’elle met au jour un invariant anthropologique tout à la fois archaïque, omniprésent et méconnu, donc, terriblement efficace puisque rien ne vient lui faire obstacle [3]. Je veux parler de la stratégie d’accès au pouvoir victimaire par le sacrifice de soi délibéré sous les coups d’un bourreau qu’on aura soi‑même fabriqué. C’est le dégagement de ce fait anthropologique fondamental qui, en définitive, constitue l’objectif véritable du présent article.

Plan

La première partie de l’article présentera une nouvelle vision de la tragédie rwandaise à partir du documentaire de Tiel et Blanrue. Dans la deuxième partie, nous plaçant dans le contexte de la théorie sacrificielle de René Girard, nous tenterons d’analyser le tableau en question pour parvenir à la troublante conclusion selon laquelle le meilleur moyen de prendre l’ascendant sur des groupes humains petits ou grands a toujours été et reste encore celui consistant à (se faire) passer pour une parfaite victime, d’une manière ou d’une autre, quitte à se faire soi-même violence.

Nous serons donc finalement confronté au sacré sous son apparence la plus terrible, celle du sacrifice absolu qui, chez les peuples de l’antiquité, consistait à sacrifier aux dieux la chair de sa chair afin d’obtenir l’accomplissement d’un désir plus cher encore.

 

L’hypothèse de « l’histoire truquée »

Dans ce qui suit, je vais résumer l’histoire du génocide en suivant le documentaire de Tiel & Blanrue au travers de ce qu’on pourrait appeler un « synopsis augmenté » car j’ai cru devoir y ajouter quelques éléments qui m’ont semblé cruciaux ou particulièrement éclairants.

En guise de préambule, rappelons qu’en dépit des vingt années déjà écoulées, nous ne savons toujours pas ce qui s’est passé exactement au Rwanda [4] mais qu’il existe néanmoins quelques éléments contextuels sur lesquels tout le monde s’accorde grosso modo :

i.L’origine coloniale de la discrimination raciale

Les colons belges ont radicalisé sur un mode racial l’organisation féodale pluricentenaire de la société rwandaise au sein de laquelle les éleveurs (principalement membres de la minorité tutsi) avaient un statut de privilégiés. Les tutsi, mis au service de l’autorité coloniale ont ainsi conservé privilèges et pouvoir sur une majorité d’agriculteurs (principalement hutu).

ii.La décolonisation libère les tensions interraciales

En amenant au pouvoir la majorité hutu, la démocratisation entraîne une bascule du pouvoir qui s’accompagne fatalement de tensions interethniques.

iii.Le nouveau pouvoir hutu est source de violence sur les tutsi

Dès 1959, différents épisodes de violence (on parlera même de guerre civile) amèneront des massacres de Tutsi et plusieurs vagues de fuites en masse vers les pays avoisinants [pour un total estimé à 500.000 Tutsi réfugiés]. [Notons qu’au Burundi, pays voisin présentant la même organisation sociale, des massacres de Hutu ont lieu en 1972 en représailles de leurs tentatives de renversement du pouvoir tutsi. Ceci alarme fortement la population hutu du Rwanda.]

iv.En 1973, le coup d’état d’Habyarimana change la donne

Bien qu’étant perçu comme un dictateur, le nouveau président Habyarimana a des principes et il n’est pas anti-tutsi. Grâce à lui ces derniers retrouvent une certaine légitimité, un accès, certes limité, aux établissements d’enseignement et surtout, une relative liberté de commercer et de s’enrichir. En 1990, alors que le Rwanda est plutôt bien vu de l’Occident et se prépare à passer au multipartisme, le problème lancinant des réfugiés rwandais resurgit...

 

Venons à présent aux principaux éléments mis en avant dans le documentaire de Teil & Blanrue  :

v.Tout commence le 1er octobre 1990…

...quand le FPR (Front Patriotique Rwandais) formé par les exilés tutsi envahit le Rwanda alors que le président Juvénal Habyarimana est en visite de travail aux Etats-Unis.

vi.Paul Kagamé est soutenu par les Etats-Unis

Le chef de la rébellion tutsi, Paul Kagamé, a été formé aux Etats-Unis, dans l’école de guerre de Fort Leavenworth, au Kansas. Il est parrainé par le président de l’Ouganda, Yoweri Museveni, qui lui assure des relations privilégiées avec les USA, la Grande-Bretagne etc.

 

vii.Un génocide est d’ores et déjà annoncé

Selon Péan, les rebelles tutsi avaient parfaitement compris comment fonctionnait la politique internationale : avant même le premier coup de feu, ils ont fait du lobbying auprès des associations de droits de l’homme et ONGs pour donner à croire qu’ils étaient victimes de génocide.

Le 28 janvier 1993, une coalition d’ONGs produit un pré-rapport qui accuse la France et le gouvernement rwandais de mener un politique de génocide, de purification ethnique, de crime contre l’humanité, etc. C’est donc dès le début, bien avant le déclenchement des massacres que le mot génocide est employé par les futures victimes et ceux qui, d’ores et déjà, les soutiennent en tant que telles.

Toujours selon Péan, Jean Carbonare, président de l’association Survie est un « pro » de la propagande qui, lors d’un interview sur Antenne 2, lancera très tôt l’idée que la France a tout à se reprocher alors qu’il est lui-même associé au FPR de Kagamé, ce dont, bien sûr, il ne dit mot.

viii.Les accords d’Arusha sont très favorables à la minorité tutsi

Le 4 août 1993 les accords d’Arusha établis entre, d’une part, le gouvernement rwandais et, d’autre part, le FPR — coaché par Joyce Leader, la déléguée étasunienne n°2 de l’ambassade US à Kigali — livrent 50% du pouvoir à la minorité tutsi et affaiblissent donc considérablement le pouvoir hutu d’Habyarimana.

ix.Mais les prochaines élections redonneront fatalement les pleins pouvoirs à la majorité hutue.

Aussi défavorables qu’ils soient, le président Habyarimana a accepté de signer ces accords car ils ne valent que jusqu’aux prochaines élections. Dans moins de deux ans, les Hutu, qui représentent 90% de la population, reprendront inévitablement le pouvoir.

x.Or, Paul Kagamé veut lui aussi l’intégralité du pouvoir.

Il ne peut donc se satisfaire de ce statu quo aussi favorable qu’il soit à la minorité tutsi car il n’est que provisoire. Kagamé se devait d’agir.

xi.L’attentat contre le président Habyarimana déclenche le génocide

Tout le monde s’accorde sur ce point : l’attentat du 6 avril 94 au cours duquel l’avion du président Habyarimana est abattu est le facteur déclenchant du génocide.

xii.Les associations (ONG) tentent de focaliser l’attention sur le génocide lui-même.

Tout se passe comme si les associations avaient tenté de faire passer l’attentat à l’arrière-plan pour porter exclusivement l’attention sur les massacres qui s’ensuivent. Semblant ainsi éluder la question clé qui est de savoir qui est à l’origine de l’attentat.

xiii.Kagamé serait le commanditaire

Le Colonel de la gendarmerie française, Michel Robardey, assistant technique de la police judiciaire du Rwanda jusqu’au retrait de la mission française en 1993, rappelle que, dans un interview de la BBC, Kagamé a déjà reconnu, au moins implicitement, qu’il avait tué Habyarimana.

En 1996, les Nations Unies lancent une enquête dirigée par l’avocat australien Michael Hourigan qui, la même année, livre des conclusions claires grâce aux témoignages très précis de trois anciens membres du FPR.

Ce serait une cellule interne au FPR appelée « le réseau » qui aurait mobilisé plusieurs équipes le 6 avril 1994 afin d’abattre l’avion du président rwandais.

Dès qu’il obtient ces informations, Michael Hourigan contacte la procureure du TPIR (Tribunal Pénal International du Rwanda), Louise Arbour.

Celle-ci accueille alors la nouvelle de manière très favorable et indique que cela confirme des éléments récemment obtenus par l’entremise de l’historienne spécialiste du Rwanda, Alison Des Forge, militante de Human Right Watch.

Mais quelques jours plus tard, lors d’une entrevue officielle à la Haye, où l’on demande en urgence à Michael Hourigan de se présenter, Louise Arbour conteste tout et, en particulier, le droit de Hourigan d’enquêter sur l’attentat lui-même. Elle demande alors la fermeture de l’enquête et elle-même n’en parlera plus jamais.

De manière remarquable, alors que l’enquête est un fiasco, les responsables, Louise Arbour, Madeleine Albright et Kofi Annan se voient tous promus.

On peut soupçonner là quelque chose d’autant plus important que, comme le dira plus tard au sujet de l’attentat la procureur du TPIR Carla del Ponte — qui elle aussi se verra interdite d’enquête et immédiatement débarquée pour avoir voulu enquêter sur les crimes commis par les Tutsi — : « si c'est Kagame et ses hommes qui ont abattu l'avion, il faudrait réviser toute l'histoire. » [5]

Même s’il semble plutôt incriminer le camp hutu, le récent rapport d’experts remis au juge Marc Trévidic en janvier dernier, ne résiste pas à l’analyse pour de multiples raisons explicitées tant par Michel Robardey dans ce fil de discussion ou par Bernard Lugan qui, sur son blog et dans son dernier livre Rwanda, un génocide en question (présenté ici) pointe des faiblesses rédhibitoires comme le fait que le point de lancement du missile retenu par les experts n’était pas alors un cimetière, comme actuellement, mais une bananeraie, ce qui est, bien sûr, invraisemblable.[6]

xiv.Le mobile du crime serait en fait les richesses du Congo voisin.

Telle est la conclusion que livrent à la fin du documentaire Pierre Péan et Michel Robardey, probablement en prélude à la deuxième partie qui devrait expliciter une thèse ici à peine suggérée.

Selon eux... :

  1. Washington voulait un changement de régime pour prendre position dans la région dite des Grands Lacs.
  2. Car les intérêts anglo-américains [l’Empire] voulai(en)t une porte d’accès aux richesses du Congo.
  3. Résultat : un génocide au Rwanda plus un autre de 6 à 12 millions de morts dans l’est du Congo pour de l’or, des diamants, des bois précieux, des métaux rares, etc.

xv.Kagamé serait un criminel de guerre sous protection étasunienne.

L’avocat Christopher Black [7] concluait en 2013 : « Kagamé est l’exemple d’un leader soutenu par les Etats-Unis dont les crimes restent impunis car il leur est utile et parce qu’ils sont impliqués dans ces crimes. Les procureurs du TPIR ont gâché 17 années à protéger Kagamé de sa responsabilité dans les crimes que lui et ses forces ont commis au Rwanda en 1994. Cela a eu pour conséquence la poursuite de ces crimes au Congo, plongeant la région des Grands Lacs dans le sang. »

 

* *

*

 

Avant de venir à une conclusion forcément provisoire, tentons de résumer la thèse exposée dans la vidéo « L’histoire truquée. » A cette fin, je ne vois rien de mieux que de citer l’article que Wikipédia consacre aux « Causes du génocide au Rwanda. ». Il s’y trouve un passage d’autant plus intéressant qu’il consiste en la mise à l’écart sans discussion et sans aucune source de ce qui est tenu pour un « fantasme » des conseillers de l’Elysée. Voici le passage en question :

« L'idée d'un complot flotte parmi les cercles parisiens. L'offensive du FPR ne serait que le début d'un plan plus vaste élaboré à Washington pour remodeler l'ensemble de l'Afrique de l'Est, à partir de l'Ouganda. Il s'agirait, une fois le pouvoir d'Habyarimana tombé, de créer un vaste empire anglophone qui rassemblerait, outre l'Ouganda, la province zaïroise du Kivu, le Rwanda et le Burundi, sous l'autorité du premier ministre ougandais, défenseur des Tutsis, et sous la férule des intérêts anglo-saxons. Ce fantasme aurait apparemment été défendu par plusieurs conseillers de l'Élysée sur la base d'un document produit par un groupe d'opposants ougandais. » Causes du génocide au Rwanda – Article Wikipédia »

Cet extrait constitue un bon résumé de la thèse à laquelle amène non seulement la vidéo de Tiel et Blanrue mais aussi une bonne part de la littérature « non alignée » sur la V.O. rwandaise.

Je ne vais pas discuter du bien-fondé de cette thèse ici car outre qu’elle me paraît basée sur des faits solides, mon intention est seulement d’explorer sa signification d’un point de vue anthropologique, sous le rapport de l’étonnante résurgence moderne du sacrificiel qui s’opère via ce que l’on pourrait appeler une ingénierie sociale [8] du « victimaire. »

Dans un article du Guardian de 2004 intitulé avec beaucoup de pertinence « Licence victimaire » (victim’s licence), le journaliste anglais Georges Monbiot a exposé cet aspect de la question avec une grande lucidité. En situant le génocide rwandais dans le contexte du (malheureusement toujours actuel) drame congolais il met en avant cette idée cardinale de la théorie girardienne qu’est l’immense pouvoir des victimes, ce pouvoir de « droit (quasi) divin » qu’elles ont d’accomplir les pires excès, les pires violences en toute impunité grâce à la compassion empreinte de culpabilité que suscite, précisément, leur statut de victime :

« On peut soutenir que rien ne met plus en danger la paix mondiale et les droits humains que le statut officiel de victime. Hitler a joué sur les griefs du peuple allemand vis-à-vis des réparations exigées d'eux après la première guerre mondiale ... Le gouvernement israélien insiste pour que toute personne qui critique son bilan des droits humains est "antisémite", et participe, en d'autres termes, à l'oppression des Juifs. George Bush affirme que, suite aux atrocités subies en 2001, l'Amérique a le droit de faire la guerre au terrorisme partout où elle veut. Nous ne devons jamais oublier les crimes épouvantables dont ils tirent leur pouvoir (licence). Mais si nous voulons vraiment assurer que ces crimes "ne se reproduisent plus", nous devons juger les gens sur ce qu'ils font plutôt que sur ce qu’ils sont. »

Aussi loin qu’aille Monbiot dans sa mise en cause du président rwandais Paul Kagamé [9], il ne va pas néanmoins jusqu’à envisager que ce dernier ait provoqué ou organisé le génocide en vue d’en tirer ensuite tous les bénéfices que confère le statut officiel de victime éternelle devant l’Histoire.

Ceux qui mettent en cause Kagamé en tant que commanditaire de l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion du président Habyarimana nous obligent toutefois à accomplir ce pas supplémentaire pour envisager qu’il ait pu délibérément rechercher les bénéfices du statut victimaire afin d’être en position de contrôler et de piller en toute impunité la riche région du Kivu en République du Congo comme semblaient l’entrevoir les conseillers de l’Elysée dans leur fantasme prémonitoire (cf. supra).

Dans cette hypothèse, nous nous voyons confrontés à deux possibilités :

  1. Soit le génocide rwandais a été pour Kagamé une forme de sacrifice consenti (et même en l’occurrence provoqué) (hypothèse dite LIHOP) afin de bénéficier du statut victimaire.
  2. Soit ledit sacrifice a été activement organisé (hypothèse MIHOP) via la « fabrication » méthodique et médiatique d’un bourreau sanguinaire, le hutu (qui, paradoxalement, deviendra le véritable bouc émissaire de l’opération en perdant le pouvoir dans un pays où il est majoritaire à 90%).

Il apparaîtra dans la suite de l’article que les faits plaident clairement en faveur de la seconde possibilité et nous l’étudierons alors sous l’angle sacrificiel de l’anthropologie girardienne.

Mais quoi qu’il en soit, nous n’échapperons pas au « diabolique » évoqué par Carla del Ponte lorsqu’avec « seulement » l’option 1 en tête, elle s’exclamait :

« Si, si c’était Kagamé qui avait descendu l’avion, c’était Kagamé le premier responsable du génocide des Hutu sur les Tutsi... Parce que s’il a fait ça, il l’a fait à dessein, n’est-ce pas ? Et moi je trouve ça vraiment une chose, vous savez... diabolique ! Mais naturellement le Diable existe (rires), donc on ne sait jamais... »

 

 

[1] Cf. encore dernièrement, le cas de l’intervention française au Mali dont on peut penser qu’elle a été réalisée avant tout pour sécuriser les intérêts d’Areva concernant les mines d’uranium présentes sur le territoire.

[2] Il est toujours bon de rappeler que la version officielle du 11 septembre EST elle-même conspirationniste, avec le grand méchant Ben Laden dans le rôle du meneur aux visées maléfiques.

[3] A ma connaissance, même René Girard n’y vient pas alors qu’il aborde régulièrement le registre du « victimaire » et que sa théorie sacrificielle est probablement la plus apte à rendre compte d’un tel mécanisme (cf. ma lettre à René Girard).

 

[4] Ce constat fourni le préambule du documentaire de Teil & Blanrue.

[5] In Charles Onana (2014), La France dans la terreur rwandaise, 4eme de couverture.

[6] Pour ma part, j’étais parvenu à cette même conclusion en constatant que l’essentiel de l’argumentation du rapport d’expert visait à montrer que l’avion avait été touché du côté gauche, ce qui permettait de conclure à un tir situé du côté du camp hutu de Kanombe alors que c’est le deuxième missile lancé qui a atteint l’avion et qu’on ne sait absolument rien de la trajectoire adoptée par le pilote après que le premier missile ait frôlé l’avion (vu que l’ONU a fait disparaître les boîtes noires, ainsi que le révèle Charles Onana dans son livre présenté ici). Mais de toute façon, le fait incontestable ici est que le rapport d’experts a tout simplement éludé cet aspect du problème alors que toutes les conclusions en dépendent. Difficile, dés lors, de ne pas soupçonner une tentative d’enfumage coïncidante avec un président français ostensiblement soumis aux intérêts des anglo-américains qui sont, justement, les protecteurs de Kagamé.

[7] Qui fut associé à Jacques Vergès dans la défense de Slobodan Milosevic et qui a notamment contesté la légitimité du TPIR.

 

[8] Concept dont Lucien Cerise a amplement montré l’actualité et la pertinence dans son livre « Gouverner par le chaos  ».

[9] « Un des plus sanglants criminels de guerre du monde » (one of the world’s bloodiest war criminals).



49 réactions


  • Le p’tit Charles 15 janvier 2015 12:03

    En Afrique..les clans se font la guerre depuis le début de l’humanité..
    J’ai le souvenir des images (supprimées depuis...) des soldats Français qui regardaient les massacres sans intervenir...Vous avez dit bizarre.. ?


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 15 janvier 2015 12:21

      Sur Terre, les individus, les familles, les clans, les groupes, les peuples, les nations, les empires et même les générations se font la guerre depuis le début de l’humanité.

      Pour que cela cesse, il faut accepter de faire l’effort de comprendre, donc de s’informer véritablement pour aller au-delà de la désinformation qui, elle vient à nous sans effort.

      Je ne vois pas de quelles images vous parlez mais je ne suis pas un spécialiste de l’histoire du Rwanda.
      Pour ce que je crois savoir, les soldats qui n’ont pas bougé au Rwanda étaient sous commandement international et je ne pense pas qu’ils étaient français.

      Quoique tardivement, les français eux sont intervenus et ils ont empêché le FPR d’exercer des représailles sur les populations hutu.
      On le leur a reproché.
      Vous avez dit bizarre ?
      Tiens comme c’est bizarre.


    • Le p’tit Charles 15 janvier 2015 12:55

      Vous faîtes une réécriture de l’histoire...mais ne vous offusquez pas...il y en a d’autres...
      Comme c’est bizarre en effet...


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 15 janvier 2015 13:00

      Non, je ne fais pas de réécriture de l’histoire car j’ai joué profil bas en indiquant bien ne pas être un spécialiste et ne faire état que de ce que je crois savoir.

      Puisque vous semblez tellement assuré des « images » que vous avez vues (il y a vingt ans), eh bien apportez-nous quelques preuves du non interventionnisme français et on en reparlera...


    • Le p’tit Charles 15 janvier 2015 13:42

      Un peu d’histoire...La France, entre 1990 et 1994 a apporté un soutien militaire, financier et diplomatique au gouvernement Habyarimana, avant et pendant1 le génocide au Rwanda déclenché par l’assassinat du Président Habyarimana. L’ampleur de ce soutien et son impact sur le génocide font l’objet de vives controverses, en particulier entre les gouvernements français et rwandais. Le gouvernement français a jusqu’à présent rejeté toute responsabilité dans le génocide, tout en admettant à partir de novembre 2007 que des « erreurs politiques »2 avaient pu être commises, qui ont empêché de prévenir ou d’arrêter le génocide. Plusieurs rapports indépendants et des travaux de recherche universitaires ont permis de préciser le rôle joué par la France durant cette période. Mais les résultats sont également contradictoires, voire antagonistes en raison de la politisation de cette question et du militantisme de certains des auteurs en faveur de thèses variées...Pendant le génocide la France a livré des armes qui ont servi aux massacres
      L’aveu d’Hubert Védrine qui veut faire ignorer, « de bonne foi » par les naïfs (aussi intelligents que lui s’ils se soumettent à son avis), des faits concrets pourtant accablants et largement documentés....Extraits édifiants de l’aveu confrontés aux reportages télé de l’époque :..« La France a livré des armes à l’armée rwandaise à partir de 1990 pour lui permettre de tenir le choc face aux attaques du FPR et de l’armée ougandaise. Elle considérait qu’il fallait bloquer l’offensive militaire pour imposer un compromis politique. Sans cela, elle n’aurait disposé d’aucun levier pour engager la négociation des accords d’Arusha. Cela n’a donc pas de sens de dénoncer ces livraisons d’armes sur un ton outragé, ni de les présenter comme une politique conduite en sous-main. Personne ne les a jamais niées ! Quoi qu’il en soit, les armes fournies à l’armée rwandaise n’ont pas servi au génocide. Même les détracteurs les plus virulents de la France n’ont pas osé affirmer cela. »...Assemblée Nationale compte rendu N° 44 de la commission de la Défense Nationale..16 avril 2014...Ces faits représentent un des éléments de la complicité aggravée de l’Etat français dans le génocide des Tutsi. Il apparaît donc, une fois de plus, que les représentants du peuple tentent de protéger l’Etat français contre l’information correcte de ses citoyens et contre la justice française et internationale. Cela s’appelle une confiscation du pouvoir, ce que Mitterand appelait « le coup d’État permanent »....


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 15 janvier 2015 15:00

      Il y a les faits et il y a les interprétations.

      Vous apportez des éléments qui n’ont rien à voir avec votre précédente affirmation (non intervention de soldats français face à des massacres de population) mais qui peuvent être discutés bien qu’ils soient tendancieux puisque vous ne mettez les projecteurs que sur la France et pas sur d’autres pays pourtant concernés directement.

      En effet, on doit aussi se demander qui a financé et armé le FPR pour sa conquête du pouvoir ? Comment se fait-il que ceux qui ont financé et armé le FPR (les intérêts anglosaxons) se soient gardés de lever le petit doigt quand le génocide a commencé ?

      A partir d’une focalisation étroite, vous livrez des interprétations et des conclusions qui vont bien au-delà de ce que vous pouvez dire et qui surtout font comme si les explications fournies par les différents rapports parlementaires et autres n’avaient jamais existé.

      Commencez par montrer que ces explications sont mensongères ou fallacieuses avant de conclure qu’il y a tentative de désinformation.

      Bien qu’elle n’ait pas eu d’accord de défense avec le Rwanda, la France a, en effet, aidé, un pays qui se faisait agresser militairement à partir d’un pays étranger. Les Forces Armées Rwandaises étaient mal équipées, mal préparées, rien de plus normal VU QUE IL N’Y AVAIT PAS ALORS ET IL N’Y A JAMAIS EU DE PREPARATIFS POUR UN GENOCIDE TUTSI de la part des autorités hutu, ainsi que le rappelle Bernard Lugan qui a longtemps été expert pour le TPIR. C’est la grande conclusion de ces années de travail judiciaire. Aucun élément factuel n’est apparu qui allait dans ce sens, donc la plupart des accusations sont tombées.

      Autrement dit, tout a démarré après le 6 avril et la France n’était plus là depuis un bout de temps. Donc si vous cherchez des coupables d’immobilisme, regardez plutôt du côté de l’ONU et de ses instances associées.


    • Le p’tit Charles 15 janvier 2015 15:43

      Les faits.....« Assemblée Nationale compte rendu N° 44 de la commission de la Défense Nationale..16 avril 2014. »...Vous mettez en doute la commission.. ?
      Vous êtes un bouffon de plus qui raconte n’importe quoi... !


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 15 janvier 2015 17:13

      Il semble que vous n’ayez pas su me lire.
      Je ne contestais pas les faits bien au contraire, seulement vos interprétations.
      Vous jouez les victimes.
      Libre à vous, c’est un bon endroit ici car tout tourne autour de ça ! smiley


  • philouie 15 janvier 2015 12:25

    Bonjour Luc Laurent,

    Est-il possible d’avoir une lecture girardienne des attentats de ce jour.
    J’ai proposé que nous sommes face à un « crime rituel ».
    qu’en pensez-vous ?


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 15 janvier 2015 12:32

      Bonjour Philouie,

      J’hésite quelque peu à tirer ce fil qui débute à peine du côté de Charlie Hebdo.
      Dans la seconde partie de l’article, j’aurai l’occasion de traiter du terrorisme.
      Ce sera, je pense un meilleur contexte.

      Mais bon, puisque vous y êtes, dite-moi déjà, qu’entendez-vous par « crime rituel » ? Une vengeance ?


  • philouie 15 janvier 2015 12:42

    je parle de ça


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 15 janvier 2015 12:56

      Ah oui, je comprends !

      Dans la mesure où ces accusations visaient alors à propager l’idée que les populations juives avaient dans leur représentations et leurs croyances des raisons de pratiquer le meurtre rituel et que, partant, avec de telles dispositions, elles ne pouvaient être que dangereuses et devaient donc être ostracisées, il me paraît très clair que nous sommes actuellement dans une situation semblable vis-à-vis des populations musulmanes.

      Il me semble que l’on peut en effet reconnaître une construction sociale (cad mimétique et donc médiatique) d’un danger musulman qui est destiné à légitimer d’éventuelles agressions ultérieures en dépit des appels à ne pas faire d’amalgames.

      René Girard a un mot et une théorie pour ça qui l’ont rendu fameux : « bouc émissaire ».

      Dans ce genre de situation, comme j’y insiste dans l’article, il importe de ne pas s’arrêter à la surface des choses et de toujours de se demander « à qui profite le crime ? »


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 15 janvier 2015 13:11

      Une précision me paraît nécessaire.
      Dans la théorie du bouc émissaire une idée clé est que les accusations sont mythiques.
      Mais cela ne veut pas dire qu’elles ont été simplement « hallucinées ».
      Les accusations s’appuient toujours sur des faits qui sont interprétés tendancieusement dans le sens du mythe qu’ils contribuent ainsi à étayer petit à petit.

      La réalité du terrorisme islamique est peu contestable.
      Mais reste à savoir qui en tire les ficelles.
      Selon l’ex-député européen Guiletto Chiesa, c’est la CIA qui en est à l’origine.
      La question est dans quel but ? Pour le bénéfice de qui ?


    • philouie 15 janvier 2015 13:16

      Oui.
      Et il faut ajouter à cela que l’accusassions « les juifs mangent les enfants », n’étaient jamais une accusation se basant sur des on-dits mais sur des faits : dans le crime rituel , il y a un meurtre réel, généralement d’un enfant, (un enfant parce que la victime sacrifiée est « innocente » ) dont on fait porter la responsabilité de la mort sur les juifs.
       
      et il y a aussi les aveux des juifs accusés (comme ici, d’abondant aveux). Toujours.
       
      ça veut dire que le pogrom est justifié par des faits.
       
      Seulement ces « faits » ne sont pas des faits, mais une interprétation de la réalité. Le véritable auteur du crime n’est pas connu. les aveux sont extorqués.
       
      Ainsi, dans le crime rituel il y a toujours deux victimes (deux boucs du lévitique)
      la victime sacrifiée et sanctifiée (Charlie Hebdo)
      le bouc émissaire le coupable désigné à la vindicte les musulmans)

      Voyez ce que disais Tellurien (c.155
      - c. 235) :

      "Parlerai-je des deux boucs offerts par la loi mosaïque dans le jeûne public ? Ne représentent-ils pas aussi le double aspect du Christ ? [...] L’un des deux boucs, environné d’écarlate, chargé de malédictions, couvert d’ignominies, insulté, frappé, maltraité par tout le peuple, était chassé hors de la ville et envoyé à la mort, portant ainsi les caractères manifestes de la passion de notre Seigneur, qui, après avoir été revêtu d’écarlate, après avoir subi les opprobres et les malédictions de tous, fut crucifié hors de la ville. [...] Le second, au contraire, éclatant de lumière et digne d’un Dieu [...]« (Adversus Iudaeos, XIV)

       


    • philouie 15 janvier 2015 13:17

      Les accusations s’appuient toujours sur des faits qui sont interprétés tendancieusement dans le sens du mythe qu’ils contribuent ainsi à étayer petit à petit.

      je n’avais pas lu, nous sommes donc d’accord.


    • kalachnikov lermontov 15 janvier 2015 14:04

      @ LLS

      Si tu as le temps et l’énergie, ça serait bien que tu écrives un article sur le sujet pour éclairer selon cet angle. 


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 15 janvier 2015 14:30

      @ Philouie

      Je pense qu’en effet il faut continuer à regarder de ce côté. L’aspect double du bouc émissaire a été, me semble-t-il, peu ou pas exploré par René Girard et je pense que nous n’en avons pas épuisé la signification et de loin.

      J’y ai déjà fait référence, je crois dans ma Lettre à René Girard sous le rapport du 11 septembre mais je sens que je ne suis pas allé au bout.
      Quoi qu’il en soit, si l’on veut installer l’analogie sacrificielle de manière crédible, il importe aussi d’indiquer qui est censé être le sacrificateur et qui est censé être l’instrument « manipulé »...


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 15 janvier 2015 14:38

      @ Lermontov

      Merci pour la suggestion mais que l’on se comprenne bien : il s’agit du sujet Charlie Hebdo sous l’angle sacrificiel, c’est cela ?

      Sûr que le thème est intéressant mais il faudrait que je sente que je peux faire un apport significatif. Pour le moment je n’y ai pas suffisamment réfléchi.

       Et surtout j’ai une énorme liste de todos, dont la suite sur le génocide rwandais.

      Mais pourquoi pas ?


    • philouie 15 janvier 2015 15:20

      Quoi qu’il en soit, si l’on veut installer l’analogie sacrificielle de manière crédible, il importe aussi d’indiquer qui est censé être le sacrificateur et qui est censé être l’instrument « manipulé »..

      qui est censé être l’instrument « manipulé » ? C’est à l’évidence les Français.
       
      D’ailleurs, chez Girard, la crise mimétique, qui se résout dans le sacrifice, conduit à la réunion du corps social en passe de dislocation. ce que nous avons pu voir à l’envie ces derniers jours, libération titrant même « nous sommes un peuple ».
       
      qui est sensé être le sacrificateur ? Je n’en sais rien, il y a des pistes et certaines sont sans doute à trouver en France. Quoiqu’il en soit, j’ai l’impression que dans ce genre d’affaire, jamais le véritable auteur n’est démasqué. le propre de ce genre de crime est qu’il désigne un coupable qui permet que l’on regarde ailleurs.
       
      je crois également qu’il y a un désir chez les gens qui fait que la manipulation marche : il ne s’agit pas de convaincre, il s’agit de donner des preuves à ceux qui sont déjà convaincu.
       
      Sur un plan plus général, je suis maintenant persuadé que ces questions là tournent autour de la question alimentaire et du sevrage : ce n’est pas pour rien qu’on dit des juifs qu’ils mangent les enfants ou de l’étranger qu’ils mangent le pain des français, ou encore que la tête de Jean Baptiste est présenté sur plateau victuaille. Voir aussi saturne qui dévore ses enfants.
       
      une société qui se fonde sur le droit à la jouissance finit dans le crime.


    • kalachnikov lermontov 15 janvier 2015 15:27

      @ LLS

      Je prêche un peu pour ma paroisse, en fait, car je pense qu’il y a une dimension occulte, mystérieuse derrière les évènements. La Providence est trop présente dans cette histoire, à de multiples endroits, pour que ce soit hasardeux. Et donc comprendre ce qui est mû permettrait peut-être de comprendre ’pour quoi’ et le cas échéant ’qui’. (je ne sais si je me fais bien entendre ; un peu come au théâtre, un rgard sur la machinerie, ce qui peut-être est en jeu derrière la scène)

      Hors cela, c’est toujours agréable d’accroître ses connaissances.


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 15 janvier 2015 18:25

      Oui, je suis d’accord.
       
      L’instrument « manipulé » c’est bien les français censés opérer une prise de conscience de la présence d’un « corps étranger » qu’ils se refuseront de tenter d’assimiler et vis-à-vis duquel ils se sentiront en droit d’exercer une violence destinée à l’expulser.
       
      Bref, c’est une guerre civile façon choc des civilisations qui semble ici fomentée par... ceux à qui le crime profitera et qu’on peut désigner « à la louche » comme l’élite de l’Empire qui vise à l’établissement d’un Nouvel Ordre Mondial, cad, un « gouvernement mondial » qui viendra après la guerre ou à la place de la guerre.
       
      Le bon peuple est un troupeau qui, j’en ai peur, va connaître bien des tribulations avant de retrouver la paix car il suit des loups qui lui ont montré « patte blanche » et c’est une erreur fatale


    • philouie 15 janvier 2015 18:37

      Il va y avoir de la casse, mais ce que nous enseigne la Bible, c’est qu’à la fin, c’est le juste qui gagne.
       
      D’un point de vue religieux, ils ont déjà perdu.


  • cathy30 cathy30 15 janvier 2015 13:16

    Je conseille à tous les chefs d’Etat blanc de ne pas se faire photographier avec des chefs d’Etat noir, cela pourrait être douteux.

    Et ensuite les noirs ne peuvent pas être racistes, puisqu’ils sont noirs smiley

  • Hervé Hum Hervé Hum 15 janvier 2015 16:20

    C’est intéressant ce que vous écrivez.
     
    toutefois, il me semble que vous n’évitez pas l’amalgame et ce, malgré le fait que votre article porte dessus.

    Vous écrivez la chose suivante « le sacrifice de soi délibéré sous les coups d’un bourreau qu’on aura soi‑même fabriqué »

    Je ne considère pas que sacrifier quelqu’un d’autre que soi même peut s’appeler « sacrifice de soi ». Certes, vous le considérez sous l’angle d’un peuple, mais même là, on ne peut parler du sacrifice de soi, sinon d’une partie d’un peuple au profit d’une élite. Chose qui est la règle des sociétés depuis la colonisation de la terre. Qu’ils soient sacrifié sur le champ de bataille ou dans les mines à charbon.

    Ce que vous écrivez, consiste à admettre l’idée qu’une personne puisse réclamer la propriété d’un peuple entier. Dans ce cas là, le mot sacrifice est impropre et tend à cacher la réalité toute cru qu’est celle de l’exploitation d’une population pour son profit personnel.

    Comprendre que dans le rite sacrificiel moderne, le sacrifié est considéré comme quantité négligeable, elle sert bien à permettre au sacrificateur de tirer profit du sacrifice. Qui n’est autre que l’exploitation d’autrui où la mort est l’exploitation ultime.

    On ne peut en aucune manière parler de « sacrifice de soi délibéré », c’est un insulte à la dignité humaine, mais de l’exploitation pure et dure de la vie d’autrui.

    Ce qui nous fait retomber systématiquement dans la lutte entre l’exploiteur et l’exploité.


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 15 janvier 2015 18:10

      @ Hervé Hum
       
      Merci de pointer une problématique d’une extrême importance vis-à-vis de laquelle, je le reconnais, je n’ai fait aucun effort de clarification dans cet article tant elle est délicate.
       
      Il me semble toutefois que vous n’avez pas choisi une citation adaptée à cet effet car celle que vous avez retenue traite de la fabrication du bourreau (vis-à-vis de laquelle Philouie vous répond fort à propos) alors que vous vouliez visiblement évoquer la question de savoir ce que l’on peut et doit appeler « soi ».
       
      Sans doute vous savez déjà que le soi est une notion extensive qui ne s’arrête pas à l’enveloppe corporelle et peut comprendre tout ce qu’une personne possède.
       
      C’est ce que William James appelait le soi matériel, qui fait partie de nous car notre organisation psychologique s’articule autour de lui. Il comprend tout ce que l’on peut considérer étant nôtre, que cela soit une chose animée (ma famille) ou inanimée (ma voiture, ma maison, etc.).
       
      Ainsi quelqu’un peut être dans le sacrifice de soi dès qu’il sacrifie quelque chose qu’il considère faire partie de lui-même, comme par exemple, la chair de sa chair, ses enfants, ou l’être avec qui il vit (qu’il a dans la peau) ou une chose à laquelle il s’est attaché au point qu’il vivrait sa destruction comme étant la destruction d’une partie de lui.
       
      Dans tous les cas, de celui qui, consent délibérément à perdre un être ou une chose faisant partie de lui pour une cause ou des valeurs qu’il juge supérieures (comme par exemple le bien de l’humanité), on peut légitimement dire qu’il « s’est sacrifié » alors même qu’il est toujours en vie.
       
      Quand Abraham se dispose à sacrifier Isaac, il sacrifie une grande part de lui-même, ce qu’il a de plus précieux au monde.
       
      Je comprends que logiquement, numériquement pourrait-on dire, Abraham n’est pas Isaac, mais c’est une logique comptable qu’il est facile d’invalider car si vous reprennez la situation de manipulation perverse évoquée par Philouie, quand vous harcelez quelqu’un jusqu’à ce qu’il vous agresse d’une manière ou d’une autre, cela colle à la définition du sacrifice de soi puisque c’est bien vous qui prenez des coups (seraient-ils seulement verbaux) sauf que c’est seulement une partie de votre « soi » qui, là encore, est atteinte ou endommagée (le soi physique si la personne vous frappe ou le soi social, si la personne porte atteinte à votre image, honneur, etc.). .
       
      Donc voilà, les catégories de pensée n’ont jamais rien d’absolu et c’est précisément pourquoi il existe par exemple des anti-spécistes qui considèrent que les animaux sont « comme nous » des êtres vivants qu’il importe de respecter comme nous-mêmes et vis-à-vis desquels il serait inhumain d’appliquer le distinguo habituel animal/autre.
       
      Le distinguo soi/autre est tout relatif et c’est justement ce qui se manifeste dans les mécanismes empathiques où nous nous mettons à la place de l’autre et réciproquement.
       
      Ceci dit, je ne nie pas du tout la nécessité de bien faire le distinguo entre celui qui sacrifie la vie de son enfant et celui qui sacrifie sa propre vie.
       
      Il est très clair que le premier sacrifice est « archaïque » autant que diabolique alors que le second est moderne et en fait proprement « christique ».
       
      Un des plus graves problèmes que nous avons dans ce monde tient à la survivance de la première forme, et le drame rwandais en est l’illustration.
       
      Cette survivance est justement liée à cette manière « compréhensive » de juger des limites de sorte qu’un personne appartenant à un groupe exterminé nous apparaît incarner la victime parfaite car nous l’associons inévitablement avec ses compagnons disparus alors même qu’elle est bien vivante.
       
      Partant, nous lui conférons un statut et un pouvoir qui pourrait être parfaitement illégitime et même diabolique s’il s’avérait qu’elle avait pu contribuer de quelque manière à l’extermination de ses semblables.
       
      Je reprendrai cette question dans la deuxième partie et même si je ne pourrai toujours pas la traiter explicitement, j’essaierai néanmoins de clarifier les choses au maximum.


    • philouie 15 janvier 2015 18:30

      Cette survivance est justement liée à cette manière « compréhensive » de juger des limites de sorte qu’un personne appartenant à un groupe exterminé nous apparaît incarner la victime parfaite car nous l’associons inévitablement avec ses compagnons disparus alors même qu’elle est bien vivante.

      La pensée génocidaire est une pensée qui n’a pas accédée au « moi » et au « toi » et reste cantonnée dans le « nous » et le « eux ».
      ça pose un problème d’identification qu’il est difficile de surmonter, aussi bien selon qu’on regarde la victime que le bourreau.
      par exemple dans l’attentat, c’est le processus mental qui fait passer de « un terroriste musulman » aux « musulmans terroristes ». ainsi que « Il a été tué donc nous sommes attaqués. »
      Je pense qu’alors, le processus d’individuation qui va l’état fusionnel du nourrisson à l’individu autonome, n’est pas achevé. Ce processus d’individuation, c’est ce que j’ai appelé précédemment « le sevrage », qui doit aussi être psychologique. c’est la castration symbolique qui ne coupe pas la bite mais sépare de la mère.


    • philouie 15 janvier 2015 18:33

      avec mes gros sabots ....


    • Hervé Hum Hervé Hum 15 janvier 2015 21:30

      J’attendrai alors la seconde partie.

      Juste deux choses, la première quand vous écrivez « Le distinguo soi/autre est tout relatif ». Pour ma part, je partage l’idée que le relatif est la forme de ce distinguo, le fond étant relationnelle !

      Le relatif distingue les choses entres elles, le relationnel, les êtres.

      Le relatif, c’est de dire « mon pays » en tant qu’entité matérielle, physique qu’est la terre. Le relationnel étant la culture. Or, vous pouvez constater que les frontières ne peuvent pas beaucoup bouger, contrairement à la culture. C’est la même chose que de parler de « soi physique » et de « soi social », mais vous faites ici l’impasse sur un détail essentiel, c’est que le soi social est partagé entre tous, tandis que le soi physique est unique à chacun. 

      La deuxième chose est que le cas présenté par vous ici, ne relève pas du sacrifice pour le « bien de l’humanité », mais du bien, mal acquis. D’ailleurs vous noterez que ceux qui se sacrifient pour le bien de l’humanité, risquent très rarement la vie d’autrui, les autres toujours !


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 16 janvier 2015 17:28

      Ah désolé, j’ai des diffiultés à vous suivre.
      Relatif et relationnel ne peuvent pour moi se superposer à choses et êtres, ni à figure et fond
      D’abord parce que les choses sont des êtres... inanimés.
      Ensuite parce que le relatif figure (forme) et le relationnel fond, ça n’évoque rien pour moi.
      Je n’arrive pas à vous suivre dans votre exemple, en particulier parce que vous l’interprétez à contre-courant de l’évidence.
      Les Empires ont souvent changé allègrement les frontières mais ils ont généralement laissé les cultures intactes car rien n’est plus difficile que de casser le « gâteau de la coutume » (cake of custom) comme disait Walter Bagehot en pointant là ce que nous connaissons tous comme la difficulté du changement d’habitudes que la dimension sociale ne fait que décupler.
      Mais est-ce essentiel pour notre discussion ? Je ne le crois pas
       
      Il est très clair que le sacrifice des Tutsi par ceux qui sont ses actuels dirigeants n’a pas été accompli pour le bien de l’humanité. Mais ce n’est pas la question.
      La question c’est Kagamé pouvait-il compter bénéficier des avantages du statut victimaire après le génocide d’une bonne part de son peuple. La réponse est oui, absolument.
      Ainsi vont les choses en ce bas monde et pour les changer, il importe de comprendre ce mécanisme diabolique.
      J’espère réussir à être clair dans la seconde partie. En tout cas, merci encore de m’avoir poussé à éclaircir les choses sur ce point délicat.


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 16 janvier 2015 17:34

      @ Philouie

      Oui, nous sommes bien dans une problématique d’individuation, de distinction soi/autre. Mais celle-ci n’est jamais absolue et ne peut l’être car la forme élémentaire de la cognition est l’assimilation qui fonctionne par « air de famille ».
      Ce qui se ressemble est assemblé en un tout, une unité. C’est une des lois de la perception énoncées par les Gestaltistes et, à ma connaissance, elle n’a jamais infirmée depuis.


  • philouie 15 janvier 2015 16:44

    le sacrifice de soi délibéré sous les coups d’un bourreau qu’on aura soi‑même fabriqué.

    Il s’agit d’un vieux procédé de cours d’école.
    on titille, on titille, tout à coup on prend une baffe, et alors on s’écrit « maitresse, maitresse, il m’a frappé »
    on peut également faire cette lecture des attentats CH.


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 15 janvier 2015 18:12

      Oui, tout à fait, c’est un procédé vieux comme le monde et parfaitement actuel dans la mesure où l’essentiel de ce qui est connu en tant que terrorisme peut s’y rapporter.


    • lsga lsga 15 janvier 2015 19:36

      la religion est incompatible avec la démocratie.
      exemple : le Christianisme en France est mort depuis que la France est devenue démocratique.

       
      Le Fascisme au 20ème siècle aura été une tentative aussi désespérée que stupide de sauver la religion chrétienne de sa destinée : mourir.
       
      L’Islam est en train de reculer vitesse grand V dans les pays arabes et les pays du Maghreb. Merci qui ? Merci le Capitalisme. 

    • lsga lsga 15 janvier 2015 19:52

      mais qu’est-ce ce commentaire fait là ? désolé, une erreur de ma part...


  • Minoo B. Minoo B. 16 janvier 2015 11:53

    Du négationnisme à deux balles ! Un grand blabla pour du grand n’importe quoi.... Je ne me suis jamais autant ennuyée en lisant un article.


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 16 janvier 2015 13:29

      Du commentaire à deux balles. Un petit blabla paresseux fait d’anathème gratuit.
      Je suis sûr que vous faire mieux.
      Allez, faite un petit effort... smiley
      Que diriez-vous de tenter de justifier l’accusation de négationnisme ?
      Je ne vois vraiment pas de quoi vous voulez parler dès lors que j’emploie bien et sans hésitation le terme de génocide.


  • MUSAVULI MUSAVULI 16 janvier 2015 14:57

    Merci Luc-Laurent Salvador pour cet article qui contribue à l’indispensable travail d’information sur ce qui s’est réellement passé au Rwanda. Nous devons ce travail de vérité à toutes les victimes rwandaises (hutues comme tutsies et twa). L’histoire officielle du génocide rwandais est tronquée. Elle a été rédigée pour légitimer la prise du pouvoir au Rwandais et sa conservation par Paul Kagame. Il le fallait pour épargner au dictateur rwandais les critiques sur la guerre de pillage et de massacre que ses parrains anglo-américains l’avaient chargé de mener au Congo. Les mystères de la guerre du Rwanda sont maintenant élucidés. J’ai affirmé dans un de mes articles, qu’Il faudra réécrire l’histoire officielle du génocide rwandaisJe maintiens ma position. 


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 16 janvier 2015 17:58

      Je suis heureux que vous appréciez mes efforts pour (je suis bien d’accord avec vous l’obligation morale qui nous incombe) témoigner de la vérité du mieux que je peux au nom des victimes de cette tragédie.
      vous avez sous ce rapport réalisé un excellent article qui résume bien la tragédie et je regrette de ne l’avoir lu que maintenant.
       
      Ceci étant dit, je n’ai pas votre optimisme. Je ne crois pas qu’une journaliste courageux changera la donne. Les journalistes courageux se retrouvent très vite au chômage. Donc nous n’avons essentiellement en Occident que des bavards, des tambours, des caisses de résonance qui jamais ne raisonnent.
       
      Mon sentiment est que la vérité n’émergera que si les Congolais pouvaient se rassembler en nombre suffisant pour demander des comptes à l’Occident à partir de la position victimaire qu’ils peuvent légitimement occuper aux yeux de l’opinion internationale. Mais comment l’atteindre avec tous ces médias sous contrôle, telle est la question.
       
      Après cette percée congolaise, j’imagine que l’idéal pour le Rwanda serait une commission Vérité et Réconciliation au cours de laquelle la vérité pourrait être partagée et les victimes tutsi et hutu enfin reconnues car, pour le moment, c’est une chape de plomb qui pèse sur les représentations collectives au Rwanda.


    • MUSAVULI MUSAVULI 17 janvier 2015 10:27

      « Mon sentiment est que la vérité n’émergera que si les Congolais pouvaient se rassembler en nombre suffisant pour demander des comptes à l’Occident à partir de la position victimaire qu’ils peuvent légitimement occuper aux yeux de l’opinion internationale ». Luc-Laurent Salvador, les Congolais n’ont pas le choix et, pour votre information, ils font ce qu’ils peuvent pour faire entendre leur cause. D’un autre côté, Kagame a de moins en moins de ressources pour acheter le silence/complaisance des médias et la fidélité de ses proches. Il y a donc des journalistes qui ont commencé, timidement je l’avoue, à s’exprimer sur ce qui s’est passé au Rwanda. Parallèlement, de plus en plus d’anciens fidèles de Kagame fuient le régime et renforcent l’opposition rwandaise. Bref, quel que soit le poids de la chape de plomb, la vérité sur les crimes de Kagame et ses parrains anglo-américains, au Rwanda et au Congo, finira par éclater au grand jour. 


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 17 janvier 2015 17:29

      J’aime bien votre optimisme. J’aurais envie d’y croire.
      Mais ne pensez-vous pas que tant que Kagamé est au pouvoir, la population rwandaise restera sous la chape de plomb ?
      N’y a-t-il un délit de négationnisme pour museler les récalcitrants ?
      Voyez-vous une opposition se saisir des éclairages de journalistes courageux ?
      J’en doute.
      A l’international, tout ceux qui soutenu Kagamé (ou leur amis qui sont au pouvoir) n’ont aucun intérêt à reconnaître qu’ils se sont trompés ou qu’ils ont collaboré à un triple génocide, car au fond, c’est bien de cela dont il s’agit non ?
      Partant, la presse occidentale étant cela qu’elle est, essentiellement alignée sur les visées de l’Empire (il n’est que de voir les réactions à la vidéo de la BBC), il est douteux que le grand public prenne connaissance de ce qui se trame sans un mouvement populaire de grande ampleur.
      Comme il ne pourra probablement pas émerger au Rwanda, j’ai la naïveté d’imaginer que cela serait peut-être possible au Congo, vu que eux souffrent encore le martyre et ne sont pas près d’en sortir.

      J’ai envie de penser que c’est de là que pourrait venir le changement. Mais je sais que ce n’est qu’un espoir bien fragile. Je sais que des congolais courageux se battent pour faire connaître leur cause (sur Meta TV notamment) mais le changement ne vient pas de l’information, il vient de la mobilisation dans un rassemblement. Il faut un consensus, donc un mouvement populaire.

      Mais bon, je ne connais pas suffisamment la réalité congolaise pour juger de la situation sous ce rapport. Ce que je dis est une pure conjecture de ma part.


  • Emmanuel Cattier 19 janvier 2015 00:46

    Avant de présenter de grandes révisions personnelles magiques... comme on présente un argumentaire pour perdre du poids du docteur Machin, il faudrait aller voir les documents de près :

    Communiqué de la Commission d’enquête citoyenne du 4 février 2009

    A propos des archives de l’Elysée et quelques archives publiées et des liens vers des sites qui en ont publié d’autres

    Un très grand nombre de rapports internationaux sur le Rwanda (une liste considérable de liens )

    IL ne suffit pas de voir une vidéo pour se faire une idée des choses, il faut en voir 10, 100 comme je le fais depuis 20 ans.

    Emmanuel Cattier


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 19 janvier 2015 02:38

      Peut-être ne l’ai-je pas fait suffisamment apparaître, mais j’ai beaucoup lu sur le Rwanda puisque dès 1994 j’ai soupçonné (avec Maintenant) qu’on nous cachait des choses et j’ai notamment lu nombre d’auteurs de la mouvance Survie.

      Mais tout ça n’a pas résisté à l’évidence des éléments dont je dispose à présent (car j’ai lu au-delà de la vidéo, bien sûr).

      Ma visée ici n’est pas de faire une démonstration. C’est une réflexion sur la stratégie mise en oeuvre par Kagamé et ses soutiens anglo-étasuniens pour arriver à leurs fins. Je tiens celle-ci pour un « fait » et je me contente de la décrire et non de la démontrer.

      Si vous voulez une démonstration, lisez les bons auteurs que je cite et les rapports internationaux sur les exactions de Kagamé au Congo et demandez-vous pourquoi on peut le présenter comme le plus grand criminel de guerre au pouvoir actuellement.

      Enfin, merci de m’épargner les allusions révisionnistes, c’est ridicule car je pourrais vous renvoyer la balle aussitôt étant donné la visée première de la CEC était précisément de réviser l’histoire officielle telle que racontée par la commission parlementaire...


  • Emmanuel Cattier 19 janvier 2015 07:34

    Donc quand on vous parle de la CEC et de l’implication de la France dans le génocide des Tutsi, vous vous précipitez rapidement vers le Congo et ce qui s’est passé après l’opération Turquoise. Mais c’était après et cela ne peut pas expliquer ce qui s’est passé avant. La CEC ne parle que de ce qui s’est passé en relation avec le génocide des Tutsi, avant, pendant et après.

    Mais si je vous suis, en sortant de l’objet de notre commission, il ne vous a pas échappé que le rapport Mapping n’a fait aucun compte du nombre de victimes des 600 « exactions » commises entre 1993 et 2003 en République démocratique du Congo... contrairement à ce qu’on rabâche dans les forums et de nombreux articles ou reportages. Allez vérifier dans le texte du rapport (et même du pré-rapport fuité) et ses notes et vous verrez.


  • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 19 janvier 2015 07:39

    Donc vous quand on vous parle du Congo et de son génocide de 6 à 12 millions de morts, vous vous hâtez de rester le nez collé sur les éventuelles complaisances de la France vis-à-vis du régime Habyarimana dont il a été établi par le TPIR qu’il n’avait eu aucune intention génocidaire.

    Cet acharnement ne confinerait-il pas à la diversion ?


  • Emmanuel Cattier 19 janvier 2015 07:54

    Répondez à ma question : y-a-t-il oui ou non un décompte des morts au Congo dans le rapport Mapping  ?

    Je rappelle que c’est toujours le rapport Mapping qu’on cite pour étayer ces chiffres. J’affirme que vos chiffres sont totalement fantaisistes, précisément parce que la rapport MApping ne fait aucun décompte du nombre des morts, même pas à la louche.

    Si vous ne répondez pas précisément à cette question il n’est pas possible pour moi de poursuivre cette discussion.


  • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 19 janvier 2015 08:04

    Ai-je moi-même évoqué le rapport Mapping ?
    De quel droit me sommez-vous de me positionner vis-à-vis de vos centres d’intérêts particuliers ?
    En quoi l’éventuelle exactitude de ce que vous affirmez vous permettrait de nier le caractère génocidaire des massacres opérés directement ou indirectement par l’armée rwandaise au Congo ?
    Etablir une absence de preuve est autrement plus exigeant que cela !
    Puis-je, en la matière, vous inviter à la prudence ?
    Vous savez quels qualificatifs on réserve à ceux qui nient la réalité d’un génocide... smiley


  • Emmanuel Cattier 19 janvier 2015 13:11

    Je vois que mon message a disparu je le répète :

    Puisque vous ne répondez pas à ma question, je vous en donne la réponse : Le rapport Mapping botte en touche sur la question du nombre de victimes en RDC page 49 et note de bas page 87

    Début de citation du rapport Mapping

    • Rapport Mapping page 49
    • « Ces dix années ont, en effet, été marquées par une série de crises politiques majeures, des guerres ainsi que de nombreux conflits ethniques et régionaux qui ont provoqué la mort de centaines de milliers, voire de millions de personnes 87 »
    • « Note 87 : L’International Rescue Committee (IRC) a mené quatre études sur la mortalité en RDC entre 1998 et 2004. Selon l’IRC, depuis le début de la deuxième guerre en août 1998 jusqu’à la fin du mois d’avril 2004, environ 3,8 millions de personnes auraient péri, victimes directes ou indirectes de la guerre et des conflits armés. Il est à noter cependant que la méthodologie retenue par l’IRC pour déterminer le nombre de morts indirects repose sur des études épidémiologiques et des estimations de croissance démographique qui ont pu être contestées. Compte tenu de son mandat, il ne revenait pas au Projet Mapping de se prononcer sur le nombre total de personnes mortes ou tuées du fait de la situation en RDC au cours de la période considérée. »
    fin de citation du rapport Mapping

    Il apparaît donc que la fourchette la plus haute de 3 800 000 morts est évoquée sans la valider. J’affirme que les chffres que vous avancez sont fantaisistes et que d’ailleurs vous ne pouvez pas en donner les sources Dans ces conditions je ne continue pas cette discussion.
    Pour ceux que cela intéresse voir cette page internet

    La stratégie française et Hutu-power conjointe est responsable, à travers l’opération Turquoise, de la dégradation du climat de la RDC sur le terreau de la déliquescence des années Mobutu.


  • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 19 janvier 2015 15:53

    1) Votre message n’avait pas disparu

    2) le mien non plus mais il semble que fassiez comme si c’était le cas, ce par quoi vous vous dispensez facilement d’y répondre. Dans ces conditions, en effet, il n’y a pas de discussion possible.

    3) Vous me parlez d’un rapport qui botte en touche et vous donnez un chiffre sans le sourcer. Par conséquent, je vois un deux poids deux mesures dans la manière de juger ce qui est correct et ce qui n’est le pas. Cela n’inspire pas confiance.

    4) C’est exactement l’impression que laisse la page internet que vous recommandez. Elle ne m’inspire aucune confiance et m’apparaît même pas comme un storytelling mais plutôt comme ce que les anglophones appellent une just-so-story, cad une histoire ad hoc, écrite pour les besoins de la cause.

    Conclusion : oui, je pense, en effet, la discussion ne va pas être possible... smiley


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